Invité : Monseigneur François -Xavier Bustillo nouvel évêque de Corse
Désigné par le Pape François le 11 mai dernier, le nouveau Pasteur de Corse est frère Franciscain
« DONNER SANS COMPTER, PAS PRENDRE UNIQUEMENT »
Désigné par le Pape François le 11 mai dernier, le nouveau Pasteur de Corse est un frère franciscain. Il succède à Mgr. Olivier de Germay nommé Archevêque de Lyon et Primat des Gaules en octobre dernier par le Pape François. L’Ordre Franciscain a beaucoup apporté en Corse. Mgr. Bustillo est le 34ème évêque de cet ordre en Corse et le 11ème
évêque Franciscain pour la ville d’Ajaccio. En raison de la pandémie, un quota de 180 fidèles était prévu pour la célébration, la messe étant diffusée en direct au Casone sur écran géant pour les autres avec une jauge de 800 places assises sans réservation.
Il émane de Mgr. Bustillo gaîté, simplicité, naturel et une modestie étonnante. Il est d’un calme extraordinaire, à l’écoute et dans ses paroles apaisantes, dans sa façon d’être, apporte une paix et une sérénité absolue. Lorsque l’on aborde « l’ordre mendiant » dont il est issu, il est lumineux. C’est un ordre proche de la pauvreté et qui a toujours fait montre d’humilité et de partage. Aujourd’hui, en Corse comme ailleurs dans le monde, nous avons absolument besoin des Franciscains pour nous aider à réfléchir et revenir aux fondamentaux. Ils nous permettront peut-être de nous éloigner un peu de ces miroirs aux alouettes de la société de consommation qui nous rend tous si agressifs.
LES ANNÉES REMUE-MÉNAGE
Mgr. Bustillo est né en 1968, une époque charnière de constations contre des injustices sociales fondées certes, mais générant beaucoup de violence. Une époque où la société devenait société de consommation. Il y eut « la révolution des fleurs » où tout et n’importe quoi était permis. Une période dans laquelle les jeunes rejetaient en bloc la société « d’avant » ne se retrouvant pas dans la nouvelle. Une période sans doute cruelle pour ceux qui cherchaient des réponses à leurs questions sans en trouver. Finalement le calme est revenu mais tout n’est pas rentré dans l’ordre. Ces jeunes gens sont devenus parents et beaucoup de valeurs ont été mises au rencart. Résultat : le matérialisme et le consumérisme ont pris le dessus. Aujourd’hui on « marcherait sur des cadavres » pour parvenir à ses fins, pour gagner, mais gagner quoi au juste ? Ce n’est pas comme cela qu’une société saine fonctionne et ces jeunes qui posent des questions sur le devenir ont besoin avant tout d’être rassurés et ont droit à des réponses concrètes et intelligentes. C’est ainsi que Mgr. Bustillo voit les choses.
FAMILLE ET VOCATION
Il est d’une famille catholique avec des frères et sœurs comme d’autres et il nous vient de cette Navarre qui a tant de similitudes avec notre belle île de Corse. Ces montagnes et la proximité avec la mer lui rappelle son Pays Basque. Lui aussi a connu les joies de l’adolescence, les copains, les amis, mais, après mûres réflexions, il s’est donné au partage inconditionnel de l’amour, le vrai, pour son plus grand bonheur. Il a voulu comme le Christ et Saint-François d’Assise donner, offrir, pas seulement prendre.
LES ARMÉES DE PAIX DU SEIGNEUR
Au bout d’un an de noviciat, parce qu’il faut être sûr de soi et « ne pas se planter » comme dit Mgr. Bustillo, il signe à l’institut catholique San Antonio Dottore de Toulouse. Aujourd’hui à 53 ans, il n’en a aucun regret. En entrant dans l’ordre franciscain il y a 35 ans, il recherchait avant tout un modèle de vie libre et de fraternité telle que Saint-François la voulait. Une mission de contact relationnel épurée, dépourvue de jugement précaire permettant de se dépasser et dépasser tous les clivages. Son but, consacrer sa vie à donner, partager, écouter et c’est toujours d’actualité. Il vient de quitter le couvent Saint-Maximilien Kolbe de Lourdes dont il était le gardien pour se rendre en terre de Corse où le Pape François l’a nommé évêque. Cette Corse qui est aussi turbulente que son Pays Basque, une terre de « Pierres Vivantes », de traditions, de générosité et de partages chevillés au corps. Mais également une terre de contrastes entre traditions profanes et pratiques catholiques. Mgr. Bustillo est venu délivrer un message de paix aux Corses et de toutes façons, il l’a dit, il sera l’évêque de tous pratiquants ou non.
Le 13 juin le jour de la Saint-Antoine de Padoue un autre franciscain, vous serez le 34ème
évêque franciscain de Corse à 53 ans ?
Il y a eu en effet 34 prédécesseurs franciscains, mais la coïncidence veut qu’il y ait eu un évêque franciscain nommé le même jour que moi, c’était un 13 juin 1312 c’est un signe.
Lorsque vous étiez enfant quel secteur d’activité vous attirait le plus ?
J’étais séduit par l’enseignement, je voulais enseigner, transmettre. C’était une passion pour moi, aider les autres, leur apporter quelque chose.
Qui vous a inscrit à l’Institut San Antonio Dottore ?
Moi tout seul à 18 ans j’étais « branché » par la théologie et je me suis inscrit pour suivre les cours durant une année de noviciat et de « réflexion ». Ont suivi les études académiques théologiques et philosophiques durant 6 ans sous l’enseignement d’un maître-novice, un « coach » comme on dit chez les laïques. Je me suis tout de suite senti bien et en paix dans le domaine de l’église.
Quand avez-vous senti l’appel de l’Esprit Saint et pourquoi « l’Ordre Mendiant » de la communauté franciscaine ?
J’étais très attiré par le modèle de vie libre de Saint-François d’Assise, lui qui avait décidé d’épouser « Dame Pauvreté ». Cet esprit de fraternité, de simplicité, de paix dans le relationnel que l’on rencontre chez les franciscains m’a emballé. Saint-François bien avant l’heure avait élevé les animaux au rang de « frères de l’homme » les considérant comme des créatures vivantes de Dieu, il en est du reste le saint patron. Dans cet ordre tout le monde travaille et ce qui m’a plu avant tout c’est le rejet du jugement préconçu et le fait de ne pas être donneur de leçons.
Vous êtes né en Espagne région de la Navarre ?
Exact, je viens du Pays Basque qui possède des montagnes, une proximité avec la mer un peu comme la Corse, sauf qu’ici où que l’on se tourne la mer on la voit partout c’est une île. La Corse comme le Pays Basque a une forte culture, une langue et des traditions bien enracinées. Les corses ont le don de la fraternité et de la solidarité ce sont des repères dont la société a bien besoin.
En quoi consiste le métier d’évêque ?
Quand il a dit oui l’évêque se doit d’assumer son oui. Lorsque j’ai signé chez les Franciscains j’ai accepté de donner ma vie. C’est une sorte de paternité, d’attention à l’autre, le suivre, s’en occuper, ne pas le laisser tomber. L’évêque doit susciter la vie partout, chez les prêtres, les diacres, tous les religieux. Dans l’avenir je crois à un retour au sacré et à la spiritualité, les croyants et non croyants sont en demande.
Vous allez essaimer à la rencontre des jeunes entre autres, dans les institutions religieuses, si on vous invite dans des établissements laïques irez-vous ?
Absolument, je suis à la disposition de tous les corses si l’on m’invite dans un établissement laïque je viendrais.
RCF est un excellent média. N’y aurait-il pas une possibilité d’émission genre « ligne ouverte » pour les auditeurs qui s’adresseraient à vous et auxquels vous pourriez répondre ?
Pourquoi pas, une sorte de Contact-Rencontre avec des questions existentielles sur la foi, Dieu. Beaucoup de personnes sont dans l’ignorance et l’athéité. De la discussion jaillit la lumière, il faut savoir écouter, les gens ont soif de réponses. Mandela disait : « Ne rêvez pas petit » il avait raison. La capacité de l’espèce humaine à se dépasser certains l’ont eu tel le président Mandela, soit en temps de guerre, d’autres en temps de paix. Elle leur a permis de ne pas se sentir exclus, incapables d’agir et réduits à la dépendance. Il n’y a qu’au prix de ces efforts et en cohésion avec la société qu’on évite les embûches et la marginalisation.
L’habit franciscain se nomme la Bure et la corde blanche qui vous ceint la taille comporte trois nœuds pourquoi ?
Bure signifie « long vêtement en forme de croix ». La bure a une forte portée symbolique et spirituelle, elle est portée lors de fêtes ou de rassemblements par tous les Franciscains. Les trois nœuds de cette corde servent à rappeler les trois vœux évangéliques qui sont la base de la vie monastique : pauvreté, chasteté et obéissance avec la Croix de Saint-François.
Nelson Mandela voulait rassembler, idem pour Mgr. Bustillo qui est venu en homme de paix et de réconciliation.
Interview Danielle Campinchi
La cérémonie a été diffusée sur : facebook Eglise de Corse
facebook KTO –
Youtube KTO - Youtube Eglise de Corse -
Désigné par le Pape François le 11 mai dernier, le nouveau Pasteur de Corse est un frère franciscain. Il succède à Mgr. Olivier de Germay nommé Archevêque de Lyon et Primat des Gaules en octobre dernier par le Pape François. L’Ordre Franciscain a beaucoup apporté en Corse. Mgr. Bustillo est le 34ème évêque de cet ordre en Corse et le 11ème
évêque Franciscain pour la ville d’Ajaccio. En raison de la pandémie, un quota de 180 fidèles était prévu pour la célébration, la messe étant diffusée en direct au Casone sur écran géant pour les autres avec une jauge de 800 places assises sans réservation.
Il émane de Mgr. Bustillo gaîté, simplicité, naturel et une modestie étonnante. Il est d’un calme extraordinaire, à l’écoute et dans ses paroles apaisantes, dans sa façon d’être, apporte une paix et une sérénité absolue. Lorsque l’on aborde « l’ordre mendiant » dont il est issu, il est lumineux. C’est un ordre proche de la pauvreté et qui a toujours fait montre d’humilité et de partage. Aujourd’hui, en Corse comme ailleurs dans le monde, nous avons absolument besoin des Franciscains pour nous aider à réfléchir et revenir aux fondamentaux. Ils nous permettront peut-être de nous éloigner un peu de ces miroirs aux alouettes de la société de consommation qui nous rend tous si agressifs.
LES ANNÉES REMUE-MÉNAGE
Mgr. Bustillo est né en 1968, une époque charnière de constations contre des injustices sociales fondées certes, mais générant beaucoup de violence. Une époque où la société devenait société de consommation. Il y eut « la révolution des fleurs » où tout et n’importe quoi était permis. Une période dans laquelle les jeunes rejetaient en bloc la société « d’avant » ne se retrouvant pas dans la nouvelle. Une période sans doute cruelle pour ceux qui cherchaient des réponses à leurs questions sans en trouver. Finalement le calme est revenu mais tout n’est pas rentré dans l’ordre. Ces jeunes gens sont devenus parents et beaucoup de valeurs ont été mises au rencart. Résultat : le matérialisme et le consumérisme ont pris le dessus. Aujourd’hui on « marcherait sur des cadavres » pour parvenir à ses fins, pour gagner, mais gagner quoi au juste ? Ce n’est pas comme cela qu’une société saine fonctionne et ces jeunes qui posent des questions sur le devenir ont besoin avant tout d’être rassurés et ont droit à des réponses concrètes et intelligentes. C’est ainsi que Mgr. Bustillo voit les choses.
FAMILLE ET VOCATION
Il est d’une famille catholique avec des frères et sœurs comme d’autres et il nous vient de cette Navarre qui a tant de similitudes avec notre belle île de Corse. Ces montagnes et la proximité avec la mer lui rappelle son Pays Basque. Lui aussi a connu les joies de l’adolescence, les copains, les amis, mais, après mûres réflexions, il s’est donné au partage inconditionnel de l’amour, le vrai, pour son plus grand bonheur. Il a voulu comme le Christ et Saint-François d’Assise donner, offrir, pas seulement prendre.
LES ARMÉES DE PAIX DU SEIGNEUR
Au bout d’un an de noviciat, parce qu’il faut être sûr de soi et « ne pas se planter » comme dit Mgr. Bustillo, il signe à l’institut catholique San Antonio Dottore de Toulouse. Aujourd’hui à 53 ans, il n’en a aucun regret. En entrant dans l’ordre franciscain il y a 35 ans, il recherchait avant tout un modèle de vie libre et de fraternité telle que Saint-François la voulait. Une mission de contact relationnel épurée, dépourvue de jugement précaire permettant de se dépasser et dépasser tous les clivages. Son but, consacrer sa vie à donner, partager, écouter et c’est toujours d’actualité. Il vient de quitter le couvent Saint-Maximilien Kolbe de Lourdes dont il était le gardien pour se rendre en terre de Corse où le Pape François l’a nommé évêque. Cette Corse qui est aussi turbulente que son Pays Basque, une terre de « Pierres Vivantes », de traditions, de générosité et de partages chevillés au corps. Mais également une terre de contrastes entre traditions profanes et pratiques catholiques. Mgr. Bustillo est venu délivrer un message de paix aux Corses et de toutes façons, il l’a dit, il sera l’évêque de tous pratiquants ou non.
Le 13 juin le jour de la Saint-Antoine de Padoue un autre franciscain, vous serez le 34ème
évêque franciscain de Corse à 53 ans ?
Il y a eu en effet 34 prédécesseurs franciscains, mais la coïncidence veut qu’il y ait eu un évêque franciscain nommé le même jour que moi, c’était un 13 juin 1312 c’est un signe.
Lorsque vous étiez enfant quel secteur d’activité vous attirait le plus ?
J’étais séduit par l’enseignement, je voulais enseigner, transmettre. C’était une passion pour moi, aider les autres, leur apporter quelque chose.
Qui vous a inscrit à l’Institut San Antonio Dottore ?
Moi tout seul à 18 ans j’étais « branché » par la théologie et je me suis inscrit pour suivre les cours durant une année de noviciat et de « réflexion ». Ont suivi les études académiques théologiques et philosophiques durant 6 ans sous l’enseignement d’un maître-novice, un « coach » comme on dit chez les laïques. Je me suis tout de suite senti bien et en paix dans le domaine de l’église.
Quand avez-vous senti l’appel de l’Esprit Saint et pourquoi « l’Ordre Mendiant » de la communauté franciscaine ?
J’étais très attiré par le modèle de vie libre de Saint-François d’Assise, lui qui avait décidé d’épouser « Dame Pauvreté ». Cet esprit de fraternité, de simplicité, de paix dans le relationnel que l’on rencontre chez les franciscains m’a emballé. Saint-François bien avant l’heure avait élevé les animaux au rang de « frères de l’homme » les considérant comme des créatures vivantes de Dieu, il en est du reste le saint patron. Dans cet ordre tout le monde travaille et ce qui m’a plu avant tout c’est le rejet du jugement préconçu et le fait de ne pas être donneur de leçons.
Vous êtes né en Espagne région de la Navarre ?
Exact, je viens du Pays Basque qui possède des montagnes, une proximité avec la mer un peu comme la Corse, sauf qu’ici où que l’on se tourne la mer on la voit partout c’est une île. La Corse comme le Pays Basque a une forte culture, une langue et des traditions bien enracinées. Les corses ont le don de la fraternité et de la solidarité ce sont des repères dont la société a bien besoin.
En quoi consiste le métier d’évêque ?
Quand il a dit oui l’évêque se doit d’assumer son oui. Lorsque j’ai signé chez les Franciscains j’ai accepté de donner ma vie. C’est une sorte de paternité, d’attention à l’autre, le suivre, s’en occuper, ne pas le laisser tomber. L’évêque doit susciter la vie partout, chez les prêtres, les diacres, tous les religieux. Dans l’avenir je crois à un retour au sacré et à la spiritualité, les croyants et non croyants sont en demande.
Vous allez essaimer à la rencontre des jeunes entre autres, dans les institutions religieuses, si on vous invite dans des établissements laïques irez-vous ?
Absolument, je suis à la disposition de tous les corses si l’on m’invite dans un établissement laïque je viendrais.
RCF est un excellent média. N’y aurait-il pas une possibilité d’émission genre « ligne ouverte » pour les auditeurs qui s’adresseraient à vous et auxquels vous pourriez répondre ?
Pourquoi pas, une sorte de Contact-Rencontre avec des questions existentielles sur la foi, Dieu. Beaucoup de personnes sont dans l’ignorance et l’athéité. De la discussion jaillit la lumière, il faut savoir écouter, les gens ont soif de réponses. Mandela disait : « Ne rêvez pas petit » il avait raison. La capacité de l’espèce humaine à se dépasser certains l’ont eu tel le président Mandela, soit en temps de guerre, d’autres en temps de paix. Elle leur a permis de ne pas se sentir exclus, incapables d’agir et réduits à la dépendance. Il n’y a qu’au prix de ces efforts et en cohésion avec la société qu’on évite les embûches et la marginalisation.
L’habit franciscain se nomme la Bure et la corde blanche qui vous ceint la taille comporte trois nœuds pourquoi ?
Bure signifie « long vêtement en forme de croix ». La bure a une forte portée symbolique et spirituelle, elle est portée lors de fêtes ou de rassemblements par tous les Franciscains. Les trois nœuds de cette corde servent à rappeler les trois vœux évangéliques qui sont la base de la vie monastique : pauvreté, chasteté et obéissance avec la Croix de Saint-François.
Nelson Mandela voulait rassembler, idem pour Mgr. Bustillo qui est venu en homme de paix et de réconciliation.
Interview Danielle Campinchi
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