"Art' è legnu" In Casinca
Depuis 2017, dans son atelier de Prunelli di Casacconi, Damien Duval Filippi imagine, conçoit et propose ses créations aux amateurs de bois. Mais pas uniquement.
Damien Duval Filippi,
« Art’è Legnu » in Casinca
Depuis 2017, dans son atelier de Prunelli di Casacconi, Damien Duval Filippi imagine, conçoit
et propose ses créations aux amateurs de bois. Mais pas uniquement.
Vous trouverez toujours des chaises à prix imbattables chez des fournisseurs chinois ou
nordiques mais très probablement, il leur manquera l’essentiel : une âme.
Damien Duval Filippi a appris à insuffler ce quelque chose d’indéfinissable qui rend chaque
pièce unique, d’abord car elle l’est dans les faits – à la différence d’une fabrication industrielle
– mais également car elle possède une présence singulière.
Le jeune homme est ébéniste.
Pour acquérir cette maîtrise, c’est un véritable tour de France
qu’il a entrepris à l’âge de 18 ans. Tout débute en 2011 à l’École Supérieure d’Ébénisterie
d’Avignon (ESEA) dans le village de Le Thor ; puis une spécialisation dans la technique du
tournage sur bois à l’École Jean-François Escoulen à Aiguines, dans le département du Var.
Enfin, l’apprentissage de la charpente marine aux Ateliers de l’Enfer (FRCPM Bretagne) à
Douarneney dans le Finistère. Avec pour seule motivation : la passion.
« Après le baccalauréat, mon envie s’est portée vers le métier de luthier, raconte Damien. Mais
avec une sélection de 11 candidats sur 250 postulants, je ne m’en suis pas senti le courage ! Et
je me suis immédiatement orienté vers l’ébénisterie. Enfant, les rénovations de maisons de
famille me fascinaient, comme redonner vie à d’anciennes poutres par exemple ou restaurer de
vieux parquets. J’ai tout de suite été conquis ! »
Son long apprentissage conduit l’artisan sur la voie de l’excellence avec le souci du détail, des
finitions maîtrisées à l’instar de son « trembleur », pièce ornementale réalisée au sortir de sa
formation de JF Escoulen. Tournerie complexe à l’origine ponctuant les études des
Compagnons au XVIIIème siècle, cet exercice est une prouesse technique. Travaillé dans une
seule et même pièce de bois (initialement de l’ivoire), le fil de moulure reliant les différents
éléments pouvait mesurer 0,5 millimètres seulement ! Damien Duval Filippi le réalise en bois
d’érable, d’une longueur totale de 120 cm avec des fils de moulure inférieurs à 1millimètre !
« Le bois est parfois ingrat, avoue-t-il. Il ne remercie pas forcément en proportion à ce qu’on lui
a donné ! Il bouge, il travaille. Et le rôle de l’ébéniste est de prendre conscience de cette
réalité : la matière est vivante ! »
Aujourd’hui, en plus de commandes en menuiserie (des techniques d’assemblage qui la
différencient de l’ébénisterie), Damien collabore avec des designers grâce notamment aux
résidences impulsées par le FabLab Corti de l’Università di Corsica. Ces semaines, voire
quelques mois, sont dédiés aux créations artistiques et culturelles. Le (la) candidat(e) retenu(e),
parfois plusieurs, expérimente de nouvelles formes en lien avec son environnement. De son
propre aveu, ces recherches lui ont permis de renforcer la créativité de ses productions. « Les
résidences, pendant lesquelles le temps semble s’arrêter – ou se précipiter ! – ouvrent notre
esprit à la nouveauté, la curiosité, la rencontre, conclut-il. Elles peuvent ensuite être mises au
profit des futurs projets professionnels mais aussi personnels ». L’un d’eux, si le temps libre le
lui permet, serait – et ainsi renouer avec l’une de ses formations favorites, la charpente marine
– la conception et la réalisation de bateaux historiques, comme la felouque ou la frégate (il est
en contact, à ce titre, avec l’association bastiaise « A Madunnetta » et son projet « A Galeotta »).
Une manière de rendre hommage aux succès des siècles passés.
Anna Massari
Portrait et illustrations : © Lea Eouzan Pieri / Résidence Manu è Ciarbellu – Corti, 2018
Illustration trembleur : © DR
« Art’è Legnu » in Casinca
Depuis 2017, dans son atelier de Prunelli di Casacconi, Damien Duval Filippi imagine, conçoit
et propose ses créations aux amateurs de bois. Mais pas uniquement.
Vous trouverez toujours des chaises à prix imbattables chez des fournisseurs chinois ou
nordiques mais très probablement, il leur manquera l’essentiel : une âme.
Damien Duval Filippi a appris à insuffler ce quelque chose d’indéfinissable qui rend chaque
pièce unique, d’abord car elle l’est dans les faits – à la différence d’une fabrication industrielle
– mais également car elle possède une présence singulière.
Le jeune homme est ébéniste.
Pour acquérir cette maîtrise, c’est un véritable tour de France
qu’il a entrepris à l’âge de 18 ans. Tout débute en 2011 à l’École Supérieure d’Ébénisterie
d’Avignon (ESEA) dans le village de Le Thor ; puis une spécialisation dans la technique du
tournage sur bois à l’École Jean-François Escoulen à Aiguines, dans le département du Var.
Enfin, l’apprentissage de la charpente marine aux Ateliers de l’Enfer (FRCPM Bretagne) à
Douarneney dans le Finistère. Avec pour seule motivation : la passion.
« Après le baccalauréat, mon envie s’est portée vers le métier de luthier, raconte Damien. Mais
avec une sélection de 11 candidats sur 250 postulants, je ne m’en suis pas senti le courage ! Et
je me suis immédiatement orienté vers l’ébénisterie. Enfant, les rénovations de maisons de
famille me fascinaient, comme redonner vie à d’anciennes poutres par exemple ou restaurer de
vieux parquets. J’ai tout de suite été conquis ! »
Son long apprentissage conduit l’artisan sur la voie de l’excellence avec le souci du détail, des
finitions maîtrisées à l’instar de son « trembleur », pièce ornementale réalisée au sortir de sa
formation de JF Escoulen. Tournerie complexe à l’origine ponctuant les études des
Compagnons au XVIIIème siècle, cet exercice est une prouesse technique. Travaillé dans une
seule et même pièce de bois (initialement de l’ivoire), le fil de moulure reliant les différents
éléments pouvait mesurer 0,5 millimètres seulement ! Damien Duval Filippi le réalise en bois
d’érable, d’une longueur totale de 120 cm avec des fils de moulure inférieurs à 1millimètre !
« Le bois est parfois ingrat, avoue-t-il. Il ne remercie pas forcément en proportion à ce qu’on lui
a donné ! Il bouge, il travaille. Et le rôle de l’ébéniste est de prendre conscience de cette
réalité : la matière est vivante ! »
Aujourd’hui, en plus de commandes en menuiserie (des techniques d’assemblage qui la
différencient de l’ébénisterie), Damien collabore avec des designers grâce notamment aux
résidences impulsées par le FabLab Corti de l’Università di Corsica. Ces semaines, voire
quelques mois, sont dédiés aux créations artistiques et culturelles. Le (la) candidat(e) retenu(e),
parfois plusieurs, expérimente de nouvelles formes en lien avec son environnement. De son
propre aveu, ces recherches lui ont permis de renforcer la créativité de ses productions. « Les
résidences, pendant lesquelles le temps semble s’arrêter – ou se précipiter ! – ouvrent notre
esprit à la nouveauté, la curiosité, la rencontre, conclut-il. Elles peuvent ensuite être mises au
profit des futurs projets professionnels mais aussi personnels ». L’un d’eux, si le temps libre le
lui permet, serait – et ainsi renouer avec l’une de ses formations favorites, la charpente marine
– la conception et la réalisation de bateaux historiques, comme la felouque ou la frégate (il est
en contact, à ce titre, avec l’association bastiaise « A Madunnetta » et son projet « A Galeotta »).
Une manière de rendre hommage aux succès des siècles passés.
Anna Massari
Portrait et illustrations : © Lea Eouzan Pieri / Résidence Manu è Ciarbellu – Corti, 2018
Illustration trembleur : © DR