La Corse à la voile, une alternative décarbonée pour le transport maritime de passagers

La Corse à la voile, une alternative décarbonée
pour le transport maritime de passagers

Renouer avec le vent pour se déplacer entre la corse et le continent, c’est le pari un peu fou lancé par la jeune coopérative bretonne Sailcoop, fondée en 2021, et basée à Vannes. Soutenue par plus de 2500 sociétaires, elle se donne pour mission de proposer des alternatives décarbonées, grâce au vent, pour le transport maritime de passagers.

Alors que les voyages tendent à se banaliser, et que les compagnies aériennes ne pensent qu’à massifier, les concepteurs du projet misent sur une autre manière de se déplacer, qui permette aux passagers de se déconnecter de leur quotidien et de profiter.

Sailcoop se place donc à la fois comme un opérateur s’adressant aux passagers, un acteur territorial de l’économie, et un acteur militant pour la préservation de l’environnement.

Yann Royer, Directeur des opérations maritimes de Sailcoop, nous a accordé un entretien afin de bien comprendre la démarche. « La ligne entre les ports de Saint Raphael dans le Var et de Calvi, en Balagne, a été ouverte en 2022. C’est notre première ligne entre le continent est la Corse. Ce choix est venu naturellement, car une partie des fondateurs était basée sur la zone d’Aix-Marseille, et que le marché vers la Corse pouvait être porteur, au vu de la quantité de traversées enregistrées chaque année par les différents acteurs du transport, qu’il soit maritime, ou aérien ».

Les bateaux que la coopérative exploite entre le continent et la Corse ne lui appartiennent pas. Ils lui sont confiés par des propriétaires, en échange de quoi, ils peuvent l’utiliser plusieurs semaines par an, tandis que la coopérative se charge des frais d’entretien, d’emplacements dans les ports, d’assurance tout le temps qu’elle les utilise.

Ce sont des voiliers monocoques tout confort de 50 pieds, sécurisés, pouvant embarquer 8 passagers et 2 skippers, pour une navigation de 15 à 18 heures entre St-Raphaël et Calvi, dans un sens ou dans l’autre.

A bord, expérience authentique garantie : « En fonction des conditions météo, la ou le capitaine pourra proposer à quelques passagers privilégiés de prendre part aux manœuvres, certains auront la chance d’observer des rorquals, ou des dauphins, il y a beaucoup de convivialité, la cuisine se fait sur la base du volontariat, prioritairement avec des produits locaux et bio, essentiellement végétariens ».

Les liaisons Corse-continent reprendront dès le 18 avril et prendront fin mi-octobre.

« Hors saison, il y a 1 Aller/Retour tous les 2 jours, en saison nous passons à 1 Aller/Retour par jour avec 2 voiliers qui se croisent. Cela nous permet de proposer un départ par jour, de chaque côté de la Méditerranée ».
L’idée est d’augmenter sensiblement le nombre de passagers transportés : « De 120 passagers transportés en 2022, nous avons atteint 1000 passagers en 2023, et 1250 en 2024, avec un taux de satisfaction de 97% ».

La priorité absolue de Sailcoop reste évidemment la sécurité : « Chaque passager doit respecter strictement les consignes de bord et suivre les indications des skippers professionnels. L’équipe travaille avec les derniers outils de prévision météo et de routage pour les navires à voile, et décide en connaissance, à J-4 puis J-2, de larguer les amarres, ou d’attendre. Dans le cas où le vent serait trop fort pour garantir un départ serein, nous avons monté un partenariat avec la Corsica ferries pour permettre aux passagers ne pouvant pas décaler leurs dates de départ, d’embarquer sur un ferry ».

En proposant une traversée en aller simple « Cabine+repas » aux alentours de 260€, la coopérative cible un public assez jeune en recherche d’expérience de la voile, mais également un public familial soucieux de son empreinte carbone. Un public qui dispose d’une base financière moyenne haute, mais qui n’est pas celui du marché de luxe.

En s’inscrivant dans une logique de mobilité douce, Sailcoop n’utilise, en moyenne, que 2,5 litres de gazole pour faire la traversée continent-Corse par passager transporté. Ce qui permet un taux de décarbonisation de 90% sur le ferry, et de 99% sur l’avion.

Alexandre Santerian
Crédit photo : Sailcoop avec l'aimable autorisation de son directeur