La parole encore et toujours
La Corse se réveille douloureusement d’une pandémie qui, sans avoir provoqué de dégâts humains énormes, a démontré combien nous avions bien du mal à nous assumer seuls. Les jours d’après ressembleront-ils aux jours d’avant ?
Vraisemblablement bien plus qu’il ne se l’écrit et pourtant…
Comme avant…
Deux fusillades depuis la fin du confinement et le racket qui reprend en Corse… Rien de nouveau sous les cieux insulaires. Des bandes de petits malfrats s’en prennent à d’honnêtes travailleurs pour leur soutirer de l’argent. L’une des réussites du collectif “A Maffia nò…” est d’exister et de se battre contre le silence qui tue. Son immense faiblesse est de parler de tout mais d’échouer à capter la voix des victimes. Or c’était cela son but initial : que les rackettés portent plainte, que le collectif s’érige en protection autour d’elles afin que peu à peu cette pratique d’infects parasites prenne fin. Mais le collectif a raison : tant que le silence prévaudra les règlements de compte se multiplieront et nous devrons subir les agissements de ces racailles. C’est ce mur de peur qu’il faut parvenir à briser. Mais pas plus dans le monde de l’après que dans celui de l’avant, il n’existe de recettes miracles. Il ne sera jamais possible de promettre aux personnes courageuses que leur sécurité sera garantie à jamais. Et cependant, si la justice ne passe pas, il faut craindre une recrudescence des règlements de compte et un retour de la Corse dans ses archaïsmes mortifères. La parole, encore la parole toujours la parole plutôt que le silence ou la rumeur. Étonnante société que la nôtre : surpolitisée mais sous-dotée en presse. Les nationalistes, pourtant aux manettes, ne disposent plus d’organe d’expression sinon sur Internet. Pardon à Arritti… mais c’est resté un organe confidentiel. Quant aux sites internet du mouvement nationaliste ils sont tellement partisans qu’ils n’attirent que les convaincus. Or ce dont a besoin la Corse ce sont des organes de confrontation des idées, des carrefours de démocratie réelle.
Et pourtant des bouches s’ouvrent mais…
Sur Twitter, de jeunes Corses ont fait connaître sous le “# I was” leurs tourments endurés des années qui à cause d’un adulte pédophile, qui par un “ami” etc. Toutes et tous ont été violés et se sont tus jusqu'à aujourd'hui. Et voilà qu'ils osent parler suscitant la solidarité enthousiaste de milliers de jeunes. Et s'il est vrai qu'il convient de maîtriser les débordements possibles d’un tel mouvement spontané, comment ne pas y adhérer ? Les initiateurs de la démarche ont d'ailleurs fait savoir qu’ils n’avaient rien à voir avec une liste de noms qui accuse sans jamais prouver et, de ce fait, bafoue la présomption d’innocence. Cette vague nous vient des États-Unis et avait commencé avec # Mee-too. Il est d’ailleurs symptomatique que les utilisateurs aient utilisé le terme anglophone I was et non celui par exemple de “Sò statu” ou encore “j’ai été”. Il faut le dire et le répéter le but d’une telle démarche ne saurait être de jeter des noms en pâture sachant que la rumeur peut détruire des individus sans espoir de retour en arrière. Comme pour le collectif anti-mafia il s’agit de permettre ou d’obliger la justice à faire son devoir. Il faut donc aller déposer plainte et affronter les conséquences de son acte. Un grand coup de chapeau à ces victimes qui dénoncent leurs bourreaux.
Une société en pleine mutation
La Corse mute à l'unisson du monde qui l’entoure. Si son insularité a été particulièrement pesante pendant le confinement, la pénétration des influences extérieures grâce à Internet et à la jeunesse conditionne désormais tous les modes d’expression jusqu’à celui de la politique. Le vieux système clanique doit également s’adapter sous peine de périr. Désormais les anciennes fidélités transgénérationnelles tendent à disparaître. Mais paradoxalement le clientélisme se renforce. Avec la crise sociale, l’électorat devient volatil et exigeant. Dans de telles conditions, l’état à travers ses financements devient une carte plus incontournable que jamais. Le monde d’après, parce qu’il est de plus en plus interdépendant, va faire fi des idéologies anciennes qui se rattachent à des conceptions surannées du monde. Aujourd’hui celles et ceux qui s'expriment le font avec une affectivité qui n'existait hier qu'à travers les grandes idéologies. Les individus prennent le pouvoir par le truchement des réseaux sociaux pour le meilleur et pour le pire. Les pouvoirs qu’ils soient médiatiques ou politiques, en dépendent en Corse comme ailleurs. À chacun d’en tirer les conclusions. La Corse se banalise même si elle conserve une forme de spécificité mais en devant s'adapter à tout prix. Si elle ne veut pas moisir elle doit se parler… dans tous les sens… mieux se connaître pour ne pas se haïr. Rude défi.
Comme avant…
Deux fusillades depuis la fin du confinement et le racket qui reprend en Corse… Rien de nouveau sous les cieux insulaires. Des bandes de petits malfrats s’en prennent à d’honnêtes travailleurs pour leur soutirer de l’argent. L’une des réussites du collectif “A Maffia nò…” est d’exister et de se battre contre le silence qui tue. Son immense faiblesse est de parler de tout mais d’échouer à capter la voix des victimes. Or c’était cela son but initial : que les rackettés portent plainte, que le collectif s’érige en protection autour d’elles afin que peu à peu cette pratique d’infects parasites prenne fin. Mais le collectif a raison : tant que le silence prévaudra les règlements de compte se multiplieront et nous devrons subir les agissements de ces racailles. C’est ce mur de peur qu’il faut parvenir à briser. Mais pas plus dans le monde de l’après que dans celui de l’avant, il n’existe de recettes miracles. Il ne sera jamais possible de promettre aux personnes courageuses que leur sécurité sera garantie à jamais. Et cependant, si la justice ne passe pas, il faut craindre une recrudescence des règlements de compte et un retour de la Corse dans ses archaïsmes mortifères. La parole, encore la parole toujours la parole plutôt que le silence ou la rumeur. Étonnante société que la nôtre : surpolitisée mais sous-dotée en presse. Les nationalistes, pourtant aux manettes, ne disposent plus d’organe d’expression sinon sur Internet. Pardon à Arritti… mais c’est resté un organe confidentiel. Quant aux sites internet du mouvement nationaliste ils sont tellement partisans qu’ils n’attirent que les convaincus. Or ce dont a besoin la Corse ce sont des organes de confrontation des idées, des carrefours de démocratie réelle.
Et pourtant des bouches s’ouvrent mais…
Sur Twitter, de jeunes Corses ont fait connaître sous le “# I was” leurs tourments endurés des années qui à cause d’un adulte pédophile, qui par un “ami” etc. Toutes et tous ont été violés et se sont tus jusqu'à aujourd'hui. Et voilà qu'ils osent parler suscitant la solidarité enthousiaste de milliers de jeunes. Et s'il est vrai qu'il convient de maîtriser les débordements possibles d’un tel mouvement spontané, comment ne pas y adhérer ? Les initiateurs de la démarche ont d'ailleurs fait savoir qu’ils n’avaient rien à voir avec une liste de noms qui accuse sans jamais prouver et, de ce fait, bafoue la présomption d’innocence. Cette vague nous vient des États-Unis et avait commencé avec # Mee-too. Il est d’ailleurs symptomatique que les utilisateurs aient utilisé le terme anglophone I was et non celui par exemple de “Sò statu” ou encore “j’ai été”. Il faut le dire et le répéter le but d’une telle démarche ne saurait être de jeter des noms en pâture sachant que la rumeur peut détruire des individus sans espoir de retour en arrière. Comme pour le collectif anti-mafia il s’agit de permettre ou d’obliger la justice à faire son devoir. Il faut donc aller déposer plainte et affronter les conséquences de son acte. Un grand coup de chapeau à ces victimes qui dénoncent leurs bourreaux.
Une société en pleine mutation
La Corse mute à l'unisson du monde qui l’entoure. Si son insularité a été particulièrement pesante pendant le confinement, la pénétration des influences extérieures grâce à Internet et à la jeunesse conditionne désormais tous les modes d’expression jusqu’à celui de la politique. Le vieux système clanique doit également s’adapter sous peine de périr. Désormais les anciennes fidélités transgénérationnelles tendent à disparaître. Mais paradoxalement le clientélisme se renforce. Avec la crise sociale, l’électorat devient volatil et exigeant. Dans de telles conditions, l’état à travers ses financements devient une carte plus incontournable que jamais. Le monde d’après, parce qu’il est de plus en plus interdépendant, va faire fi des idéologies anciennes qui se rattachent à des conceptions surannées du monde. Aujourd’hui celles et ceux qui s'expriment le font avec une affectivité qui n'existait hier qu'à travers les grandes idéologies. Les individus prennent le pouvoir par le truchement des réseaux sociaux pour le meilleur et pour le pire. Les pouvoirs qu’ils soient médiatiques ou politiques, en dépendent en Corse comme ailleurs. À chacun d’en tirer les conclusions. La Corse se banalise même si elle conserve une forme de spécificité mais en devant s'adapter à tout prix. Si elle ne veut pas moisir elle doit se parler… dans tous les sens… mieux se connaître pour ne pas se haïr. Rude défi.