Diaspora sacrée ou sacrée diaspora !
Pour ce qui concerne la Corse, le terme de diaspora est absent .......
L’étymologie des mots en dit souvent plus long que de longues explications. Celui de diaspora signifie en grec classique, la dispersion. Il a d’abord été utilisé pour désigner la dispersion des Juifs après leur captivité à Babylone puis après la destruction du temple de Salomon en 70 après Jésus Christ, le monde des Juifs qui vivaient hors de Palestine puis hors d’Israël.
Pour ce qui concerne la Corse, le terme de diaspora est absent du vocabulaire jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il a en fait été créé quand l’amicalisme a commencé à péricliter. Il n’en est pas moins vrai que les amicales représentaient une réalité concrète quand la diaspora hésite entre le fantasme et une réalité aux contours flous comme le démontre le projet de l’actuelle majorité de la définir pour lui offrir des tarifs préférentiels en matière de transport.
Une réalité irréelle
Il suffit de lire les passionnantes études de Jean-Pierre Castellani pour comprendre que la fameuse diaspora corse existe sans exister. Elle part d’un indéniable désir pour nombre de Français de trouver ou de retrouver de racines disparues et si possible valorisantes. Qu’on s’amuse à compter le nombre de célébrités continentales qui se sont trouvé qui un grand-père corse, qui un ascendant vénitien, mais d’origine insulaire pour justifier sa corsité. L’effet diasporique (l’adjectif ressemble à une maladie de peau) tient à la valeur qu’on met dans l’identité fantasmée.
Ce qui est intéressant dans l’approche de la diaspora corse, c’est que son évocation est dialectique : le continental qui se trouve des racines corses s’en trouve magnifié, mais le Corse qui se sent isolé sur sa terre entourée d’eau se grandit à l’idée que là-bas, dans le vaste monde, il est relayé par deux millions de personnes. Un tel chiffre fréquemment énoncé tient lui aussi du fantasme. On ne sait pas d’où il sort et comment il a été établi. Mais qu’importe ! Nous voudrions tellement croire qu’une partie de nos tribus ont été perdues et peuvent être retrouvées. En un mot nous voudrions être comparés au peuple juif sans en avoir l’histoire, les drames et les inconvénients.
2004… l’année de la grande découverte
Edmond Simeoni créa en 2004 son association sobrement intitulée Corsica diaspora. Il est d’une certaine manière le véritable créateur de la diaspora. Malheureusement pour lui, s’il fut le Corse le plus reconnu de l’île après Napoléon, il resta aussi l’un des rares membres de Corsica diaspora. Edmond Simeoni puis les nationalistes ont bien tenté de lancer l’idée d’une carte d’identité corse pour donner corps à cette fameuse entité nébuleuse.
L’aventure s’est achevée à deux reprises par de cinglants échecs. La raison, outre le laxisme des concepteurs, fut l’absence de critères pour définir la “corsité” comme ce fut le cas hier avec L’annuaire mondial des Corses. S’y inscrivait qui voulait à condition d’être parrainé. La diaspora ne serait en définitive qu’un phénomène affectif et peu rigoureux.
Une proposition électoraliste et ruineuse
Aujourd’hui la majorité introduit l’idée (ruineuse pour un budget déjà en vrac) d’un tarif résident destiné à la fameuse diaspora. Cela ressemble bien à une manœuvre électoraliste destinée une fois de plus à subir un échec. Outre le fait que la mesure n’a quasiment aucune chance d’être acceptée par Bruxelles (qui vient de le refuser à la Sardaigne), les caractéristiques nécessaires pour définir le Corse diasporique sont à la fois réjouissantes et désespérantes. Les voici en vrac : -résidence permanente en Corse des ascendants au premier ou deuxième degré du demandeur ou de l’un de ses enfants ou de l’un de ses frères et sœurs, inhumation en Corse du conjoint, de l’un des ascendants au premier ou deuxième degré du demandeur ou de l’un de ses enfants ou de l’un de ses frères et sœurs, scolarité obligatoire effectuée en Corse par le demandeur, en tout ou partie (équivalent à au moins un cycle), propriété d’un bien immeuble en Corse par le demandeur en pleine propriété, usufruit ou indivision.
On imagine sans peine les impétrants produisant des photos de tombes, d’impôts locaux, d’actes de naissance des aïeux. Bref on a monté une usine à gaz qui a pourtant un avantage : elle bat en brèche les théories ethnicistes et contredit également les exigences posées par les nationalistes sur le statut de résident. C’est aussi une reconnaissance foutraque de la communauté de destin. Enfin, cerise sur le gâteau c’est une formidable incitation à la « colonisation de peuplement ». Car si la Sardaigne a présenté des tarifs préférentiels pour toutes personnes ayant des racines locales ce fut non par affect, mais pour tenter d’attirer dans l’île des retraités aisés à qui il est offert des conditions fiscales intéressantes comme au Portugal. Nous voilà loin de Barbara furtuna et de l’interminable plainte des exilés.
GXC
Pour ce qui concerne la Corse, le terme de diaspora est absent du vocabulaire jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il a en fait été créé quand l’amicalisme a commencé à péricliter. Il n’en est pas moins vrai que les amicales représentaient une réalité concrète quand la diaspora hésite entre le fantasme et une réalité aux contours flous comme le démontre le projet de l’actuelle majorité de la définir pour lui offrir des tarifs préférentiels en matière de transport.
Une réalité irréelle
Il suffit de lire les passionnantes études de Jean-Pierre Castellani pour comprendre que la fameuse diaspora corse existe sans exister. Elle part d’un indéniable désir pour nombre de Français de trouver ou de retrouver de racines disparues et si possible valorisantes. Qu’on s’amuse à compter le nombre de célébrités continentales qui se sont trouvé qui un grand-père corse, qui un ascendant vénitien, mais d’origine insulaire pour justifier sa corsité. L’effet diasporique (l’adjectif ressemble à une maladie de peau) tient à la valeur qu’on met dans l’identité fantasmée.
Ce qui est intéressant dans l’approche de la diaspora corse, c’est que son évocation est dialectique : le continental qui se trouve des racines corses s’en trouve magnifié, mais le Corse qui se sent isolé sur sa terre entourée d’eau se grandit à l’idée que là-bas, dans le vaste monde, il est relayé par deux millions de personnes. Un tel chiffre fréquemment énoncé tient lui aussi du fantasme. On ne sait pas d’où il sort et comment il a été établi. Mais qu’importe ! Nous voudrions tellement croire qu’une partie de nos tribus ont été perdues et peuvent être retrouvées. En un mot nous voudrions être comparés au peuple juif sans en avoir l’histoire, les drames et les inconvénients.
2004… l’année de la grande découverte
Edmond Simeoni créa en 2004 son association sobrement intitulée Corsica diaspora. Il est d’une certaine manière le véritable créateur de la diaspora. Malheureusement pour lui, s’il fut le Corse le plus reconnu de l’île après Napoléon, il resta aussi l’un des rares membres de Corsica diaspora. Edmond Simeoni puis les nationalistes ont bien tenté de lancer l’idée d’une carte d’identité corse pour donner corps à cette fameuse entité nébuleuse.
L’aventure s’est achevée à deux reprises par de cinglants échecs. La raison, outre le laxisme des concepteurs, fut l’absence de critères pour définir la “corsité” comme ce fut le cas hier avec L’annuaire mondial des Corses. S’y inscrivait qui voulait à condition d’être parrainé. La diaspora ne serait en définitive qu’un phénomène affectif et peu rigoureux.
Une proposition électoraliste et ruineuse
Aujourd’hui la majorité introduit l’idée (ruineuse pour un budget déjà en vrac) d’un tarif résident destiné à la fameuse diaspora. Cela ressemble bien à une manœuvre électoraliste destinée une fois de plus à subir un échec. Outre le fait que la mesure n’a quasiment aucune chance d’être acceptée par Bruxelles (qui vient de le refuser à la Sardaigne), les caractéristiques nécessaires pour définir le Corse diasporique sont à la fois réjouissantes et désespérantes. Les voici en vrac : -résidence permanente en Corse des ascendants au premier ou deuxième degré du demandeur ou de l’un de ses enfants ou de l’un de ses frères et sœurs, inhumation en Corse du conjoint, de l’un des ascendants au premier ou deuxième degré du demandeur ou de l’un de ses enfants ou de l’un de ses frères et sœurs, scolarité obligatoire effectuée en Corse par le demandeur, en tout ou partie (équivalent à au moins un cycle), propriété d’un bien immeuble en Corse par le demandeur en pleine propriété, usufruit ou indivision.
On imagine sans peine les impétrants produisant des photos de tombes, d’impôts locaux, d’actes de naissance des aïeux. Bref on a monté une usine à gaz qui a pourtant un avantage : elle bat en brèche les théories ethnicistes et contredit également les exigences posées par les nationalistes sur le statut de résident. C’est aussi une reconnaissance foutraque de la communauté de destin. Enfin, cerise sur le gâteau c’est une formidable incitation à la « colonisation de peuplement ». Car si la Sardaigne a présenté des tarifs préférentiels pour toutes personnes ayant des racines locales ce fut non par affect, mais pour tenter d’attirer dans l’île des retraités aisés à qui il est offert des conditions fiscales intéressantes comme au Portugal. Nous voilà loin de Barbara furtuna et de l’interminable plainte des exilés.
GXC