Eaux d'Orezza : Focus sur le fameux accord d'exploitation
Un accord signé entre la SNEEMO et la CDC pour l'exploitation des Eaux d'Orezza
Eaux d’Orezza : Focus sur le fameux accord d’exploitation
Après 17 mois de négociations, un accord a été signé entre la SNEEMO et la CDC pour l’exploitation des Eaux d’Orezza, historique source d’eau minérale gazeuse de Rapaggio en Haute-Corse. Retour sur le contexte et les conditions autour de cet accord qui intervient après 22 ans de concession, faisant ainsi évoluer le mode de gestion des Eaux d’Orezza…
D’un côté, la Société Nouvelle d’Exploitation des eaux d’Orezza (SNEEMO), de l’autre la Collectivité de Corse. C’est ensemble qu’ils avanceront concernant l’exploitation des Eaux d’Orezza grâce à un contrat de location gérance. Ce dernier relie l'exploitant de la source d'eau pétillante et la Collectivité unique de Corse pour les 4 prochaines années.
Les Eaux d’Orezza et la SNEEMO
Avec une production de 15 millions de bouteilles pour l’année 2018, majoritairement distribuées sur l’île de beauté (70% de la production), les Eaux d’Orezza représentent un pilier économique pour la région de Castagniccia. Cette source est déclarée d’utilité publique sous Napoléon III. Autorisée par décret ministériel le 25 avril 1856, l’eau thermale, remarquable par sa richesse en fer soignait les cas d’anémie, les troubles du système nerveux, le paludisme, les affections du foie et des reins. Mais en 1995, l'exploitation avait cessé avec la fin de la concession. Pierre-Marie Vitani, maire de la commune de Tarrano, avait alors contacté un enfant du pays, François-Xavier Mora, alors PDG du groupe Marne et Champagne.
Ce duo avait obtenu du conseil général de Haute-Corse une concession de 15 ans et M. Mora avait alors injecté 11 millions d'euros pour relancer l'usine qui avait repris la production en juin 2000. Depuis le décès de François-Xavier Mora en 2010, c’est sa femme Marie-Laurence Moracchini dite « Mora » qui a repris les rênes de l’activité.
Pourquoi un accord a-t-il dû être trouvé ?
Le 19 janvier dernier, le personnel de l'usine des Eaux d'Orezza a déclenché un mouvement de grève, entrainant l’arrêt de toute activité de production. Au cœur des revendications : l’inquiétude d’un futur incertain. En effet, la location-gestion des Eaux d’Orezza est prévue pour se terminer le 23 février. Avant que ce contrat entre la SNEEMO (qui détient la concession de l’usine) et la Collectivité de Corse (à qui appartient l’exploitation) n’expire et qu’un nouveau soit passé, les salariés ont pointé du doigt les relations compliquées avec la direction. Il était difficilement envisageable pour eux que cette situation ne perdure pendant encore 4 années supplémentaires. De plus,les salariés dénonçaient la mesure de licenciement de leur directeur d’exploitation, Jean Louis Rossi , jugée abusive et injustifiée. Ce conflit social a provoqué de nombreuses réactions du monde politique insulaire.
Dans un communiqué, le groupe Femu a Corsica exprimait son soutien aux salariés, leur assurant « comprendre et partager leurs inquiétudes » : « Le temps ou des exploitants privés prétendaient faire primer leurs intérêts sur l’intérêt général est définitivement révolu. Le contrat de location-gérance consenti par délibération de l’Assemblée de Corse à la SNEEMO expire le 23 février prochain. La solution juridique qui sera retenue à partir de cette date doit être décidée par l’Assemblée de Corse sur proposition du Conseil exécutif lors de la session des 28 et 29 janvier prochain. Il nous appartient (…) de définir la solution juridique qui permettra de garantir au mieux les trois exigences suivantes : Garantir les emplois et les conditions de travail ; Préserver la ressource, la marque et le fonds de commerce qui appartiennent à la CDC et doivent donc être gérés de façon optimale au plan économique et dans des conditions permettant d’assurer la prééminence de l’intérêt public et de l’intérêt général ; Générer le maximum de retombées économiques directes et indirectes sur la région et sur la Corse », affirmait-il.
Que stipule ce contrat ?
Le 12 février, la situation s’apaise grâce à la signature entre la SNEEMO et la CDC d’un accord sur l’exploitation des Eaux d’Orezza qui « garantit les intérêts des salariés, du territoire d’Orezza et de la Corse ».
À travers différents points, l’accord garantit la continuité de l'exploitation, la maîtrise publique de l’outil de production, le maintien des emplois et des retombées économiques et sociales pour le territoire.
- Le premier point concerne « la poursuite de l’exploitation des Eaux d’Orezza dans le cadre d’un contrat de location-gérance de quatre ans, non renouvelable : la continuité de l’exploitation et le maintien de tous les emplois sont donc garantis ». - Le second prévoit « l’acquisition par la Collectivité de Corse des biens de reprise, des biens de la chaine de production, ainsi que de la totalité de la parcelle A133 et les cuves situées sur celle-ci : la Collectivité de Corse, propriétaire de la source et du fonds de commerce, a désormais la pleine propriété de l’outil de production ».
- Le troisième notifie « une clause par laquelle le co-contractant s’engage à soutenir les acteurs publics et privés du territoire de la Castagniccia investis notamment dans les domaines culturels et sportifs, à hauteur de 130 000 € pour l’année 2021 - et 100 000 € minimum par an pour les années suivantes -par le biais de conventions de partenariats ».
- Le quatrième établit « une clause garantissant le maintien de tous les emplois à l’issue de la durée du contrat de location gérance, et ce quelle que soit la forme juridique de la future exploitation ».
La semaine suivante, un vote à l’unanimité lors de la Commission permanente de l'Assemblée de Corse a validé l’accord.
Les réactions
La CDC se « réjouit qu'un point d'équilibre satisfaisant pour toutes les parties ait pu in fine être trouvé » à l'issue de « 17 mois d'âpres négociations. » Dans son communiqué, Gilles Simeoni affirme que cet « accord règle également au bénéfice de la Collectivité de Corse, des situations foncières et des questions de droit qui n’avaient jamais été solutionnées depuis 1998, date du premier contrat conclu par le Conseil Général de Haute-Corse, soulignant que le contrat s’intègre pleinement dans les choix politiques de développement économique et social que le Conseil exécutif de Corse a placé au cœur de la négociation concernant le devenir de la source d’Orezza, et qui valent au demeurant pour tous les domaines d’activité. »
C'est également dans un communiqué que Marie-Laurence Mora a réagi. Elle se félicite de l'accord trouvé et précise que « malgré toutes les rumeurs qui ont circulé ces dernières semaines et alimenté un climat anxiogène autour d’une fermeture potentielle du site », elle « a toujours été confiante dans l’issue des négociations engagées avec la Collectivité de Corse. »
Elle souligne également que la conclusion de cette alliance est l’occasion pour la SNEEMO de « formaliser son soutien au développement et à la dynamisation de la Castagniccia et de renouveler son investissement auprès des acteurs publics et privés en poursuivant des partenariats historiques, mais aussi en en nouant de nouveaux. »
•
Laura Gatti
Après 17 mois de négociations, un accord a été signé entre la SNEEMO et la CDC pour l’exploitation des Eaux d’Orezza, historique source d’eau minérale gazeuse de Rapaggio en Haute-Corse. Retour sur le contexte et les conditions autour de cet accord qui intervient après 22 ans de concession, faisant ainsi évoluer le mode de gestion des Eaux d’Orezza…
D’un côté, la Société Nouvelle d’Exploitation des eaux d’Orezza (SNEEMO), de l’autre la Collectivité de Corse. C’est ensemble qu’ils avanceront concernant l’exploitation des Eaux d’Orezza grâce à un contrat de location gérance. Ce dernier relie l'exploitant de la source d'eau pétillante et la Collectivité unique de Corse pour les 4 prochaines années.
Les Eaux d’Orezza et la SNEEMO
Avec une production de 15 millions de bouteilles pour l’année 2018, majoritairement distribuées sur l’île de beauté (70% de la production), les Eaux d’Orezza représentent un pilier économique pour la région de Castagniccia. Cette source est déclarée d’utilité publique sous Napoléon III. Autorisée par décret ministériel le 25 avril 1856, l’eau thermale, remarquable par sa richesse en fer soignait les cas d’anémie, les troubles du système nerveux, le paludisme, les affections du foie et des reins. Mais en 1995, l'exploitation avait cessé avec la fin de la concession. Pierre-Marie Vitani, maire de la commune de Tarrano, avait alors contacté un enfant du pays, François-Xavier Mora, alors PDG du groupe Marne et Champagne.
Ce duo avait obtenu du conseil général de Haute-Corse une concession de 15 ans et M. Mora avait alors injecté 11 millions d'euros pour relancer l'usine qui avait repris la production en juin 2000. Depuis le décès de François-Xavier Mora en 2010, c’est sa femme Marie-Laurence Moracchini dite « Mora » qui a repris les rênes de l’activité.
Pourquoi un accord a-t-il dû être trouvé ?
Le 19 janvier dernier, le personnel de l'usine des Eaux d'Orezza a déclenché un mouvement de grève, entrainant l’arrêt de toute activité de production. Au cœur des revendications : l’inquiétude d’un futur incertain. En effet, la location-gestion des Eaux d’Orezza est prévue pour se terminer le 23 février. Avant que ce contrat entre la SNEEMO (qui détient la concession de l’usine) et la Collectivité de Corse (à qui appartient l’exploitation) n’expire et qu’un nouveau soit passé, les salariés ont pointé du doigt les relations compliquées avec la direction. Il était difficilement envisageable pour eux que cette situation ne perdure pendant encore 4 années supplémentaires. De plus,les salariés dénonçaient la mesure de licenciement de leur directeur d’exploitation, Jean Louis Rossi , jugée abusive et injustifiée. Ce conflit social a provoqué de nombreuses réactions du monde politique insulaire.
Dans un communiqué, le groupe Femu a Corsica exprimait son soutien aux salariés, leur assurant « comprendre et partager leurs inquiétudes » : « Le temps ou des exploitants privés prétendaient faire primer leurs intérêts sur l’intérêt général est définitivement révolu. Le contrat de location-gérance consenti par délibération de l’Assemblée de Corse à la SNEEMO expire le 23 février prochain. La solution juridique qui sera retenue à partir de cette date doit être décidée par l’Assemblée de Corse sur proposition du Conseil exécutif lors de la session des 28 et 29 janvier prochain. Il nous appartient (…) de définir la solution juridique qui permettra de garantir au mieux les trois exigences suivantes : Garantir les emplois et les conditions de travail ; Préserver la ressource, la marque et le fonds de commerce qui appartiennent à la CDC et doivent donc être gérés de façon optimale au plan économique et dans des conditions permettant d’assurer la prééminence de l’intérêt public et de l’intérêt général ; Générer le maximum de retombées économiques directes et indirectes sur la région et sur la Corse », affirmait-il.
Que stipule ce contrat ?
Le 12 février, la situation s’apaise grâce à la signature entre la SNEEMO et la CDC d’un accord sur l’exploitation des Eaux d’Orezza qui « garantit les intérêts des salariés, du territoire d’Orezza et de la Corse ».
À travers différents points, l’accord garantit la continuité de l'exploitation, la maîtrise publique de l’outil de production, le maintien des emplois et des retombées économiques et sociales pour le territoire.
- Le premier point concerne « la poursuite de l’exploitation des Eaux d’Orezza dans le cadre d’un contrat de location-gérance de quatre ans, non renouvelable : la continuité de l’exploitation et le maintien de tous les emplois sont donc garantis ». - Le second prévoit « l’acquisition par la Collectivité de Corse des biens de reprise, des biens de la chaine de production, ainsi que de la totalité de la parcelle A133 et les cuves situées sur celle-ci : la Collectivité de Corse, propriétaire de la source et du fonds de commerce, a désormais la pleine propriété de l’outil de production ».
- Le troisième notifie « une clause par laquelle le co-contractant s’engage à soutenir les acteurs publics et privés du territoire de la Castagniccia investis notamment dans les domaines culturels et sportifs, à hauteur de 130 000 € pour l’année 2021 - et 100 000 € minimum par an pour les années suivantes -par le biais de conventions de partenariats ».
- Le quatrième établit « une clause garantissant le maintien de tous les emplois à l’issue de la durée du contrat de location gérance, et ce quelle que soit la forme juridique de la future exploitation ».
La semaine suivante, un vote à l’unanimité lors de la Commission permanente de l'Assemblée de Corse a validé l’accord.
Les réactions
La CDC se « réjouit qu'un point d'équilibre satisfaisant pour toutes les parties ait pu in fine être trouvé » à l'issue de « 17 mois d'âpres négociations. » Dans son communiqué, Gilles Simeoni affirme que cet « accord règle également au bénéfice de la Collectivité de Corse, des situations foncières et des questions de droit qui n’avaient jamais été solutionnées depuis 1998, date du premier contrat conclu par le Conseil Général de Haute-Corse, soulignant que le contrat s’intègre pleinement dans les choix politiques de développement économique et social que le Conseil exécutif de Corse a placé au cœur de la négociation concernant le devenir de la source d’Orezza, et qui valent au demeurant pour tous les domaines d’activité. »
C'est également dans un communiqué que Marie-Laurence Mora a réagi. Elle se félicite de l'accord trouvé et précise que « malgré toutes les rumeurs qui ont circulé ces dernières semaines et alimenté un climat anxiogène autour d’une fermeture potentielle du site », elle « a toujours été confiante dans l’issue des négociations engagées avec la Collectivité de Corse. »
Elle souligne également que la conclusion de cette alliance est l’occasion pour la SNEEMO de « formaliser son soutien au développement et à la dynamisation de la Castagniccia et de renouveler son investissement auprès des acteurs publics et privés en poursuivant des partenariats historiques, mais aussi en en nouant de nouveaux. »
•
Laura Gatti