L'IGPN : comment fonctionne la " police des polices " ?
Ces dernières semaines, l'IGPN a été saisie à plusieurs reprises concernant des dossiers corses.....
L’IGPN : comment fonctionne la « police des polices » ?
Ces dernières semaines, l’IGPN (l'Inspection générale de la police nationale) a été saisie à plusieurs reprises concernant des dossiers corses en lien avec le grand banditisme. D’abord dans l’affaire du « flic taupe » de la bande dite du Petit Bar, puis dans le cadre de la mort de François-Xavier Salini-Ricci lors de son interpellation. Focus sur cette institution.
Rappel des deux récentes affaires qui ont valu la sollicitation de l’IGPN :
- Un policier d’Ajaccio aurait été à l’origine de l’alerte ayant permis aux piliers de l’organisation mafieuse de la bande dite du « Petit Bar » d’échapper à des arrestations le 28 septembre 2020. Ce policier, rattaché à la sécurité publique à Ajaccio après avoir été en poste à la direction régionale de la police judiciaire, aurait alerté les membres de l’équipe sur la date de l’opération. Ces derniers sont toujours en cavale à l’heure actuelle. Dans cette affaire, ce sont les magistrats qui ont saisi l’IGPN, suspectant la présence d’une taupe au sein des services de police.
- Le 09 février, François-Xavier Salini-Ricci, 35 ans, est tué par un tir de riposte de la part de la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention) lors de son interpellation. Les policiers ajacciens intervenaient au col Saint-Georges pour arrêter cet homme qui devait être placé en garde à vue dans l'enquête sur l'assassinat d'Alexandre Giacopelli. L’IGPN, saisie par le parquet d’Ajaccio, devra établir dans quelles conditions les policiers ont fait usage d'une arme.
Qu’est-ce que l’IGPN ?
Rattachée au ministère de l’Intérieur et à la direction général de la police nationale, l’IGPN exerce son contrôle sur l’ensemble des services de police, sur les écoles de formation, la préfecture de police de Paris et la police municipale depuis 1999. En veillant au respect des lois, des règlements et du code de déontologie des policiers, elle est sensée « protéger » la police d’elle-même. Selon le ministère de l’Intérieur, « son rôle est d'"améliorer le fonctionnement de l’institution Police nationale ». Seuls, le directeur général de la police, le ministre de l'Intérieur et les magistrats peuvent saisir l'IGPN. Il existe aussi un système de signalement qui permet aux citoyens de faire part d'une situation problématique sur une plateforme créée en 2013. En effet, un formulaire en ligne permet désormais de signaler à l’IGPN e comportement de certains agents dont les agissements sont jugés illégaux ou irrespectueux.
Le rôle de l’institution
Concrètement, l’IGPN s'occupe de deux grandes missions. D'abord, une mission d'audit, qui vise à interroger le fonctionnement des services et à mettre en lumière d'éventuels problèmes de gestion. Ensuite, l'IGPN a une mission disciplinaire : elle enquête sur les actions des policiers au niveau individuel. Ces enquêtes peuvent être administratives, par exemple en cas de manquements professionnels mais aussi judiciaires en cas d’infractions pénales l'IGPN dispose de 285 agents, dont 72% sont des policiers. Ils sont recrutés en interne suite à un appel à candidatures. Pour postuler, il faut être officier ou commissaire de police. Ensuite, le dossier du candidat est étudié par des membres de l’IGPN et des entretiens sont menés. L’indépendance de l’IGPN est souvent remise en question. En effet, on soupçonne souvent l’institution de subir des pressions politiques pour éviter de semer le trouble. Et pour cause : La direction, dont le poste est occupé depuis 2019 par Brigitte Jullien, est nommée et est révocable par le ministre de l’Intérieur. Son budget dépend également du ministère. Toutefois, il est important de souligner que cette « police des polices » n’a pas vocation à sanctionner, mais simplement à remettre des rapports suite aux enquêtes qu’elle mène. Les enquêtes en lien avec les dossiers Petit Bar et Salini-Ricci sont toujours en cours pour déterminer le rôle de la police dans ces deux affaires.
• Laura Gatti
Ces dernières semaines, l’IGPN (l'Inspection générale de la police nationale) a été saisie à plusieurs reprises concernant des dossiers corses en lien avec le grand banditisme. D’abord dans l’affaire du « flic taupe » de la bande dite du Petit Bar, puis dans le cadre de la mort de François-Xavier Salini-Ricci lors de son interpellation. Focus sur cette institution.
Rappel des deux récentes affaires qui ont valu la sollicitation de l’IGPN :
- Un policier d’Ajaccio aurait été à l’origine de l’alerte ayant permis aux piliers de l’organisation mafieuse de la bande dite du « Petit Bar » d’échapper à des arrestations le 28 septembre 2020. Ce policier, rattaché à la sécurité publique à Ajaccio après avoir été en poste à la direction régionale de la police judiciaire, aurait alerté les membres de l’équipe sur la date de l’opération. Ces derniers sont toujours en cavale à l’heure actuelle. Dans cette affaire, ce sont les magistrats qui ont saisi l’IGPN, suspectant la présence d’une taupe au sein des services de police.
- Le 09 février, François-Xavier Salini-Ricci, 35 ans, est tué par un tir de riposte de la part de la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention) lors de son interpellation. Les policiers ajacciens intervenaient au col Saint-Georges pour arrêter cet homme qui devait être placé en garde à vue dans l'enquête sur l'assassinat d'Alexandre Giacopelli. L’IGPN, saisie par le parquet d’Ajaccio, devra établir dans quelles conditions les policiers ont fait usage d'une arme.
Qu’est-ce que l’IGPN ?
Rattachée au ministère de l’Intérieur et à la direction général de la police nationale, l’IGPN exerce son contrôle sur l’ensemble des services de police, sur les écoles de formation, la préfecture de police de Paris et la police municipale depuis 1999. En veillant au respect des lois, des règlements et du code de déontologie des policiers, elle est sensée « protéger » la police d’elle-même. Selon le ministère de l’Intérieur, « son rôle est d'"améliorer le fonctionnement de l’institution Police nationale ». Seuls, le directeur général de la police, le ministre de l'Intérieur et les magistrats peuvent saisir l'IGPN. Il existe aussi un système de signalement qui permet aux citoyens de faire part d'une situation problématique sur une plateforme créée en 2013. En effet, un formulaire en ligne permet désormais de signaler à l’IGPN e comportement de certains agents dont les agissements sont jugés illégaux ou irrespectueux.
Le rôle de l’institution
Concrètement, l’IGPN s'occupe de deux grandes missions. D'abord, une mission d'audit, qui vise à interroger le fonctionnement des services et à mettre en lumière d'éventuels problèmes de gestion. Ensuite, l'IGPN a une mission disciplinaire : elle enquête sur les actions des policiers au niveau individuel. Ces enquêtes peuvent être administratives, par exemple en cas de manquements professionnels mais aussi judiciaires en cas d’infractions pénales l'IGPN dispose de 285 agents, dont 72% sont des policiers. Ils sont recrutés en interne suite à un appel à candidatures. Pour postuler, il faut être officier ou commissaire de police. Ensuite, le dossier du candidat est étudié par des membres de l’IGPN et des entretiens sont menés. L’indépendance de l’IGPN est souvent remise en question. En effet, on soupçonne souvent l’institution de subir des pressions politiques pour éviter de semer le trouble. Et pour cause : La direction, dont le poste est occupé depuis 2019 par Brigitte Jullien, est nommée et est révocable par le ministre de l’Intérieur. Son budget dépend également du ministère. Toutefois, il est important de souligner que cette « police des polices » n’a pas vocation à sanctionner, mais simplement à remettre des rapports suite aux enquêtes qu’elle mène. Les enquêtes en lien avec les dossiers Petit Bar et Salini-Ricci sont toujours en cours pour déterminer le rôle de la police dans ces deux affaires.
• Laura Gatti