• Le doyen de la presse Européenne

Di fole in canzone

Tout semble parfait. Le ministre des territoires est venu, il a vu et il a promis. Une fois de plus… Cochon qui s’en dédit, la constitutionnalisation de la Corse sera proposée au Congrès peut être fin 2025.

Di fole in canzone



Tout semble parfait. Le ministre des territoires est venu, il a vu et il a promis. Une fois de plus… Cochon qui s’en dédit, la constitutionnalisation de la Corse sera proposée au Congrès peut être fin 2025. Mais comme dans les contrats d’assurance, le plus important est ce qui inscrit en bas de la page en minuscules caractères et, ici murmurer. Il faudra auparavant que les deux Chambres votent le même texte à la virgule près puis que le Congrès, si Congrès il y a, parvienne à son tour à voter le texte aux trois cinquièmes de ses effectifs. Mais au fait quel texte ? Quel contenu ? Bref la ritournelle est reprise avec deux ou trois notes de changées, mais toujours dans un mode mineur et conditionnel.

Rumeurs parisiennes


Que dit-on là-haut dans la capitale ? On y dit que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a été soigneusement écarté du dossier corse comme il l’a d’ailleurs été du dossier algérien. En d’autres termes l’homme qui hier encore était un atout de droite est devenu une sorte de paravent en deux dimensions. Gérald Darmanin, l’homme qui a prononcé le mot magique d’autonomie semble tenir la corde. Il a pour lui d’être un pion important dans la stratégie du président Macron qui entend laisser la trace à la fin de son second mandat. Il se raconte pourtant de bien curieuses anecdotes dans les cercles rapprochés de l’Élysée. Il se murmure qu’en apprenant la violence des mini-émeutes déclenchées à Bastia et à Ajaccio par quelques centaines d’indépendantistes, Emmanuel Macron aurait connu un état entre la colère et le découragement. Il est vrai que depuis la première visite de février 2018, au terme de laquelle il offensa les élus nationalistes, de l’eau a coulé sous les ponts. Il était revenu en avril 2019 au terme d’un grand débat national censé clore l’épisode Gilets jaunes. Il s’était alors rendu à Cozzano pendant que les nationalistes décrétaient une mobilisation « Isula morta ». Il était revenu à Ajaccio en septembre 2020 pour le sommet Euromed sans aborder la question de l’autonomie.

L’électrochoc provoqué par l’assassinat d’Yvan Colonna


Puis il y avait eu l’assassinat d’Yvan Colonna en mars 2022 qui a joué un rôle accélérateur. La violence de l’émeute de Bastia a fait craindre des morts de part et d’autre. Lorsqu’Emmanuel Macron l’apprend et parle de donner l’indépendance. Il dit en avoir assez de cette île qui coûte cher et que les nationalistes au pouvoir sont incapables de gérer. Il faut toute la patience de son entourage pour le ramener à la raison et lui proposer d’offrir l’autonomie. Gérald Darmanin reçoit mission de prononcer le mot magique en y intégrant les Outre-Mer. Mais il prévient en février 2023 : « Nous sommes un gouvernement libéral qui croit à l’économie de marché : ceux qui la réclament auront l’autonomie pour leur territoire, mais ils l’obtiendront avec les recettes et les richesses produites localement, pas avec des subventions ! » Le président fait une nouvelle apparition dans notre île en septembre 2023 pour la commémoration de la Libération de la Corse et annonce qu’il est pour engager un processus d’autonomie dans le cadre de la République. Il en fait la promesse.

De promesse en promesse


Depuis le processus préliminaire ne cesse de s’étirer comme une pâte feuilletée sous la pression d’un rouleau de pâtisserie. On n’en finit pas de se réunir. Personne ne se fait d’illusions sur les chances de réussite. D’autant que depuis la situation politique française et mondiale ne cesse de se dégrader. Le ministre Rebsabem appartient à un gouvernement en sursis. S’il tombe, c’est le pot au noir. Et plus la crise se durcit et moins les opposants au macronisme ne voudront lui faire un cadeau contraire à leur centralisme. Mais faute de mieux on fait semblant.

Des sujets d’inquiétude


On est bien décidé en haut lieu à lancer des opérations de contrôle approfondi sur la gestion des finances d’une région qui ne cesse de s’endetter d’un côté et peine de l’autre à utiliser les fonds européens. Or on a très peur à Paris de découvrir des sales affaires qui pourraient entacher la maison de cristal. On cherche donc à préparer une nouvelle majorité qui serait composée du PNC et de modérés de droite comme de gauche capable de l’emporter aux municipales et aux territoriales. La Corse est la première région pour le vote RN et Paris voudrait bien trouver la recette qui permettrait d’éviter qu’elle ne devienne la première région à être dirigée par le RN. D’où des manœuvres discrètes pour « relativiser » la majorité actuelle et changer de braquet.

Diviser pour mieux régner


Si ce scénario se précisait, il ne resterait plus à la majorité simeoniste qu’à enfoncer le coin de la division dans la future alliance en réclamant, comble du paradoxe à cor et à cri l’unité nationaliste contre le « parti français ». Il faut avouer qu’après les philippiques lancées contre le PNC comparant ses militants à des « barbouzes » la remontada ne va pas être évidente. Mais l’espoir fait vivre.

GXC
photo : D.R
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