Police : retour à la centralisation des années 70
C'est une nouvelle qui aurait pu passer inaperçue si elle n'avait fait l'objet d'un article dans Corse Matin
Police : retour à la centralisation des années 70
C’est une nouvelle qui aurait pu passer inaperçue si elle n’avait fait l’objet d’un article dans Corse Matin sous la signature de Jeanne-F. Colonna. On y apprend que depuis le 1er janvier 2021 la Direction régionale de la police judiciaire de Corse est devenue une direction territoriale et dépend désormais de la zone sud dont l’épicentre est Marseille. C’est donc un retour à la situation qui prévalait avant 1979.
Une décentralisation très centralisée
Il faut, une fois encore, remarquer combien les années passant, la présidence d’Emmanuel Macron s’éloigne de ses promesses décentralisatrices pour affirmer un système jacobin qui ne laisse guère de place aux initiatives locales. Mais la méthode utilisée en Corse est d’autant plus étonnante qu’elle est en parfaite contradiction avec les objectifs affichés par le ministre de l’Intérieur : rapprocher la police de la population, permettre une gestion locale des différents services de sécurité.
Dans les faits, la Corse fait encore exception. L’objectif du Livre blanc de la sécurité intérieure dévoilé par Gérald Darmanin est une réforme de structure et d’organisation des forces de l’ordre et une meilleure répartition des effectifs sur le territoire. Le ministre de l’Intérieur souhaite que ce projet de restructuration soit mis en œuvre en 2022.
D’où l’expérimentation, dès le 1er janvier 2021, d’une « direction départementale de la sécurité unique » qui aura sous ses ordres « la sécurité publique, la police aux frontières et la police judiciaire ». Elle se fera dans 3 départements transfrontaliers, le Pas-de-Calais, la Savoie et les Pyrénées-Orientales, avant une généralisation nationale du modèle en 2022.
Or, en Corse, la démarche est exactement inverse. Notre région est désormais dépossédée de toute possibilité d’initiative. Le territoire de la police locale est confondu avec celui de la JIRS.
La suite des dysfonctionnements locaux de la police ?
L’affaire est d’autant plus curieuse que les trois départements choisis l’ont été parce que limitrophes avec des pays étrangers. C’est pourtant aussi le cas de la Corse. La création d’une « direction départementale unique dans chaque département » selon les propos de Gérald Darmanin permettra de centraliser au niveau du département « la sécurité publique (DDSP), la police aux frontières (PAF) et la police judiciaire (PJ) ». Ce nouveau schéma correspond à l’organisation actuelle de la gendarmerie et est expérimenté aux Antilles, en Guyane et à Mayotte. Pourquoi une telle exception en Corse ? Vraisemblablement parce que le SRPJ de Corse paie le prix de ses différents impairs : porosité avec le milieu du grand banditisme, hier encore avec certains nationalistes.
Faut-il rappeler les très étranges conditions de l’assassinat d’Antoine Nivaggioni ? Un appartement avait été loué en face du lieu où il a été abattu par des membres du Petit Bar au su des policiers. Ou encore les accointances d’un officier des renseignements généraux avec plusieurs individus « défavorablement connus des services de police ». Bref la police de Corse n’a plus la confiance du ministère de l’Intérieur. La zone sud est désormais chapeautée par Éric Arella, directeur zonal et patron de la PJ de Marseille. Il a été en poste durant près de dix ans en Corse et à la tête de la PJ de 2008 à 2012. Pour lui « la réforme est simple et essentiellement administrative. En fait, toutes les autres directions de police sont organisées sur le mode zonal. La sécurité publique et la police judiciaire ne l’étaient pas.
C’est donc une simple normalisation des choses, il n’y a pas de sens caché» assure Éric Arella dans Corse-Matin. On a tout de même beaucoup de mal à le croire. Nous voilà revenus à la structure policière de la fin des années 70, à rebours du décret du 24 avril 2003, destiné à moderniser son organisation sur l’ensemble de l’hexagone. Il instaurait un nouveau maillage opérationnel. Étaient ainsi créées d’une part neuf directions interrégionales de la police judiciaire (DIPJ) dont les sièges se trouvaient à Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon, Marseille, Orléans, Rennes, Strasbourg et Pointe-à-Pitre, et d’autre part deux directions régionales implantées à Ajaccio et Versailles, la direction régionale de Paris restant inchangée.
Bref, en Corse, dans la police comme dans le reste des secteurs, le pouvoir central ferme les portes de toute possibilité d’initiatives locales gommant peu à peu les acquis des années de plomb.
Désormais, tout est décidé depuis le continent pour ce qui concerne les affaires importantes. Ça n’est pas ainsi qu’on permettra à la Corse de s’assumer.
GXC
C’est une nouvelle qui aurait pu passer inaperçue si elle n’avait fait l’objet d’un article dans Corse Matin sous la signature de Jeanne-F. Colonna. On y apprend que depuis le 1er janvier 2021 la Direction régionale de la police judiciaire de Corse est devenue une direction territoriale et dépend désormais de la zone sud dont l’épicentre est Marseille. C’est donc un retour à la situation qui prévalait avant 1979.
Une décentralisation très centralisée
Il faut, une fois encore, remarquer combien les années passant, la présidence d’Emmanuel Macron s’éloigne de ses promesses décentralisatrices pour affirmer un système jacobin qui ne laisse guère de place aux initiatives locales. Mais la méthode utilisée en Corse est d’autant plus étonnante qu’elle est en parfaite contradiction avec les objectifs affichés par le ministre de l’Intérieur : rapprocher la police de la population, permettre une gestion locale des différents services de sécurité.
Dans les faits, la Corse fait encore exception. L’objectif du Livre blanc de la sécurité intérieure dévoilé par Gérald Darmanin est une réforme de structure et d’organisation des forces de l’ordre et une meilleure répartition des effectifs sur le territoire. Le ministre de l’Intérieur souhaite que ce projet de restructuration soit mis en œuvre en 2022.
D’où l’expérimentation, dès le 1er janvier 2021, d’une « direction départementale de la sécurité unique » qui aura sous ses ordres « la sécurité publique, la police aux frontières et la police judiciaire ». Elle se fera dans 3 départements transfrontaliers, le Pas-de-Calais, la Savoie et les Pyrénées-Orientales, avant une généralisation nationale du modèle en 2022.
Or, en Corse, la démarche est exactement inverse. Notre région est désormais dépossédée de toute possibilité d’initiative. Le territoire de la police locale est confondu avec celui de la JIRS.
La suite des dysfonctionnements locaux de la police ?
L’affaire est d’autant plus curieuse que les trois départements choisis l’ont été parce que limitrophes avec des pays étrangers. C’est pourtant aussi le cas de la Corse. La création d’une « direction départementale unique dans chaque département » selon les propos de Gérald Darmanin permettra de centraliser au niveau du département « la sécurité publique (DDSP), la police aux frontières (PAF) et la police judiciaire (PJ) ». Ce nouveau schéma correspond à l’organisation actuelle de la gendarmerie et est expérimenté aux Antilles, en Guyane et à Mayotte. Pourquoi une telle exception en Corse ? Vraisemblablement parce que le SRPJ de Corse paie le prix de ses différents impairs : porosité avec le milieu du grand banditisme, hier encore avec certains nationalistes.
Faut-il rappeler les très étranges conditions de l’assassinat d’Antoine Nivaggioni ? Un appartement avait été loué en face du lieu où il a été abattu par des membres du Petit Bar au su des policiers. Ou encore les accointances d’un officier des renseignements généraux avec plusieurs individus « défavorablement connus des services de police ». Bref la police de Corse n’a plus la confiance du ministère de l’Intérieur. La zone sud est désormais chapeautée par Éric Arella, directeur zonal et patron de la PJ de Marseille. Il a été en poste durant près de dix ans en Corse et à la tête de la PJ de 2008 à 2012. Pour lui « la réforme est simple et essentiellement administrative. En fait, toutes les autres directions de police sont organisées sur le mode zonal. La sécurité publique et la police judiciaire ne l’étaient pas.
C’est donc une simple normalisation des choses, il n’y a pas de sens caché» assure Éric Arella dans Corse-Matin. On a tout de même beaucoup de mal à le croire. Nous voilà revenus à la structure policière de la fin des années 70, à rebours du décret du 24 avril 2003, destiné à moderniser son organisation sur l’ensemble de l’hexagone. Il instaurait un nouveau maillage opérationnel. Étaient ainsi créées d’une part neuf directions interrégionales de la police judiciaire (DIPJ) dont les sièges se trouvaient à Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon, Marseille, Orléans, Rennes, Strasbourg et Pointe-à-Pitre, et d’autre part deux directions régionales implantées à Ajaccio et Versailles, la direction régionale de Paris restant inchangée.
Bref, en Corse, dans la police comme dans le reste des secteurs, le pouvoir central ferme les portes de toute possibilité d’initiatives locales gommant peu à peu les acquis des années de plomb.
Désormais, tout est décidé depuis le continent pour ce qui concerne les affaires importantes. Ça n’est pas ainsi qu’on permettra à la Corse de s’assumer.
GXC