Il faudrait que et il y aurait qu'à....
L'expression employée par une élue nationaliste en guise de bilan de mandature ne manque pas d'étonner
Il faudrait que et il y aurait qu’à…
L’expression employée par une élue nationaliste en guide de bilan de mandature ne manque pas d’étonner : « Il s’agit d’enclencher un cercle vertueux ». Entendons par « il s’agit » que cette dynamique vertueuse qui devrait diriger l’économie corse n’est toujours pas au rendez-vous après cinq ans de mandature. Fâcheux constat en vérité.
C’est la faute à pas de chance
Les nationalistes se sont assez vantés de leur victoire historique pour qu’aujourd’hui à l’heure du bilan ils ne puissent pas se plaindre de la sévérité des critiques. Comme prévu les premières années, il y a eu l’excuse de l’héritage, puis celui d’un état qui ne jouerait pas le jeu. Et aujourd’hui c’est la pandémie qui est agitée comme si elle n’avait touché que la Corse. Car le bilan économique est rude.
La Corse est la région qui supporte la plus forte dette par habitant de toute la France : 2370 euros contre une moyenne nationale de 658 euros que nous quadruplons. Notre dette s’élève à 879 millions d’euros pour un budget de 1,3 milliard, situation que Gilles Simeoni trouve « bonne ». Il fallait oser et il l’a fait. Nous sommes par ailleurs la région la plus aidée de France. 90 % de nos recettes viennent directement du budget national. Un tel endettement s’il a beaucoup augmenté ces dernières années est ancien ainsi que le relève fort justement Corse Matin et c’est justement cette progression qui est terriblement inquiétante contrairement à ce que prétend le président de l’exécutif. Déjà il y a onze ans, nous caracolions en tête avec un endettement de 1092 euros par habitant (aujourd’hui donc le double) loin devant le deuxième département le plus endetté, mais aussi le plus pauvre, le Pas-de-Calais qui accusait une dette de 351 euros par habitant.
L’autre problème est que nous sommes également une région qui cumule un nombre de fonctionnaires régionaux colossal (4439) et des dépenses de fonctionnement à la hauteur de cette armée qui nécessite 40 % du budget pour fonctionner au détriment des investissements. Pour le coup, il s’agit typiquement d’une économie coloniale, mais nous sommes nos propres colonisateurs avec bien entendu des perdants, mais aussi des gagnants.
Nos si chers élus
Il n’est pas question de sous-estimer le fameux héritage laissé par la droite et Paul Giacobbi.
Mais enfin, ça n’était nullement un secret. Par ailleurs, la dette a considérablement augmenté depuis cinq ans parce que faute de parvenir à mettre sur pied un appareil régional en bon ordre, l’exécutif a préféré embaucher en multipliant notamment les contrats de droit privé pour les postes les plus éminents. Non déterminant, mais diablement symbolique, il y a eu cette polémique sur l’augmentation de 45 % que les élus de l’assemblée se sont votés sans vergogne. L’indemnité mensuelle brute versée à chaque conseiller de l’Assemblée est donc 2 279,19 euros bruts (soit + 47 %). Celle des quatorze membres de la commission permanente (y compris les vice-présidents de l’Assemblée de Corse) se monte à 2 503,69 euros (soit + 56 %). Celle des conseillers exécutifs monte à 3 165,79 euros (soit + 45 %). Quant aux deux présidents, l’indemnité a tout simplement été doublée et atteint 7 895 € bruts contre 3 700 € auparavant (un peu plus qu’un député et plus que la moyenne des présidents de région en France : 5640 euros). La raison de cette augmentation substantielle à une période où les salaires de la Fonction publique sont bloqués depuis vingt ans est la fusion des départements et de la région et le travail supplémentaire. Et quand l’affaire est sortie dans la presse, tous les groupes sans exception ont hurlé à la démagogie au populisme tout en se lamentant sur les 19 % de la population corse qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et sur les 5000 de nos compatriotes qui vivent de l’aide alimentaire… Pensez que le salaire d’une infirmière débutante est de 1700 euros bruts. Cherchez l’erreur.
Tout cela ne vaudrait pas une ligne dans un journal si l’assemblée et l’exécutif avaient obtenu des résultats probants et notamment une économie substantielle sur les exercices précédents. Or c’est exactement le contraire qui s’est produit. Et de toute manière, il n’est jamais bon qu’une fonction élective devienne un moyen d’enrichissement.
Des contrats de droit privé
Et lorsqu’on se donne la peine de connaître les salaires des contractuels on est stupéfait par le montant des salaires : un chargé de mission touche 112 000 euros bruts annuels, somme identique à celle d’un directeur général des services ; la personne chargée des marchés publics environ 46 000 euros (les renseignements se trouvent sur Internet sur la page l’Expansion/l’Express).
De telles dépenses salariales pourraient ne pas être choquantes dans une région de plusieurs millions d’habitants. Elles sont caricaturales pour 300 000 habitants. Mais surtout, il faut le répéter, elles ne sont en rien justifiées par des résultats économiques. Cette façon de paraître faute de réussir n’est pas nouvelle.
Il paraît que c’était déjà un mal qui rongeait les Noble Douze, institution indigène mise en place par les Génois afin de mieux contrôler la Corse. Ah qu’il paraît difficile à mettre en place le « cercle vertueux ouvert sur l’avenir ». Le plus dommageable est que cette tare n’est pas spécifiquement nationaliste. Elle préexistait à leur victoire. Mais on pouvait s’attendre à une autre attitude de la part de ceux qui promettaient de mettre à bas les anciennes méthodes claniques.
GXC
L’expression employée par une élue nationaliste en guide de bilan de mandature ne manque pas d’étonner : « Il s’agit d’enclencher un cercle vertueux ». Entendons par « il s’agit » que cette dynamique vertueuse qui devrait diriger l’économie corse n’est toujours pas au rendez-vous après cinq ans de mandature. Fâcheux constat en vérité.
C’est la faute à pas de chance
Les nationalistes se sont assez vantés de leur victoire historique pour qu’aujourd’hui à l’heure du bilan ils ne puissent pas se plaindre de la sévérité des critiques. Comme prévu les premières années, il y a eu l’excuse de l’héritage, puis celui d’un état qui ne jouerait pas le jeu. Et aujourd’hui c’est la pandémie qui est agitée comme si elle n’avait touché que la Corse. Car le bilan économique est rude.
La Corse est la région qui supporte la plus forte dette par habitant de toute la France : 2370 euros contre une moyenne nationale de 658 euros que nous quadruplons. Notre dette s’élève à 879 millions d’euros pour un budget de 1,3 milliard, situation que Gilles Simeoni trouve « bonne ». Il fallait oser et il l’a fait. Nous sommes par ailleurs la région la plus aidée de France. 90 % de nos recettes viennent directement du budget national. Un tel endettement s’il a beaucoup augmenté ces dernières années est ancien ainsi que le relève fort justement Corse Matin et c’est justement cette progression qui est terriblement inquiétante contrairement à ce que prétend le président de l’exécutif. Déjà il y a onze ans, nous caracolions en tête avec un endettement de 1092 euros par habitant (aujourd’hui donc le double) loin devant le deuxième département le plus endetté, mais aussi le plus pauvre, le Pas-de-Calais qui accusait une dette de 351 euros par habitant.
L’autre problème est que nous sommes également une région qui cumule un nombre de fonctionnaires régionaux colossal (4439) et des dépenses de fonctionnement à la hauteur de cette armée qui nécessite 40 % du budget pour fonctionner au détriment des investissements. Pour le coup, il s’agit typiquement d’une économie coloniale, mais nous sommes nos propres colonisateurs avec bien entendu des perdants, mais aussi des gagnants.
Nos si chers élus
Il n’est pas question de sous-estimer le fameux héritage laissé par la droite et Paul Giacobbi.
Mais enfin, ça n’était nullement un secret. Par ailleurs, la dette a considérablement augmenté depuis cinq ans parce que faute de parvenir à mettre sur pied un appareil régional en bon ordre, l’exécutif a préféré embaucher en multipliant notamment les contrats de droit privé pour les postes les plus éminents. Non déterminant, mais diablement symbolique, il y a eu cette polémique sur l’augmentation de 45 % que les élus de l’assemblée se sont votés sans vergogne. L’indemnité mensuelle brute versée à chaque conseiller de l’Assemblée est donc 2 279,19 euros bruts (soit + 47 %). Celle des quatorze membres de la commission permanente (y compris les vice-présidents de l’Assemblée de Corse) se monte à 2 503,69 euros (soit + 56 %). Celle des conseillers exécutifs monte à 3 165,79 euros (soit + 45 %). Quant aux deux présidents, l’indemnité a tout simplement été doublée et atteint 7 895 € bruts contre 3 700 € auparavant (un peu plus qu’un député et plus que la moyenne des présidents de région en France : 5640 euros). La raison de cette augmentation substantielle à une période où les salaires de la Fonction publique sont bloqués depuis vingt ans est la fusion des départements et de la région et le travail supplémentaire. Et quand l’affaire est sortie dans la presse, tous les groupes sans exception ont hurlé à la démagogie au populisme tout en se lamentant sur les 19 % de la population corse qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et sur les 5000 de nos compatriotes qui vivent de l’aide alimentaire… Pensez que le salaire d’une infirmière débutante est de 1700 euros bruts. Cherchez l’erreur.
Tout cela ne vaudrait pas une ligne dans un journal si l’assemblée et l’exécutif avaient obtenu des résultats probants et notamment une économie substantielle sur les exercices précédents. Or c’est exactement le contraire qui s’est produit. Et de toute manière, il n’est jamais bon qu’une fonction élective devienne un moyen d’enrichissement.
Des contrats de droit privé
Et lorsqu’on se donne la peine de connaître les salaires des contractuels on est stupéfait par le montant des salaires : un chargé de mission touche 112 000 euros bruts annuels, somme identique à celle d’un directeur général des services ; la personne chargée des marchés publics environ 46 000 euros (les renseignements se trouvent sur Internet sur la page l’Expansion/l’Express).
De telles dépenses salariales pourraient ne pas être choquantes dans une région de plusieurs millions d’habitants. Elles sont caricaturales pour 300 000 habitants. Mais surtout, il faut le répéter, elles ne sont en rien justifiées par des résultats économiques. Cette façon de paraître faute de réussir n’est pas nouvelle.
Il paraît que c’était déjà un mal qui rongeait les Noble Douze, institution indigène mise en place par les Génois afin de mieux contrôler la Corse. Ah qu’il paraît difficile à mettre en place le « cercle vertueux ouvert sur l’avenir ». Le plus dommageable est que cette tare n’est pas spécifiquement nationaliste. Elle préexistait à leur victoire. Mais on pouvait s’attendre à une autre attitude de la part de ceux qui promettaient de mettre à bas les anciennes méthodes claniques.
GXC