Territoriales : l'extrème- droite nustrale entre en scène
Avec Forza Nova, même siles responsables de ce parti ne revendiquent pas leur appartenance à cette mouvance, une colmposante d'extrème- droite du nationalisme est peut-être entrain de s'assumer, s'affirmer et se structurer.
Territoriales : l’extrême-droite nustrale entre en scène
Avec Forza Nova, même si les responsables de ce parti ne revendiquent pas leur appartenance à cette mouvance, une composante d’extrême-droite du nationalisme est peut-être en train de s’assumer, s’affirmer et se structurer.
Deux listes classées à l’extrême-droite seront en lice au premier tour du scrutin territorial : « Rassemblement National, Les nôtres avant les autres » conduite par François Filoni ; « Forza Nova, Corsica Fiera » menée par Jean-Antoine Giacomi. Ne comptant que quelques mois d’existence, Forza Nova n’a pas encore prouvé sa capacité d’exister électoralement. A ce jour, ce parti qui était alors en gestation, n’a participé qu’à une bataille électorale : le premier tour des élections municipales de Bastia. Sa liste a obtenu 201 voix (2,08% des suffrages exprimés).
En revanche, alors qu’il était encore dénommé Front National, le Rassemblement National a déjà connu de beaux jours électoraux chez nous. Il a obtenu des élus à l’Assemblée de Corse à deux reprises (scrutins de mars 1986 et décembre 2015). Il a réalisé des scores importants à l’occasion d’élections nationales ; ainsi, lors de l’élection présidentielle de mai 2017, Marine Le Pen a devancé tous les candidats au premier tour et recueilli 48,52 % des suffrages exprimés lors du second tour.
Mais ayant été maintes fois ébranlé par des rappels à l’ordre venus des instances parisiennes et à des querelles internes qui ont invariablement abouti au départ de cadres et à la démobilisation de militants, le parti lepéniste n’est jamais parvenu à exploiter durablement ses succès électoraux et pâtit d’une désorganisation chronique. L’un étant en cours de structuration et l’autre n’étant pas solidement implanté, Forza Nova et le Rassemblement National n’accéderont probablement pas au second tour le 20 juin.
Les deux têtes de liste affichent bien entendu un avis contraire. Ex-membre du Rassemblement National dont son père, Charles Giacomi, maire de U Prunu, a été une figure marquante en Haute Corse, Jean-Antoine Giacomi affirme à qui veut l’entendre que la liste qu’il conduit sera présente au second tour. Pour convaincre que ce challenge peut être relevé, il souligne avoir rassemblé autour de lui des hommes et des femmes représentatifs du corps social insulaire et issus de plusieurs sensibilités politiques : militants et sympathisants de Forza Nova, personnes hier engagées au sein de la mouvance nationaliste, de la droite ou du Rassemblement National, anciens Gilets jaunes. François Filoni se montre lui aussi confiant. Pour crédibiliser le bel optimisme qui le conduit à évoquer d’atteindre un score à deux chiffres, il rappelle les résultats obtenus par Marine Le Pen en 2017 et se félicite que sa liste comprenne des acteurs issus de toutes les composantes de la société corse. Jean-Antoine Giacomi et François Filoni comptent aussi sur leur positionnement et leurs propositions qu’ils estiment être en phase avec les aspirations et les préoccupations de la plus grande partie de l’électorat.
Refus du modèle jacobin
Jean-Antoine Giacomi affirme vouloir « défendre les intérêts de la Corse et des Corses » et avoir quitté le Rassemblement National à la suite d’un retour de ce parti au modèle jacobin. Se déclarant résolument girondin, il se positionne en partisan d’une large autonomie de la Corse et revendique même une évolution institutionnelle qui doterait l’île d’un statut fédéral semblable à celui des Länder en Allemagne.
Rejetant le jacobinisme, Jean-Antoine Giacomi ne se reconnaît pas pour autant proche des partis nationalistes. Il juge que ces derniers, tout comme la droite et la gauche, sont « enfermés dans un carcan mondialiste » qui ne peut être conciliable avec la souveraineté corse librement définie et partagée que prône son parti. Il dit aussi se différencier des nationalistes par le réalisme et le pragmatisme.
Il considère en effet que les compétences actuelles de la Collectivité de Corse, pour peu que celle-ci ait la volonté et la capacité d’entretenir des rapports constructifs avec l’État et les autres collectivités insulaires, sont suffisantes pour traiter les dossiers urgents (relance économique de l’après Covid, traitement des déchets, revitalisation rurale…)
De son côté, François Filoni ne revendique aucune évolution institutionnelle, inscrit sa campagne dans le sillage de la dynamique Marine Le Pen, reprend des thèmes chers au Rassemblement National (immigration, insécurité...) et concentre quasiment sur le développement de l’économie et des infrastructures les préconisations concernant uniquement la Corse (mise en place d’une zone franche, construction d’une unité de valorisation énergétique pour traiter les déchets, suppression des monopoles dans les transports dans le cadre d’une politique de lutte contre la vie chère, redessiner un schéma routier.…) Il existe donc bien désormais chez nous deux extrême-droites car même si leurs responsables réfutent cette classification, font chambre à part et s’adressent des noms d’oiseaux, le Rassemblement National et Forza Nova partagent des préoccupations et énoncent des propositions similaires concernant des thèmes que cette mouvance politique jugent fondamentaux : la sécurité, l’immigration...
Si l’on prête quelque attention aux évolutions politiques dans de nombreuses régions de l’Hexagone (coexistence du Rassemblement National et Debout la France) ou italiennes (coexistence de La Lega et Fratelli d’Italia), il apparaît possible que toutes deux se fassent dans le futur une place au soleil. En revanche, le Rassemblement National et Forza Nova ne semblent pas pouvoir stratégiquement s’entendre car jacobinisme et revendication fédéraliste resteront toujours inconciliables. Avec Forza Nova, même si les responsables de ce parti ne revendiquent pas leur appartenance à cette mouvance, une composante d’extrême-droite du nationalisme est peut-être en train de s’assumer, s’affirmer et se structurer. « Il ne nous manquait plus que çà » diront certains pour exprimer leur colère ou leur indignation. D’autres plus fatalistes constateront : « Il faut de tout pour faire un monde ».
Pierre Corsi
Avec Forza Nova, même si les responsables de ce parti ne revendiquent pas leur appartenance à cette mouvance, une composante d’extrême-droite du nationalisme est peut-être en train de s’assumer, s’affirmer et se structurer.
Deux listes classées à l’extrême-droite seront en lice au premier tour du scrutin territorial : « Rassemblement National, Les nôtres avant les autres » conduite par François Filoni ; « Forza Nova, Corsica Fiera » menée par Jean-Antoine Giacomi. Ne comptant que quelques mois d’existence, Forza Nova n’a pas encore prouvé sa capacité d’exister électoralement. A ce jour, ce parti qui était alors en gestation, n’a participé qu’à une bataille électorale : le premier tour des élections municipales de Bastia. Sa liste a obtenu 201 voix (2,08% des suffrages exprimés).
En revanche, alors qu’il était encore dénommé Front National, le Rassemblement National a déjà connu de beaux jours électoraux chez nous. Il a obtenu des élus à l’Assemblée de Corse à deux reprises (scrutins de mars 1986 et décembre 2015). Il a réalisé des scores importants à l’occasion d’élections nationales ; ainsi, lors de l’élection présidentielle de mai 2017, Marine Le Pen a devancé tous les candidats au premier tour et recueilli 48,52 % des suffrages exprimés lors du second tour.
Mais ayant été maintes fois ébranlé par des rappels à l’ordre venus des instances parisiennes et à des querelles internes qui ont invariablement abouti au départ de cadres et à la démobilisation de militants, le parti lepéniste n’est jamais parvenu à exploiter durablement ses succès électoraux et pâtit d’une désorganisation chronique. L’un étant en cours de structuration et l’autre n’étant pas solidement implanté, Forza Nova et le Rassemblement National n’accéderont probablement pas au second tour le 20 juin.
Les deux têtes de liste affichent bien entendu un avis contraire. Ex-membre du Rassemblement National dont son père, Charles Giacomi, maire de U Prunu, a été une figure marquante en Haute Corse, Jean-Antoine Giacomi affirme à qui veut l’entendre que la liste qu’il conduit sera présente au second tour. Pour convaincre que ce challenge peut être relevé, il souligne avoir rassemblé autour de lui des hommes et des femmes représentatifs du corps social insulaire et issus de plusieurs sensibilités politiques : militants et sympathisants de Forza Nova, personnes hier engagées au sein de la mouvance nationaliste, de la droite ou du Rassemblement National, anciens Gilets jaunes. François Filoni se montre lui aussi confiant. Pour crédibiliser le bel optimisme qui le conduit à évoquer d’atteindre un score à deux chiffres, il rappelle les résultats obtenus par Marine Le Pen en 2017 et se félicite que sa liste comprenne des acteurs issus de toutes les composantes de la société corse. Jean-Antoine Giacomi et François Filoni comptent aussi sur leur positionnement et leurs propositions qu’ils estiment être en phase avec les aspirations et les préoccupations de la plus grande partie de l’électorat.
Refus du modèle jacobin
Jean-Antoine Giacomi affirme vouloir « défendre les intérêts de la Corse et des Corses » et avoir quitté le Rassemblement National à la suite d’un retour de ce parti au modèle jacobin. Se déclarant résolument girondin, il se positionne en partisan d’une large autonomie de la Corse et revendique même une évolution institutionnelle qui doterait l’île d’un statut fédéral semblable à celui des Länder en Allemagne.
Rejetant le jacobinisme, Jean-Antoine Giacomi ne se reconnaît pas pour autant proche des partis nationalistes. Il juge que ces derniers, tout comme la droite et la gauche, sont « enfermés dans un carcan mondialiste » qui ne peut être conciliable avec la souveraineté corse librement définie et partagée que prône son parti. Il dit aussi se différencier des nationalistes par le réalisme et le pragmatisme.
Il considère en effet que les compétences actuelles de la Collectivité de Corse, pour peu que celle-ci ait la volonté et la capacité d’entretenir des rapports constructifs avec l’État et les autres collectivités insulaires, sont suffisantes pour traiter les dossiers urgents (relance économique de l’après Covid, traitement des déchets, revitalisation rurale…)
De son côté, François Filoni ne revendique aucune évolution institutionnelle, inscrit sa campagne dans le sillage de la dynamique Marine Le Pen, reprend des thèmes chers au Rassemblement National (immigration, insécurité...) et concentre quasiment sur le développement de l’économie et des infrastructures les préconisations concernant uniquement la Corse (mise en place d’une zone franche, construction d’une unité de valorisation énergétique pour traiter les déchets, suppression des monopoles dans les transports dans le cadre d’une politique de lutte contre la vie chère, redessiner un schéma routier.…) Il existe donc bien désormais chez nous deux extrême-droites car même si leurs responsables réfutent cette classification, font chambre à part et s’adressent des noms d’oiseaux, le Rassemblement National et Forza Nova partagent des préoccupations et énoncent des propositions similaires concernant des thèmes que cette mouvance politique jugent fondamentaux : la sécurité, l’immigration...
Si l’on prête quelque attention aux évolutions politiques dans de nombreuses régions de l’Hexagone (coexistence du Rassemblement National et Debout la France) ou italiennes (coexistence de La Lega et Fratelli d’Italia), il apparaît possible que toutes deux se fassent dans le futur une place au soleil. En revanche, le Rassemblement National et Forza Nova ne semblent pas pouvoir stratégiquement s’entendre car jacobinisme et revendication fédéraliste resteront toujours inconciliables. Avec Forza Nova, même si les responsables de ce parti ne revendiquent pas leur appartenance à cette mouvance, une composante d’extrême-droite du nationalisme est peut-être en train de s’assumer, s’affirmer et se structurer. « Il ne nous manquait plus que çà » diront certains pour exprimer leur colère ou leur indignation. D’autres plus fatalistes constateront : « Il faut de tout pour faire un monde ».
Pierre Corsi