Magie musicale et poétique " Camille et Hugo "
La musique de Camille Saint Saëns et la poésie de Victor Hugo l
Magie musicale et poétique « Camille et Hugo »
La musique de Camille Saint Saëns et la poésie de Victor Hugo réunies en un spectacle-hommage aux deux grands créateurs. C’est original. Plus même… inédit. Car les mélodies du compositeur du « Carnaval des animaux » sont revisitées à l’accordéon.
Julia Knecht, soprano. Daniel Delorme, récitant. Jérémy Lohier, musicien. Les artistes ont eu l’idée du spectacle, « Camille et Hugo » lorsque la chanteuse lyrique et le comédien se sont rencontrés sur « César Vezzani » programmé par le théâtre de Bastia. Elle adore l’œuvre du compositeur. Elle a d’ailleurs rédigé son mémoire au conservatoire national de Paris sur son cycle de mélodies, « La cendre rouge ». L’acteur, lui, aime Victor Hugo et de son côté écrit des poèmes. Quant à l’accordéoniste il a plusieurs cordes à son arc puisqu’il est également chanteur, bassiste, compositeur, arrangeur, interprète.
« Camille et Hugo » célèbre l’amour, l’amitié, la joie d’être ensemble. Julia Knecht incarne Juliette Drouet, amante et muse du poète. Jérémy Lohier est l’illustre compositeur. Daniel Delorme enfile le costume de l’écrivain français le plus connu et renommé de par le monde. Le spectacle repose sur une mise e scène et des dialogues inspirés de la correspondance entre Camille Saint Saëns et Gabriel Fauré, qui fut son élève. Le romantisme imprègne le spectacle qui mise du contraste entre les mélodies toute de légèreté de l’un et la profondeur des mots de l’autre. Très souvent joué à l’étranger la musique de Saint Saëns l’est beaucoup moins dans l’hexagone. Cette lacune, Julia Knecht voudrait la combler tant elle regrette que la simplicité et la fraîcheur de ses mélodies ne soient pas goûtées à leur juste valeur en France.
L’admiration de Camille Saint Saëns pour Victor Hugo était telle qu’il composa un hymne en son honneur. Celui-ci fut touché par ce geste bien que peu mélomane et peu enclin à voir ses vers mis en musique… L’histoire nous dit en tous cas que le musicien et le poète n’avaient pas les mêmes opinions ni les mêmes manières d’envisager la société. Saint Saëns était un conservateur assez rigide – même s’il n’avait pas rejoint les rangs des Versaillais pendant la Commune. Le second était républicain, plaidait pour l’égalité entre les hommes, rêvait de justice, combattait la peine de mort. S’ils ne s’étaient croisés qu’une fois dans leur vie, ils avaient toutefois une immense douleur en commun : le compositeur avait perdu ses deux fils en bas âge ; le poète avait subi le deuil insurmontable de sa fille, Léopoldine. Au cours du spectacle on peut écouter « Rêverie », « Attente », « Le matin », « Soirée en mer», « La flûte invisible », quelques-uns des plus beaux poèmes d’Hugo tandis que la participation audacieuse de l’accordéon révèle la modernité des compositions de Saint Saëns.
• En 2021, on commémore le 100 è anniversaire de la mort de Camille Saint Saëns
Julia Knecht, cet été :
À Serra di Ferro, au festival « L’Aria di a Sarra », elle sera « Madame Butterfly », les 21-23 juillet.
À Sorru in Musica, elle chantera, « Cosi fan tutte ».
À Calenzana, elle donnera le récital, « Soirée en mer », accompagnée par Olivier Cangelosi, le 22 août.
En janvier:
À Marseille, les 15 et 16 janvier, elle interprètera Gabrielle dans la « Vie parisienne ».
En mars et avril 2021 :
On la retrouvera à Bruxelles dans « La flûte enchantée » …
Interview JULIA KNECHT
Soprano c’est chez vous une vocation ? Où avez-vous fait votre formation ?
D’abord j’ai suivi les cours de l’Ecole municipale de musique de Bastia avec Anne-Marie Grisoni, qui m’a vraiment encouragée en me permettant de développer ma voix et de découvrir l’opéra. Puis j’ai été au conservatoire de Marseille où j’ai eu comme professeur, Tibère Raffalli. Ensuite, après un stage à Bayreuth, je suis entrée au conservatoire supérieur de musique de Paris d’où je suis sortie avec une mention très bien… Petite j’ai commencé le piano vers 7 ans et déjà je chantais de la variété et du chant corse.
Comment dépeindre la couleur de votre voix ?
J’ai une voix de soprano lyrique coloratura. Ma voix a de grandes facilités dans l’aigu et possède des couleurs sombres dans le grave. Voilà ma tessiture. Après les festivals de Serra di Ferro, Calenzana, Sorru in Musica, j’enchaîne avec le rôle de la Reine de la nuit dans « La Flûte enchantée » au Théâtre du Parc Royal de Bruxelles, puis je serai Gabrielle dans « La vie parisienne » d’Offenbach à Marseille.
Vous refusez les répertoires fixes. Mais est-ce évident de passer de l’univers de de Mozart à celui d’Offenbach, de celui de Bernstein à la musique contemporaine ?
Les musiques de Mozart et d’Offenbach se marient très bien. Les deux compositeurs ont une écriture qui a de nombreux points communs. Mozart est aérien. Offenbach est proche du parler. Quand on sait chanter l’un et l’autre on a une base solide. Bernstein et les contemporains se marient eux aussi. Bernstein propose beaucoup de pirouettes. Les contemporains offrent beaucoup de libertés vocales. C’est grâce au répertoire contemporain que j’ai découvert toute la palette de ma voix… J’aime oser. J’aime sortir du cadre.
« J’aime oser. J’aime sortir du cadre. »
Julia Knecht, soprano.
Y-a-t-il des lieux où vous vous sentez particulièrement bien de chanter ?
Les opéras. Les vastes salles. Bref, les grands espaces, car on peut y être généreux. J’apprécie aussi les amphithéâtres antiques, l’été, où l’on se donne complètement. Dans les configurations plus étroites je peux être gênée, si on m’y regarde de trop près !
Quel est votre public favori ?
Le public corse. Les Bastiais sont de fins connaisseurs d’opéra et de très bons critiques. Ils sont proches des spectateurs italiens. C’est un public à qui on ne ment pas ! A Paris je chante avec plaisir à Gaveau, à Pleyel, j’ai plus de difficultés à l’Opéra Bastille où je ne me sens pas à l’aise. A l’étranger, le public allemand est formidable. Il voit les chanteurs d’opéra différemment et ça fait du bien… En Allemagne, chaque ville a son opéra et son théâtre. L’éducation musicale y est également très performante. C’est magnifique !
Continuez-vous à vous perfectionner ?
Aux deux techniques fondamentales : l’italienne et l’allemande. Pour cela je fais des navettes avec Paris où je suis les cours de Philippe Madrange, basse à l’Opéra. Pour être en bonnes conditions physiques – c’est indispensable pour chanter – je fais des stages de yoga Iyengar avec Stéphanie Brunet !
Que vous apportent la guitare électrique, la basse, l’accordéon, instruments modernes que vous affectionnez ?
En musique je refuse les frontières. Je n’oublie pas que c’est mon goût pour le rock, la pop qui m’a conduit au classique. J’admire les jazzmen pour leurs aptitudes à se lancer dans des improvisations. Toutes les musiques font partie de ma vie. Dans ma famille on chante tous, en particulier mon père qui a une belle voix.
Peut-on vous écouter souvent en Corse ?
Avec Anne-Marie Grisoni (voix), Emilie Fairy (piano) nous avons formé le trio, « Nymphéas » avec qui nous tournons actuellement, « L’invitation au voyage ». Avec Jérémy Lohier (accordéon), nous avons constitué le « Duo Fisarmusica ». Sur son instrument Jérémy a l’art de fusionner jazz et classique.
Comment vous investissez-vous auprès des jeunes et des scolaires ?
J’écris et mets en scène des spectacles pédagogiques, ainsi « La folie à l’opéra », « L’opéra barré », qui, lui, allie voix, guitare électrique, basse, accordéon. Ces spectacles ont pour but d’initier à l’opéra. Dans le milieu scolaire je fais de multiples interventions pour, entre autres, susciter des chorales. La médiation culturelle revêt à mes yeux une énorme importance pour rendre l’art lyrique accessible. Sensibiliser les petits à l’opéra est plus facile qu’on le pense car l’art lyrique est à la fois du théâtre et une musique extraordinairement bien écrite ! L’opéra est le spectacle le plus complet qui puisse exister !
La transmission est une véritable préoccupation chez vous ?
Au sein de la nouvelle formule du Centre d’Art Polyphonique, je suis chargée de stages et d’ateliers, qui s’occupent bien-sûr de la voix et ce, sur toute la Corse.
Votre rêve en tant que soprano ?
Chanter toute ma vie…
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Propos recueillis par M.A-P
La musique de Camille Saint Saëns et la poésie de Victor Hugo réunies en un spectacle-hommage aux deux grands créateurs. C’est original. Plus même… inédit. Car les mélodies du compositeur du « Carnaval des animaux » sont revisitées à l’accordéon.
Julia Knecht, soprano. Daniel Delorme, récitant. Jérémy Lohier, musicien. Les artistes ont eu l’idée du spectacle, « Camille et Hugo » lorsque la chanteuse lyrique et le comédien se sont rencontrés sur « César Vezzani » programmé par le théâtre de Bastia. Elle adore l’œuvre du compositeur. Elle a d’ailleurs rédigé son mémoire au conservatoire national de Paris sur son cycle de mélodies, « La cendre rouge ». L’acteur, lui, aime Victor Hugo et de son côté écrit des poèmes. Quant à l’accordéoniste il a plusieurs cordes à son arc puisqu’il est également chanteur, bassiste, compositeur, arrangeur, interprète.
« Camille et Hugo » célèbre l’amour, l’amitié, la joie d’être ensemble. Julia Knecht incarne Juliette Drouet, amante et muse du poète. Jérémy Lohier est l’illustre compositeur. Daniel Delorme enfile le costume de l’écrivain français le plus connu et renommé de par le monde. Le spectacle repose sur une mise e scène et des dialogues inspirés de la correspondance entre Camille Saint Saëns et Gabriel Fauré, qui fut son élève. Le romantisme imprègne le spectacle qui mise du contraste entre les mélodies toute de légèreté de l’un et la profondeur des mots de l’autre. Très souvent joué à l’étranger la musique de Saint Saëns l’est beaucoup moins dans l’hexagone. Cette lacune, Julia Knecht voudrait la combler tant elle regrette que la simplicité et la fraîcheur de ses mélodies ne soient pas goûtées à leur juste valeur en France.
L’admiration de Camille Saint Saëns pour Victor Hugo était telle qu’il composa un hymne en son honneur. Celui-ci fut touché par ce geste bien que peu mélomane et peu enclin à voir ses vers mis en musique… L’histoire nous dit en tous cas que le musicien et le poète n’avaient pas les mêmes opinions ni les mêmes manières d’envisager la société. Saint Saëns était un conservateur assez rigide – même s’il n’avait pas rejoint les rangs des Versaillais pendant la Commune. Le second était républicain, plaidait pour l’égalité entre les hommes, rêvait de justice, combattait la peine de mort. S’ils ne s’étaient croisés qu’une fois dans leur vie, ils avaient toutefois une immense douleur en commun : le compositeur avait perdu ses deux fils en bas âge ; le poète avait subi le deuil insurmontable de sa fille, Léopoldine. Au cours du spectacle on peut écouter « Rêverie », « Attente », « Le matin », « Soirée en mer», « La flûte invisible », quelques-uns des plus beaux poèmes d’Hugo tandis que la participation audacieuse de l’accordéon révèle la modernité des compositions de Saint Saëns.
• En 2021, on commémore le 100 è anniversaire de la mort de Camille Saint Saëns
Julia Knecht, cet été :
À Serra di Ferro, au festival « L’Aria di a Sarra », elle sera « Madame Butterfly », les 21-23 juillet.
À Sorru in Musica, elle chantera, « Cosi fan tutte ».
À Calenzana, elle donnera le récital, « Soirée en mer », accompagnée par Olivier Cangelosi, le 22 août.
En janvier:
À Marseille, les 15 et 16 janvier, elle interprètera Gabrielle dans la « Vie parisienne ».
En mars et avril 2021 :
On la retrouvera à Bruxelles dans « La flûte enchantée » …
Interview JULIA KNECHT
Soprano c’est chez vous une vocation ? Où avez-vous fait votre formation ?
D’abord j’ai suivi les cours de l’Ecole municipale de musique de Bastia avec Anne-Marie Grisoni, qui m’a vraiment encouragée en me permettant de développer ma voix et de découvrir l’opéra. Puis j’ai été au conservatoire de Marseille où j’ai eu comme professeur, Tibère Raffalli. Ensuite, après un stage à Bayreuth, je suis entrée au conservatoire supérieur de musique de Paris d’où je suis sortie avec une mention très bien… Petite j’ai commencé le piano vers 7 ans et déjà je chantais de la variété et du chant corse.
Comment dépeindre la couleur de votre voix ?
J’ai une voix de soprano lyrique coloratura. Ma voix a de grandes facilités dans l’aigu et possède des couleurs sombres dans le grave. Voilà ma tessiture. Après les festivals de Serra di Ferro, Calenzana, Sorru in Musica, j’enchaîne avec le rôle de la Reine de la nuit dans « La Flûte enchantée » au Théâtre du Parc Royal de Bruxelles, puis je serai Gabrielle dans « La vie parisienne » d’Offenbach à Marseille.
Vous refusez les répertoires fixes. Mais est-ce évident de passer de l’univers de de Mozart à celui d’Offenbach, de celui de Bernstein à la musique contemporaine ?
Les musiques de Mozart et d’Offenbach se marient très bien. Les deux compositeurs ont une écriture qui a de nombreux points communs. Mozart est aérien. Offenbach est proche du parler. Quand on sait chanter l’un et l’autre on a une base solide. Bernstein et les contemporains se marient eux aussi. Bernstein propose beaucoup de pirouettes. Les contemporains offrent beaucoup de libertés vocales. C’est grâce au répertoire contemporain que j’ai découvert toute la palette de ma voix… J’aime oser. J’aime sortir du cadre.
« J’aime oser. J’aime sortir du cadre. »
Julia Knecht, soprano.
Y-a-t-il des lieux où vous vous sentez particulièrement bien de chanter ?
Les opéras. Les vastes salles. Bref, les grands espaces, car on peut y être généreux. J’apprécie aussi les amphithéâtres antiques, l’été, où l’on se donne complètement. Dans les configurations plus étroites je peux être gênée, si on m’y regarde de trop près !
Quel est votre public favori ?
Le public corse. Les Bastiais sont de fins connaisseurs d’opéra et de très bons critiques. Ils sont proches des spectateurs italiens. C’est un public à qui on ne ment pas ! A Paris je chante avec plaisir à Gaveau, à Pleyel, j’ai plus de difficultés à l’Opéra Bastille où je ne me sens pas à l’aise. A l’étranger, le public allemand est formidable. Il voit les chanteurs d’opéra différemment et ça fait du bien… En Allemagne, chaque ville a son opéra et son théâtre. L’éducation musicale y est également très performante. C’est magnifique !
Continuez-vous à vous perfectionner ?
Aux deux techniques fondamentales : l’italienne et l’allemande. Pour cela je fais des navettes avec Paris où je suis les cours de Philippe Madrange, basse à l’Opéra. Pour être en bonnes conditions physiques – c’est indispensable pour chanter – je fais des stages de yoga Iyengar avec Stéphanie Brunet !
Que vous apportent la guitare électrique, la basse, l’accordéon, instruments modernes que vous affectionnez ?
En musique je refuse les frontières. Je n’oublie pas que c’est mon goût pour le rock, la pop qui m’a conduit au classique. J’admire les jazzmen pour leurs aptitudes à se lancer dans des improvisations. Toutes les musiques font partie de ma vie. Dans ma famille on chante tous, en particulier mon père qui a une belle voix.
Peut-on vous écouter souvent en Corse ?
Avec Anne-Marie Grisoni (voix), Emilie Fairy (piano) nous avons formé le trio, « Nymphéas » avec qui nous tournons actuellement, « L’invitation au voyage ». Avec Jérémy Lohier (accordéon), nous avons constitué le « Duo Fisarmusica ». Sur son instrument Jérémy a l’art de fusionner jazz et classique.
Comment vous investissez-vous auprès des jeunes et des scolaires ?
J’écris et mets en scène des spectacles pédagogiques, ainsi « La folie à l’opéra », « L’opéra barré », qui, lui, allie voix, guitare électrique, basse, accordéon. Ces spectacles ont pour but d’initier à l’opéra. Dans le milieu scolaire je fais de multiples interventions pour, entre autres, susciter des chorales. La médiation culturelle revêt à mes yeux une énorme importance pour rendre l’art lyrique accessible. Sensibiliser les petits à l’opéra est plus facile qu’on le pense car l’art lyrique est à la fois du théâtre et une musique extraordinairement bien écrite ! L’opéra est le spectacle le plus complet qui puisse exister !
La transmission est une véritable préoccupation chez vous ?
Au sein de la nouvelle formule du Centre d’Art Polyphonique, je suis chargée de stages et d’ateliers, qui s’occupent bien-sûr de la voix et ce, sur toute la Corse.
Votre rêve en tant que soprano ?
Chanter toute ma vie…
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Propos recueillis par M.A-P