Territoriales : et maintenant que doivent-ils faire ?
Les élus qui siègent désormais à l'Assemblée de Corse ont tous été " bien élus" et sont incontestablement représentatifs.
Territoriales : et maintenant que doivent-ils faire ?
Les élus qui siègent désormais à l’Assemblée de Corse ont tous été « bien élus » et sont incontestablement représentatifs. Il appartient désormais à chacune des parties d’être à la hauteur de la confiance que l’électorat lui a témoigné.
La liste Fà Populu Inseme est arrivée en tête du deuxième tour des élections territoriales avec 40,64% des suffrages (55 548 voix). Ce résultat a assuré à Gilles Simeoni la majorité absolue à l'Assemblée de Corse (32 sièges) et sa réélection à la présidence du Conseil exécutif sans devoir composer avec quiconque. Gilles Simeoni a atteint le double objectif qu’il s’était fixé quelques mois avant les élections municipales (dès juillet 2019) : faire cavalier seul et obtenir que ce choix soit plébiscité par la majorité de l’électorat nationaliste et plus largement par une majorité très significative d’électeurs. La liste Un soffiu novu a capté 32,02% des suffrage (43 766 voix). Elle compte 17 élus.
Ce résultat représente le premier échec électoral de Laurent Marcangeli. Ce dernier peut toutefois se féliciter de quelques réussites. S‘être construit une notoriété au-delà des limites de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien. Avoir fait franchir le col de Vizzavona au monde politique ajaccien. Avoir rassemblé autour de son nom la quasi totalité de la droite politique. Disposer de 17 sièges à l’Assemblée de Corse qui, s’ils respectent leurs engagement et assument leur mandat, représenteront une force d’opposition et de proposition non négligeable et un socle électoral consistant dans la perspective de futures batailles électorales. La liste Avanzemu Pè a Corsica a obtenu 15,07 % des suffrages (20 604 voix).
Le Partitu di a Nazione Corsa (7) et Corsica Libera (1) se partagent 8 élus. Jean-Christophe Angelini n’a pas atteint ses objectifs affichés de premier tour. Son offre d’incarner une gestion plus opérationnelle et pragmatique de la Collectivité de Corse n’a que très partiellement suscité l’adhésion de l’électorat. Il n’a pas réussi à priver Gilles Simeoni de la possibilité de gouverner seul et à prévenir une hégémonie de Fà Populu Inseme. Lors du deuxième tour, il n’a pas réalisé l’objectif de susciter une dynamique en intégrant à sa liste des candidats de Corsica Libera. La liste Core In Fronte a réalisé un résultat à deux chiffres. Elle a obtenu 12,26 % des suffrages (16 762 voix). Tout comme Gilles Simeoni, Paul-Félix Benedetti peut être totalement satisfait. Il est de retour à l’Assemblée de Corse. Sa liste qui a progressé de 4 points au deuxième tour, compte 6 élus et Core in Fronte entre pour la première fois et par la grande porte à l’Assemblée de Corse. Paul-Félix Benedetti est ainsi en mesure de défendre au niveau institutionnel le message d’un patriotisme qui se veut exigeant aussi bien dans le rapport de force avec Paris que dans la prise en compte de la question sociale.
Le devoir d’être à la hauteur
Les élus qui siègent désormais à l’Assemblée de Corse et ceux qui assument les fonctions exécutives ont tous été « bien élus » et sont incontestablement représentatifs car la participation au deuxième tour (58,91%) est supérieure de 5 points à celle du deuxième tour du scrutin de décembre 2017 (52,63%) et dépasse de 23 points celle relevée à l’échelle nationale (35,70%) ; car les trois mouvances qui se réclament du nationalisme à l’Assemblée de Corse ont totalisé plus de 68 % des suffrages et remporté un troisième scrutin territorial ; car il existe une opposition conséquente, politiquement bien identifiée et incarnée par un leader. Il appartient donc désormais à chacune des parties d’être à la hauteur de la confiance que l’électorat lui a témoigné.
La majorité siméoniste sera au pied du mur sous les regards emplis d’attentes et d’espoirs de ses électeurs, ouverts mais méfiants de ses opposants, attentifs et exigeants des clandestins En effet, disposant de la majorité absolue, elle sera créditée des réussites et comptable des échecs. Elle va donc devoir s’employer à mener à bien un dialogue apaisé et constructif avec l’État en vue d’obtenir un processus de solution politique et d’évolution institutionnelle. Elle sera aussi et surtout confrontée à l’impératif de proposer rapidement des solutions à des problématiques lourdes : territoires en mal d’écoute et d’interlocuteurs, lourdeurs administratives et endettement de la Collectivité de Corse, traitement des déchets, constitution de monopoles économiques, spéculation immobilière, dérive vers le tout tourisme, creusement des inégalités sociales, développement de la précarité et de la pauvreté, effective corsisation des emplois, revitalisation rurale, valorisation concrète de la langue corse…
Laurent Marcangeli et ses partisans ne devront pas se borner à contester la politique de la majorité siméoniste. Pour espérer pouvoir un jour la devancer, il leur faudra démontrer qu’ils ont compris la volonté d’une majorité de Corses d’aller vers davantage de spécificité institutionnelle, de protection de l’environnement et aussi d’avancées sociales dans des domaines tels que l’accession au logement ou à l’emploi.
Il convient par ailleurs de noter que Laurent Marcangeli aura peut-être l’opportunité d’être un interlocuteur incontournable et sinon majeur d’une évolution institutionnelle tel que l’a été José Rossi, et ce surtout si, dans un an, les scrutins présidentiel et législatif portent à l’Élysée Xavier Bertrand , Valérie Pécresse ou même Emmanuel Macron.
Jean-Christophe Angelini va devoir se réinventer. Il est en effet dans l’obligation de trouver un positionnement qui lui permettra de concilier un attachement revendiqué aux fondamentaux du nationalisme et une volonté d’ouverture politique. Et ce en se différenciant positivement d’un Gilles Simeoni qui vient de démontrer son savoir faire en la matière !
Enfin, Paul-Félix Benedetti devra ne pas se laisser enfermer dans le rôle auquel semblent vouloir le confiner beaucoup de commentateurs politiques : l’indépendantiste de service. Il lui faudra ne pas oublier qu’une grande part de sa réussite a résulté de sa capacité d’incarner une voie corse vers la justice sociale.
Pierre Corsi
Les élus qui siègent désormais à l’Assemblée de Corse ont tous été « bien élus » et sont incontestablement représentatifs. Il appartient désormais à chacune des parties d’être à la hauteur de la confiance que l’électorat lui a témoigné.
La liste Fà Populu Inseme est arrivée en tête du deuxième tour des élections territoriales avec 40,64% des suffrages (55 548 voix). Ce résultat a assuré à Gilles Simeoni la majorité absolue à l'Assemblée de Corse (32 sièges) et sa réélection à la présidence du Conseil exécutif sans devoir composer avec quiconque. Gilles Simeoni a atteint le double objectif qu’il s’était fixé quelques mois avant les élections municipales (dès juillet 2019) : faire cavalier seul et obtenir que ce choix soit plébiscité par la majorité de l’électorat nationaliste et plus largement par une majorité très significative d’électeurs. La liste Un soffiu novu a capté 32,02% des suffrage (43 766 voix). Elle compte 17 élus.
Ce résultat représente le premier échec électoral de Laurent Marcangeli. Ce dernier peut toutefois se féliciter de quelques réussites. S‘être construit une notoriété au-delà des limites de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien. Avoir fait franchir le col de Vizzavona au monde politique ajaccien. Avoir rassemblé autour de son nom la quasi totalité de la droite politique. Disposer de 17 sièges à l’Assemblée de Corse qui, s’ils respectent leurs engagement et assument leur mandat, représenteront une force d’opposition et de proposition non négligeable et un socle électoral consistant dans la perspective de futures batailles électorales. La liste Avanzemu Pè a Corsica a obtenu 15,07 % des suffrages (20 604 voix).
Le Partitu di a Nazione Corsa (7) et Corsica Libera (1) se partagent 8 élus. Jean-Christophe Angelini n’a pas atteint ses objectifs affichés de premier tour. Son offre d’incarner une gestion plus opérationnelle et pragmatique de la Collectivité de Corse n’a que très partiellement suscité l’adhésion de l’électorat. Il n’a pas réussi à priver Gilles Simeoni de la possibilité de gouverner seul et à prévenir une hégémonie de Fà Populu Inseme. Lors du deuxième tour, il n’a pas réalisé l’objectif de susciter une dynamique en intégrant à sa liste des candidats de Corsica Libera. La liste Core In Fronte a réalisé un résultat à deux chiffres. Elle a obtenu 12,26 % des suffrages (16 762 voix). Tout comme Gilles Simeoni, Paul-Félix Benedetti peut être totalement satisfait. Il est de retour à l’Assemblée de Corse. Sa liste qui a progressé de 4 points au deuxième tour, compte 6 élus et Core in Fronte entre pour la première fois et par la grande porte à l’Assemblée de Corse. Paul-Félix Benedetti est ainsi en mesure de défendre au niveau institutionnel le message d’un patriotisme qui se veut exigeant aussi bien dans le rapport de force avec Paris que dans la prise en compte de la question sociale.
Le devoir d’être à la hauteur
Les élus qui siègent désormais à l’Assemblée de Corse et ceux qui assument les fonctions exécutives ont tous été « bien élus » et sont incontestablement représentatifs car la participation au deuxième tour (58,91%) est supérieure de 5 points à celle du deuxième tour du scrutin de décembre 2017 (52,63%) et dépasse de 23 points celle relevée à l’échelle nationale (35,70%) ; car les trois mouvances qui se réclament du nationalisme à l’Assemblée de Corse ont totalisé plus de 68 % des suffrages et remporté un troisième scrutin territorial ; car il existe une opposition conséquente, politiquement bien identifiée et incarnée par un leader. Il appartient donc désormais à chacune des parties d’être à la hauteur de la confiance que l’électorat lui a témoigné.
La majorité siméoniste sera au pied du mur sous les regards emplis d’attentes et d’espoirs de ses électeurs, ouverts mais méfiants de ses opposants, attentifs et exigeants des clandestins En effet, disposant de la majorité absolue, elle sera créditée des réussites et comptable des échecs. Elle va donc devoir s’employer à mener à bien un dialogue apaisé et constructif avec l’État en vue d’obtenir un processus de solution politique et d’évolution institutionnelle. Elle sera aussi et surtout confrontée à l’impératif de proposer rapidement des solutions à des problématiques lourdes : territoires en mal d’écoute et d’interlocuteurs, lourdeurs administratives et endettement de la Collectivité de Corse, traitement des déchets, constitution de monopoles économiques, spéculation immobilière, dérive vers le tout tourisme, creusement des inégalités sociales, développement de la précarité et de la pauvreté, effective corsisation des emplois, revitalisation rurale, valorisation concrète de la langue corse…
Laurent Marcangeli et ses partisans ne devront pas se borner à contester la politique de la majorité siméoniste. Pour espérer pouvoir un jour la devancer, il leur faudra démontrer qu’ils ont compris la volonté d’une majorité de Corses d’aller vers davantage de spécificité institutionnelle, de protection de l’environnement et aussi d’avancées sociales dans des domaines tels que l’accession au logement ou à l’emploi.
Il convient par ailleurs de noter que Laurent Marcangeli aura peut-être l’opportunité d’être un interlocuteur incontournable et sinon majeur d’une évolution institutionnelle tel que l’a été José Rossi, et ce surtout si, dans un an, les scrutins présidentiel et législatif portent à l’Élysée Xavier Bertrand , Valérie Pécresse ou même Emmanuel Macron.
Jean-Christophe Angelini va devoir se réinventer. Il est en effet dans l’obligation de trouver un positionnement qui lui permettra de concilier un attachement revendiqué aux fondamentaux du nationalisme et une volonté d’ouverture politique. Et ce en se différenciant positivement d’un Gilles Simeoni qui vient de démontrer son savoir faire en la matière !
Enfin, Paul-Félix Benedetti devra ne pas se laisser enfermer dans le rôle auquel semblent vouloir le confiner beaucoup de commentateurs politiques : l’indépendantiste de service. Il lui faudra ne pas oublier qu’une grande part de sa réussite a résulté de sa capacité d’incarner une voie corse vers la justice sociale.
Pierre Corsi