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Résidence des îles : Les riverains durcissent le ton !

Simopne Maisetti, responsable de l'association des habitants de la Résidence des îles et des environs
Résidence des Îles : les riverains durcissent le ton !


Réunis au sein d’une même association, les habitants de la Résidence des Îles, située route des Sanguinaires à Ajaccio, donnaient une conférence de presse en fin de semaine dernière. Objectif, alerter l’opinion publique sur les risques encourus à la suite d’un permis de construire octroyé en contrebas du Chypre II contre lequel l’association se bat depuis de longs mois…


Depuis une dizaine d’années, les riverains de la Résidence des Îles alertent la municipalité et l’État sur la dangerosité de certaines zones. La friabilité de la roche impliquant des risques d’éboulements et ravinement constitue, il est vrai, une vive inquiétude pour les habitants. Depuis 2018, date du dépôt de la seconde demande de permis de construire du propriétaire des parcelles CI 76 et CI 77 situées en contrebas du Chypre II, l’inquiétude s’est considérablement accrue. En cause, la construction future, sur ce site, d’un immeuble de 21 mètres (6 étages et 27 logements) et des travaux qui devraient débuter sous peu. « Un site classé en 2011 par la Préfecture en « grand aléa d’éboulement et de ravinement » clame – t-on du côté des riverains, et de ce fait, non constructible. Pourtant, en 2015, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) a procédé à une deuxième étude portant uniquement sur les chutes de bloc avec les deux seules parcelles 76 et 77 concernées. Une étude qui a permis de déclasser la zone en « aléa faible » alors qu’elle était au préalable en zone rouge (grand aléa d’éboulement et ravinement…).

Les responsables de l’association pointent du doigt le fait que les études ne concernent que les zones dites naturelles et non les parties privatives de la résidence. « Tout le problème vient de là, pestent – ils, si les deux parcelles pourraient être protégées d’éventuelles chutes de blocs, les risques restent présents ailleurs, là où justement, aucune étude n’a été effectuée. On nous dit concernant la falaise située juste derrière le Chypre II, de disposer des capteurs... »


L’État en arbitre ?

De son côté, la municipalité avoue avoir tout fait d’un point de vue juridique pour refuser le permis. « Pourquoi, n’a t -elle pas, lors de l’élaboration du PLU, classé simplement ces deux parcelles en « Espace Boisé » comme cela a été fait sur les parcelles attenantes dont une est classée en Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et un en Espace Remarquable du Padduc ?

« De fait, le premier refus a été annulé en 2018 par le Tribunal Administratif de Bastia, les moyens évoqués n’ayant pas été jugés pertinents. Quant au second, le tribunal n’a pu délibérer sur le fond au regard de la procédure administrative... »


Une lettre ouverte aux candidats

Pour les riverains, qui représentent une quinzaine d’immeubles et plus de 6000 habitants, la motivation première reste la dangerosité et les risques pour la sécurité des biens et des habitants. « Les habitants du Chypre II ont déjà été frappés d’un péril en la demeure, ils ont dû évacuer les lieux en pleine nuit pour être logés deux mois à l’hôtel. À cela, s’ajoute des infiltrations d’eaux pluviales au Sicile (7 sources ont été recensés sur les Crêtes)... La perspective d’un nouvel immeuble à côté avec la création de sous-sol nécessitant l’utilisation de la dynamite nous inquiète au plus haut point...Nous en appelons au principe de prévention. D’autant que sur une parcelle voisine, le projet de cinq immeubles et plus de 200 logements est inscrit au PLU. Le tout pouvant permettre d’envisager la création d’une route reliant le Parc Berthault à la Résidence des Îles. Une route qui pourrait sortir dans le virage à proximité du futur immeuble. Un véritable cataclysme pour la Résidence...»

À cela, s’ajoutent également des sommes astronomiques déjà dépensées par les copropriétaires afin d’éviter de nouveaux périls en la demeure...

La balle est peut-être dans le camp de l’État, habilité à trancher dans le bon sens dans cette affaire. En attendant, l’association a envoyé une lettre ouverte à chacun des candidats aux élections territoriales...

Simone Maisetti, responsable de l’association des habitants de la Résidence des Îles et des environs


« Nous allons solliciter l’État et les candidats à la future Collectivité de Corse afin de sanctuariser, protéger cette zone et faire en sorte que les personnes ne soient plus en danger»


-Quelle est la genèse de ce conflit ?

Tout a commencé il y a deux ans lors de l’élaboration du PLU. Nous avons appris, à cette occasion, qu’un projet de route devait faire le lien entre le Parc Berthault et la Résidence des Îles. Nous nous sommes donc montés en collectif avec pour objectif de nous opposer à ce projet. Tous les habitants se sont associés à notre démarche ce qui représente les quinze immeubles et près de 4000 personnes. Nous avons essayé de contrer tous les projets prévus au PLU notamment la création de plus de 200 logements entre le Parc Berthault et la Résidence des Îles.


-Que reprochez – vous à la Municipalité ?

Elle ne tient pas compte, aujourd’hui, de la dangerosité du site. Elle a pourtant été alerté depuis deux ans puisqu’au niveau du Chypre II, des travaux de confortement sont nécessaires à hauteur de 400000 euros. Aujourd’hui, on fait fi de ce danger, des risques pour les personnes et les biens, Je tiens par ailleurs à préciser que nous avons sollicité la municipalité avant que le permis de construire ne soit attribué, afin d’avoir une réunion. Elle s’est déroulée le mardi 8 juin dernier. Nous avons, à cette occasion, rencontré madame Ottavi, adjointe déléguée à l’urbanisme mais lors de cette réunion, rien n’a abouti. La mairie refuse de modifier son PLU, ni d’appuyer nos démarches auprès de l’État qui est seul compétent pour modifier le Plan de Prévention des Risques Naturels. Elle ne veut pas non plus, à la demande de Mr Farucci, lui octroyer un autre terrain afin qu’il construise ailleurs. Elle affiche qu’elle s’est opposée à deux reprises au permis de construire, ce qui est juste mais dans les faits et sur le fond, pas vraiment. Il lui suffisait de préciser qu’il s’agissait d’une zone dangereuse, qu’elle classe cette zone en espace boisé puisque l’ensemble des terrains sont, ici, en espace boisé et qu’il y a une zone SNIEF espace remarquable au-dessus. Sa volonté n’était donc pas de s’opposer au permis de construire, elle a simplement fait un affichage.


-Quelles sont vos revendications ?

Nous allons essayer de contrer ce permis au niveau du tribunal. Notre seul moyen pour obtenir gain de cause, c’est de solliciter l’État et d’en appeler aux candidats à la Collectivité de Corse pour que cette zone soit enfin sanctuarisée, protégée et surtout que les personnes ne soient plus en danger car le danger est bien réel. Il y a tout de même eu des périls en la demeure dans différents immeubles (Sicile, Chypre II), il y a des éboulements derrière le Chypre I et au Crète. Nous avons été déclassés à deux reprises. Nous étions en grand aléa et nous sommes passés en aléa moyen. Et je tiens à dire que c’est à la demande de Mr Farucci que le Plan de Prévention des Risques a été modifié et sur ses deux seuls terrains. Je trouve tout de même cette opportunité assez particulière.


Quelles suites envisagez- vous de donner ?

Action juridique bien évidemment mais également la sollicitation de Mr le Préfet et des élus…

Interview réalisée par Philippe Peraut
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