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Territoriales : Les FLNC seront au quatrième tour !

Le retour au premier plan de l'Union des Combattants et du 22 octobre signifie-t-il que ces organisations envisagent de revenir bientôt à l'action violente?
Territoriales : les FLNC seront au quatrième tour

Le retour au premier plan de l’Union des Combattants et du 22 octobre signifie-t-il que ces organisations envisagent de revenir bientôt à l’action violente ? Rien n’est moins sûr. Il semble plutôt qu’elles veuillent peser sur le débat politique et électoral.

Avec un texte d’une phrase, le FLNC Union des Combattants et le FLNC du 22 octobre ont procédé à une mise au point globale.
Il convient de préalablement souligner que le caractère unitaire, le minimalisme et la concision de la forme de leur communication ne sont pas anodins. Les deux organisations ont probablement voulu faire passer trois messages.

Premièrement qu’elles se considèrent mutuellement comme les seules ayant la légitimité historique et politique de s’exprimer dans la continuité du demi-siècle de lutte clandestine qu’ont successivement ouverte, durant les années 1970, le Fronte Paesanu di Liberazione Naziunale, Ghjustizia Paolina et le FLNC originel apparu le 5 mai 1976.
Deuxièmement qu’étant respectivement entrées en 2014 et 2016 dans un processus de démilitarisation et de sortie de la clandestinité, elles ont jugé logique et pertinent de ne pas recourir à une démonstration de force ou même à une présence physique.
Troisièmement que leur prise de position étant selon elles en phase avec les interrogations et les préoccupations de la majeure partie des nationalistes, de longues explications étaient inutiles.
Ayant ainsi affiché leur légitimité, le maintien de leur cap politique et leur écoute dans la forme de leur communication, l’Union des Combattants et le 22 octobre ont aussi affirmé tout cela dans son contenu. Et ce en dénonçant : « la volonté de l'ensemble des organisations publiques de noyer la Lutte de Libération Nationale dans une vision exclusivement électoraliste », « la multiplicité des apparitions clandestines sans lendemain » et « la situation éminemment préoccupante» du peuple corse ». Il ne pouvait en être autrement. En effet, les évolutions politiques s’étant précipitée durant ces derniers mois et la mouvance clandestine s’étant toujours considérée comme la garante des intérêts collectifs du peuple corse et des acquis des luttes nationalistes, l'Union des Combattants et le FLNC du 22 octobre n’avaient que deux options à leur disposition : se faire entendre ou s’accommoder de disparaître définitivement de la scène politique.

Une expression publique et tranchée

L’Union des Combattants et le 22 octobre ont opté pour la première option en exprimant publiquement et de façon tranchée leur appréciation de la situation. L’explosion de la majorité territoriale, l’ouverture importante de listes nationaliste à des élus non nationalistes et la relativisation des revendications nationalistes ayant suscité, comme chacun sait, de l’incompréhension, de l’inquiétude ou de la colère au sein de la mouvance nationaliste., les deux organisations ont voulu montrer qu’elles en prenaient la mesure.
D’où leur mise en garde, à quelques jours des élections territoriales, contre « une volonté de l'ensemble des organisations publiques de noyer la Lutte de Libération Nationale » et « une vision exclusivement électoraliste ». Les apparitions du FLNC 1976 puis du FLNC Maghju 21, ainsi que des actions violentes survenues ces dernières semaines (incendies volontaires visant des villas ou des chantiers de construction), ayant pu conduire à s’interroger sur la capacité de l’Union des Combattants et du 22 octobre à conserver leurs militants ou à faire respecter la démilitarisation du champ politique, les deux organisations ont perçu qu’il était nécessaire de remettre les pendules à l’heure. D’où le rappel de leur existence et leur affichage d’un démarche commune afin de souligner une cohérence et une pérennité face à une « multiplicité » anarchique et à un activisme « sans lendemain ». Enfin, comme beaucoup s’inquiètent d’une dégradation des conditions de vie économiques et sociales des Corses ainsi que de l’incapacité des élus nationalistes à arracher des concessions à l’Etat, les deux organisations ont souhaité exprimer avoir conscience de le situation. D’où leur alerte mettant en exergue « la situation éminemment préoccupante» du peuple corse ».

Retour à l’action violente ?

Ce retour au premier plan de l’Union des Combattants et du 22 octobre et leur jugement très critique signifient-t-ils que les deux organisations envisagent de revenir dans les prochaines semaines à l’action violente ? Rien n’est moins sûr.
Il semble plutôt que les deux organisations veuillent peser sur le débat politique et électoral. D’une part, en signifiant aux partis nationalistes que l’ouverture politique et la recherche de suffrages ont une limite : ne pas édulcorer ou minimiser les revendications fondamentales du nationalisme.
D’autre part, en indiquant aux militants, sympathisants et électeurs nationalistes dans le doute, la déception ou la frustration, que l’esprit et le fil d’un combat nationaliste offensif et conquérant existent encore et que leurs votes doivent aller aux listes semblant être les plus porteuses de ce combat. Il est par ailleurs probable que l’Union des Combattants et le 22 octobre, en suggérant qu’elle pourrait reprendre la main en cas de défaite des « politiques », cherchent à inciter les partis nationalistes à se faire des concessions afin d’assurer, au deuxième ou au troisième tour, la reconduction d’une majorité nationaliste.
Reste une inconnue : quel sera la teneur de l’analyse que l’Union des Combattants et le 22 octobre se sont engagés à publier « dans les semaines qui suivront les élections territoriales » ? Il n’est pas interdit de penser que les deux organisations feront de cette publication une sorte de quatrième tour des élections territoriales.
Soit en mettant une nouvelle majorité nationaliste en demeure de rester dans le sillon ouvert par un demi-siècle de lutte et d’agir avec détermination pour obtenir des avancées concrètes.
Soit en mettant en garde une majorité de droite contre tout tentative de détricoter les conquêtes institutionnelles et autres que le nationalisme a arraché durant les dernières décennies.



Pierre Corsi
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