Les nationalistes se divisent, le front républicain revient
Comme la plupart des Corses, les opposants perçoivent la division et les échecs de la majorité territoriale. D’où leur mordant et leurs velléités de constituer un nouveau « front républicain ».
Ces derniers temps, à l’Assemblée de Corse, les opposants manifestent une agressivité aussi nouvelle que prononcée. Leurs prises de position tranchées et leur virulence font apparaître qu’ils sont passés de l’opposition constructive à l’opposition frontale. Ainsi, à l’occasion du débat concernant le « Greenpass », tout en ayant fermé la porte à un compromis alors que les enjeux (protéger du Covid-19 les habitants et les visiteurs de l’ile, sauver la haute saison touristique) étaient de nature à inciter à la modération, les opposants ont eu la dent dure. Christelle Combette (groupe Per l’Avvene) a été particulièrement virulente à l’encontre du président du Conseil Exécutif et de la conseillère exécutive présidant l’Agence du Tourisme de la Corse (ATC). Elle a accusé Gilles Simeoni de rebuter la clientèle touristique : « Autant dire aux gens de ne pas venir tout simplement. Autant dire aux professionnels du tourisme de fermer tout simplement leurs établissements. Sur combien de morts économiques avez-vous misé ? » Elle a ironiquement suggéré que l’intervention d’Annette Maupertuis ne prenait pas en compte la réalité et l’urgence d’agir : « L’analyse très poussée est digne des qualités et grandes qualités d’économiste et d’universitaire de notre Présidente de l’ATC. » Jean-Charles (président du groupe Andà Per Dumane) n’a pas été en reste. Il a asséné : « On a là un exécutif qui, comme pour les déchets, nous vend un plan qui philosophiquement paraît inattaquable, sauf qu'en réalité, on nous vend une chimère. Et comme pour les déchets, qu'on a fini par aller brûler sur le continent, ce qui est une catastrophe, on va devoir exporter nos chômeurs. » Durant la récente session de l’Assemblée de Corse consacrée à la mise en œuvre du déconfinement, et plus particulièrement aux modalités de réouverture des lycées et collèges avant la fin de ce mois, Jean-Martin Mondoloni (Per L’Avvene) a franchi un nouveau palier dans l’opposition frontale. Ses propos ont donné à penser qu’il en revenait à une opposition parti français contre parti corse qui avait disparu durant la mandature Paul Giacobbi. En effet, il a suggéré que le refus du Conseil exécutif de mettre les agents de la Collectivité de Corse à la disposition des lycées et collèges avait relevé non pas d’une préoccupation sanitaire mais d’une volonté de remettre en cause une prérogative de l’Etat : « Vous laissez penser que l’Éducation nationale est davantage entre vos mains qu’entre celles de l’État. Or, c’est faux ! Des enseignants ont été choqués de ne pas avoir pu exercer leurs missions à cause de votre blocage de principe et de votre bras de fer politique. Non, sept fois non, le président de l’Exécutif n’est pas le patron de l’éducation nationale en Corse ! ». C’est clair : l’opposition à la majorité territoriale relève la tête et n’hésite plus à le faire en stigmatisant le nationalisme. En outre, cela vient d’être vérifié à Bastia, des opposants de droite et de gauche osent à nouveau s’unir contre les nationalistes en faisant fi des différences idéologiques et des antagonismes passés.
Les opposants ne craignent plus le nationalisme
Les opposants se sentent pousser des crocs. Un retour au « front républicain » se dessine. Comment expliquer cela ? L’ approche des élections territoriales et la montée en puissance de Laurent Marcangeli est certes pour beaucoup dans ce mordant et cette congruence. Mais l’explication majeure est peut-être tout simplement que les opposants ne craignent plus le nationalisme. Ce qui n’est pas pour surprendre si l’on veut bien prendre en compte l’évolution de la situation politique depuis deux ans. En effet, depuis 2018, les nationalistes accumulent les échecs. L’échec le plus récent a consisté en une défaite cinglante à l’occasion du premier tour des élections musicales. En effet, alors que Pierre Savelli n’est pas assuré de conserver Bastia et que Jean-Christophe Angelini n’est pas certain de pouvoir vendre la peau de l’ours à Porto-Vecchio, les listes menées ou soutenues par Femu a Corsica ou les autres composantes de la majorité́ territoriale ont quasiment partout essuyé de cuisantes défaites. Les seuls succès notables ont été enregistrés à Biguglia et à Brando. Dans ces deux communes, les listes soutenues Gilles Simeoni et ses amis ont fait mordre la poussière à deux caciques de droite (Sauveur Gandolfi-Scheit, Dominique Ricci). Le mordant des opposants et les velléités de constituer un nouveau « front républicain » ne résultent cependant pas que de la gifle électorale reçue en mars dernier par la majorité territoriale. Il convient surtout de prendre en compte que, tout comme la plupart des Corses, les opposants perçoivent la division de la majorité territoriale et ses conséquences catastrophiques. Il est vrai que cela saute aux yeux. La rupture brutale de la coalition Per a Corsica par Femu a Corsica a cassé une belle machine politique et électorale. Les composantes autonomiste et indépendantiste continuent de se quereller : Jean Guy Talamoni affichent ses désaccords avec Gilles Simeoni ; le groupe Corsica Libera s’autorise à voter différemment des groupes Femu a Corsica et Partitu di a Nazione Corsa. L’Assemblée de Corse est le théâtre de débats aussi interminables que stériles alors que le traitement de dossiers sensibles est à l’arrêt ou en échec (déchets, Scandola, compagnie régionale maritime, question sociale…) Les bras de fer résultant des rapports conflictuels avec l’Etat sont à ce jour favorables à ce dernier. En effet, face au refus d’Emmanuel Macron de faire la moindre concession, la majorité territoriale a soit capitulé (acceptation de la fouille des élus et de l’absence de drapeaux corses à Lupino), soit été incapable de mobiliser les Corses (échec d’Isula morta). Avec la division qui désormais mine ses adversaires, Emmanuel Macron peut être serein… Enfin, des revendications fondamentales et des combats majeurs du nationalisme sont en jachère ou ne sont plus qu’accessoirement évoqués par la plupart des élus territoriaux (libération de prisonniers politiques, corsisation des emplois, retour de la Diaspora, lutte contre la spéculation immobilière et la bétonisation, revitalisation des territoires ruraux, coofficialité de la langue corse...)
Les opposants ne craignent plus le nationalisme
Les opposants se sentent pousser des crocs. Un retour au « front républicain » se dessine. Comment expliquer cela ? L’ approche des élections territoriales et la montée en puissance de Laurent Marcangeli est certes pour beaucoup dans ce mordant et cette congruence. Mais l’explication majeure est peut-être tout simplement que les opposants ne craignent plus le nationalisme. Ce qui n’est pas pour surprendre si l’on veut bien prendre en compte l’évolution de la situation politique depuis deux ans. En effet, depuis 2018, les nationalistes accumulent les échecs. L’échec le plus récent a consisté en une défaite cinglante à l’occasion du premier tour des élections musicales. En effet, alors que Pierre Savelli n’est pas assuré de conserver Bastia et que Jean-Christophe Angelini n’est pas certain de pouvoir vendre la peau de l’ours à Porto-Vecchio, les listes menées ou soutenues par Femu a Corsica ou les autres composantes de la majorité́ territoriale ont quasiment partout essuyé de cuisantes défaites. Les seuls succès notables ont été enregistrés à Biguglia et à Brando. Dans ces deux communes, les listes soutenues Gilles Simeoni et ses amis ont fait mordre la poussière à deux caciques de droite (Sauveur Gandolfi-Scheit, Dominique Ricci). Le mordant des opposants et les velléités de constituer un nouveau « front républicain » ne résultent cependant pas que de la gifle électorale reçue en mars dernier par la majorité territoriale. Il convient surtout de prendre en compte que, tout comme la plupart des Corses, les opposants perçoivent la division de la majorité territoriale et ses conséquences catastrophiques. Il est vrai que cela saute aux yeux. La rupture brutale de la coalition Per a Corsica par Femu a Corsica a cassé une belle machine politique et électorale. Les composantes autonomiste et indépendantiste continuent de se quereller : Jean Guy Talamoni affichent ses désaccords avec Gilles Simeoni ; le groupe Corsica Libera s’autorise à voter différemment des groupes Femu a Corsica et Partitu di a Nazione Corsa. L’Assemblée de Corse est le théâtre de débats aussi interminables que stériles alors que le traitement de dossiers sensibles est à l’arrêt ou en échec (déchets, Scandola, compagnie régionale maritime, question sociale…) Les bras de fer résultant des rapports conflictuels avec l’Etat sont à ce jour favorables à ce dernier. En effet, face au refus d’Emmanuel Macron de faire la moindre concession, la majorité territoriale a soit capitulé (acceptation de la fouille des élus et de l’absence de drapeaux corses à Lupino), soit été incapable de mobiliser les Corses (échec d’Isula morta). Avec la division qui désormais mine ses adversaires, Emmanuel Macron peut être serein… Enfin, des revendications fondamentales et des combats majeurs du nationalisme sont en jachère ou ne sont plus qu’accessoirement évoqués par la plupart des élus territoriaux (libération de prisonniers politiques, corsisation des emplois, retour de la Diaspora, lutte contre la spéculation immobilière et la bétonisation, revitalisation des territoires ruraux, coofficialité de la langue corse...)