Chronique judiciaire : Saveriu Felli : Le combat d'un fils
A la suite de la disparition de son père, décédé en mars dernier du COVID-19, Saveria Felli a engagé desbpoursuites judiciaires.....
Saveriu Felli : Le combat d’un fils
À la suite de la disparition de son père, décédé en mars dernier du COVID-19, Saveriu Felli a engagé des poursuites judiciaires pour dénoncer le rôle de l’État dans la gestion de la pandémie. Une instruction est désormais ouverte.
Le 23 mars dernier, Lucien Felli décédait brutalement des suites du coronavirus. Cet illustre avocat, qui partageait sa vie entre Paris et la Corse, laissait derrière lui sa femme et trois enfants. À l’un d’eux, il avait transmis sa passion du métier et l’envie d’endosser la robe noire. C’est au travers de cet héritage que Saveriu Felli a décidé de mener un combat judiciaire. Selon lui, l’État n’a pas géré la crise sanitaire correctement.
Suite au décès de son père, le jeune avocat décide de revenir sur le déroulement chronologique des faits, notamment à l’aide de documents scientifiques et d’articles de presse. « Ce qui m’a le plus alerté, ce sont les déclarations d’Agnès Buzin dans le journal le Monde en date du 17 mars 2020. Je m’aperçois alors que la ministre de la Santé explique avoir pris connaissance de certaines informations dès le mois de décembre 2019 et qu’elle a aussitôt communiqué avec le secrétaire général du ministère de la Santé.
Elle explique également qu’elle indique au Premier ministre que les élections municipales ne pourront jamais se tenir », développe Saveriu Felli. Pour lui, c’est bien la preuve que le dossier épidémique est déjà sur la table du gouvernement à ce moment là. « On s’aperçoit également que de décembre à mars,l’ Organisation Mondiale de la Santé (OMS) émet des recommandations et attire l’attention des pays sur la dangerosité du phénomène.
Les autorités ont donc connaissance de l’existence du danger, elles ont les moyens d’agir mais ne le font pas. Les élections sont maintenues, et on nous affirme que le port du masque n’est pas obligatoire car inutile. »
300 plaintes déposées, 80 traitées
Il y a aussi les souvenirs dans lesquels il faut se replonger. Pour remonter le fil et tenter de comprendre. « Mon père a contracté le virus au début du mois de mars. À cette période il n’y avait pas de masques, et aucune mesure de prévention particulière. Un dimanche, il se promène dans un marché, à Paris ». C’est sur ce marché alimentaire que Lucien Felli rencontre un ami à lui, un député en pleine campagne électorale. « Il a commencé à tousser la semaine suivante, puis ça a été de mal en pis jusqu’à son décès fin mars. » Le fameux ami et député décédera également du coronavirus. « Il n’y a que lors de cette rencontre que mon père a pu être contaminé », affirme Saveriu.
Par la suite, Saveriu dépose plainte contre X pour homicide involontaire et abstention volontaire de combattre un sinistre. « En portant plainte contre X, j’ai espoir que d’autres personnes soient poursuivies. Cela permet d’ouvrir la voie à une pluralité de poursuites », précise-t-il.
Sur les 300 plaintes déposées auprès du Procureur de la République de Paris,
seulement 80 ont engendrées des poursuites judiciaires. Parmi elles, celle de Saveriu.
« Une enquête vient d’être ouverte et un Juge d’instruction a été désigné. On attend désormais que le travail soit fait. » Ce « on », c’est également son frère, sa soeur, sa mère. Les siens. « J’agis pour le compte de ma famille car c’est une décision que nous avons prise de manière collégiale. On s’est demandé ce que mon père aurait fait si c’était arrivé à l’un d’entre nous. Et on sait qu’il aurait mené ce combat judiciaire. »
« on nous mentait, on nous cachait des éléments »
Conscient que tout cela peut durer longtemps, Saveriu Felli est catégorique : il n’abandonnera pas. Pour son père, pour sa famille, mais aussi pour éviter que ce type de scénario ne se reproduise. « Quand tous les éléments seront rassemblés, on souhaite la tenue d’un procès. C’est important de faire en sorte que les gens qui ont mis en danger la vie d’autrui soient définitivement jugés et écartés. Qu’ils ne considèrent pas que, sous prétexte que ce sont de hauts fonctionnaires ou des décideurs de haut rang, ils sont exonérés de responsabilités au plan pénal. Cela servira également de leçon pour d’éventuels problèmes dans le futur. C’est une manière de se prémunir. »
Saveriu Felli concède toutefois que la situation est aujourd’hui différente de la première phase : « Durant la première vague de l’épidémie, on nous mentait, on nous cachait des éléments. Aujourd’hui, la transmission des informations nous permet d’agir en connaissance de cause. » Pour lui, les décisionnaires ont néanmoins agi trop tard, engendrant des conséquences dramatiques. « Certes, des mesures ont été prises, mais tardivement.
Il y a toujours un temps de retard, et même aujourd’hui les dirigeants courent derrière l’épidémie », déplore-t-il, soulignant ainsi la complexité du phénomène et celle de la bataille engagée. Mais sans jamais s’y résoudre : « Mon père était un épris de justice. C’est de cette manière que nous allons nous battre. Jusqu’au bout. » Un combat de longue haleine, qui ne comblera pas l’absence, mais qui apporta peut-être des réponses.
À la suite de la disparition de son père, décédé en mars dernier du COVID-19, Saveriu Felli a engagé des poursuites judiciaires pour dénoncer le rôle de l’État dans la gestion de la pandémie. Une instruction est désormais ouverte.
Le 23 mars dernier, Lucien Felli décédait brutalement des suites du coronavirus. Cet illustre avocat, qui partageait sa vie entre Paris et la Corse, laissait derrière lui sa femme et trois enfants. À l’un d’eux, il avait transmis sa passion du métier et l’envie d’endosser la robe noire. C’est au travers de cet héritage que Saveriu Felli a décidé de mener un combat judiciaire. Selon lui, l’État n’a pas géré la crise sanitaire correctement.
Suite au décès de son père, le jeune avocat décide de revenir sur le déroulement chronologique des faits, notamment à l’aide de documents scientifiques et d’articles de presse. « Ce qui m’a le plus alerté, ce sont les déclarations d’Agnès Buzin dans le journal le Monde en date du 17 mars 2020. Je m’aperçois alors que la ministre de la Santé explique avoir pris connaissance de certaines informations dès le mois de décembre 2019 et qu’elle a aussitôt communiqué avec le secrétaire général du ministère de la Santé.
Elle explique également qu’elle indique au Premier ministre que les élections municipales ne pourront jamais se tenir », développe Saveriu Felli. Pour lui, c’est bien la preuve que le dossier épidémique est déjà sur la table du gouvernement à ce moment là. « On s’aperçoit également que de décembre à mars,l’ Organisation Mondiale de la Santé (OMS) émet des recommandations et attire l’attention des pays sur la dangerosité du phénomène.
Les autorités ont donc connaissance de l’existence du danger, elles ont les moyens d’agir mais ne le font pas. Les élections sont maintenues, et on nous affirme que le port du masque n’est pas obligatoire car inutile. »
300 plaintes déposées, 80 traitées
Il y a aussi les souvenirs dans lesquels il faut se replonger. Pour remonter le fil et tenter de comprendre. « Mon père a contracté le virus au début du mois de mars. À cette période il n’y avait pas de masques, et aucune mesure de prévention particulière. Un dimanche, il se promène dans un marché, à Paris ». C’est sur ce marché alimentaire que Lucien Felli rencontre un ami à lui, un député en pleine campagne électorale. « Il a commencé à tousser la semaine suivante, puis ça a été de mal en pis jusqu’à son décès fin mars. » Le fameux ami et député décédera également du coronavirus. « Il n’y a que lors de cette rencontre que mon père a pu être contaminé », affirme Saveriu.
Par la suite, Saveriu dépose plainte contre X pour homicide involontaire et abstention volontaire de combattre un sinistre. « En portant plainte contre X, j’ai espoir que d’autres personnes soient poursuivies. Cela permet d’ouvrir la voie à une pluralité de poursuites », précise-t-il.
Sur les 300 plaintes déposées auprès du Procureur de la République de Paris,
seulement 80 ont engendrées des poursuites judiciaires. Parmi elles, celle de Saveriu.
« Une enquête vient d’être ouverte et un Juge d’instruction a été désigné. On attend désormais que le travail soit fait. » Ce « on », c’est également son frère, sa soeur, sa mère. Les siens. « J’agis pour le compte de ma famille car c’est une décision que nous avons prise de manière collégiale. On s’est demandé ce que mon père aurait fait si c’était arrivé à l’un d’entre nous. Et on sait qu’il aurait mené ce combat judiciaire. »
« on nous mentait, on nous cachait des éléments »
Conscient que tout cela peut durer longtemps, Saveriu Felli est catégorique : il n’abandonnera pas. Pour son père, pour sa famille, mais aussi pour éviter que ce type de scénario ne se reproduise. « Quand tous les éléments seront rassemblés, on souhaite la tenue d’un procès. C’est important de faire en sorte que les gens qui ont mis en danger la vie d’autrui soient définitivement jugés et écartés. Qu’ils ne considèrent pas que, sous prétexte que ce sont de hauts fonctionnaires ou des décideurs de haut rang, ils sont exonérés de responsabilités au plan pénal. Cela servira également de leçon pour d’éventuels problèmes dans le futur. C’est une manière de se prémunir. »
Saveriu Felli concède toutefois que la situation est aujourd’hui différente de la première phase : « Durant la première vague de l’épidémie, on nous mentait, on nous cachait des éléments. Aujourd’hui, la transmission des informations nous permet d’agir en connaissance de cause. » Pour lui, les décisionnaires ont néanmoins agi trop tard, engendrant des conséquences dramatiques. « Certes, des mesures ont été prises, mais tardivement.
Il y a toujours un temps de retard, et même aujourd’hui les dirigeants courent derrière l’épidémie », déplore-t-il, soulignant ainsi la complexité du phénomène et celle de la bataille engagée. Mais sans jamais s’y résoudre : « Mon père était un épris de justice. C’est de cette manière que nous allons nous battre. Jusqu’au bout. » Un combat de longue haleine, qui ne comblera pas l’absence, mais qui apporta peut-être des réponses.