Majorité Territoriale : La fracture nationaliste
La session d'installation de l'Assemblée de Corse qui s'est tenue jeudi 2 juillet dernier à mis en exergue la rupture entre les courrants nationalistes
Majorité Territoriale : la fracture nationaliste
La session d’installation de l’Assemblée de Corse qui s’est tenue jeudi 2 juillet dernier à mis en exergue la rupture entre les courants nationalistes, confirmant la tendance entrevue dans l’entre-deux tours. Si celle entre le parti de Gilles Simeoni et Core in Fronte semblait plus que prévisible, c’est le comportement d’ensemble des élus de la liste « Avanzemu » tout au long de l’après-midi qui marquent une rupture sans doute définitive entre les deux courants. Ce malgré l’appel à l’ouverture prôné par Gilles Simeoni lors de son allocution. La droite, elle, a campé sur ses positions tout en semblant, par moment, plus modérée que la mouvance nationaliste.
La nouvelle Assemblée de Corse a été installée au sein de l’hémicycle jeudi 2 juillet dernier. Le premier contraste, particulièrement frappant aura été la distance marquée par certains membres des listes menées par Gilles Simeoni et Jean-Christophe Angelini, le sourire rayonnant pour les premiers, une attitude plus statique pour les autres. Entre les deux, la position de Paul-Félix Benedetti, était, quant à elle, déjà connue. Un fil conducteur qui restera très présent tout au long de cette session d’installation. C’est, pour autant dans une ambiance conviviale que les 63 élus qui vont composer la prochaine Assemblée arrivaient en début d’après-midi. Quelques accolades, des « check », des sourires, la découverte pour les nouveaux-venus parmi lesquels Laurent Marcangeli ou les deux plus jeunes au sein de l’hémicycle, Don Joseph Luccioni, un ancien de l’Assemblea di a Ghjuventù pas vraiment dépaysé et Sandra Marchetti, visiblement émue. On notera, également, deux retours marquants, ceux de Paul Quastana après douze ans d’absence et de Paul-Félix Benedetti...L’accolade avec Camille de Rocca Serra venu assister aux cérémonies, contraste avec les rapports qui vont se tendre tout au long de l’après-midi entre la majorité élue et les deux autres courants. L’absence de Corsica Libera se fait ressentir. Comme un passage de témoin avec Core in Fronte.
Marie-Antoinette Maupertuis saluée au-delà de sa famille politique
Josepha Giacometti est la seule représentante du parti indépendantiste, marqué par le retrait de Jean-Guy Talamoni, son chef de file. « On aurait préféré avoir un groupe, confie l’ancienne conseillère exécutive, mais le courant que je représente est bien là et c’est le plus important. J’arrive fière et sereine au sein de cette nouvelle assemblée où 70 % des élus sont nationalistes. »
On note aussi le sourire de Paul Quastana en même temps que son franc-parler. « On débute une nouvelle mandature qui je l’espère sera plus animée en termes de débats et de participation. On sera là pour faire passer nos propositions qui sont les fondamentaux du nationalisme. »
On rentre, ensuite, dans le vif du sujet après l’allocution de Jean-Louis Seatelli (liste Un Soffiu Novu) ,promu président en tant que doyen. Sans véritable surprise, Marie-Antoinette Maupertuis est élue par 32 voix soit la majorité absolue contre 17 pour Valérie Bozzi et 6 pour Véronique Pietri la présidence de l’Assemblée de Corse. Une élection qui marque déjà un premier retrait du courant nationaliste porté par Jean-Christophe Angelini.. Aucun de ces élus, à l’exception de Josepha Giacometti, qui mettra un bulletin blanc, ne participera au scrutin. Si cette élection est saluée, lors de la pause qui suit, par l’ensemble de la classe politique présente, les applaudissements des uns contrastent avec la position plutôt froide des autres surtout dans le même camp. On est aux antipodes des victoires de 2015 et 2017...pas le moindre geste d’approbation...
À l’annonce de la commission permanente (où figurent six membres des trois autres groupes) et du nom des deux vice-présidents (Yacinthe Vanni et Nadine Nivaggioni), la tension monte d’un cran.
« Un parti exclut tous les autres, cela n’augure rien de bon »
Elle est à son comble lors de l’élection du Président de l’Exécutif et de ses futurs conseillers. La liesse de « Pè a Corsica » est devenue de celle de « Fà Populu Inseme ». Les autres semblent, malgré l’ouverture prônée par Gilles Simeoni lors de son allocution, faire partie de l’opposition. « Notre famille politique n’a jamais été aussi puissante, avouera Jean-Christophe Angelini, en même temps, elle n’a jamais paru autant divisée. Il y a le sentiment d’une certaine inélégance dans l’ensemble de ces élections à l’endroit des autres listes nationalistes. On a revendiqué nos voix, mais on ne les veut visiblement pas. Et nous ne sommes pas mentionnés quand il s’agit d’évoquer les victoires de 2015 et 2017. Un parti exclut tous les autres, cela ne laisse augurer rien de bon pour la suite... »
Un sentiment partagé mais sur un ton plus ironique, par Paul-Félix Benedetti : « Gilles Simeoni nous dit qu’il va ouvrir et tendre la main aux autres nationalistes, c’est une main spirituelle car physiquement, nous ne voyons rien... »
Finalement, le plus « modéré » dans l’histoire sera celui que l’on attendait le moins. Laurent Marcangeli ému à l’idée de se retrouver pour la première fois dans l’hémicycle. « C’est la première fois que je suis ici, il y a bien sûr une certaine émotion. Cette Assemblée, c’est la nôtre et celle de tous les Corses. »
Le maire d’Ajaccio appréciera les propos de la nouvelle Présidente de l’Assemblée de Corse. « Je suis heureux de voir une femme Présidente à ce poste, madame Maupertuis a dit des choses intéressantes, il faudra voir dans les actions mais elle me trouvera à ses côtés dès lors qu’elle défendre les intérêts de l’île. En revanche, je suis perplexe concernant Gilles Simeoni. On parlé de sentiments mais rien de concret sur les déchets, les transports, l’urbanisme, la ruralité, les Corses attendent autre chose. »
Toujours dans le camp de l’opposition et bien qu’absent de ce scrutin, Camille de Rocca évoquera la personnalité du Président de l’Exécutif. « Il y a une majorité et Gilles Simeoni a les moyens de réussir. Il doit rassembler la Corse, il sait qu’il y a des bonnes volontés en dehors de sa famille politique, c’est à lui d’ouvrir la voie et de dire où il veut aller et de définir le meilleur dénominateur commun. Les oppositions sont là pour défendre aussi des valeurs et des projets... »
Au terme du ghjuramentu, ce sera de nouveau la liesse aux abords de l’hémicycle et au sein des candidats de la Majorité Territoriale. Mais nous sommes bien loin de 2017, les applaudissements sont moins fournis. Si tout le monde se lève pour entonner le Diu, et si l’on remarque même que certains élus de Droite entonnent aussi « A Palatina », les regards des autres élus nationalistes masquent difficilement la déception. Gilles Simeoni a parlé dans son allocution, d’ouverture vers sa famille politique de prédilection. Cette dernière attend désormais des actes. Il est 20h30. Au terme d’une demi-journée bien remplie, les élus de droite se retrouvent dans le bureau qui leur est alloué à l’étage et qui sera leur QG durant plus de six ans, Laurent Marcangeli les a quittés prématurément. Dans le patio, ne restent que les trois groupes nationalistes accompagnés de quelques-uns de leurs militants respectifs. La mouvance arrive, il est vrai, en force au sein de l’hémicycle, mais plus que jamais divisée. Sera-ce le fil conducteur du septennat à venir o des concessions seront-elles faites en cours de route ? L’avenir nous le dira.Pour l’heure, Gilles Simeoni a les cartes en mains…
Ph.P.
La session d’installation de l’Assemblée de Corse qui s’est tenue jeudi 2 juillet dernier à mis en exergue la rupture entre les courants nationalistes, confirmant la tendance entrevue dans l’entre-deux tours. Si celle entre le parti de Gilles Simeoni et Core in Fronte semblait plus que prévisible, c’est le comportement d’ensemble des élus de la liste « Avanzemu » tout au long de l’après-midi qui marquent une rupture sans doute définitive entre les deux courants. Ce malgré l’appel à l’ouverture prôné par Gilles Simeoni lors de son allocution. La droite, elle, a campé sur ses positions tout en semblant, par moment, plus modérée que la mouvance nationaliste.
La nouvelle Assemblée de Corse a été installée au sein de l’hémicycle jeudi 2 juillet dernier. Le premier contraste, particulièrement frappant aura été la distance marquée par certains membres des listes menées par Gilles Simeoni et Jean-Christophe Angelini, le sourire rayonnant pour les premiers, une attitude plus statique pour les autres. Entre les deux, la position de Paul-Félix Benedetti, était, quant à elle, déjà connue. Un fil conducteur qui restera très présent tout au long de cette session d’installation. C’est, pour autant dans une ambiance conviviale que les 63 élus qui vont composer la prochaine Assemblée arrivaient en début d’après-midi. Quelques accolades, des « check », des sourires, la découverte pour les nouveaux-venus parmi lesquels Laurent Marcangeli ou les deux plus jeunes au sein de l’hémicycle, Don Joseph Luccioni, un ancien de l’Assemblea di a Ghjuventù pas vraiment dépaysé et Sandra Marchetti, visiblement émue. On notera, également, deux retours marquants, ceux de Paul Quastana après douze ans d’absence et de Paul-Félix Benedetti...L’accolade avec Camille de Rocca Serra venu assister aux cérémonies, contraste avec les rapports qui vont se tendre tout au long de l’après-midi entre la majorité élue et les deux autres courants. L’absence de Corsica Libera se fait ressentir. Comme un passage de témoin avec Core in Fronte.
Marie-Antoinette Maupertuis saluée au-delà de sa famille politique
Josepha Giacometti est la seule représentante du parti indépendantiste, marqué par le retrait de Jean-Guy Talamoni, son chef de file. « On aurait préféré avoir un groupe, confie l’ancienne conseillère exécutive, mais le courant que je représente est bien là et c’est le plus important. J’arrive fière et sereine au sein de cette nouvelle assemblée où 70 % des élus sont nationalistes. »
On note aussi le sourire de Paul Quastana en même temps que son franc-parler. « On débute une nouvelle mandature qui je l’espère sera plus animée en termes de débats et de participation. On sera là pour faire passer nos propositions qui sont les fondamentaux du nationalisme. »
On rentre, ensuite, dans le vif du sujet après l’allocution de Jean-Louis Seatelli (liste Un Soffiu Novu) ,promu président en tant que doyen. Sans véritable surprise, Marie-Antoinette Maupertuis est élue par 32 voix soit la majorité absolue contre 17 pour Valérie Bozzi et 6 pour Véronique Pietri la présidence de l’Assemblée de Corse. Une élection qui marque déjà un premier retrait du courant nationaliste porté par Jean-Christophe Angelini.. Aucun de ces élus, à l’exception de Josepha Giacometti, qui mettra un bulletin blanc, ne participera au scrutin. Si cette élection est saluée, lors de la pause qui suit, par l’ensemble de la classe politique présente, les applaudissements des uns contrastent avec la position plutôt froide des autres surtout dans le même camp. On est aux antipodes des victoires de 2015 et 2017...pas le moindre geste d’approbation...
À l’annonce de la commission permanente (où figurent six membres des trois autres groupes) et du nom des deux vice-présidents (Yacinthe Vanni et Nadine Nivaggioni), la tension monte d’un cran.
« Un parti exclut tous les autres, cela n’augure rien de bon »
Elle est à son comble lors de l’élection du Président de l’Exécutif et de ses futurs conseillers. La liesse de « Pè a Corsica » est devenue de celle de « Fà Populu Inseme ». Les autres semblent, malgré l’ouverture prônée par Gilles Simeoni lors de son allocution, faire partie de l’opposition. « Notre famille politique n’a jamais été aussi puissante, avouera Jean-Christophe Angelini, en même temps, elle n’a jamais paru autant divisée. Il y a le sentiment d’une certaine inélégance dans l’ensemble de ces élections à l’endroit des autres listes nationalistes. On a revendiqué nos voix, mais on ne les veut visiblement pas. Et nous ne sommes pas mentionnés quand il s’agit d’évoquer les victoires de 2015 et 2017. Un parti exclut tous les autres, cela ne laisse augurer rien de bon pour la suite... »
Un sentiment partagé mais sur un ton plus ironique, par Paul-Félix Benedetti : « Gilles Simeoni nous dit qu’il va ouvrir et tendre la main aux autres nationalistes, c’est une main spirituelle car physiquement, nous ne voyons rien... »
Finalement, le plus « modéré » dans l’histoire sera celui que l’on attendait le moins. Laurent Marcangeli ému à l’idée de se retrouver pour la première fois dans l’hémicycle. « C’est la première fois que je suis ici, il y a bien sûr une certaine émotion. Cette Assemblée, c’est la nôtre et celle de tous les Corses. »
Le maire d’Ajaccio appréciera les propos de la nouvelle Présidente de l’Assemblée de Corse. « Je suis heureux de voir une femme Présidente à ce poste, madame Maupertuis a dit des choses intéressantes, il faudra voir dans les actions mais elle me trouvera à ses côtés dès lors qu’elle défendre les intérêts de l’île. En revanche, je suis perplexe concernant Gilles Simeoni. On parlé de sentiments mais rien de concret sur les déchets, les transports, l’urbanisme, la ruralité, les Corses attendent autre chose. »
Toujours dans le camp de l’opposition et bien qu’absent de ce scrutin, Camille de Rocca évoquera la personnalité du Président de l’Exécutif. « Il y a une majorité et Gilles Simeoni a les moyens de réussir. Il doit rassembler la Corse, il sait qu’il y a des bonnes volontés en dehors de sa famille politique, c’est à lui d’ouvrir la voie et de dire où il veut aller et de définir le meilleur dénominateur commun. Les oppositions sont là pour défendre aussi des valeurs et des projets... »
Au terme du ghjuramentu, ce sera de nouveau la liesse aux abords de l’hémicycle et au sein des candidats de la Majorité Territoriale. Mais nous sommes bien loin de 2017, les applaudissements sont moins fournis. Si tout le monde se lève pour entonner le Diu, et si l’on remarque même que certains élus de Droite entonnent aussi « A Palatina », les regards des autres élus nationalistes masquent difficilement la déception. Gilles Simeoni a parlé dans son allocution, d’ouverture vers sa famille politique de prédilection. Cette dernière attend désormais des actes. Il est 20h30. Au terme d’une demi-journée bien remplie, les élus de droite se retrouvent dans le bureau qui leur est alloué à l’étage et qui sera leur QG durant plus de six ans, Laurent Marcangeli les a quittés prématurément. Dans le patio, ne restent que les trois groupes nationalistes accompagnés de quelques-uns de leurs militants respectifs. La mouvance arrive, il est vrai, en force au sein de l’hémicycle, mais plus que jamais divisée. Sera-ce le fil conducteur du septennat à venir o des concessions seront-elles faites en cours de route ? L’avenir nous le dira.Pour l’heure, Gilles Simeoni a les cartes en mains…
Ph.P.
