Laïcité de Dieu
Un usage immodéré qui fait ce jour du mot laïcité
Laïcité de Dieu ?
Si je risque ce bon mot aux dépends de la cité de Dieu de Saint Augustin, c’est pour en venir à l’usage immodéré qui est fait ce jour du mot laïcité.
Reprenant le cours de l’histoire qui depuis le XVIIème avait installé l’agnosticisme dans les esprits, la République n’eut de cesse d’organiser la neutralité de l’Etat au regard des cultes pratiqués sur l’ensemble du territoire national.
Si l’on suit la thèse développée par Paul Hazard dans son livre La crise de la conscience européenne, l’homme européen s’est couché croyant à la fin du XVIème siècle pour se réveiller voltairien au début du XVIIème. Entendons-nous bien : je n’ignore pas que Voltaire est postérieur d’un siècle à la période. Je soutiens que les esprits évolués étaient disposés à le recevoir et le comprendre dès le XVIIème. La révolution française s’en suivit. N’oublions pas que la révolution anglaise s’était déroulée un siècle plus tôt que la française. En 1935 Paul Hazard eut cette révélation fulgurante : les français sont passés naturellement de Bossuet à Voltaire.
Plus précisément, cette évolution se fera dans le royaume sous le règne de Louis XIV. Voltaire n’est toujours pas né. Les étapes de l’affranchissement du fait religieux seront en France le gallicanisme de Louis XIV, la licence de la Régence, la Révolution Française et sa conséquence le Concordat de Napoléon avec le Pape, pour finir par la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat. L’usage du charabia, fort en vogue aujourd’hui, incite à écrire : les églises plutôt que l’Eglise. C’est oublier que le catholicisme était religion d’Etat auparavant et que c’est d’avec cette religion que l’Etat a divorcé, entraînant les autres dans le sillage.
La laïcité voulue par le parti radical et les républicains sincères, préparée dans le secret des loges maçonniques, ne postulait nullement l’athéisme mais simplement que l’Etat garantissait à tous l’usage libre de la religion de chacun.
Il n’a jamais été interdit le port de vêtements religieux, de signes religieux, de processions religieuses, les fidèles étant appelés à respecter prioritairement la loi civile, telle qu’édictée par le parlement plutôt que tel usage sorti du culte. Il est désespérant de constater qu’il faille aujourd’hui recommencer cette pédagogie avec des religions nouvelles en France, venues du bout du monde pour certaines ou de la galaxie stellaire pour la scientologie.
La laïcité ne consiste pas à brocarder les chapelets et les soutanes mais à respecter les fidèles, et surtout dans les contrées où l’usage du culte qu’ils pratiquent est dominant.
On ne va pas interdire les processions en Corse par exemple, quand on sait le caractère national et même nationaliste qu’elles revêtent. J’expliquais à un ami tombé de la dernière pluie que l’hymne national corse est un cantique à la vierge , Le Dio vi salvi regina, choisi par Pascal Paoli durant la guerre d’indépendance et que tous les corses l’entonnent avec ferveur, qu’ils soient croyants, incroyants, catholiques, orthodoxes, protestants ou juifs.
Nous sommes là dans un domaine qui parle au cœur autant qu’à la raison. Une Corse indépendante choisirait, à n’en pas douter, de conserver cet hymne comme le sien. Au nom de quelle folie pourrait-on voir des corses possesseurs d’une carte d’identité corse refuser de chanter leur hymne ? Nous avons là un début de réponse à la question de savoir quel qualificatif mériteraient des français refusant de chanter la Marseillaise ou les britanniques le God save the Queen.
J’entends l’argument qui pourrait être opposé à cette pétition : les corses peuvent-ils chanter leur hymne et l’hymne français ? Je crois honnête de préciser que tant qu’une séparation officielle n’est pas juridiquement actée par la création d’un Etat corse, l’hésitation même présente dans les esprits doit être tranchée en faveur d’une coexistence pacifique des deux hymnes.
Pour revenir à la laïcité, elle détermine ce choix puisqu’elle confine l’appartenance identitaire au respect de la loi civile. Nulle puissance, Dieu, Idole ou Démon n’a sa place dans l’espace public, autrement que pour en respecter les règles juridiques et morales : la laïcité n’est pas une divinité, elle n’a pas de credo. Sa noblesse et son utilité sont de respecter tous les délires, de rapprocher les sectaires et les illuminés afin de leur apprendre la coexistence pacifique.
Peu importent les chansons ou les dogmes, les dieux Lares ou Pénates, Saint Belzébuth ou Grand Serpent à plumes, tous sont appelés à habiter la maison commune, mais avec le sourire.
Jean-François Marchi
Si je risque ce bon mot aux dépends de la cité de Dieu de Saint Augustin, c’est pour en venir à l’usage immodéré qui est fait ce jour du mot laïcité.
Reprenant le cours de l’histoire qui depuis le XVIIème avait installé l’agnosticisme dans les esprits, la République n’eut de cesse d’organiser la neutralité de l’Etat au regard des cultes pratiqués sur l’ensemble du territoire national.
Si l’on suit la thèse développée par Paul Hazard dans son livre La crise de la conscience européenne, l’homme européen s’est couché croyant à la fin du XVIème siècle pour se réveiller voltairien au début du XVIIème. Entendons-nous bien : je n’ignore pas que Voltaire est postérieur d’un siècle à la période. Je soutiens que les esprits évolués étaient disposés à le recevoir et le comprendre dès le XVIIème. La révolution française s’en suivit. N’oublions pas que la révolution anglaise s’était déroulée un siècle plus tôt que la française. En 1935 Paul Hazard eut cette révélation fulgurante : les français sont passés naturellement de Bossuet à Voltaire.
Plus précisément, cette évolution se fera dans le royaume sous le règne de Louis XIV. Voltaire n’est toujours pas né. Les étapes de l’affranchissement du fait religieux seront en France le gallicanisme de Louis XIV, la licence de la Régence, la Révolution Française et sa conséquence le Concordat de Napoléon avec le Pape, pour finir par la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat. L’usage du charabia, fort en vogue aujourd’hui, incite à écrire : les églises plutôt que l’Eglise. C’est oublier que le catholicisme était religion d’Etat auparavant et que c’est d’avec cette religion que l’Etat a divorcé, entraînant les autres dans le sillage.
La laïcité voulue par le parti radical et les républicains sincères, préparée dans le secret des loges maçonniques, ne postulait nullement l’athéisme mais simplement que l’Etat garantissait à tous l’usage libre de la religion de chacun.
Il n’a jamais été interdit le port de vêtements religieux, de signes religieux, de processions religieuses, les fidèles étant appelés à respecter prioritairement la loi civile, telle qu’édictée par le parlement plutôt que tel usage sorti du culte. Il est désespérant de constater qu’il faille aujourd’hui recommencer cette pédagogie avec des religions nouvelles en France, venues du bout du monde pour certaines ou de la galaxie stellaire pour la scientologie.
La laïcité ne consiste pas à brocarder les chapelets et les soutanes mais à respecter les fidèles, et surtout dans les contrées où l’usage du culte qu’ils pratiquent est dominant.
On ne va pas interdire les processions en Corse par exemple, quand on sait le caractère national et même nationaliste qu’elles revêtent. J’expliquais à un ami tombé de la dernière pluie que l’hymne national corse est un cantique à la vierge , Le Dio vi salvi regina, choisi par Pascal Paoli durant la guerre d’indépendance et que tous les corses l’entonnent avec ferveur, qu’ils soient croyants, incroyants, catholiques, orthodoxes, protestants ou juifs.
Nous sommes là dans un domaine qui parle au cœur autant qu’à la raison. Une Corse indépendante choisirait, à n’en pas douter, de conserver cet hymne comme le sien. Au nom de quelle folie pourrait-on voir des corses possesseurs d’une carte d’identité corse refuser de chanter leur hymne ? Nous avons là un début de réponse à la question de savoir quel qualificatif mériteraient des français refusant de chanter la Marseillaise ou les britanniques le God save the Queen.
J’entends l’argument qui pourrait être opposé à cette pétition : les corses peuvent-ils chanter leur hymne et l’hymne français ? Je crois honnête de préciser que tant qu’une séparation officielle n’est pas juridiquement actée par la création d’un Etat corse, l’hésitation même présente dans les esprits doit être tranchée en faveur d’une coexistence pacifique des deux hymnes.
Pour revenir à la laïcité, elle détermine ce choix puisqu’elle confine l’appartenance identitaire au respect de la loi civile. Nulle puissance, Dieu, Idole ou Démon n’a sa place dans l’espace public, autrement que pour en respecter les règles juridiques et morales : la laïcité n’est pas une divinité, elle n’a pas de credo. Sa noblesse et son utilité sont de respecter tous les délires, de rapprocher les sectaires et les illuminés afin de leur apprendre la coexistence pacifique.
Peu importent les chansons ou les dogmes, les dieux Lares ou Pénates, Saint Belzébuth ou Grand Serpent à plumes, tous sont appelés à habiter la maison commune, mais avec le sourire.
Jean-François Marchi