Allindi, Maria-Francesca Valentini et Gérome Bouda créateur du "Netflix Nustrale"
Allindi c'est la vidéo à la demande conçu par des corses et pour des corses
« Diffusion et production sont liées pour nous »
Gérôme Bouda
Maria Francesca Valentini et vous sont les deux capitaines à bord d’Allindi. Quels sont vos parcours ?
Maria Francesca pourrait avoir comme devise « Pourquoi pas ?... » Elle a un penchant d’aventurière, sac à dos et bateau à voile. Elle a d’ailleurs navigué sur « La Boudeuse » et fait le tour de France à pied.
Originaire du Taravo, fille de militant, le corse est sa langue maternelle. Elle est réalisatrice et productrice. Moi, je suis né en Brie. Je me suis inscrit à l’université à Corte poussé par l’envie de changer d’air. Au départ je voulais apprendre la scénographie. Colomba Sansonetti et Dominique Tiberi m’ont converti au cinéma en me faisant découvrir Murnau et Cassavetes. Ensuite j’ai collaboré à la maison de production de Dominique Tiberi, « Stella ». C’est là aussi que j’ai pu réaliser mon premier documentaire, « Furiani, un siècle de passion ».
Quelles institutions vous ont apporté leur appui ?
Nous avons signé avec la CDC une convention pour développer notre projet. L’ADEC nous a soutenus pour l’embauche d’un monteur et d’un emploi à mi-temps. Par ailleurs nombreux ont été les producteurs et les réalisateurs à nous céder leurs films gratuitement. Leur confiance a été déterminante.
Où avez-vous trouvé les réalisations que l’on peut découvrir sur Allindi ?
On s’est adressé à nos amis et connaissances dans la profession. On a fonctionné par cercles concentriques. Notre catalogue s’est étoffé rapidement. Dès le premier mois nous avions une soixantaine de fictions et de documentaires. Notre offre en direction des enfants se décline uniquement en corse et c’est notre choix !
Avez-vous des relations avec la cinémathèque de Corse ? Avec Via Stella ?
On collabore main dans la main avec la cinémathèque, qui a mis à notre disposition des copies de films. Avec Via Stella nous entretenons des liens de loin en loin. En effet, c’est l’Institut National de l’Audiovisuel qui collationne le fonds audiovisuel de France 3 Corse. On peut les mettre sur notre plateforme mais les droits à payer sont chers!
Comment envisagez-vous les rapports avec les festivals de cinéma en Corse ?
Nous désirons travailler avec toutes les manifestations cinématographiques de l’île. Nous avons avancé le lancement de notre plateforme prévu, pour décembre, en août afin d’accueillir la compétition de courts-métrages du festival de Lama, festival annulé pour cause de confinement. Dans le même esprit nous avons proposé un focus de réalisations algériennes programmées initialement à Corsica Doc.
Selon vous qu’est-ce qui mérite le label corse au plan audiovisuel ?
Le label corse… ça n’existe pas ! Ou alors il est porté par des gens d’ici et d’ailleurs, des gens qui ont eu des engagements ici et ailleurs. Ce que je sais par contre c’est qu’il y a un pays, la Corse. Ce que je sais encore c’est que depuis cinquante ans et plus des hommes et des femmes se sont battu pour faire renaître cette île, pour la vivifier dans les domaines de la musique, du chant, du théâtre, du cinéma, de la littérature… On ne peut se limiter à définir corse un film en se limitant à son producteur, à son réalisateur, à un comédien.
Quelles régions de la Méditerranée allez-vous privilégié sur Allindi ?
On est axé plus sur l’aspect culturel que sur l’aspect géographique. Par sa langue, sa manière de vivre le Portugal est ainsi, pour moi, méditerranéen bien que le Mare Nostrum ne le baigne pas. Pourquoi ne pas inclure également l’est de la Turquie ? Notre offre comprend déjà des courts-métrages maltais, des films algériens et englobe un documentaire sur l’épidémie de SRAS-Cov-1 à Hanoï, tourné par une réalisatrice britannique et produit par Dominique Tiberi, parce que son thème renvoie à ce que l’on connait actuellement.
Parmi vos abonnés qu’est-ce qui a la cote ?
Les fictions marchent plutôt bien, les documentaires qui ne sont pas passés à la TV aussi. Les focus sur l’Algérie et sur le 11 novembre ont le vent en poupe. Nous allons renforcer ce genre d’offres.
Cet été vous avez lancé un appel à projets. Qu’en est-il résulté ?
Nous avons reçu quatre-vingt projets en provenance de partout ! Nous en avons sélectionné trois : la fiction d’une réalisatrice tunisienne, l’installation plastique et vidéo conçue par une Corse, le sujet post-apocalyptique imaginé par un Ajaccien. Deux autres projets ont en outre retenu notre attention. Présentés par des cinéastes kurdes on aimerait les produire ultérieurement. Si Allindi tient à diffuser des œuvres, notre plateforme compte parallèlement en produire… Diffusion et production sont liées pour nous.
Parmi l’éventail des propositions d’Allindi qu’elles sont les trouvailles qui vous tiennent le plus chaud au cœur ?
Maria Francesca cite volontiers le documentaire d’André Vaxman sur la chute de Baby Doc à Haïti, en 1988, en raison de son écriture particulièrement originale. Vaxman a beaucoup travaillé sur la Corse. Pour moi, c’est « Santu Nicolau », premier long-métrage en langue corse. Il date de 1983 et avait obtenu un prix lors du très exigeant festival du film et des cultures méditerranéennes de Bastia. J’aime aussi beaucoup « Ava Basta », interprété par Agathe Luciani, réalisé par Marie Jeanne Tomasi à ses débuts.
Propos recueillis par M.A-P
Gérôme Bouda
Maria Francesca Valentini et vous sont les deux capitaines à bord d’Allindi. Quels sont vos parcours ?
Maria Francesca pourrait avoir comme devise « Pourquoi pas ?... » Elle a un penchant d’aventurière, sac à dos et bateau à voile. Elle a d’ailleurs navigué sur « La Boudeuse » et fait le tour de France à pied.
Originaire du Taravo, fille de militant, le corse est sa langue maternelle. Elle est réalisatrice et productrice. Moi, je suis né en Brie. Je me suis inscrit à l’université à Corte poussé par l’envie de changer d’air. Au départ je voulais apprendre la scénographie. Colomba Sansonetti et Dominique Tiberi m’ont converti au cinéma en me faisant découvrir Murnau et Cassavetes. Ensuite j’ai collaboré à la maison de production de Dominique Tiberi, « Stella ». C’est là aussi que j’ai pu réaliser mon premier documentaire, « Furiani, un siècle de passion ».
Quelles institutions vous ont apporté leur appui ?
Nous avons signé avec la CDC une convention pour développer notre projet. L’ADEC nous a soutenus pour l’embauche d’un monteur et d’un emploi à mi-temps. Par ailleurs nombreux ont été les producteurs et les réalisateurs à nous céder leurs films gratuitement. Leur confiance a été déterminante.
Où avez-vous trouvé les réalisations que l’on peut découvrir sur Allindi ?
On s’est adressé à nos amis et connaissances dans la profession. On a fonctionné par cercles concentriques. Notre catalogue s’est étoffé rapidement. Dès le premier mois nous avions une soixantaine de fictions et de documentaires. Notre offre en direction des enfants se décline uniquement en corse et c’est notre choix !
Avez-vous des relations avec la cinémathèque de Corse ? Avec Via Stella ?
On collabore main dans la main avec la cinémathèque, qui a mis à notre disposition des copies de films. Avec Via Stella nous entretenons des liens de loin en loin. En effet, c’est l’Institut National de l’Audiovisuel qui collationne le fonds audiovisuel de France 3 Corse. On peut les mettre sur notre plateforme mais les droits à payer sont chers!
Comment envisagez-vous les rapports avec les festivals de cinéma en Corse ?
Nous désirons travailler avec toutes les manifestations cinématographiques de l’île. Nous avons avancé le lancement de notre plateforme prévu, pour décembre, en août afin d’accueillir la compétition de courts-métrages du festival de Lama, festival annulé pour cause de confinement. Dans le même esprit nous avons proposé un focus de réalisations algériennes programmées initialement à Corsica Doc.
Selon vous qu’est-ce qui mérite le label corse au plan audiovisuel ?
Le label corse… ça n’existe pas ! Ou alors il est porté par des gens d’ici et d’ailleurs, des gens qui ont eu des engagements ici et ailleurs. Ce que je sais par contre c’est qu’il y a un pays, la Corse. Ce que je sais encore c’est que depuis cinquante ans et plus des hommes et des femmes se sont battu pour faire renaître cette île, pour la vivifier dans les domaines de la musique, du chant, du théâtre, du cinéma, de la littérature… On ne peut se limiter à définir corse un film en se limitant à son producteur, à son réalisateur, à un comédien.
Quelles régions de la Méditerranée allez-vous privilégié sur Allindi ?
On est axé plus sur l’aspect culturel que sur l’aspect géographique. Par sa langue, sa manière de vivre le Portugal est ainsi, pour moi, méditerranéen bien que le Mare Nostrum ne le baigne pas. Pourquoi ne pas inclure également l’est de la Turquie ? Notre offre comprend déjà des courts-métrages maltais, des films algériens et englobe un documentaire sur l’épidémie de SRAS-Cov-1 à Hanoï, tourné par une réalisatrice britannique et produit par Dominique Tiberi, parce que son thème renvoie à ce que l’on connait actuellement.
Parmi vos abonnés qu’est-ce qui a la cote ?
Les fictions marchent plutôt bien, les documentaires qui ne sont pas passés à la TV aussi. Les focus sur l’Algérie et sur le 11 novembre ont le vent en poupe. Nous allons renforcer ce genre d’offres.
Cet été vous avez lancé un appel à projets. Qu’en est-il résulté ?
Nous avons reçu quatre-vingt projets en provenance de partout ! Nous en avons sélectionné trois : la fiction d’une réalisatrice tunisienne, l’installation plastique et vidéo conçue par une Corse, le sujet post-apocalyptique imaginé par un Ajaccien. Deux autres projets ont en outre retenu notre attention. Présentés par des cinéastes kurdes on aimerait les produire ultérieurement. Si Allindi tient à diffuser des œuvres, notre plateforme compte parallèlement en produire… Diffusion et production sont liées pour nous.
Parmi l’éventail des propositions d’Allindi qu’elles sont les trouvailles qui vous tiennent le plus chaud au cœur ?
Maria Francesca cite volontiers le documentaire d’André Vaxman sur la chute de Baby Doc à Haïti, en 1988, en raison de son écriture particulièrement originale. Vaxman a beaucoup travaillé sur la Corse. Pour moi, c’est « Santu Nicolau », premier long-métrage en langue corse. Il date de 1983 et avait obtenu un prix lors du très exigeant festival du film et des cultures méditerranéennes de Bastia. J’aime aussi beaucoup « Ava Basta », interprété par Agathe Luciani, réalisé par Marie Jeanne Tomasi à ses débuts.
Propos recueillis par M.A-P