Une victoire incontestable du nationalisme corse
Difficile d'écrire une chronique entre deux tours electotaux sachant qu'elle paraître aprés les résultats définitifs.
Une victoire incontestable du nationalisme corse
Difficile d’écrire une chronique entre deux tours électoraux sachant qu’elle paraîtra après les résultats définitifs. L’exercice est d’autant plus compliqué que l’auteur de ces lignes a été franchement surpris du succès remporté par la liste de Gilles Simeoni et plus généralement par le total des voix nationalistes. C’est donc sur la pointe des pieds que je vais me hasarder à avancer des hypothèses explicatives.
Un succès indéniable
Non seulement la Corse est en tête de l’expression démocratique, mais, de plus elle offre au ci-devant président de son exécutif une victoire incontestable. Enfin, le total des voix nationalistes croit très nettement depuis les dernières territoriales. Enfin, la gauche est littéralement laminée et la droite perd plusieurs milliers de voix. En un mot comme en mille, la famille nationaliste toutes tendances confondues s’est taillé une part impériale dans le gâteau électoral corse. Sans vouloir aucunement minimiser ce succès, j’y vois des similitudes et des différences avec les résultats continentaux. Similitude, car, sur le continent, les sortants ont été confortés par le choix des rares électeurs. Les nationalistes avaient été aidés par le dégagisme créé par le phénomène macroniste. Les voilà paradoxalement stabilisés par le légitimisme général constaté lors de ces élections. La différence tient d’abord au pourcentage de votants. Différence encore avec le score local des partis traditionnels en Corse qui ont été laminés ou presque. Le mouvement nationaliste s’est durablement ancré dans le paysage insulaire et que c’est de son sein que vont éclore les prochains clans.
Un indépendantisme conforté
Le taux d’abstention en Corse, qui est tout de même de 44 %, oblige les vainqueurs du jour à une certaine humilité. L’électorat corse s’est en partie abstenu. Mais moins qu’ailleurs. Ce qui est frappant dans les résultats de la Corse, c’est que la surface nationaliste est désormais tellement large que peuvent y éclore les différences au sein même de cette famille idéologique. Core in fronte reçoit les dividendes de son honnêteté intellectuelle et pratique. Il y a de fortes chances que son score du second tour soit supérieur à celui du premier. La présence sur sa liste de vieux routiers de l’indépendantisme va attirer des électeurs de Corsica libera. Je dois avouer ne pas comprendre grand-chose aux différences programmatiques qui séparent le PNC des Simeonistes sinon une question de territoire et d’ego. Le succès de Gilles Simeoni est impressionnant dans la Corse rurale. Mais mieux que ça, il a réussi à s’implanter dans des secteurs où jusque là il restait marginal. Sa personnalité a bien entendu joué un rôle essentiel dans son succès. Mais encore faut-il que se dressent à ses côtés des lieutenants pour constituer un exécutif qui se différencie du précédent face à un courant indépendantiste qui ne fera pas de cadeaux. La quasi-disparition des partis politiques traditionnels n’est pas nécessairement un bienfait pour la majorité nationaliste. Cette béance les rend seuls responsables de l’avenir de la Corse. De plus, ils vont devoir éviter de s’enfermer dans des querelles de chapelle qui les couperaient de la complexité insulaire.
Un exécutif qui va devoir composer, mais sans fléchir
Les élections territoriales donnent aux nationalistes une vraie légitimité à négocier avec l’État. Mais il va falloir être habile à l’interne et à l’externe : savoir jouer des contradictions entre nationalistes pour obtenir le meilleur sans renoncer aux fondamentaux ; comprendre que le pouvoir central est fragile donc enclin à se dresser sur ses ergots. Nous nous dirigeons vraisemblablement vers une belle saison touristique. Mais à l’automne les conséquences de la crise vont apparaître dans toute leur cruauté. Or, quitte à désespérer les doux rêveurs, ce que veulent les citoyens, la majorité des citoyens, c’est d’être rassurés sur l’avenir. Ils ont visiblement jugé que Gilles Simeoni était le meilleur pour y arriver. Il va falloir qu’il obtienne des résultats. Et pour obtenir des résultats, il faut savoir mettre — un peu — de côté les objectifs irréalistes comme l’inscription de la Corse dans la Constitution. La Corse, si elle veut avoir une chance d’enfin étonner le monde, doit absolument s’atteler à des projets ambitieux, mais réalisables. Les nationalistes ont obtenu la confiance du peuple. À eux de démontrer leurs capacités à transformer cet essai en rompant avec une mentalité d’assistés.
N’oublions jamais ce proverbe : spenti i luci, morti i santi. Une fois les lumières de la fête éteintes, les saints sont oubliés. Le Capitole n’est jamais loin de la roche tarpéienne.
GXC
Difficile d’écrire une chronique entre deux tours électoraux sachant qu’elle paraîtra après les résultats définitifs. L’exercice est d’autant plus compliqué que l’auteur de ces lignes a été franchement surpris du succès remporté par la liste de Gilles Simeoni et plus généralement par le total des voix nationalistes. C’est donc sur la pointe des pieds que je vais me hasarder à avancer des hypothèses explicatives.
Un succès indéniable
Non seulement la Corse est en tête de l’expression démocratique, mais, de plus elle offre au ci-devant président de son exécutif une victoire incontestable. Enfin, le total des voix nationalistes croit très nettement depuis les dernières territoriales. Enfin, la gauche est littéralement laminée et la droite perd plusieurs milliers de voix. En un mot comme en mille, la famille nationaliste toutes tendances confondues s’est taillé une part impériale dans le gâteau électoral corse. Sans vouloir aucunement minimiser ce succès, j’y vois des similitudes et des différences avec les résultats continentaux. Similitude, car, sur le continent, les sortants ont été confortés par le choix des rares électeurs. Les nationalistes avaient été aidés par le dégagisme créé par le phénomène macroniste. Les voilà paradoxalement stabilisés par le légitimisme général constaté lors de ces élections. La différence tient d’abord au pourcentage de votants. Différence encore avec le score local des partis traditionnels en Corse qui ont été laminés ou presque. Le mouvement nationaliste s’est durablement ancré dans le paysage insulaire et que c’est de son sein que vont éclore les prochains clans.
Un indépendantisme conforté
Le taux d’abstention en Corse, qui est tout de même de 44 %, oblige les vainqueurs du jour à une certaine humilité. L’électorat corse s’est en partie abstenu. Mais moins qu’ailleurs. Ce qui est frappant dans les résultats de la Corse, c’est que la surface nationaliste est désormais tellement large que peuvent y éclore les différences au sein même de cette famille idéologique. Core in fronte reçoit les dividendes de son honnêteté intellectuelle et pratique. Il y a de fortes chances que son score du second tour soit supérieur à celui du premier. La présence sur sa liste de vieux routiers de l’indépendantisme va attirer des électeurs de Corsica libera. Je dois avouer ne pas comprendre grand-chose aux différences programmatiques qui séparent le PNC des Simeonistes sinon une question de territoire et d’ego. Le succès de Gilles Simeoni est impressionnant dans la Corse rurale. Mais mieux que ça, il a réussi à s’implanter dans des secteurs où jusque là il restait marginal. Sa personnalité a bien entendu joué un rôle essentiel dans son succès. Mais encore faut-il que se dressent à ses côtés des lieutenants pour constituer un exécutif qui se différencie du précédent face à un courant indépendantiste qui ne fera pas de cadeaux. La quasi-disparition des partis politiques traditionnels n’est pas nécessairement un bienfait pour la majorité nationaliste. Cette béance les rend seuls responsables de l’avenir de la Corse. De plus, ils vont devoir éviter de s’enfermer dans des querelles de chapelle qui les couperaient de la complexité insulaire.
Un exécutif qui va devoir composer, mais sans fléchir
Les élections territoriales donnent aux nationalistes une vraie légitimité à négocier avec l’État. Mais il va falloir être habile à l’interne et à l’externe : savoir jouer des contradictions entre nationalistes pour obtenir le meilleur sans renoncer aux fondamentaux ; comprendre que le pouvoir central est fragile donc enclin à se dresser sur ses ergots. Nous nous dirigeons vraisemblablement vers une belle saison touristique. Mais à l’automne les conséquences de la crise vont apparaître dans toute leur cruauté. Or, quitte à désespérer les doux rêveurs, ce que veulent les citoyens, la majorité des citoyens, c’est d’être rassurés sur l’avenir. Ils ont visiblement jugé que Gilles Simeoni était le meilleur pour y arriver. Il va falloir qu’il obtienne des résultats. Et pour obtenir des résultats, il faut savoir mettre — un peu — de côté les objectifs irréalistes comme l’inscription de la Corse dans la Constitution. La Corse, si elle veut avoir une chance d’enfin étonner le monde, doit absolument s’atteler à des projets ambitieux, mais réalisables. Les nationalistes ont obtenu la confiance du peuple. À eux de démontrer leurs capacités à transformer cet essai en rompant avec une mentalité d’assistés.
N’oublions jamais ce proverbe : spenti i luci, morti i santi. Une fois les lumières de la fête éteintes, les saints sont oubliés. Le Capitole n’est jamais loin de la roche tarpéienne.
GXC