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Oublieux nationalistes

On sait que la Corse n'est pas le terrain de prédilection des grandes cohérences , mais plutôt celui des petites tactiques.

Oublieux nationalistes



On sait que la Corse n’est pas le terrain de prédilection des grandes cohérences, mais plutôt celui des petites tactiques. On se souviendra qu’il y a quelques années le mouvement nationaliste dans son ensemble se retrouvait la rue pour hurler le bon vieux slogan inventé par Leo Battesti en 1983 à l’occasion de la disparition de Guy Orsoni « Statu francesu assassinu ».


Comme toujours chez nous, les évènements brûlent comme des feux de paille : une grande flambée et puis quelques cendres de mémoire. Rien de plus. Mais la très étrange lune de miel entre nationalistes et Gérald Darmanin rappelle que c’est aussi lui qui, paniqué par les violences de Bastia, prononça le mot magique d’autonomie et que c’est encore lui qui, en bout de course, a réussi à faire accepter des mesures vraisemblablement nécessaires, mais o combien liberticides contre la criminalité insulaire sans que cela suscite beaucoup de protestations.

Le fond et l’apparence


Une photo a attiré mon attention : on y voit de vieux briscards de la clandestinité tout sourire saluer le ministre de la Justice qui vient de leur annoncer qu’ils étaient retirés du fichier FIJAIT. Comprenons-nous bien : le fond de l’affaire ne change pas. Les nationalistes qui se livreront à des actes répréhensibles seront toujours aux prises avec la police et la justice antiterroriste. Ils pourront être contraints à des mesures judiciaires qui ressembleront point par point à celles imposées par l’inscription dans le FIJAIT. Ils resteront terroristes aux yeux de la loi, mais leurs noms ne seront plus associés à ceux des islamistes pas plus d’ailleurs qu’à celui des Basques ou des Antillais qui eux ne bénéficient pas de la mesure. Mais ne chipotons pas : si ça peut leur éviter les petites misères des contrôles incessants tant mieux pour eux. Que de chemin parcouru entre le « statu francesu assassinu » et les poignées de main échangées avec Gérald Darmanin qui, en définitive, est le seul à avoir remporté une vraie victoire psychologique et politique.

Mafieux, clandestins et tutti quanti


Les nationalistes ont été totalement absents du débat sur la « mafia corse ». Ou plutôt non. Ils y étaient de deux manières et par défaut. Les deux créateurs des Collectifs sont d’anciens militants du FLNC qui savent de quoi ils parlent puisqu’ils ont participé ou couvert pendant des années à des opérations de racket voir d’assassinats. Ils sont aujourd’hui comme ces repentis qui apprennent à la jeunesse à surtout ne pas faire ce qu’eux ont fait. Et c’est tant mieux. Mais l’autre absence o combien pesante des nationalistes se traduit par une chape de silence autour de l’arrestation d’un groupe de nationalistes indépendantistes de la plaine orientale acoquinés à un mafieux italien, un vrai de vrai, assassin professionnel pour tuer un ami devenu un adversaire puis un ennemi. Le mafieux Raduano a malheureusement pour ceux qu’ils dénoncent une mémoire d’hypermnésique. Il se rappelle de tout. Et c’est accablant pour ce groupe de nationalistes. Pour autant on ne saurait tenir pour responsables tous les nationalistes. Mais alors pourquoi cette absence de prise de position depuis la majorité autonomiste jusqu’aux groupes indépendantistes en passant par les deux Collectifs ? Serait-ce l’effet d’une solidarité d’anciens combattants ? Une soudaine pudeur de jeune fille ? En tous les cas, rien n’est évoqué sur les pages Facebook et plus gênant l’évènement n’a été évoqué ni par les organisateurs du colloque de Cargèse, ni par les intervenants, ni par les officiels.

Pas d’amalgame, mais…

Dans l’île les rumeurs vont vite et nous savons tous qu’à côté de la criminalité traditionnelle a poussé dans l’ombre de la clandestinité un affairisme étroitement encadré par quelques nationalistes encarté ou pas. Combien d’immeubles sortent de terre grâce à une alliance détestable de voyous et d’affairistes qui pour certains se réclament de l’autonomie ou de l’indépendance ? Il n’est pas question de faire l’amalgame, mais de demander aux organisations de prendre clairement parti et de faire le ménage dans leurs rangs. Quant aux représentants des autorités judiciaires et policières, elles devraient peut-être regarder où elles mettent les pieds faute de quoi elles risquent de se retrouver pataugeant dans une boue dont elles connaissent pourtant l’existence. L’apparence est souvent trompeuse.

Combattre la grande criminalité en toute clarté

Je l’ai écrit ailleurs : ce dont souffre le plus la Corse n’est pas la double dizaine de crimes de sang annuel quand bien même ils sont atrocement douloureux. Ils sont la partie visible d’un mal qui ronge la Corse de l’intérieur. Le mal se situe au cœur du système. Si on nie cette réalité, on nie la réalité mafieuse. Le mal se résumerait alors à trente-cinq salauds à mettre hors d’état de nuire. Le mouvement nationaliste qui est électoralement majoritaire à sa part du travail à accomplir jusque dans ses rangs.

GXC
Photo : D.R
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