"Anima" sur la Plaine Orientale / Reprise et retrouvailles joyeuses
Le plaisir d'une vraie vie retrouvée !!
« Anima », sur la Plaine Orientale
Reprise et retrouvailles joyeuses
« Anima », sur la Plaine Orientale, tout au bonheur des retrouvailles avec les élèves de musique, d’arts plastiques, de théâtre, avec les adultes fréquentant ses ateliers, avec la scène et ses baladins magiques. Le plaisir d’une vraie vie retrouvée !
Après le confinement du printemps 2020, la rentrée s’annonçait sous des jours et des soirs meilleurs. Deux mois de répit mis à profit pour lancer les activités artistiques, pour recevoir en résidence, « Le Jakez Orkestra » affairé à préparer, « Cosmolitude », pour accueillir la pièce de Noël Casale, « Le Titanic fera naufrage », pour écouter du Brassens, pour projeter le film, « Un pays qui se tient sage » sur les violences policières. Et brutalement : rideau !
Fini d’être le pôle culturel de la Plaine. Il a fallu recommencer avec les cours à distance et jongler sans cesse avec les nouvelles règles sanitaires. On comprend le soulagement apporté par la reprise tous azimuts du 19 mai. Reste un bon mois, ou peut-être un peu plus, pour tenter de rattraper le retard afin que les enfants n’aient pas trop le sentiment d’avoir perdu leur acquis. Mais impossible de compenser les pratiques collectives interdites pour cause de Covid et de confinement.
En totalité ce sont trente spectacles qu’a dû annuler Olivier Van der Beken, le responsable d’« Anima ». Autant de crève-cœurs, en particulier en ce qui concerne un spectacle de théâtre jeunesse, « Le Petit Chaperon Rouge », revu et monté par une troupe venant de Belgique.
En prévision d’un redémarrage, aux dates longtemps très floues, le directeur d’«Anima » avait pensé à une série de propositions tournant autour du spectacle vivant en extérieur et de petites jauges : pas plus de 35% de public habituel et ce dans un espace de plein air bien identifié. Au programme, du théâtre, de la musique et point important : montrer le travail réalisé par les enfants. En ce sens Olivier Van der Beken a contacté rapidement des maires d’alentours. Immédiatement ceux de Prunelli, Aghione, Aleria ont répondu positivement, une bonne dizaine d’autres devrait faire de même.
La compagnie ardéchoise, « Les Aristobulles » a sonné avec succès les trois coups. Va suivre le comédien, Daniel Delorme, avec « Les monologues du brocciu » et « Tous les mots qui me viendront », un montage poétique en compagnie d’Eluard, Desnos, Rimbaud, entre autres… Le 18 juin, « Covid, mon amour » sera à l’affiche. Ce spectacle monté à « L’Aria » est réalisé par Marie Murcia et une troupe éphémère de comédiens amateurs. Il repose sur des textes d’auteurs connus, de la metteuse en scène et des acteurs. Cette création hybride propose aussi de la musique. Hybride encore, « On est con mais pas au point de voyager pour le plaisir » de Noël Casale. Pour redonner du tonus, réinsuffler de la pêche à tous, grands et petits, le BBB (Bastia Blues Band) est invité à la fête.
Les samedis 19 juin et 26 juin ce sera au tour des élèves de l’école de musique puis à ceux de l’école de théâtre de se produire devant le public.
« Gardons le pessimisme pour des jours meilleurs. »
Tag genevois cité par Olivier Van der Beken
Un mot pour surmonter une époque plutôt rude ?
Je citerai une phrase que j’ai vu taguée sur un mur à Genève : « Gardons le pessimisme pour des jours meilleurs ». Elle résume bien mon état d’esprit.
Se retourner sur le passé permet souvent de mieux comprendre le présent. Un flash-back sur « Anima » ?
« Anima » a 30 ans. On a fait une première réunion à l’automne 1991 et déposé les statuts de l’association à l’été suivant. Au début c’était un joyeux foutraque. Au fil du temps « Anima » s’est consolidée, a pris une dimension plus sérieuse, s’est structurée. Ça a demandé dix ans. Depuis une vingtaine d’années on est conventionnée par la région, par la CDC. Aujourd’hui on est « Pôle territorial de formation initiale à la pratique artistique ». Concrètement on est une école d musique qui a la possibilité d’agir dans d’autres domaines de formation à l’art. En matière d’effectifs on ne peut aller plus loin en raison de notre budget. « Anima » est également « scène de Corse ».
Pourquoi la dénomination, « Centre culturel », est-elle tombée en désuétude ?
Il a de la part de la CDC une volonté de rationnaliser, de catégoriser les aides accordées. Comment l’entendre ? « Anima » est un lieu où se déroulent des activités de formation artistiques…
La saison 2020-2021 n’a pas été que tracas puisque vous avez pu lancer : une nouveauté : les interventions musicales en milieu scolaire. Comment cela s’est-il passé ?
Nous avons embauché une jeune femme titulaire d’un Diplôme universitaire de musicien intervenant qu’on appelle dumiste. Ces diplômés peuvent travailler dans les conservatoires de musique, dans les écoles où ils initient les élèves à l’éducation musicale et aident à la formation des enseignants. Ils peuvent également développer des actions auprès de différents publics. Les collectivités et les associations les recrutent. Sept centres en France assurent la formation de dumistes. La nôtre a proposé une douzaine de modules sur le thème de « grandir en musique » dans le primaire, de la maternelle au CM2. Ces modules étaient axés sur la voix, les époques musicales, l’illustration musicale, etc… . Dans les classes le choix du module a été fait avec les instituteurs. La dumiste d’« Anima » est intervenue douze fois une heure dans des classes de Prunelli, Ghisonaccia, Aleria, Maison Pierracci. O n’a pas pu répondre à toutes les demandes. Pour moi ces interventions doivent s’installer dans la durée. A terme, mon rêve est de voir se créer des orchestres d’élèves !
L’exécutif de la CDC a fait de la langue corse une priorité. Quel écho sur le terrain ?
En tant que responsable d’« Anima » je regarde d’abord les compétences professionnelles de ceux que j’embauche. Il y a des matières qui se prêtent mieux que d’autres à l’introduction du corse. Par exemple : le chant, le théâtre, les comptines, qui sont de bonnes portes d’entrée. Ce qu’il nous faudrait ce sont des intervenants ayant des compétences doubles : artistiques et linguistiques.
Quelles sont les spécificités d’« Anima » ? Celles de son environnement ?
« Anima » a su rester un projet associatif vivant, évolutif, capable de tenir compte des attentes des gens. « Anima » est animée par des bénévoles et dirigée par des salariés. Notre localisation en Plaine Orientale doit tenir compte des particularités très affirmées de l’endroit : c’est un territoire rural avec un habitat dispersé, sans grandes villes, mais où on dénombre plus de 10 000 habitants. Cette micro-région de plaine est plus facile à parcourir que les zones de montagnes. Autre originalité, nous avons un peuplement mixte avec des Corses, des Marocains d’origine, des Portugais, des Roumains, des Polonais. L’identité de la Plaine Orientale est cosmopolite et le développement de sa population est récent.
Qui finance « Anima » ?
La CDC. Mais se repérer dans les aides possibles est un peu casse-tête car leur attribution a été modifié. Ces aides, maintenant, ne sont plus cumulables… Si l’on veut se développer on doit faire appel aux collectivités locales. Bien sûr, je suis conscient de l’effort fait par la CDC, parce qu’ailleurs des structures telles que la nôtre sont financées par les communes !
Depuis des années on évoque un grand projet culturel pour la Plaine Orientale. Où en est-on ?
Ce projet est porté par la communauté de communes et consiste en la construction d’une école des arts à Prunelli et d’une école de théâtre à Ghisonaccia. Ce projet est génial. A côté du collège et du lycée l’école des arts est très bien située. Si le maître d’œuvre est la communauté de communes, le financement est assuré par le PEI. Interrogations : on ignore quels seront les moyens de fonctionnement ; le permis de construire est suspendu pour l’heure ; on ne sait rien du mode de gestion. Alors comment va-t-on lui donner vie ?
De quelles façons se présente la saison prochaine ?
Entre les spectacles annulés, repoussés, reprogrammés et les créations plus récentes c’est l’embouteillage ! Or, la salle Cardiccia où l’on donne nos représentations, est pour l’heure fermée suite à une inspection de la commission de sécurité. Quand va-t-on pouvoir la rouvrir ?... Nous pensons surtout réparer les dommages causés aux enfants par les confinements et les restrictions de tous ordres. « Anima » n’a pas perdu d’élèves mais on a envie de leur proposer un maximum de choses. En même temps on se doit aussi d’aider les artistes.
Propos recueillis par M.A-P
Reprise et retrouvailles joyeuses
« Anima », sur la Plaine Orientale, tout au bonheur des retrouvailles avec les élèves de musique, d’arts plastiques, de théâtre, avec les adultes fréquentant ses ateliers, avec la scène et ses baladins magiques. Le plaisir d’une vraie vie retrouvée !
Après le confinement du printemps 2020, la rentrée s’annonçait sous des jours et des soirs meilleurs. Deux mois de répit mis à profit pour lancer les activités artistiques, pour recevoir en résidence, « Le Jakez Orkestra » affairé à préparer, « Cosmolitude », pour accueillir la pièce de Noël Casale, « Le Titanic fera naufrage », pour écouter du Brassens, pour projeter le film, « Un pays qui se tient sage » sur les violences policières. Et brutalement : rideau !
Fini d’être le pôle culturel de la Plaine. Il a fallu recommencer avec les cours à distance et jongler sans cesse avec les nouvelles règles sanitaires. On comprend le soulagement apporté par la reprise tous azimuts du 19 mai. Reste un bon mois, ou peut-être un peu plus, pour tenter de rattraper le retard afin que les enfants n’aient pas trop le sentiment d’avoir perdu leur acquis. Mais impossible de compenser les pratiques collectives interdites pour cause de Covid et de confinement.
En totalité ce sont trente spectacles qu’a dû annuler Olivier Van der Beken, le responsable d’« Anima ». Autant de crève-cœurs, en particulier en ce qui concerne un spectacle de théâtre jeunesse, « Le Petit Chaperon Rouge », revu et monté par une troupe venant de Belgique.
En prévision d’un redémarrage, aux dates longtemps très floues, le directeur d’«Anima » avait pensé à une série de propositions tournant autour du spectacle vivant en extérieur et de petites jauges : pas plus de 35% de public habituel et ce dans un espace de plein air bien identifié. Au programme, du théâtre, de la musique et point important : montrer le travail réalisé par les enfants. En ce sens Olivier Van der Beken a contacté rapidement des maires d’alentours. Immédiatement ceux de Prunelli, Aghione, Aleria ont répondu positivement, une bonne dizaine d’autres devrait faire de même.
La compagnie ardéchoise, « Les Aristobulles » a sonné avec succès les trois coups. Va suivre le comédien, Daniel Delorme, avec « Les monologues du brocciu » et « Tous les mots qui me viendront », un montage poétique en compagnie d’Eluard, Desnos, Rimbaud, entre autres… Le 18 juin, « Covid, mon amour » sera à l’affiche. Ce spectacle monté à « L’Aria » est réalisé par Marie Murcia et une troupe éphémère de comédiens amateurs. Il repose sur des textes d’auteurs connus, de la metteuse en scène et des acteurs. Cette création hybride propose aussi de la musique. Hybride encore, « On est con mais pas au point de voyager pour le plaisir » de Noël Casale. Pour redonner du tonus, réinsuffler de la pêche à tous, grands et petits, le BBB (Bastia Blues Band) est invité à la fête.
Les samedis 19 juin et 26 juin ce sera au tour des élèves de l’école de musique puis à ceux de l’école de théâtre de se produire devant le public.
« Gardons le pessimisme pour des jours meilleurs. »
Tag genevois cité par Olivier Van der Beken
Un mot pour surmonter une époque plutôt rude ?
Je citerai une phrase que j’ai vu taguée sur un mur à Genève : « Gardons le pessimisme pour des jours meilleurs ». Elle résume bien mon état d’esprit.
Se retourner sur le passé permet souvent de mieux comprendre le présent. Un flash-back sur « Anima » ?
« Anima » a 30 ans. On a fait une première réunion à l’automne 1991 et déposé les statuts de l’association à l’été suivant. Au début c’était un joyeux foutraque. Au fil du temps « Anima » s’est consolidée, a pris une dimension plus sérieuse, s’est structurée. Ça a demandé dix ans. Depuis une vingtaine d’années on est conventionnée par la région, par la CDC. Aujourd’hui on est « Pôle territorial de formation initiale à la pratique artistique ». Concrètement on est une école d musique qui a la possibilité d’agir dans d’autres domaines de formation à l’art. En matière d’effectifs on ne peut aller plus loin en raison de notre budget. « Anima » est également « scène de Corse ».
Pourquoi la dénomination, « Centre culturel », est-elle tombée en désuétude ?
Il a de la part de la CDC une volonté de rationnaliser, de catégoriser les aides accordées. Comment l’entendre ? « Anima » est un lieu où se déroulent des activités de formation artistiques…
La saison 2020-2021 n’a pas été que tracas puisque vous avez pu lancer : une nouveauté : les interventions musicales en milieu scolaire. Comment cela s’est-il passé ?
Nous avons embauché une jeune femme titulaire d’un Diplôme universitaire de musicien intervenant qu’on appelle dumiste. Ces diplômés peuvent travailler dans les conservatoires de musique, dans les écoles où ils initient les élèves à l’éducation musicale et aident à la formation des enseignants. Ils peuvent également développer des actions auprès de différents publics. Les collectivités et les associations les recrutent. Sept centres en France assurent la formation de dumistes. La nôtre a proposé une douzaine de modules sur le thème de « grandir en musique » dans le primaire, de la maternelle au CM2. Ces modules étaient axés sur la voix, les époques musicales, l’illustration musicale, etc… . Dans les classes le choix du module a été fait avec les instituteurs. La dumiste d’« Anima » est intervenue douze fois une heure dans des classes de Prunelli, Ghisonaccia, Aleria, Maison Pierracci. O n’a pas pu répondre à toutes les demandes. Pour moi ces interventions doivent s’installer dans la durée. A terme, mon rêve est de voir se créer des orchestres d’élèves !
L’exécutif de la CDC a fait de la langue corse une priorité. Quel écho sur le terrain ?
En tant que responsable d’« Anima » je regarde d’abord les compétences professionnelles de ceux que j’embauche. Il y a des matières qui se prêtent mieux que d’autres à l’introduction du corse. Par exemple : le chant, le théâtre, les comptines, qui sont de bonnes portes d’entrée. Ce qu’il nous faudrait ce sont des intervenants ayant des compétences doubles : artistiques et linguistiques.
Quelles sont les spécificités d’« Anima » ? Celles de son environnement ?
« Anima » a su rester un projet associatif vivant, évolutif, capable de tenir compte des attentes des gens. « Anima » est animée par des bénévoles et dirigée par des salariés. Notre localisation en Plaine Orientale doit tenir compte des particularités très affirmées de l’endroit : c’est un territoire rural avec un habitat dispersé, sans grandes villes, mais où on dénombre plus de 10 000 habitants. Cette micro-région de plaine est plus facile à parcourir que les zones de montagnes. Autre originalité, nous avons un peuplement mixte avec des Corses, des Marocains d’origine, des Portugais, des Roumains, des Polonais. L’identité de la Plaine Orientale est cosmopolite et le développement de sa population est récent.
Qui finance « Anima » ?
La CDC. Mais se repérer dans les aides possibles est un peu casse-tête car leur attribution a été modifié. Ces aides, maintenant, ne sont plus cumulables… Si l’on veut se développer on doit faire appel aux collectivités locales. Bien sûr, je suis conscient de l’effort fait par la CDC, parce qu’ailleurs des structures telles que la nôtre sont financées par les communes !
Depuis des années on évoque un grand projet culturel pour la Plaine Orientale. Où en est-on ?
Ce projet est porté par la communauté de communes et consiste en la construction d’une école des arts à Prunelli et d’une école de théâtre à Ghisonaccia. Ce projet est génial. A côté du collège et du lycée l’école des arts est très bien située. Si le maître d’œuvre est la communauté de communes, le financement est assuré par le PEI. Interrogations : on ignore quels seront les moyens de fonctionnement ; le permis de construire est suspendu pour l’heure ; on ne sait rien du mode de gestion. Alors comment va-t-on lui donner vie ?
De quelles façons se présente la saison prochaine ?
Entre les spectacles annulés, repoussés, reprogrammés et les créations plus récentes c’est l’embouteillage ! Or, la salle Cardiccia où l’on donne nos représentations, est pour l’heure fermée suite à une inspection de la commission de sécurité. Quand va-t-on pouvoir la rouvrir ?... Nous pensons surtout réparer les dommages causés aux enfants par les confinements et les restrictions de tous ordres. « Anima » n’a pas perdu d’élèves mais on a envie de leur proposer un maximum de choses. En même temps on se doit aussi d’aider les artistes.
Propos recueillis par M.A-P