Le nationalisme corse ancré dans le temps long
Une victoire qui inscrit le nationaliste démocratique dans l 'histoire de notre ïle et de notre peuple......
La précédente victoire nationaliste avait eu lieu dans le contexte du dégagisme français incarné par Emmanuel Macron. Les différents groupes nationalistes en avaient profité. Leur gestion économique et politique a été relativement médiocre.
À cela plusieurs explications : l’inexpérimentation certainement, l’attitude inamicale de l’état et enfin les crocs-en-jambe des différents groupes.
Ajoutons-y une difficulté de l’exécutif à trancher dans le vif pour ne pas s’aliéner une certaine clientèle et la tendance de Gilles Simeoni à ne pas savoir déléguer.
Néanmoins, malgré tout cela, la victoire du président de l’exécutif est éclatante, mais surtout inscrit le nationalisme démocratique dans l’histoire de notre île et de notre peuple, marque une rupture définitive avec la terrible erreur de l’irrédentisme.
Une famille nationaliste déséquilibrée
Toute victoire écrasante, et plus encore quand elle a pour origine le charisme d’un personnage, contient ses promesses et ses risques. Gilles Simeoni a réussi le saut de l’ange en osant aller à la bataille sans passer de compromis. Ça a également été le cas de Cor’in fronte. Les deux autres forces qui ont cherché l’arrangement l’ont payé cher. Corsica libera disparaît du paysage politique après avoir accumulé cent erreurs : les tacles incessants de Talamoni infligés à Simeoni, les allures de sages sur son Aventin sans rien démontrer et enfin cette alliance boiteuse avec Angelini pour deux noms sur la liste. Avec un résultat prévisible : les indépendantistes vont voter en majorité pour des indépendantistes. Pour ce qui concerne la liste menée par Christophe Angelini, la défaite est double : d’une part le report espéré des voix ne s’est pas réalisé empêchant le PNC de progresser au niveau insulaire. Mais plus embêtant, si Angelini conforte sa situation dans l’extrême-sud porto vecchiais, il y reste enclavé contrairement à Simeoni qui étend sa surface d’influence. Pour Gilles Simeoni néanmoins, une difficulté majeure reste entière. Il possède un mouvement plutôt qu’un parti structuré. Les nationalistes ont été incapables durant leur double mandat, d’induire un mouvement de protestation de rue. Tout s’est passé au niveau institutionnel. Or la faiblesse d’Emmanuel Macron particulièrement visible après les régionales, ne va certainement pas le pousser à assouplir son centralisme. Sans l’appui militant de ses électeurs, Gilles Simeoni sera condamné à jouer une partition identique à la précédente.
Les contre-pouvoirs possibles
Gilles Simeoni va devoir lutter contre plusieurs contre-pouvoirs. Au plan économique, le Consortium, qui vient d’éditer un texte protestant contre la mauvaise réputation qui lui est faite, va chercher à jouer une carte qui n’ira pas nécessairement dans l’intérêt des Corses et d’un coût moindre de la vie. Un tel regroupement s’est fait avec pour but, le profit. Selon le rapport de force avec le politique, ce profit sera réalisé avec ou contre les intérêts des plus défavorisés. Cette confrontation risque fort d’être exacerbée par les conséquences de la Covid si tant est que la pandémie soit désormais achevée ce qui reste à prouver. Les élections ont tout de même fait apparaître un fort taux d’abstention dans les quartiers pauvres d’Ajaccio et de Bastia ainsi que parmi la jeunesse. Ce sont des secteurs qui ne sauraient être ignorés si on ne veut pas que ces territoires géographiques et sociaux soient gagnés économiquement par le grand banditisme ou le clientélisme. Les autres contre-pouvoirs sont bien entendu politiques. La droite a largement échoué dans sa tentative de redresser la barre et se comportera en accusateur public constant tout simplement pour continuer à exister. . La gauche ayant disparu de l’hémicycle, les débats les plus difficiles vont éclater entre factions nationalistes et plus particulièrement avec Core in fronte en avant-garde. Gilles Simeoni a décidé de façon totalement cohérente de constituer un exécutif homogène pour éviter des coups de Jarnac. Mais, ce faisant, lui et sa famille politique deviennent entièrement responsables des victoires comme des défaites. Et ses victoires pourraient être les défaites de ses anciens alliés.
Des discussions plus faciles avec l’état
Si les représentants de l’État, à commencer par le premier magistrat, font montre d’intelligence, ils comprendront que seule une politique souple pourra empêcher une radicalisation de la situation insulaire. En l’absence des partis traditionnels, le propos n’est pas de jouer sur les anciens relais claniques, mais d’accepter la victoire nationaliste et de faire en sorte que la situation économique s’améliore. La bonne volonté de part et d’autre est le seul moyen d’avancer dans la direction d’un apaisement souhaitable pour tous. Le rapatriement de Ferrandi et d’Alessandri serait un signe élégant d’une telle attitude.
GXC