Municipalité d'Aiacciu : la majoritée téléportée vers la tourmente
Difficile de déterminer ce qui est pertinent et ce qui ne l'est pas , qui a raison et qui a tort .
Municipalité d'Aiacciu : la majorité téléportée vers la tourmente
Difficile de déterminer ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas, qui a raison et qui a tort. Cela étant, une chose est sûre, les désordres provoqués par l'affaire de la villa Simongiovanni et l’affaire du téléphérique ont eu pour effet de téléporter la majorité municipale ajacienne vers la tourmente.
Quelle première quinzaine de mars noire pour la majorité de la municipalité ajacienne !
D’abord à cause de la convocation et l’audition de 24 conseillers municipaux par les gendarmes de la section de recherches d'Asprettu. Tous ont certes été entendus comme simples témoins. Mais être entendu par des policiers, des gendarmes ou un juge, n’a rien d’agréable et surtout n’est jamais indolore et sans effet pour des personnalités politiques. Leur image en pâtit, même s’ils n’ont rien à se reprocher et si rien n’est retenu contre eux.
Pourquoi cette vague de convocations et d’auditions ? Elle s’est inscrite dans le cadre d’une enquête pour présomption de détournement de fonds ouverte par le pôle économique et financier de Bastia. L'enquête a été provoquée par un conseiller municipal d’opposition nationaliste (Jean-Paul Carrolaggi).
Celui-ci a demandé aux services préfectoraux d’agir. Ils l’ont fait. La justice s’est mise en branle à la suite de leur signalement effectué en application de l’article 40 alinéa 2 du Code de procédure pénale stipulant : « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs ». Le signalement concerne la vente d'un terrain communal route des Sanguinaires qui a été entérinée le 7 novembre dernier en conseil municipal. Les gendarmes cherchent à savoir s’il existe des liens entre un ou des élus de la majorité municipale et l'acquéreur et si cela a favorisé la transaction à des conditions très avantageuses pour ce dernier. L’affaire a pour origine la construction dans les années 1980 d’une luxueuse villa (Villa Simongiovanni) sur un terrain pieds dans l'eau en empiétant sur un domaine communal de 958 m², et pour développement la régularisation exigée par la municipalité d’Aiacciu s’étant traduite par la vente de gré à gré de ce terrain pour une somme de 300 000 €. Prix qui a motivé l’intervention de Jean-Paul Carrolaggi qui considère que le prix demandé par la commune est trois fois inférieur à la valeur du marché. Les enquêteurs partagent semble-t-il cet avis. Les élus de la majorité municipales répondent que le prix demandé l’a été sur la foi de l'estimation des fonctionnaires de la Direction de l'Immobilier de l'État (anciennement France Domaines). D’où leur courroux d’être mis en cause.
Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille
La majorité municipale ajaccienne a pu constater que comme le disait souvent l’ancien président de la République Jacques Chirac : « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ». En effet, sous le titre accrocheur « Déficit, surcoûts : à Ajaccio, la facture cachée du téléphérique », Corse-Matin a ces jours derniers publié que la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA), présidée par le maire d’Aiacciu, porteuse du projet de téléphérique Angelo, sollicitera des fonds supplémentaires du fait de surcoûts de réalisation et que ceci s’ajoutera à un prévisible déficit d'exploitation. Au trouble provoqué par cette information se voulant choc, s’est ajouté celui ayant résulté de la crainte d’un possible désastre environnemental : la destruction totale sur le parcours du téléphérique d'une bande de végétation représentant 20 hectares du fait de mesures de protection contre les incendies (démaquisage total). Immédiatement toutes les oppositions sont montées au créneau. Les services du président de la CAPA ont répondu point par point.
Concernant le volet financier, il a d’abord été répliqué que le projet était chiffré à 36 M€ en 2022 et non 31 M€ comme il a été écrit, et que les avenants passés (l’un du fait de l’inflation, l’autre du fait de la découverte d'une pollution résiduelle et de prescriptions des Bâtiments de France) porteront les coûts à 38,2 M€. Soit un surcoût de 2,2 M€ (moins de 10 % du coût estimé). Puis il a été ajouté que la CAPA envisageait certes une demande de financement auprès de la Collectivité de Corse mais qu’en l’absence de réponse favorable, elle était en capacité d’assumer ; et que demander ce financement aurait uniquement pour objet de diminuer la part de financement de la CAPA et de saisir l’opportunité d’une sous-consommation des fonds Feder (Fonds européen de développement régional).
Concernant le déficit prévisible d’exploitation, il a été indiqué qu’il n'existe nulle part en France un transport urbain ayant des coûts d’exploitation en équilibre ou excédentaires et mentionné que la Collectivité de Corse est dans une situation déficitaire pour ce qui est de l’exploitation du chemin de fer.
En fin, concernant la crainte de la destruction de 20 hectares de végétation, il a été assuré qu’il s’agirait simplement, en applications des obligations légales de débroussaillement, de réduire le maquis existant et non de dénuder le terrain. Difficile dès aujourd’hui de déterminer ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas, qui a raison et qui a tort.
Cela étant, une chose est sûre, ces derniers jours, les désordres provoqués par l'affaire de la villa Simongiovanni et l’affaire du téléphérique ont eu pour effet de téléporter la majorité municipale ajacienne vers la tourmente.
JPB
Crédit photo :CAPA (Angelo, le téléporté)