Paul Sollacaro : " Tout ça était prémédité, calculé et préparé "
La semaine dernière, l'avocat niçois Maître Paul Sollacaro a été brutalement expulsé d'une salle d'audience....
Paul Sollacaro : « Tout ça était prémédité, calculé et préparé »
La semaine dernière, l’avocat niçois Maître Paul Sollacaro a été brutalement expulsé par des policiers d’une salle d’audience du tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Il vient de déposer une plainte pour « violences aggravées » et dénonce l’attitude du magistrat Marc Rivet qui a ordonné son expulsion.
Pouvez-vous revenir sur le contexte qui vous a valu d’être expulsé de l’audience ?
Je défends un homme qui doit comparaitre devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pendant deux jours et qui encourt 20 ans de prison. Il réside à Nice sous contrôle judiciaire. La veille, il est contacté par l’assurance maladie qui lui apprend que ses filles sont positives à la COVID-19 et que, de ce fait, il doit s’isoler.
Je demande donc la disjonction de mon client afin qu’il soit jugé ultérieurement.
Le président Rivet me répond de me rendre tout de même à Aix, seul. Le lendemain, le procureur s’oppose à ma demande. Le président, sans même se retirer délibérer, lui emboîte le pas. Je demande alors une suspension d’audience pour appeler mon client afin qu’il puisse nous rejoindre. On me l’interdit. Je conteste, on me demande de me taire, de sortir, et on me menace de me mettre dehors de force par les services de police. Ces derniers, pourtant mobilisés uniquement pour les prévenus et le public, n’ont pas observé une seconde de latence. Ils se sont levés et se sont dirigés vers moi à plusieurs.
La fraction de seconde entre la menace et son exécution me fait penser que tout ça était prémédité, calculé et préparé. C’est encore plus grave, un véritable traquenard.
S’en suit alors votre sortie forcée de la salle…
Il faut souligner que lorsque M. Rivet donne l’ordre aux policiers, il me dénomme « Monsieur Sollacaro », me retirant ainsi ma robe et ma qualité d’avocat. Les policiers m’encerclent, me touchent et me molestent. Je résiste, il y a des bousculades avec les confrères qui tentent de se mettre au milieu. À ce moment-là, je dis au président ce que je pense, qu’il dépasse toutes les limites, que ce qu’il fait est illégal et qu’il est indigne d’être magistrat. Il n’y a ni insultes ni menaces de ma part, mais mon ressenti sur ce que je considère être une crapulerie. D’autant plus que je porte la robe de mon père, beaucoup de symboles ont été violés. Il y a alors une suspension durant laquelle les policiers me sorte manu militari. S’en suivent deux jours de folie furieuse avec un procès sans avocat et sans prévenu. M. Rivet a commis en quelques heures toutes les erreurs qu’un magistrat n’arriverait pas à commettre en une carrière entière. Une véritable parodie.
Sur quels fondements votre plainte repose -t-elle ?
Lorsque j’ai indiqué mon intention de porter plainte, ceux que je vise ont certainement pensé que ce serait une plainte auprès du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) ou une plainte auprès de la Chancellerie.
Mais en réalité, la première plainte que je dépose est de nature pénale , auprès de Mme la procureure générale d’Aix-en-Provence. Un vent de panique s’est alors certainement emparé du président et du procureur qui ont répliqué par des communiqués.
Je porte plainte pour violences aggravées par deux circonstances, à savoir commises sur un avocat et commises par des personnes dépositaires de l’autorité. Cette plainte vise M. Rivet et les policiers qui m’ont extrait de la salle.
Un courrier a également été envoyé en copie à la Chancellerie, et je vais également saisir le CSM.
Le bâtonnier d’Ajaccio, Me Julia Tiberi, a déclaré que cette situation est symptomatique de la dégradation des rapports entre avocats et magistrats. Qu’en pensez-vous ?
Il est vrai que les rapports se dégradent mais je pense qu’il est important de recentrer le problème et celui-ci réside dans les rapports avec ce magistrat en particulier. Je ne peux pas croire qu’un grand magistrat accepte et pratique ces méthodes. Je suis convaincu que 99,9% des magistrats condamnent ce qu’il s’est passé, plusieurs d’entre eux m’ont d’ailleurs contacté pour me faire part de leur émoi. Mais il y a 0,01% comme M. Rivet qui sont des extrémistes et le débat doit se concentrer sur ces derniers car ils sont indignes de porter cette robe.
Cet homme embarque avec lui la dignité de l’institution judiciaire et de la magistrature, pour en plus intégrer prochainement l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Cette école d’excellence va accueillir quelqu’un qui est dans la transgression. Il est d’ailleurs possible que je fasse une démarche auprès de cette institution pour leur signifier qu’elle ne s’honore pas d’intégrer une personne d’aussi indigne que lui.
Cet incident peut-il être interprété comme une rancoeur personnelle à l’égard de la famille Sollacaro ? Votre père avait eu une altercation avec ce magistrat..
C’est une possibilité que je n’exclus pas. Compte tenu du comportement plus que limite de ce président, à la limite du psychiatrique, tout est possible. Si cela s’avère être le cas, ce serait encore plus grave car cela voudrait dire qu’il utilise sa robe pour régler des histoires personnelles. L’enquête le dira.
La semaine dernière, l’avocat niçois Maître Paul Sollacaro a été brutalement expulsé par des policiers d’une salle d’audience du tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Il vient de déposer une plainte pour « violences aggravées » et dénonce l’attitude du magistrat Marc Rivet qui a ordonné son expulsion.
Pouvez-vous revenir sur le contexte qui vous a valu d’être expulsé de l’audience ?
Je défends un homme qui doit comparaitre devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pendant deux jours et qui encourt 20 ans de prison. Il réside à Nice sous contrôle judiciaire. La veille, il est contacté par l’assurance maladie qui lui apprend que ses filles sont positives à la COVID-19 et que, de ce fait, il doit s’isoler.
Je demande donc la disjonction de mon client afin qu’il soit jugé ultérieurement.
Le président Rivet me répond de me rendre tout de même à Aix, seul. Le lendemain, le procureur s’oppose à ma demande. Le président, sans même se retirer délibérer, lui emboîte le pas. Je demande alors une suspension d’audience pour appeler mon client afin qu’il puisse nous rejoindre. On me l’interdit. Je conteste, on me demande de me taire, de sortir, et on me menace de me mettre dehors de force par les services de police. Ces derniers, pourtant mobilisés uniquement pour les prévenus et le public, n’ont pas observé une seconde de latence. Ils se sont levés et se sont dirigés vers moi à plusieurs.
La fraction de seconde entre la menace et son exécution me fait penser que tout ça était prémédité, calculé et préparé. C’est encore plus grave, un véritable traquenard.
S’en suit alors votre sortie forcée de la salle…
Il faut souligner que lorsque M. Rivet donne l’ordre aux policiers, il me dénomme « Monsieur Sollacaro », me retirant ainsi ma robe et ma qualité d’avocat. Les policiers m’encerclent, me touchent et me molestent. Je résiste, il y a des bousculades avec les confrères qui tentent de se mettre au milieu. À ce moment-là, je dis au président ce que je pense, qu’il dépasse toutes les limites, que ce qu’il fait est illégal et qu’il est indigne d’être magistrat. Il n’y a ni insultes ni menaces de ma part, mais mon ressenti sur ce que je considère être une crapulerie. D’autant plus que je porte la robe de mon père, beaucoup de symboles ont été violés. Il y a alors une suspension durant laquelle les policiers me sorte manu militari. S’en suivent deux jours de folie furieuse avec un procès sans avocat et sans prévenu. M. Rivet a commis en quelques heures toutes les erreurs qu’un magistrat n’arriverait pas à commettre en une carrière entière. Une véritable parodie.
Sur quels fondements votre plainte repose -t-elle ?
Lorsque j’ai indiqué mon intention de porter plainte, ceux que je vise ont certainement pensé que ce serait une plainte auprès du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) ou une plainte auprès de la Chancellerie.
Mais en réalité, la première plainte que je dépose est de nature pénale , auprès de Mme la procureure générale d’Aix-en-Provence. Un vent de panique s’est alors certainement emparé du président et du procureur qui ont répliqué par des communiqués.
Je porte plainte pour violences aggravées par deux circonstances, à savoir commises sur un avocat et commises par des personnes dépositaires de l’autorité. Cette plainte vise M. Rivet et les policiers qui m’ont extrait de la salle.
Un courrier a également été envoyé en copie à la Chancellerie, et je vais également saisir le CSM.
Le bâtonnier d’Ajaccio, Me Julia Tiberi, a déclaré que cette situation est symptomatique de la dégradation des rapports entre avocats et magistrats. Qu’en pensez-vous ?
Il est vrai que les rapports se dégradent mais je pense qu’il est important de recentrer le problème et celui-ci réside dans les rapports avec ce magistrat en particulier. Je ne peux pas croire qu’un grand magistrat accepte et pratique ces méthodes. Je suis convaincu que 99,9% des magistrats condamnent ce qu’il s’est passé, plusieurs d’entre eux m’ont d’ailleurs contacté pour me faire part de leur émoi. Mais il y a 0,01% comme M. Rivet qui sont des extrémistes et le débat doit se concentrer sur ces derniers car ils sont indignes de porter cette robe.
Cet homme embarque avec lui la dignité de l’institution judiciaire et de la magistrature, pour en plus intégrer prochainement l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Cette école d’excellence va accueillir quelqu’un qui est dans la transgression. Il est d’ailleurs possible que je fasse une démarche auprès de cette institution pour leur signifier qu’elle ne s’honore pas d’intégrer une personne d’aussi indigne que lui.
Cet incident peut-il être interprété comme une rancoeur personnelle à l’égard de la famille Sollacaro ? Votre père avait eu une altercation avec ce magistrat..
C’est une possibilité que je n’exclus pas. Compte tenu du comportement plus que limite de ce président, à la limite du psychiatrique, tout est possible. Si cela s’avère être le cas, ce serait encore plus grave car cela voudrait dire qu’il utilise sa robe pour régler des histoires personnelles. L’enquête le dira.