La face cachée de la covid ou le floutage des visages
L'article 24 voudrtait interdire la publication de films tournés durant les manifestations
La face cachée de la Covid ou le floutage des visages
L’article 24 de la loi sur la sécurité vise à interdire la publication de films tournés durant les manifestations et mettant en cause des visages de policiers en action. Il exige donc le floutage des visages et délivre aux autorités le droit d’interpréter l’usage des films, clause qui permet de croire à un refus constitutionnel. S’il est décrété qu’ils visent à nuire aux membres des forces de l’ordre, ils seraient purement et simplement interdits.
L’atteinte à la liberté d’informer est évidente. Nombre de brutalités policières à travers le monde n’ont été connues que grâce aux films amateurs et à leur diffusion. Mais au-delà de ce petit scandale, le floutage des visages pose un problème de civilisation.
Les visages expression de l’âme
S’il est bien un indicateur des intentions, c’est le visage qui, avec ses mimiques, son regard, traduit les agitations de l’esprit. Lorsque les médecins de la Renaissance furent confrontés à la Peste, ils masquèrent leur visage avec des masques d’oiseaux pour deux raisons : la première est prosaïque. Ils bourraient le bec du masque de plantes aromatiques pour masquer l’odeur de la mort.
Mais ils pensaient aussi que le démon, inspirateur de la maladie, fuirait l’apparence terrifiante des médecins en ne reconnaissant pas les visages des docteurs. Le masque a aussi été la marque du Carnaval, cette courte période durant laquelle les pauvres pouvaient prendre l’apparence des puissants. Se voiler la face est une expression qui traduit un mensonge fait à soi-même. C’est aussi la technique des bandits ou des clandestins de tous ordres pour ne pas être reconnus de leurs victimes.
Pour les femmes, prendre le voile signifiait quitter le monde à jamais pour rejoindre le cloître. Dans le monde musulman, le voile intégral est une façon de nier la femme en tant qu’être à part entière. Elle doit cacher sa beauté pour ne l’exposer qu’à son mari, son seigneur et maître. Masquer son visage n’est donc jamais un signe positif pour la société dite normale. C’est en quoi la période actuelle est si particulière. La pandémie planétaire, conséquence de la mondialisation et du dérèglement climatique, voudrait que l’humanité cesse de se voiler la face. Et pourtant jamais elle n’a été aussi masquée.
Une question de culture et d’histoire
On aura remarqué que les peuples qui sont le moins atteints par le mal sont ceux qui, au fil de leur histoire, ont consenti une autodiscipline et ont accepté l’usage de la contrainte collective notamment pour les peuples asiatiques pétris de confucianisme c’est-à-dire d’une pensée qui prêche le respect de la hiérarchie et la prédominance du collectif sur l’individu. La maladie a frappé beaucoup plus fort dans les sociétés occidentales où la croyance en la toute-puissance de la science a obscurci la réalité. Le politique s’est souvent effacé devant des prises de pouvoir médical interdisant une réflexion sur la maladie et ses conséquences indirectes.
Ainsi en France, les débats se sont focalisés sur l’encombrement hospitalier (causé par une gestion libérale catastrophique de ce service public essentiel) et non pas sur un ensemble de facteurs comprenant bien évidemment la gestion immédiate de la maladie, mais aussi celles des autres pathologies et plus encore des conséquences du désastre économique.
C’est ainsi qu’au lieu de précipiter une réelle analyse de notre situation planétaire, la confusion des genres nous a voilé une prise en compte de la réalité nécessaire pour ne pas connaître de nouveaux drames de tous ordres. Le masque devient alors le symbole de notre refus d’assumer nos erreurs.
Une génération masquée
Trois siècles après une pandémie pesteuse qui détruisit une fois encore une partie de l’Europe nous voilà donc réduits à des moyens de défense presque aussi dérisoires qu’alors : nous nous lavons les mains, nous écartons les malades et nous couvrons la moitié de notre visage de masques de tissu.
C’est dire la fragilité de notre espèce face à la mort. Nous voulons ignorer que la mort est l’aboutissement logique de toute vie, que la science ne peut tout. Or tous les masques du monde ne peuvent nous protéger de nos peurs, ces peurs qui nous affaiblissent face à des adversaires qui non seulement ne craignent pas la mort, mais la désirent. Nous portons notre propre terrorisme en nous et celui-ci aucune police, aucune médecine ne pourront nous en protéger.
Car pour y arriver il nous faut retirer le masque de notre futur et être capables de l’affronter les yeux dans les yeux.
GXC
L’article 24 de la loi sur la sécurité vise à interdire la publication de films tournés durant les manifestations et mettant en cause des visages de policiers en action. Il exige donc le floutage des visages et délivre aux autorités le droit d’interpréter l’usage des films, clause qui permet de croire à un refus constitutionnel. S’il est décrété qu’ils visent à nuire aux membres des forces de l’ordre, ils seraient purement et simplement interdits.
L’atteinte à la liberté d’informer est évidente. Nombre de brutalités policières à travers le monde n’ont été connues que grâce aux films amateurs et à leur diffusion. Mais au-delà de ce petit scandale, le floutage des visages pose un problème de civilisation.
Les visages expression de l’âme
S’il est bien un indicateur des intentions, c’est le visage qui, avec ses mimiques, son regard, traduit les agitations de l’esprit. Lorsque les médecins de la Renaissance furent confrontés à la Peste, ils masquèrent leur visage avec des masques d’oiseaux pour deux raisons : la première est prosaïque. Ils bourraient le bec du masque de plantes aromatiques pour masquer l’odeur de la mort.
Mais ils pensaient aussi que le démon, inspirateur de la maladie, fuirait l’apparence terrifiante des médecins en ne reconnaissant pas les visages des docteurs. Le masque a aussi été la marque du Carnaval, cette courte période durant laquelle les pauvres pouvaient prendre l’apparence des puissants. Se voiler la face est une expression qui traduit un mensonge fait à soi-même. C’est aussi la technique des bandits ou des clandestins de tous ordres pour ne pas être reconnus de leurs victimes.
Pour les femmes, prendre le voile signifiait quitter le monde à jamais pour rejoindre le cloître. Dans le monde musulman, le voile intégral est une façon de nier la femme en tant qu’être à part entière. Elle doit cacher sa beauté pour ne l’exposer qu’à son mari, son seigneur et maître. Masquer son visage n’est donc jamais un signe positif pour la société dite normale. C’est en quoi la période actuelle est si particulière. La pandémie planétaire, conséquence de la mondialisation et du dérèglement climatique, voudrait que l’humanité cesse de se voiler la face. Et pourtant jamais elle n’a été aussi masquée.
Une question de culture et d’histoire
On aura remarqué que les peuples qui sont le moins atteints par le mal sont ceux qui, au fil de leur histoire, ont consenti une autodiscipline et ont accepté l’usage de la contrainte collective notamment pour les peuples asiatiques pétris de confucianisme c’est-à-dire d’une pensée qui prêche le respect de la hiérarchie et la prédominance du collectif sur l’individu. La maladie a frappé beaucoup plus fort dans les sociétés occidentales où la croyance en la toute-puissance de la science a obscurci la réalité. Le politique s’est souvent effacé devant des prises de pouvoir médical interdisant une réflexion sur la maladie et ses conséquences indirectes.
Ainsi en France, les débats se sont focalisés sur l’encombrement hospitalier (causé par une gestion libérale catastrophique de ce service public essentiel) et non pas sur un ensemble de facteurs comprenant bien évidemment la gestion immédiate de la maladie, mais aussi celles des autres pathologies et plus encore des conséquences du désastre économique.
C’est ainsi qu’au lieu de précipiter une réelle analyse de notre situation planétaire, la confusion des genres nous a voilé une prise en compte de la réalité nécessaire pour ne pas connaître de nouveaux drames de tous ordres. Le masque devient alors le symbole de notre refus d’assumer nos erreurs.
Une génération masquée
Trois siècles après une pandémie pesteuse qui détruisit une fois encore une partie de l’Europe nous voilà donc réduits à des moyens de défense presque aussi dérisoires qu’alors : nous nous lavons les mains, nous écartons les malades et nous couvrons la moitié de notre visage de masques de tissu.
C’est dire la fragilité de notre espèce face à la mort. Nous voulons ignorer que la mort est l’aboutissement logique de toute vie, que la science ne peut tout. Or tous les masques du monde ne peuvent nous protéger de nos peurs, ces peurs qui nous affaiblissent face à des adversaires qui non seulement ne craignent pas la mort, mais la désirent. Nous portons notre propre terrorisme en nous et celui-ci aucune police, aucune médecine ne pourront nous en protéger.
Car pour y arriver il nous faut retirer le masque de notre futur et être capables de l’affronter les yeux dans les yeux.
GXC