Les derniers samouraïs corses
Voilà une tribune bien étrange que celle publiée par un quarteron de clandestins à la retraite adressée aux élus nationalistes toutes tendances confondues qu’il est possible de lire sur de multiples supports.
Les derniers samouraïs corses
Voilà une tribune bien étrange que celle publiée par un quarteron de clandestins à la retraite adressée aux élus nationalistes toutes tendances confondues qu’il est possible de lire sur de multiples supports. C’est un constat implacable de l’échec nationaliste ou plutôt de l’échec des illusions proférées en début de mandat par les élus nationalistes. Et deux jours plus tard en contre-point, un nième FLNC pointe le bout de son nez faisant écho aux propos des tribuns. Assiste-t-on à un baroud d’honneur de vieilles barbes ou à la reconstitution de l’increvable tandem vitrine légale-bras armé qui fit florès au siècle dernier ? Trop tôt pour le dire mais ce tir de fusil à deux coups a pour cible Gilles Simeoni et sa liste jugés trop modérés. Reste à savoir si ces manœuvres ne vont pas faire le lit des adversaires du nationalisme.
La charge de la brigade légère
La rébellion de Satsuma fut celle des derniers samouraïs contre la modernisation de la société japonaise en 1877. Hélas, les arcs et les sabres ne pouvaient pas grand chose contre les canons et les mitrailleuses. Le chef de ce soulèvement, Saigo Takamori se fit seppuku sur le champ de bataille. La tribune écrite par quelques anciens clandestins retirés des affaires possède le même panache et hélas la même inutilité que l’exploit des derniers samouraïs. J’y vois deux problèmes majeurs : ces signataires, qui tous sont entrés dans la 8e décennie, massacrent littéralement ceux dont ils sont les plus proches et ils le font sans quartiers. Et pour donner plus de poids à leur verbe, ils alignent en bas de page des dates et des caractéristiques comme d’anciens combattants lors d’une commémoration à la fois émouvante et pathétique : 1975, prisonnier politique. 1975 : presque un demi-siècle. Autant dire que l’appel ne s’adresse pas à la jeunesse actuelle.
Un descriptif juste, mais aucune proposition
Dans un style enlevé, les massacreurs n’épargnent personne : ni autonomistes ni indépendantistes au fil d’un constat implacable. Le texte qui dépeint avec une infinie justesse la situation actuelle contient toutefois une béance : il ne contient aucune proposition sinon de communier nostalgiquement en rêvant au passé. Et comment diable auraient-ils procédé sachant que l’expérience actuelle démontre que sans un certain consensus avec l’État, aucun résultat n’est simplement imaginable ? L’erreur initiale n’a-t-elle pas été de promettre la lune sans analyser les conditions de l’arrivée au pouvoir ? Les signataires feignent de croire qu’il existait un chemin sans jamais le désigner.
Pourtant, la majorité, composée d’autonomistes et d’indépendantistes, a tout essayé pour imposer son programme initial : les bouderies, les provocations puériles (le pays ami), les protestations. Rien n’y a fait, en grande partie parce que le centralisme français est la charpente même de la France millénaire, mais aussi parce que les nationalistes se sont montrés très présomptueux et piètres tacticiens.
Un programme bien court
D’ailleurs, les signataires achèvent leur texte par les proclamations traditionnelles qui sont bien de former un programme : une Corse corse, vive la nation et vive le peuple. Ils oublient une explication majeure de l’échec relatif de majorité : l’absence sidérale de mobilisation populaire pour les appuyer. Les élus nationalistes ont été en cela très corses : dès lors qu’ils ont obtenu les sièges de notables, ils sont devenus des notables avec les avantages afférents.
Enfin, ils ont méconnu les raisons de leur victoire : une partie de leurs électeurs ne désiraient que l’amélioration de leurs conditions d’existence et le règlement de quelques dossiers emblématiques comme les déchets, l’énergie, les transports, etc., etc. La Corse n’a tout simplement pas les moyens financiers d’assurer seule une pérennisation de l’actuel train de vie sans la solidarité nationale. C’est dire si, dans la crise actuelle, nous avons besoin de l’aide étatique.
La nostalgie des nuits bleues
Cette pétition semble enfin dégager une nostalgie de la clandestinité, de cette époque où le plastic était le complément indispensable du verbe. Nos demi-soldes de la clandestinité ont du panache, mais n’admettent pas qu’une page a été tournée, celle de leur splendeur. Il est exact que leurs actions ont permis la victoire nationaliste actuelle.
Mais c’est fini. La jeunesse corse n’est plus dans ce « trip ». Elle s’est mondialisée et a viré à droite.
L’humanité aborde un tournant historique civilisationnel dont nul ne saurait prévoir l’issue, et nos grognards grognons continuent de raisonner comme au millénaire dernier. Leur tribune, fort bien écrite au demeurant, est un véritable coup de bazooka tiré sur les listes nationalistes à l’exception de notable de celle de Cor’in fronte.
Parce que ces tribuns ne proposent rien, voici que le FLNC version miniature refait surface semblant lancer à Gilles Simeoni, le fils d’Edmond l’avertissement des années 70 sous une forme hésitante : il faut choisir entre la canne à pêche et le fusil.
Quel retour tragicomique de l’histoire !
GXC
Voilà une tribune bien étrange que celle publiée par un quarteron de clandestins à la retraite adressée aux élus nationalistes toutes tendances confondues qu’il est possible de lire sur de multiples supports. C’est un constat implacable de l’échec nationaliste ou plutôt de l’échec des illusions proférées en début de mandat par les élus nationalistes. Et deux jours plus tard en contre-point, un nième FLNC pointe le bout de son nez faisant écho aux propos des tribuns. Assiste-t-on à un baroud d’honneur de vieilles barbes ou à la reconstitution de l’increvable tandem vitrine légale-bras armé qui fit florès au siècle dernier ? Trop tôt pour le dire mais ce tir de fusil à deux coups a pour cible Gilles Simeoni et sa liste jugés trop modérés. Reste à savoir si ces manœuvres ne vont pas faire le lit des adversaires du nationalisme.
La charge de la brigade légère
La rébellion de Satsuma fut celle des derniers samouraïs contre la modernisation de la société japonaise en 1877. Hélas, les arcs et les sabres ne pouvaient pas grand chose contre les canons et les mitrailleuses. Le chef de ce soulèvement, Saigo Takamori se fit seppuku sur le champ de bataille. La tribune écrite par quelques anciens clandestins retirés des affaires possède le même panache et hélas la même inutilité que l’exploit des derniers samouraïs. J’y vois deux problèmes majeurs : ces signataires, qui tous sont entrés dans la 8e décennie, massacrent littéralement ceux dont ils sont les plus proches et ils le font sans quartiers. Et pour donner plus de poids à leur verbe, ils alignent en bas de page des dates et des caractéristiques comme d’anciens combattants lors d’une commémoration à la fois émouvante et pathétique : 1975, prisonnier politique. 1975 : presque un demi-siècle. Autant dire que l’appel ne s’adresse pas à la jeunesse actuelle.
Un descriptif juste, mais aucune proposition
Dans un style enlevé, les massacreurs n’épargnent personne : ni autonomistes ni indépendantistes au fil d’un constat implacable. Le texte qui dépeint avec une infinie justesse la situation actuelle contient toutefois une béance : il ne contient aucune proposition sinon de communier nostalgiquement en rêvant au passé. Et comment diable auraient-ils procédé sachant que l’expérience actuelle démontre que sans un certain consensus avec l’État, aucun résultat n’est simplement imaginable ? L’erreur initiale n’a-t-elle pas été de promettre la lune sans analyser les conditions de l’arrivée au pouvoir ? Les signataires feignent de croire qu’il existait un chemin sans jamais le désigner.
Pourtant, la majorité, composée d’autonomistes et d’indépendantistes, a tout essayé pour imposer son programme initial : les bouderies, les provocations puériles (le pays ami), les protestations. Rien n’y a fait, en grande partie parce que le centralisme français est la charpente même de la France millénaire, mais aussi parce que les nationalistes se sont montrés très présomptueux et piètres tacticiens.
Un programme bien court
D’ailleurs, les signataires achèvent leur texte par les proclamations traditionnelles qui sont bien de former un programme : une Corse corse, vive la nation et vive le peuple. Ils oublient une explication majeure de l’échec relatif de majorité : l’absence sidérale de mobilisation populaire pour les appuyer. Les élus nationalistes ont été en cela très corses : dès lors qu’ils ont obtenu les sièges de notables, ils sont devenus des notables avec les avantages afférents.
Enfin, ils ont méconnu les raisons de leur victoire : une partie de leurs électeurs ne désiraient que l’amélioration de leurs conditions d’existence et le règlement de quelques dossiers emblématiques comme les déchets, l’énergie, les transports, etc., etc. La Corse n’a tout simplement pas les moyens financiers d’assurer seule une pérennisation de l’actuel train de vie sans la solidarité nationale. C’est dire si, dans la crise actuelle, nous avons besoin de l’aide étatique.
La nostalgie des nuits bleues
Cette pétition semble enfin dégager une nostalgie de la clandestinité, de cette époque où le plastic était le complément indispensable du verbe. Nos demi-soldes de la clandestinité ont du panache, mais n’admettent pas qu’une page a été tournée, celle de leur splendeur. Il est exact que leurs actions ont permis la victoire nationaliste actuelle.
Mais c’est fini. La jeunesse corse n’est plus dans ce « trip ». Elle s’est mondialisée et a viré à droite.
L’humanité aborde un tournant historique civilisationnel dont nul ne saurait prévoir l’issue, et nos grognards grognons continuent de raisonner comme au millénaire dernier. Leur tribune, fort bien écrite au demeurant, est un véritable coup de bazooka tiré sur les listes nationalistes à l’exception de notable de celle de Cor’in fronte.
Parce que ces tribuns ne proposent rien, voici que le FLNC version miniature refait surface semblant lancer à Gilles Simeoni, le fils d’Edmond l’avertissement des années 70 sous une forme hésitante : il faut choisir entre la canne à pêche et le fusil.
Quel retour tragicomique de l’histoire !
GXC