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A L'ACCORTA: retour sur la semaine

Retour sur la semaine
Aiacciu : Stéphane Sbraggia joue gros

En qualité de président de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA), Stéphane Sbraggia a déclenché un article 40 qui permettra à la justice de se pencher sur la gestion de la SPL Muvistrada, gestionnaire du service public de bus d’Aiacciu. Cette démarche qui pourrait déboucher sur des poursuites judiciaires, est motivée par le fait qu’un audit demandé à un cabinet indépendant en 2024, aurait révélé des soupçons de « défaut de contrôle interne » et de « manquements dans la gestion des ressources publiques ». Le risque existe que le président de la CAPA se voit reprocher de vouloir faire ainsi oublier l’incapacité de la majorité communautaire, de remédier aux dysfonctionnements qui, depuis des années et des années, affectent la SPL Muvistrada. Le risque existe d’autant plus que l’intéressé ayant fait de la mobilité un de ses principaux terrain d’action est déjà durement attaqué sur la pertinence et le coût de son projet phare, le téléphérique. Alors qu’a quasiment débuté la campagne des élections municipales, Stéphane Sbraggia joue donc gros. D’autant que l’usager ajaccien est loin d’être satisfait du service de bus. Il convient de reconnaître que le dossier est épineux. D’ailleurs il a fallu par moins de cinq mois au cabinet chargé de l’audit pour observer, analyser et préconiser. Parmi les observations, certaines seraient d’une grande gravité. En effet, il serait relevé des manquements dans la gestion des ressources publiques. De quoi donner du grain à moudre aux opposants à la municipalité et aux syndicalistes, car les uns et les autres dénoncent régulièrement et depuis longtemps, la mauvaise gestion financière de la SPL Muvistrada. Les syndicats avaient d’ailleurs déjà fait joue leur droit d’alerte économique en réclamant un audit par le biais du comité social et économique. A suivre.


Crédit photo : logo Muvistrada


Pruprià : belle rampe de lancement

Le conseil municipal de Pruprià a adopté un budget 2025, des actions et des projets de nature à satisfaire beaucoup de monde : aucune hausse de taxes ou de taux d’imposition ; soutien maintenu aux associations ; action pour des plages plus propres et plus accueillantes ; poursuite d’opérations de requalification et de revitalisation du territoire (projets élaborés, cofinancés, suivis et menés à bien par la commune, la Collectivité de Corse et la Communauté de Communes Sartenais-Valinco-Taravo) ; étude d’une programmation pluriannuelle des investissements. À moins d’un an des prochaines élections municipales, une belle rampe de lancement pour une nouvelle candidature de Paul-Marie Bartoli. Celui-ci devrait d’ailleurs faire savoir d’ici peu s’il briguera un cinquième mandat. Au vu de l’ordre du jour du conseil municipal susmentionné et de l’évocation, lors de ce dernier, d’un travail important restant à réaliser, difficile de prédire que Paul-Marie Bartoli ne rempilera pas.


Comme à Muratu

L’actuelle ministre de la Culture envisage d’appliquer un droit d’entrée payant aux touristes souhaitant visiter Notre Dame de Paris. Cette proposition suscite l’opposition de l’Église de France. Rachida Dati entend ne pas renoncer à , tout en convenant qu’il faut tenir compte d’un souci d’équilibre entre volonté de trouver de nouvelles ressources pour sauvegarder le patrimoine religieux et principe de libre accès aux lieux de culte. Chez nous, le pas a d’ores et déjà été franchi. À Muratu, l’accès touristique payant à l’église pisane Saint Michel (un ou deux euros) produit une recette annuelle d’environ 50 000 euros. C’est tout bon pour les finances communales car cette église étant très ancienne (construction aux alentours de 1140) ainsi que d’une grande valeur architecturale, et étant visitée annuellement par des dizaines de milliers de personnes, les coûts d’entretien sont plus que conséquents.


Lenteur et mémoire d’éléphant

Vannina Pieri, qui a présidé l’Agence du tourisme de la Corse (ATC) de 2010 à 2015, a été condamnée par la cour d’appel de Bastia, à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende pour détournement de fonds publics. Selon les réquisitions, il était reproché à l’intéressée d’avoir fait preuve d’insuffisamment de rigueur dans l’attribution de subventions concernant des gîtes. Un bénéficiaire a écopé d’un an de prison avec sursis, de 20 000 euros d’amende et de la confiscation de 14 000 euros indûment perçus. Un salarié de l’ATC a été relaxé de complicité de détournement de fonds publics, alors qu’un autre salarié de l’Agence a été condamné à 15 000 euros d’amende. Condamnations en 2025 pour une affaire remontant à avant 2015, la justice est lente mais a incontestablement une mémoire d’éléphant.


Révolution culturelle

L’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture et sans modification, donc définitivement, la proposition de loi étendant aux communes de moins de 1000 habitants, le scrutin de liste à la proportionnelle et la parité hommes femmes Cela prendra effet dès les prochaines élections municipales. Le texte impacte 27 000 petites communes. Il a pour objectifs affichés : harmoniser et simplifier les modes de scrutin ; favoriser l'engagement local ; renforcer la parité au niveau local (dans les communes de moins de 1 000 habitants, en moyenne, les conseils municipaux comptent à ce jour 37,6% de femmes, contre 48,5% dans les communes plus peuplées). Ceci met fin à l’élection des conseillers municipaux au scrutin majoritaire plurinominal à deux tours avec possibilité de panachage. Une révolution culturelle dans les petites communes car les candidats pouvaient s’y présenter par liste ou de façon isolée, car les suffrages étaient comptés par individu et car panacher donnait la possibilité aux électeurs de rayer des noms sur les bulletins de vote. Nombre d’élus des petites communes souhaitaient en finir avec le panachage car il était trop souvent utilisé pour régler des problèmes personnels, ainsi que pour rayer des maires sortant ou des personnalités en vue ou politiquement clivantes d’une liste. En outre, ces mêmes élus estiment que la parité n’est plus un obstacle à la constitution de listes et à leur crédibilité car la volonté d’engagement des femmes et leurs compétences sont désormais avérées. Pour tenir compte d’un éventuel manque de candidatures, le dépôt de listes incomplètes (deux candidats en moins) sera autorisé à condition de respecter un seuil minimum : 5 candidats dans les communes de moins de 100 habitants, 9 candidats dans les communes de 100 à 499 habitants, 13 candidats dans les communes de 500 à 999 habitants.


Aiacciu : pas vraiment les bienvenus

À l’office intercommunal du tourisme et chez de nombreux commerçants ajacciens, les croisiéristes sont les bienvenus. Ce sentiment n’est pas partagé partagé par une partie de la population et les associations environnementales. En effet, pour ceux-ci, les navires de croisière ne sont que des « monstres des mers » dont ils dénoncent les nuisances (pollution de l’air, bruit, dégradation des rivages ainsi que de la faune et de la flore marines. Les militants écologistes ajacciens entendent désormais veiller à l’application de la nouvelle réglementation anti-pollution qui doit entrer en vigueur le 1er mai prochain. Ils solliciterons le préfet de Corse et la Direction départementale des territoires et de la mer pour que ne soit pas ignorée l’adoption par l’Organisation maritime internationale (OMI) de la zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre et de particules de la mer Méditerrané. L’instauration de cette zone est issue d’un processus piloté par le Plan d’action pour la Méditerranée du programme des Nations Unies pour l’environnement. Les navires opérant en Méditerranée devront se conformer à une norme plus stricte de la teneur en soufre du fiel par l’installation de filtres ou l’utilisation de carburant à faible teneur en soufre.


Stop aux fermetures de maternités

Le député de Corse-du-Sud Paul-André Colombani a déposé une proposition de loi visant à lutter contre la mortalité infantile durant ou après l’accouchement. Son initiative est motivée par le constat qu’il juge inquiétant et accablant qu’avec 4,1 décès pour 1000 naissances vivantes en 2024, la France régresse en matière de prévention de ladite mortalité. Son initiative s’appuie en outre sur une enquête ayant révélé que l‘augmentation des distances déterminée par les fermetures de petites maternités qui met les femmes à plus de 45 minutes d’un lieu médicalisé d’accouchement, augmente le risque (éloignement concernant chez nous de nombreuses femmes qui résident en milieu rural). Dans son texte, Paul-André Colombani demande donc notamment la mise en place urgente d’un moratoire de trois ans sur les fermetures de maternités.


Coucou revoilà l’autonomie

Le dossier Autonomie pourrait bien revenir très bientôt sous les feux de l’actualité. François Rebsamen, le ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, serait décidé à agir pour relancer le processus visant à inscrire dans la Constitution une « autonomie de la Corse dans la République », et faire ainsi respecter l’agenda qu’avait évoqué en octobre dernier lors de sa venue chez nous, Catherine Vautrin, la ministre du Partenariat avec les territoires. Celle-ci avait alors déclaré souhaiter l’examen du texte constitutionnel par l’Assemblée nationale et le Sénat au deuxième semestre de cette année et un Congrès dans la foulée.


Sus à l’usine de surtri de Monte

L’accès au chantier de construction du centre de surtri de Monte a été, durant plusieurs heures, bloqué par des opposants à la réalisation de cet équipement. Sur le barrage, écologistes, riverains et agriculteurs étaient soutenus par le parti Core in Fronte. Un barrage filtrant composé de tracteurs avait aussi été mis en place à proximité du rond-point de Casamozza (commune de Lucciana). Le collectif « Piaghja di Golu », constitué à l’initiative de riverains, de sympathisants écologistes et d’agriculteurs locaux, a expliqué ces actions. Celles-ci s’inscrivaient bien sûr dans le cadre global de contestation de la construction de l’usine ponctué par deux recours récemment introduits devant le tribunal administratif de Bastia par des associations de défense de l’environnement (dont un référé pour demander la suspension des travaux le temps qu’intervienne le jugement de l’affaire sur le fond). Celle-ci dénonçaient que l’usine de surtri, si elle est construite, nuira à l’agriculture car un stockage de déchets menacera constamment la nappe phréatique et un petit ruisseau, affluent du Golu. Celles-ci mettaient en garde contre de probables nuisances sonores, visuelles et olfactives (trafic de camions poubelle, stockage de déchets en attente de traitement). Celles-ci ont rappelé que partout au sein de l’Union Européenne, on préconise et pratique l’effort de tri à la source qu’il soit individuel ou collectif. Core in Fronte a d’ailleurs abondé en ce sens en affirmant que « le seul plan déchets qui fonctionne est celui d’un véritable tri à la source, avec la mise en place d’une fiscalité positive pour les Corses ». A suivre...


-Crédit photo : Core in Front
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