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Football : Per une sola squadra ?

Ne serait-il pas raisonnable et utile que les collectivités publiques et les dirigeants des quatre clubs phares du football corse s’accordent pour mobiliser les énergies autour d’un projet commun et fédérateur ?
Football : per une sola squadra !

Ne serait-il pas raisonnable et utile que les collectivités publiques et les dirigeants des quatre clubs phares du football corse s’accordent pour mobiliser les énergies autour d’un projet commun et fédérateur ?


Le Sporting Club de Bastia est de retour en Ligue 2.

Le club a récemment célébré cette montée et aussi son titre de champion de National en organisant deux jours de festivités à Bastia sur la place Saint-Nicolas. Un grand coup de chapeau à tous ceux - plus particulièrement aux Socios et aux deux investisseurs Claude Ferrandi et Pierre-Noël Luiggi - qui ont permis un retour rapide des Bleus parmi les clubs professionnels du football français. En effet, après le dépôt de bilan intervenu en 2017 ayant entraîné la relégation en National 3 et la perte du statut professionnel, et après une saison de transition, les Bleus ont réalisé trois montées successives. De ce fait, de nombreux supporters se prennent à rêver d’une accession en Ligue 1 dès l’an prochain. Les artisans du redressement calment le jeu. Ayant conscience que le club sera confronté à des homologues disposant de budgets, d’infrastructures et de bassins de population bien supérieurs aux siens et que le maintien serait déjà un exploit, ils se donnent pour priorité de consolider ce qui a été réalisé. En conséquence, tout en engageant un renforcement de l’effectif dans la limite des dépenses qu’autorise un budget prévisionnel 2021-2022 de 7 à 8 millions d’euros, ils ont lancé des démarches dont la réalisation devrait permettre au club de s’inscrire dans la durée (développement du centre de formation, obtention de la modernisation du stade Armand Cesari afin que le club soit éligible à la Licence Club pourvoyeuse de subsides conséquents…) Tout cela est sur la bonne voie, notamment la modernisation du stade. La Communauté d'Agglomération de Bastia procède à des travaux d’amélioration (peinture des locaux, installation d’écrans géants, nouvelle sonorisation…) pour un montant avoisinant les 700 000 euros et le PTIC (Plan de Transformation et d’Investissement pour la Corse) devrait permettre de mobiliser une grande partie des 7 millions d’euros nécessaires au financement de la couverture des tribunes Est et Ouest.


Des clubs fragiles

Ce retour fulgurant du Sporting aux portes de l’élite ne doit pas faire oublier que le football corse qui joue dans la cour des grands est très fragile. En effet, alors que le Sporting devra surperformer sur les plans sportifs et de la gestion, trois autres clubs sont sur la corde raide.

L’ACA qui a dû batailler pour se maintenir en Ligue 2,
vient d’apprendre que « dans le cadre de l'examen de la situation des clubs au titre de la saison sportive 2021-2022 », la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion de la Ligue de Football Professionnelle) a décidé de lui imposer un « encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutation ». Ceci indique une fragilité financière du club et devrait limiter sa capacité de renforcer son équipe fanion. Quelques jours plus tôt, constatant l’état désastreux des finances du club, la même DNCG avait décidé la relégation du GFCA en National 3.

Enfin, Bastia-Borgo qui évoluait cette saison en National est dans une position très inconfortable. À quelques semaines de la reprise, le club du sud de Bastia est dans l’incertitude. Étant relégable en National 2 comme Boulogne-sur-Mer et l'US Créteil Lusitanos, il ne sait toujours pas s'il sera repêché. Les deux clubs ajacciens ont bien entendu la possibilité de faire appel et le club du sud bastiais peut encore espérer. Mais il n’en reste pas moins vrai que la fragilité de ces clubs est désormais plus qu’avérée.

Ce qui conduit à cette interrogation : dans une évolution vers l’argent-roi dans le sport, dans une Corse qui ne compte que 350 000 habitants et dont la situation économique et sociale est difficile, est-il pertinent et sera-t-il à la longue viable de compter trois ou quatre clubs au sein du football professionnel ? Ne serait-il pas plus raisonnable et utile que les collectivités publiques et les dirigeants des quatre clubs phares du football corse s’accordent pour mobiliser les énergies autour d’un projet commun et fédérateur : la création d’un unique club à vocation professionnelle qui porterait les couleurs de la Corse au sein de l’élite. Per una sola squadra !



Alexandra Sereni
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