Pierre Gambini et les arts numériques
"Sans la culture on risque d'être coupé de notre humanité "
Pierre Gambini
Récemment vous avez interpellé les politiques sur la situation actuelle de la culture. Pour quelles raisons ?
J’aurais souhaité que les élus mettent en place des conditions qui soient beaucoup plus en faveur de la solidarité et prennent des mesures qui soient à la hauteur de la crise. Qu’est-ce qu’on envisage pour demain, il faudrait en débattre ! On pourrait aussi utiliser des indicateurs pour identifier exactement où se situent les problèmes. Il faudrait également déployer plus de moyens en matière de la médiation culturelle parce qu’elle est indispensable et déterminante.
Pendant la pandémie la culture a été l’oubliée des gouvernants un peu partout dans le monde. Pourquoi à votre avis ?
Parce qu’on la range encore trop souvent dans le domaine de l’élitisme. Parce qu’on l’étiquette vite petits fours et champagne. A cela s’ajoute des habitudes bien ancrées voulant que la culture ne serve pas à grand-chose et coûte cher, ce qui est faux ! Résultat de cette mentalité l’artiste est perçu comme marginal ce qui lui dénie son utilité dans la société. Et en période de crise c’est pire : les artistes sont en danger !
Que voudriez-vous voir amélioré dans les relations entre la CDC et le monde de la culture ?
En début de mandature se sont tenus des ateliers durant lesquels les artistes ont rencontré les élus mais ce n’est pas suffisant. Je souhaite que l’on tienne compte de leur ressenti, qu’on travaille à une ère où la culture soit accessible à tous, et qu’on investisse dans l’innovation et la création. Si le patrimoine a nécessairement besoin de soutien, il faut que ce soit de façon équilibrée par rapport à l’aide aux créateurs.
Vous, comment concevez-vous le rôle de la culture ?
C’est un levier formidable de développement économique. C’est l’âme de notre société. Elle constitue notre identité, construit du lien social, et c’est aussi ouverture sur le monde. Sans la culture on risque d’être coupé de notre humanité. Elle est pour moi aussi importante que la nourriture… A la préhistoire les gens se nourrissaient, dormaient dans des abris, peignaient, dessinaient sur les parois des grottes. Tout était indissociable et ça le demeure.
Résumez nous les axes de votre projet, « Le Fruit » ?
« Le Fruit » repose sur trois piliers : transition numérique au service du lien social ; transition écologique en recourant dans le spectacle vivant à des moyens qui préservent l’environnement ; déploiement d’actions au plus près des citoyens.
Quels sont les handicaps auxquels se heurtent les artistes qui veulent se professionnaliser ici ?
On manque d’infrastructures. On manque d’accompagnement. On manque d’opportunités qui existent à l’extérieur. Comme l’important, c’est la finalité de la culture, il serait bon de réfléchir autrement quant aux dispositifs existants.
En restant en Corse comment ne pas se refermer sur soi ? Comment ne pas tourner en rond ? Comment se renouveler ?
Afin de conserver du dynamisme il faut travailler en équipe ce qui permet de puiser dans nos énergies. Rencontrer d’autres artistes d’autres horizons est également indispensable pour se nourrir les uns des autres. Impératif encore : prendre en compte les évolutions technologiques tout en veillant à garder du lien social, sans opposer l’internet et le voyage.
Comme auteur-compositeur vous accordez une grande place à la langue corse. Quelles sont ses qualités premières selon vous ?
Elle est riche. Sonore. Elle a une poésie incomparable. C’est cette poésie que j’ai sans cesse envie d’explorer. La langue corse me pousse à être attentif à l’endroit où je vis, d’où je suis, et en même temps à me préoccuper de la diversité culturelle qui nous entoure.
Vous produisez de la musique, des spectacles vivants et avec la société, « Omnicube » de l’audiovisuel. Qu’est-ce qui vous a poussé en ce sens ?
Il y a près de dix ans que j’ai une activité audiovisuelle. Ça m’est venu naturellement parce que l’image m’a toujours plu. En m’impliquant dans cette voie j’ai voulu apporter un regard différent. C’est ainsi que j’ai produit le premier long-métrage de Lavinie Boffy, « La vie ou la pluie », un film remarquable sur la société corse, sur les femmes corses. Produire courts et longs-métrages, et des documentaires c’est de la création ainsi que de l’économie puisqu’on emploie des intermittents du spectacle. C’est également pour moi l’occasion de me diversifier, car j’estime qu’un artiste ne peut se contenter de faire toujours la même chose !
Que préparez-vous ?
Dans le cadre du projet, « Le Fruit », je prépare un mini concert qui utilisera un dispositif technique en phase avec l’écologie et dont la formule sera reproductible ailleurs et dans d’autres circonstances. Entre avril et juin, avec l’association, « Suminà » on va travailler les week-ends dans une demi-douzaine de villages répartis sur l’ensemble de l’île. Au programme : du numérique, de la photographie, des arts visuels, de la musique, des résidences de création. Chaque village deviendra alors un cadre dédié à l’art, à l’expression où pratiques culturelles et sociales se mêleront en reliant les générations et en impulsant une solidarité qui a tendance à se déliter.
Propos recueillis par M.A-P
Récemment vous avez interpellé les politiques sur la situation actuelle de la culture. Pour quelles raisons ?
J’aurais souhaité que les élus mettent en place des conditions qui soient beaucoup plus en faveur de la solidarité et prennent des mesures qui soient à la hauteur de la crise. Qu’est-ce qu’on envisage pour demain, il faudrait en débattre ! On pourrait aussi utiliser des indicateurs pour identifier exactement où se situent les problèmes. Il faudrait également déployer plus de moyens en matière de la médiation culturelle parce qu’elle est indispensable et déterminante.
Pendant la pandémie la culture a été l’oubliée des gouvernants un peu partout dans le monde. Pourquoi à votre avis ?
Parce qu’on la range encore trop souvent dans le domaine de l’élitisme. Parce qu’on l’étiquette vite petits fours et champagne. A cela s’ajoute des habitudes bien ancrées voulant que la culture ne serve pas à grand-chose et coûte cher, ce qui est faux ! Résultat de cette mentalité l’artiste est perçu comme marginal ce qui lui dénie son utilité dans la société. Et en période de crise c’est pire : les artistes sont en danger !
Que voudriez-vous voir amélioré dans les relations entre la CDC et le monde de la culture ?
En début de mandature se sont tenus des ateliers durant lesquels les artistes ont rencontré les élus mais ce n’est pas suffisant. Je souhaite que l’on tienne compte de leur ressenti, qu’on travaille à une ère où la culture soit accessible à tous, et qu’on investisse dans l’innovation et la création. Si le patrimoine a nécessairement besoin de soutien, il faut que ce soit de façon équilibrée par rapport à l’aide aux créateurs.
Vous, comment concevez-vous le rôle de la culture ?
C’est un levier formidable de développement économique. C’est l’âme de notre société. Elle constitue notre identité, construit du lien social, et c’est aussi ouverture sur le monde. Sans la culture on risque d’être coupé de notre humanité. Elle est pour moi aussi importante que la nourriture… A la préhistoire les gens se nourrissaient, dormaient dans des abris, peignaient, dessinaient sur les parois des grottes. Tout était indissociable et ça le demeure.
Résumez nous les axes de votre projet, « Le Fruit » ?
« Le Fruit » repose sur trois piliers : transition numérique au service du lien social ; transition écologique en recourant dans le spectacle vivant à des moyens qui préservent l’environnement ; déploiement d’actions au plus près des citoyens.
Quels sont les handicaps auxquels se heurtent les artistes qui veulent se professionnaliser ici ?
On manque d’infrastructures. On manque d’accompagnement. On manque d’opportunités qui existent à l’extérieur. Comme l’important, c’est la finalité de la culture, il serait bon de réfléchir autrement quant aux dispositifs existants.
En restant en Corse comment ne pas se refermer sur soi ? Comment ne pas tourner en rond ? Comment se renouveler ?
Afin de conserver du dynamisme il faut travailler en équipe ce qui permet de puiser dans nos énergies. Rencontrer d’autres artistes d’autres horizons est également indispensable pour se nourrir les uns des autres. Impératif encore : prendre en compte les évolutions technologiques tout en veillant à garder du lien social, sans opposer l’internet et le voyage.
Comme auteur-compositeur vous accordez une grande place à la langue corse. Quelles sont ses qualités premières selon vous ?
Elle est riche. Sonore. Elle a une poésie incomparable. C’est cette poésie que j’ai sans cesse envie d’explorer. La langue corse me pousse à être attentif à l’endroit où je vis, d’où je suis, et en même temps à me préoccuper de la diversité culturelle qui nous entoure.
Vous produisez de la musique, des spectacles vivants et avec la société, « Omnicube » de l’audiovisuel. Qu’est-ce qui vous a poussé en ce sens ?
Il y a près de dix ans que j’ai une activité audiovisuelle. Ça m’est venu naturellement parce que l’image m’a toujours plu. En m’impliquant dans cette voie j’ai voulu apporter un regard différent. C’est ainsi que j’ai produit le premier long-métrage de Lavinie Boffy, « La vie ou la pluie », un film remarquable sur la société corse, sur les femmes corses. Produire courts et longs-métrages, et des documentaires c’est de la création ainsi que de l’économie puisqu’on emploie des intermittents du spectacle. C’est également pour moi l’occasion de me diversifier, car j’estime qu’un artiste ne peut se contenter de faire toujours la même chose !
Que préparez-vous ?
Dans le cadre du projet, « Le Fruit », je prépare un mini concert qui utilisera un dispositif technique en phase avec l’écologie et dont la formule sera reproductible ailleurs et dans d’autres circonstances. Entre avril et juin, avec l’association, « Suminà » on va travailler les week-ends dans une demi-douzaine de villages répartis sur l’ensemble de l’île. Au programme : du numérique, de la photographie, des arts visuels, de la musique, des résidences de création. Chaque village deviendra alors un cadre dédié à l’art, à l’expression où pratiques culturelles et sociales se mêleront en reliant les générations et en impulsant une solidarité qui a tendance à se déliter.
Propos recueillis par M.A-P
