Capes de Corse et Domaine Casbianca victoires exemplaires !
Il est possible de mettre en échec des politiques jacobines et les manoeuvres spéculatives...
Capes de Corse et Domaine Casabianca : victoires exemplaires !
Il est possible de mettre en échec des politiques jacobines et des manœuvres spéculatives pour peu que les acteurs de la société corse investissent les terrains de lutte et mettent entre parenthèses les rivalités partisane.
Par les temps qui courent, les bonnes nouvelles sont rares.
Or, en une semaine, il a été possible par deux fois de se réjouir.
La première bonne nouvelle a concerné la valorisation de la langue corse. L’affaire était pourtant mal engagée. En effet, en janvier dernier, un arrêté ministériel avait édicté de nouvelles dispositions relatives au concours externe du Capes qui paraissaient avoir germé dans l’esprit d’un hussard noir de la Troisième République. Il y apparaissait qu’à compter de 2022, les volumes et les coefficients dédiés à la langue française pèseraient bien plus lourds que ceux concernant la langue corse. Ceci a suscité une véritable levée de boucliers.
D’une part, les syndicats étudiants, les collectifs de défense et de promotion de la langue corse et les partis nationalistes ont manifesté pour exiger le retrait de l’arrêté.
D’autre part, l’Assemblée de Corse a adopté à l’unanimité une délibération s’opposant à « la modification des modalités du CAPES section « langue corse » […] qui double les volumes et coefficients dédiés à la langue française par rapport à la langue corse. » La mobilisation n’a pas été vaine. Au Sénat, après que le sénateur nationaliste Paul Toussaint Parigi lui a fait remarquer que l’arrêté transformait « un Capes monovalent de langue corse en Capes de Français option Corse », le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse Jean-Michel Blanquer a répondu : « Oui, nous faisons évoluer le Capes de Corse pour aller dans le sens que vous souhaitez. Je confirme un coefficient de 8 sur 12 de matières passées en langue corse. C’est, donc, davantage que la précédente version du Capes. C’est, donc, incontestablement un progrès dans le sens où vous le souhaitez ». Tout en souhaitant qu’il s’agisse du premier pas d’une politique ambitieuse, le conseiller exécutif en charge de la langue Corse Saveriu Luciani a affiché sa satisfaction : « Le CAPES de Corse retrouve un sens, la langue corse est rétablie dans son rôle disciplinaire et instrumental […]
L’inflexion positive, intervenue dans le cas du Capes, peut constituer un bon signe, si cette attitude s’accompagne dans les faits d’une politique généralisée de l’enseignement bilingue.»
Domaine Casabianca sauvé !
Deuxième bonne nouvelle : le domaine Casabianca, hier un des plus grands domaines viticoles de Corse, qui était à l’abandon depuis une liquidation judiciaire, est sauvé !
Il échappe à la spéculation immobilière et au tout-tourisme grâce à une action conjointement menée par la SAFER (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural), la Collectivité de Corse, l'ODARC (Office de Développement Agricole de Corse) et l'ADEC (Agence de Développement Économique de la Corse). Le domaine a été racheté par la SAFER qui pour ce faire a obtenu un financement de la Collectivité de Corse.
Ceci a permis de mettre échec les appétits d'une société financière de la région parisienne et d'une société hôtelière aveyronnaise. « Jusqu'à il y a quelques mois, on disait encore que c'était des spéculateurs qui allaient récupérer le domaine » a rappelé Lionel Mortini, le président de l'ODARC.
D’ores et déjà, 265 des 465 hectares qui constituent le domaine seront attribués à de jeunes agriculteurs et au Conservatoire du Littoral. Sous forme de 19 lots, 235 hectares iront à 25 jeunes agriculteurs Ceux-ci n’auront pas à payer le prix du terrain puisqu’il s’agit de portage et pourront d'ici cinq ans, s’ils ont réussi à lancer leur activité, acquérir les parcelles leur ayant été attribuées. « C'est la première fois en Corse que nous avons la possibilité de faire du portage de foncier et de mettre en réserve des terres pour y installer des jeunes » a souligné Christian Orsucci, le président de la SAFER. « Nous ferons un point dans trois ans.
Si nous voyons que certaines parcelles sont en friche, elles seront retirées et réattribuées » a tenu à préciser Lionel Mortini. Les 30 hectares restants, dont une partie jouxte la mer, seront attribués au Conservatoire du Littoral qui devra permette l’installation d’un jeune agriculteur. Dans quelques mois, 70 autres hectares seront aux aussi attribués à de jeune agriculteurs. Enfin 130 derniers hectares ont au cœur d'un contentieux juridique qui interdit à ce jour qu’ils soient intégrés à une opération collective (trois agriculteurs disposent d'un bail) mais sont a priori aux aussi sauvés de la spéculation.
Rien n’est écrit et le pire n’est jamais certain.
Ces deux bonnes nouvelles montrent que rien n’est écrit et que le pire n’est jamais certain.
Il en ressort en effet qu’il est possible de mettre en échec des politiques jacobines et des manœuvres spéculatives pour peu que les acteurs de la société corse investissent les terrains de lutte et mettent entre parenthèses les rivalités partisane.
C’est la mobilisation des acteurs de l’enseignement et de la promotion de la langue corse et le vote unanime des groupes politiques de l’Assemblée de Corse qui a permis de faire céder Jean-Michel Blanquer ! A défaut de ce front commun, il est probable que le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, dont la réputation autoritariste n’est plus à faire, n’aurait rien cédé.
Ce sont initialement une action de sensibilisation de Core in Fronte, puis la démarche de la Collectivité de Corse et de la SAFER et l’adhésion de tous les groupes politiques de l’Assemblée de Corse (délibération du 29 mars 2018 portant adoption d’une motion relative à la liquidation judiciaire du domaine agricole Casabianca) qui ont permis de préserver le domaine Casabianca de la spéculation et du tout-tourisme.
Voilà en définitive de quoi redonner espoir et force à celles et ceux qui en viennent à douter qu’il soit possible de faire reculer le jacobinisme ou de contrer le pouvoir de l’argent. Certes y parvenir n’est ni assuré ni exempt de danger. La démonstration en est faite par le refus de l’Etat d’appliquer ses propres règles dans le traitement du dossier Alain Ferrandi. Pierre Alessandri, par les récents incendies ayant visé en Balagne le logis d’un élu et des véhicules de la Communauté de Communes Ile-Rousse-Balagne, par les menaces adressées au maire de Sisco Ange-Pierre Vivoni afin de l’inciter à renoncer à l’achat par sa commune du manoir Sainte-Catherine. Mais les victoires Capes et Casabianca sont néanmoins exemplaires. Elles montrent que tout est possible si l’on adopte pour dicter sa conduite ce qui est écrit dans une fable d’Ésope (Les Enfants désunis du laboureur) : « Autant l'union fait la force, autant la discorde expose à une prompte défaite », a été dit par Lénine « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ».
Pierre Corsi
Il est possible de mettre en échec des politiques jacobines et des manœuvres spéculatives pour peu que les acteurs de la société corse investissent les terrains de lutte et mettent entre parenthèses les rivalités partisane.
Par les temps qui courent, les bonnes nouvelles sont rares.
Or, en une semaine, il a été possible par deux fois de se réjouir.
La première bonne nouvelle a concerné la valorisation de la langue corse. L’affaire était pourtant mal engagée. En effet, en janvier dernier, un arrêté ministériel avait édicté de nouvelles dispositions relatives au concours externe du Capes qui paraissaient avoir germé dans l’esprit d’un hussard noir de la Troisième République. Il y apparaissait qu’à compter de 2022, les volumes et les coefficients dédiés à la langue française pèseraient bien plus lourds que ceux concernant la langue corse. Ceci a suscité une véritable levée de boucliers.
D’une part, les syndicats étudiants, les collectifs de défense et de promotion de la langue corse et les partis nationalistes ont manifesté pour exiger le retrait de l’arrêté.
D’autre part, l’Assemblée de Corse a adopté à l’unanimité une délibération s’opposant à « la modification des modalités du CAPES section « langue corse » […] qui double les volumes et coefficients dédiés à la langue française par rapport à la langue corse. » La mobilisation n’a pas été vaine. Au Sénat, après que le sénateur nationaliste Paul Toussaint Parigi lui a fait remarquer que l’arrêté transformait « un Capes monovalent de langue corse en Capes de Français option Corse », le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse Jean-Michel Blanquer a répondu : « Oui, nous faisons évoluer le Capes de Corse pour aller dans le sens que vous souhaitez. Je confirme un coefficient de 8 sur 12 de matières passées en langue corse. C’est, donc, davantage que la précédente version du Capes. C’est, donc, incontestablement un progrès dans le sens où vous le souhaitez ». Tout en souhaitant qu’il s’agisse du premier pas d’une politique ambitieuse, le conseiller exécutif en charge de la langue Corse Saveriu Luciani a affiché sa satisfaction : « Le CAPES de Corse retrouve un sens, la langue corse est rétablie dans son rôle disciplinaire et instrumental […]
L’inflexion positive, intervenue dans le cas du Capes, peut constituer un bon signe, si cette attitude s’accompagne dans les faits d’une politique généralisée de l’enseignement bilingue.»
Domaine Casabianca sauvé !
Deuxième bonne nouvelle : le domaine Casabianca, hier un des plus grands domaines viticoles de Corse, qui était à l’abandon depuis une liquidation judiciaire, est sauvé !
Il échappe à la spéculation immobilière et au tout-tourisme grâce à une action conjointement menée par la SAFER (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural), la Collectivité de Corse, l'ODARC (Office de Développement Agricole de Corse) et l'ADEC (Agence de Développement Économique de la Corse). Le domaine a été racheté par la SAFER qui pour ce faire a obtenu un financement de la Collectivité de Corse.
Ceci a permis de mettre échec les appétits d'une société financière de la région parisienne et d'une société hôtelière aveyronnaise. « Jusqu'à il y a quelques mois, on disait encore que c'était des spéculateurs qui allaient récupérer le domaine » a rappelé Lionel Mortini, le président de l'ODARC.
D’ores et déjà, 265 des 465 hectares qui constituent le domaine seront attribués à de jeunes agriculteurs et au Conservatoire du Littoral. Sous forme de 19 lots, 235 hectares iront à 25 jeunes agriculteurs Ceux-ci n’auront pas à payer le prix du terrain puisqu’il s’agit de portage et pourront d'ici cinq ans, s’ils ont réussi à lancer leur activité, acquérir les parcelles leur ayant été attribuées. « C'est la première fois en Corse que nous avons la possibilité de faire du portage de foncier et de mettre en réserve des terres pour y installer des jeunes » a souligné Christian Orsucci, le président de la SAFER. « Nous ferons un point dans trois ans.
Si nous voyons que certaines parcelles sont en friche, elles seront retirées et réattribuées » a tenu à préciser Lionel Mortini. Les 30 hectares restants, dont une partie jouxte la mer, seront attribués au Conservatoire du Littoral qui devra permette l’installation d’un jeune agriculteur. Dans quelques mois, 70 autres hectares seront aux aussi attribués à de jeune agriculteurs. Enfin 130 derniers hectares ont au cœur d'un contentieux juridique qui interdit à ce jour qu’ils soient intégrés à une opération collective (trois agriculteurs disposent d'un bail) mais sont a priori aux aussi sauvés de la spéculation.
Rien n’est écrit et le pire n’est jamais certain.
Ces deux bonnes nouvelles montrent que rien n’est écrit et que le pire n’est jamais certain.
Il en ressort en effet qu’il est possible de mettre en échec des politiques jacobines et des manœuvres spéculatives pour peu que les acteurs de la société corse investissent les terrains de lutte et mettent entre parenthèses les rivalités partisane.
C’est la mobilisation des acteurs de l’enseignement et de la promotion de la langue corse et le vote unanime des groupes politiques de l’Assemblée de Corse qui a permis de faire céder Jean-Michel Blanquer ! A défaut de ce front commun, il est probable que le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, dont la réputation autoritariste n’est plus à faire, n’aurait rien cédé.
Ce sont initialement une action de sensibilisation de Core in Fronte, puis la démarche de la Collectivité de Corse et de la SAFER et l’adhésion de tous les groupes politiques de l’Assemblée de Corse (délibération du 29 mars 2018 portant adoption d’une motion relative à la liquidation judiciaire du domaine agricole Casabianca) qui ont permis de préserver le domaine Casabianca de la spéculation et du tout-tourisme.
Voilà en définitive de quoi redonner espoir et force à celles et ceux qui en viennent à douter qu’il soit possible de faire reculer le jacobinisme ou de contrer le pouvoir de l’argent. Certes y parvenir n’est ni assuré ni exempt de danger. La démonstration en est faite par le refus de l’Etat d’appliquer ses propres règles dans le traitement du dossier Alain Ferrandi. Pierre Alessandri, par les récents incendies ayant visé en Balagne le logis d’un élu et des véhicules de la Communauté de Communes Ile-Rousse-Balagne, par les menaces adressées au maire de Sisco Ange-Pierre Vivoni afin de l’inciter à renoncer à l’achat par sa commune du manoir Sainte-Catherine. Mais les victoires Capes et Casabianca sont néanmoins exemplaires. Elles montrent que tout est possible si l’on adopte pour dicter sa conduite ce qui est écrit dans une fable d’Ésope (Les Enfants désunis du laboureur) : « Autant l'union fait la force, autant la discorde expose à une prompte défaite », a été dit par Lénine « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ».
Pierre Corsi