Territoriales 2021 : la droite redresse la tête?
C’est clair, la droite revient. Il est certes encore trop tôt pour que Gilles Simeoni et ses amis soient incités à s’écrier « Au secours la droite revient ! »
Territoriales 2021 : la droite redresse la tête
C’est clair, la droite revient. Il est certes encore trop tôt pour que Gilles Simeoni et ses amis soient incités à s’écrier « Au secours la droite revient ! ». Mais la majorité nationaliste serait bien inspirée de prendre la chose au sérieux.
Juin 2017 :
La droite perd deux de ses trois députés. Décembre 2017: à l’occasion des élections territoriales, la droite divisée subit une déroute. Au premier tour, alors que les deux listes nationalistes, Per a Corsica (Gilles Simeoni) et Core in Fronte (Paul Felix Benedetti), totalisent 62 208 suffrages (52,05 % des exprimés), les deux listes de droite, A Strada di l'Avvene (Jean-Martin Mondoloni) et Voir plus grand (Valérie Bozzi), réunissent à peine 33 156 suffrages (27,74 % des exprimés). Au second tour, Per a Corsica (Gilles Simeoni) obtient 67 342 suffrages (56,49% des exprimés) alors que les listes deux listes de droite ne recueillent que 36 781 suffrages (30,89 % des exprimés). Après ces deux défaites, se sont ajoutées trois déconvenues majeures à l’occasion des dernières élections municipales. Jean-Martin Mondoloni a été laminé à Bastia. Sauveur-Gandolfi-Scheit a perdu Biguglia dont il était le maire depuis plus de quarante ans. George Mela a été dépossédé du siège emblématique de maire de Portivechju.
Toutes ces défaites cuisantes sur un territoire qui vote souvent fortement à droite, ont fait très mal mais ont peut-être créé les conditions d’un sursaut salvateur. La déroute des Territoriales a fait admettre que beaucoup d’électeurs de droite n’appréciaient ni la division, ni d’être mal représentés (têtes de liste certes de valeur mais non reconnues comme des leaders naturels, absence d’une personnalité forte de la droite ajaccienne). En effet, de nombreux électeurs de droite ont voté pour d’autres listes que celles de Jean-Martin Mondoloni et Valérie Bozzi, et très probablement aussi opté pour l’abstention (un électeur sur deux resté à la maison lors des deux tours des Territoriales) ? Les Législatives et les Municipales ont révélé un refus du hors-sol (à Bastia) et un besoin de renouvellement (à Portivechju et à Biguglia).
Ces conditions d’un sursaut permettent à la droite d’espérer. Surtout qu’elles sont accompagnées de l’affirmation d’une évidence : la droite détient un leader naturel. En effet, en assurant l’élection de son principal lieutenant Jean-Jacques Ferrara à la députation, en l’emportant au premier tour à l’occasion des élections municipales à Aiacciu (en se défaisant d’une vieille droite locale minée par les haines recuites entre quelques badernes et d’interminables bals des egos), en renforçant son influence au sein des dix communes de la CAPA (Communauté d’Agglomération du pays Ajaccien) représentant environ un quart de la population corse, et enfin en imposant un candidat issu du rural profond à la présidence du Syvadec (Syndicat de Valorisation des Déchets de la Corse), Laurent Marcangeli a démontré qu’il avait la capacité de croiser le fer avec Gilles Simeoni et de faire gagner son camp.
Enfin un leader naturel ?
Cette évidence de l’existence d’un leader naturel est en train de faire son chemin.
Jean-Martin Mondoloni vient de la reconnaître et d’en tirer les conclusions. Dans un entretien accordé à Corse Matin, il a clairement reconnu le leadership du maire d’Aiacciu : « Sans ambiguïté, j’ai vocation à travailler avec Laurent Marcangeli (…) Il faut éviter la dispersion, la division.
Nous devons créer les conditions, pas seulement parce que la stratégie l’oblige ou la période le commande, d’une exigence de clarté et d’union » Et quand il lui a été demandé s’il jugeait logique ce leadership, il a répondu qu’il le considérait « Incontournable ». L’évidence semble aussi être apparue à une élue dont chacun sait, aussi bien à droite qu’ailleurs, qu’elle compte beaucoup. Anne-Marie Natali, maire de Borgu, démographiquement quatrième commune de l’île, a signifié qu’elle inclinait elle aussi pour que la droite aille unie à la bataille à l’occasion des Territoriales et qu’elle entendait avoir son mot à dire en son nom et ceux de ses amis : « Nous avons beaucoup de candidats potentiels.
Pour le moment, j’ai été sollicitée pour apporter mon soutien. Laurent Marcangeli est venu deux fois me rencontrer. Si ma famille politique est unie et rassemblée, nous soutiendrons la démarche, sinon ce sera sans nous. » Cette prise de position a en outrer été accompagnée de clarifications très signifiantes. Elle a mis fin à des rumeurs de ralliement à Gilles Simeoni et aussi prévenu qu’un éventuel soutien à ce dernier de Jean Dominici, président de la CCI de Corse, deviendrait d’un intérêt moindre. Elle a aussi mis fin aux espoirs de Gilles Simeoni d’étendre le territoire de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia) jusqu’à Casamozza. Anne-Marie Natali a en effet affirmé : « Il en est hors de question.
À l’époque, quand nous en avions eu l’idée lors d’une campagne électorale bastiaise, personne n’en avait voulu. Donc ça ne se fera pas aujourd’hui. » C’est clair, la droite revient. Il est certes encore trop tôt pour que Gilles Simeoni et ses amis soient incités à s’écrier « Au secours la droite revient ! » ou « Dis-moi, jolie droite, pourquoi as-tu de si grande dents ? », comme l’avait fait, en novembre 1985, le Parti Socialiste au pouvoir alors que se dessinait sa défaite aux élections législatives de 1986.
Mais la majorité nationaliste serait bien inspirée de ne pas prendre à la légère que la droite redresse la tête. D’autant que la dynamique exceptionnelle de décembre 2017 n’a en fait mobilisé qu’un tiers des inscrits en faveur de Per a Corsica et que la base de la famille nationaliste est aujourd’hui traversée par de la déception et exaspérée par les querelles entre les leaders et les partis de Per a Corsica. D’autant que la présence du maire d’Aiacciu à la tête d’une droite unie sera une incitation à la participation forte d’un électorat ajaccien et sudiste pesant de plus en plus lourd au sein de l’électorat. D’autant que se dessine la possibilité d’un «front républicain». D’autant enfin que le pouvoir use.
Pierre Corsi
C’est clair, la droite revient. Il est certes encore trop tôt pour que Gilles Simeoni et ses amis soient incités à s’écrier « Au secours la droite revient ! ». Mais la majorité nationaliste serait bien inspirée de prendre la chose au sérieux.
Juin 2017 :
La droite perd deux de ses trois députés. Décembre 2017: à l’occasion des élections territoriales, la droite divisée subit une déroute. Au premier tour, alors que les deux listes nationalistes, Per a Corsica (Gilles Simeoni) et Core in Fronte (Paul Felix Benedetti), totalisent 62 208 suffrages (52,05 % des exprimés), les deux listes de droite, A Strada di l'Avvene (Jean-Martin Mondoloni) et Voir plus grand (Valérie Bozzi), réunissent à peine 33 156 suffrages (27,74 % des exprimés). Au second tour, Per a Corsica (Gilles Simeoni) obtient 67 342 suffrages (56,49% des exprimés) alors que les listes deux listes de droite ne recueillent que 36 781 suffrages (30,89 % des exprimés). Après ces deux défaites, se sont ajoutées trois déconvenues majeures à l’occasion des dernières élections municipales. Jean-Martin Mondoloni a été laminé à Bastia. Sauveur-Gandolfi-Scheit a perdu Biguglia dont il était le maire depuis plus de quarante ans. George Mela a été dépossédé du siège emblématique de maire de Portivechju.
Toutes ces défaites cuisantes sur un territoire qui vote souvent fortement à droite, ont fait très mal mais ont peut-être créé les conditions d’un sursaut salvateur. La déroute des Territoriales a fait admettre que beaucoup d’électeurs de droite n’appréciaient ni la division, ni d’être mal représentés (têtes de liste certes de valeur mais non reconnues comme des leaders naturels, absence d’une personnalité forte de la droite ajaccienne). En effet, de nombreux électeurs de droite ont voté pour d’autres listes que celles de Jean-Martin Mondoloni et Valérie Bozzi, et très probablement aussi opté pour l’abstention (un électeur sur deux resté à la maison lors des deux tours des Territoriales) ? Les Législatives et les Municipales ont révélé un refus du hors-sol (à Bastia) et un besoin de renouvellement (à Portivechju et à Biguglia).
Ces conditions d’un sursaut permettent à la droite d’espérer. Surtout qu’elles sont accompagnées de l’affirmation d’une évidence : la droite détient un leader naturel. En effet, en assurant l’élection de son principal lieutenant Jean-Jacques Ferrara à la députation, en l’emportant au premier tour à l’occasion des élections municipales à Aiacciu (en se défaisant d’une vieille droite locale minée par les haines recuites entre quelques badernes et d’interminables bals des egos), en renforçant son influence au sein des dix communes de la CAPA (Communauté d’Agglomération du pays Ajaccien) représentant environ un quart de la population corse, et enfin en imposant un candidat issu du rural profond à la présidence du Syvadec (Syndicat de Valorisation des Déchets de la Corse), Laurent Marcangeli a démontré qu’il avait la capacité de croiser le fer avec Gilles Simeoni et de faire gagner son camp.
Enfin un leader naturel ?
Cette évidence de l’existence d’un leader naturel est en train de faire son chemin.
Jean-Martin Mondoloni vient de la reconnaître et d’en tirer les conclusions. Dans un entretien accordé à Corse Matin, il a clairement reconnu le leadership du maire d’Aiacciu : « Sans ambiguïté, j’ai vocation à travailler avec Laurent Marcangeli (…) Il faut éviter la dispersion, la division.
Nous devons créer les conditions, pas seulement parce que la stratégie l’oblige ou la période le commande, d’une exigence de clarté et d’union » Et quand il lui a été demandé s’il jugeait logique ce leadership, il a répondu qu’il le considérait « Incontournable ». L’évidence semble aussi être apparue à une élue dont chacun sait, aussi bien à droite qu’ailleurs, qu’elle compte beaucoup. Anne-Marie Natali, maire de Borgu, démographiquement quatrième commune de l’île, a signifié qu’elle inclinait elle aussi pour que la droite aille unie à la bataille à l’occasion des Territoriales et qu’elle entendait avoir son mot à dire en son nom et ceux de ses amis : « Nous avons beaucoup de candidats potentiels.
Pour le moment, j’ai été sollicitée pour apporter mon soutien. Laurent Marcangeli est venu deux fois me rencontrer. Si ma famille politique est unie et rassemblée, nous soutiendrons la démarche, sinon ce sera sans nous. » Cette prise de position a en outrer été accompagnée de clarifications très signifiantes. Elle a mis fin à des rumeurs de ralliement à Gilles Simeoni et aussi prévenu qu’un éventuel soutien à ce dernier de Jean Dominici, président de la CCI de Corse, deviendrait d’un intérêt moindre. Elle a aussi mis fin aux espoirs de Gilles Simeoni d’étendre le territoire de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia) jusqu’à Casamozza. Anne-Marie Natali a en effet affirmé : « Il en est hors de question.
À l’époque, quand nous en avions eu l’idée lors d’une campagne électorale bastiaise, personne n’en avait voulu. Donc ça ne se fera pas aujourd’hui. » C’est clair, la droite revient. Il est certes encore trop tôt pour que Gilles Simeoni et ses amis soient incités à s’écrier « Au secours la droite revient ! » ou « Dis-moi, jolie droite, pourquoi as-tu de si grande dents ? », comme l’avait fait, en novembre 1985, le Parti Socialiste au pouvoir alors que se dessinait sa défaite aux élections législatives de 1986.
Mais la majorité nationaliste serait bien inspirée de ne pas prendre à la légère que la droite redresse la tête. D’autant que la dynamique exceptionnelle de décembre 2017 n’a en fait mobilisé qu’un tiers des inscrits en faveur de Per a Corsica et que la base de la famille nationaliste est aujourd’hui traversée par de la déception et exaspérée par les querelles entre les leaders et les partis de Per a Corsica. D’autant que la présence du maire d’Aiacciu à la tête d’une droite unie sera une incitation à la participation forte d’un électorat ajaccien et sudiste pesant de plus en plus lourd au sein de l’électorat. D’autant que se dessine la possibilité d’un «front républicain». D’autant enfin que le pouvoir use.
Pierre Corsi