• Le doyen de la presse Européenne

Foutus Américains

Les USA sortent de la présidence Trump par la porte dérobée puisque l'officialisation de la victoire de Biden, a été effacée par les scènes d'émeutes ...
Foutus Américains

Les USA sortent de la présidence Trump par la porte dérobée puisque l’officialisation de la victoire démocrate de Biden, a été effacée par les scènes d’émeute au sein même du Capitole. Pour comprendre les racines de ce désastre (un pays coupé en deux, un climat insurrectionnel, une crise économique majeure) il faut étudier l’histoire de ce pays vaste comme un continent.

Deux ans de paix


Les USA ont proclamé leur indépendance en 1775. Or 325 ans c’est très, mais vraiment très jeune, pour un pays. Les USA se sont constitués essentiellement grâce à l’immigration et aux conquêtes territoriales. Le pays n’a jamais été envahi, mais a été un grand envahisseur. Il n’a connu que deux guerres internes. La première a été la guerre génocidaire menée contre les peuples autochtones et qui a duré jusqu’au début du XXe siècle.
Les Amérindiens étaient 6 millions à l’arrivée des Blancs. Ils sont moins d’un million aujourd’hui. La Deuxième Guerre a été la guerre dite de Sécession qui a fait 600 000 morts soit 25 % des effectifs engagés au Nord et au Sud. La blessure a été telle qu’encore aujourd’hui elle reste une plaie ouverte à la fois sur le plan racial, mais également politique.
Depuis son indépendance, les USA n’ont connu que deux années de paix réelle. Le reste du temps, ils ont porté le fer et le feu chez leurs voisins et parfois même jusqu’en Europe. C’est dire si le 11 septembre 2001 les a traumatisés. En soi, le chiffre des pertes et dégâts occasionnés par les kamikazes islamistes est modeste : 2 300 morts et deux tours détruites. Mais pour les rois du monde, c’était insupportable d’où l’invasion de l’Afghanistan qui s’achève après 19 ans de combats, des milliers de milliards de dollars dépensés en vain puisque les talibans redeviennent les maîtres du pays.
On notera que les USA avaient également perdu la guerre du Vietnam. Ils avaient gagné celle contre l’Irak, mais n’ont jamais réussi à stabiliser la situation locale tout comme en Libye.
Bref, les USA savent détruire, mais peinent à transformer leurs essais. Et au bout du compte, leurs interventions uniquement basées sur la brutalité sont le plus souvent catastrophiques.

L’américanisme triomphant


Cependant, la victoire américaine est ailleurs. À défaut d’être militaire, elle est essentiellement civilisationnelle.
La conquête américaine du monde a réellement commencé avec la fin de la Seconde guerre mondiale avec en Europe le plan Marshall, la reconstruction des pays vaincus comme l’Allemagne et le Japon. Les bénéfices engrangés ont été mirifiques et ont permis un redémarrage économique en même temps qu’une période de privations des libertés nommée maccarthysme. Car les Usa ont non seulement su exporter un mode de vie, mais aussi une mythologie. C’était à la fois la liberté absolue (les cowboys, les beatniks, le rock) et une dictature de la consommation appuyée sur une conception très moderne de la communication et de la publicité. Le mot d’ordre était « produire et consommer. » Car à côté de la musique, du cinéma, les USA ont su les premiers, imposer leurs manières alimentaires.
Être dans le moment présent et aller vite en usant des artifices propres à flatter ce que les adultes ont gardé de l’enfance. Ainsi est né le hamburger, les chicken fried arrosés d’une sauce aigre-douce le ketchup. Il n’était pas besoin de beaucoup mâcher tout en profitant de cette nourriture pour enfant.
Même logique pour le chewing-gum qui consiste à toujours être en mouvement, à ne jamais réellement se relâcher. L’américanisme a gagné la planète à partir des années 80 c’est-à-dire de la défaite morale de la vieille Europe.

L’année 68, le triomphe américain


Les observateurs à courte vue n’ont perçu dans l’année 68 que l’écume révolutionnaire, une sorte d’effervescence de surface. La réalité était autre : la mondialisation commençait à produire ses effets dans le monde entier. En Occident, les mouvements étudiants secouaient les vieux systèmes à bout de souffle, mais pour ouvrir la porte au libéralisme libertarien cher aux USA pour le meilleur et pour le pire. Dans le glacis soviétique, la révolte de Prague préfigurait celle de Pologne puis l’effondrement du mur rendant ainsi le capitalisme universel.
Foutus Américains incapables de gérer les situations qu’ils ont contribué à créer, mais d’une efficacité remarquable pour créer les changements nécessaires au système global. Si on parvient à s’abstraire d’un jugement moral ou politique, on les perçoit comme les instruments du destin humain et peut-être de son suicide collectif.

GXC
Partager :