Jean Paul Costa raccroche ciseaux et tondeuses
A travers ce personnage atypique et aux << macagne nustrale >> acérées, c'est un peu de l'âme ajaccienne qui nous est contée.....
Jean-Paul Costa raccroche ciseaux et tondeuses
Le célèbre et truculent coiffeur de la rue Bonaparte a fermé boutique mercredi 30 juin dernier. Après quarante-quatre ans passés dans le quartier, il va s’atteler, ayant largement dépassé l’âge de la retraite, à d’autres passions. À travers ce personnage atypique et aux « macagne nustrale » acérées, c’est un peu de l’âme ajaccienne qui nous est contée…
De par son allure, son sens de la réplique ou encore sa façon d’être, Jean-Paul Costa aurait très bien pu inspirer Michel Audiard au cinéma ou René Goscinny dans son célèbre Astérix en Corse. Pour autant, il n’aurait pas été question de le « croquer » en gaulois ! Avec sa barbe de trois jours, sa casquette sur le crâne et un regard qui semble tout droit sorti d’un western spaghetti façon Sergio Leone, le célèbre coiffeur de la rue Bonaparte a de quoi, il est vrai, donner des idées à bien des scénaristes. Et pour paraphraser le célèbre corbeau de la fable, le « ramage » est encore plus fin et subtil que le « plumage ». Sauf que, dans ce registre, Jean-Paul Costa est, on l’aura compris, plutôt dans le rôle du renard…
U spiritu aiaccinu
Et oui, difficile, pour ce personnage truculent particulièrement apprécié de tous, de raccrocher ciseaux et tondeuses...Après quarante-quatre ans de bons et loyaux services. « J’ai débuté le 3 mai 1977, explique-t-il, mon premier client fut Thomas Brunelli, explique le coiffeur, je dois dire que je me suis régalé dans un métier que j’ai toujours fait avec passion et j’ai toujours eu une clientèle « identitaire ». Quarante-quatre ans, une tranche de vie.
Le coiffeur est passé d’une époque où les anciennes du quartier étaient vêtues en noir comme dans nos villages, où l’on parlait corse. Et il a vu, également, la plupart des enseignes du coin, changer, de nouvelles boutiques s’ouvrir et l’esprit « aiaccinu » s’évaporer quelque peu malgré la présence de certains. « Depuis une dizaine d’années,ajoute-t-il, la situation s’est dégradée dans l’esprit. Et avec l’état de la rue, cela devient très compliqué. On ne peut plus se garer, il n’y a que des jardinières... »
C’est après avoir débuté chez Manu, le coiffeur situé près du Palace, cours Napoléon qu’il a pris la suite de Claude Appietto (Acéiste) et François Buffa (gazier). En maintenant durant plus de quatre décennies, une certaine authenticité. Un peu du « spiritu aiaccinu ». « Plus qu’une simple coupe de cheveux, les gens venaient chercher un esprit convivial, chaleureux, on abordait tous les thèmes de l’actualité... »
Sans oublier, bien sûr, un sens particulièrement aigu de la macagna. « La première « cacciata » que j’ai entendue en arrivant ici, c’est celle d’une Ajaccienne qui répondait à la question d’un passant : « O Catalì, hè passatu u fattore ?...Innò, hè in ballottage… »
Des anecdotes, le coiffeur en a, à la pelle avec ses amis, notamment le regretté Toussaint Canazzi, souvent complice...Mais il retient surtout, « janvier 1980,durant l’affaire Bastelica-Fesch, on était 50 en treillis dans le salon. »
On en oubliera, de par le caractère du personnage, sa profession. « Coiffeur, mais la coupe à l’ancienne... » Et si la clientèle s’est voulue, par la force des choses, plutôt « nustrale », il aura également coiffé certaines personnalité (Comme Maître Dupont-Moretti) et même Tommy, le chien de Thomas Brunelli. « Quand je ne voulais pas coiffer, je donnais rendez-vous... un jour de fermeture. »
De fermeture, il en a été question en ce mercredi 30 juillet. « À soixante-douze ans, je crois que le moment est venu. Mon chiffre d’affaires ? « Acqua in bocca ! » en réplique à d’éventuels tarifs « horaires » (torna a macagna).
Le mois prochain, c’est Nicolas Serena, barbier de la rue Maréchal Ornano, qui aura la lourde tâche de lui succéder. Jean-Paul, lui, va troquer, ciseaux et tondeuse pour treillis, fusil et canne. « Pêche, chasse, tradition à Bastelica...et belote au bar du Renosu... »Tout un programme…
Philippe Peraut
Le célèbre et truculent coiffeur de la rue Bonaparte a fermé boutique mercredi 30 juin dernier. Après quarante-quatre ans passés dans le quartier, il va s’atteler, ayant largement dépassé l’âge de la retraite, à d’autres passions. À travers ce personnage atypique et aux « macagne nustrale » acérées, c’est un peu de l’âme ajaccienne qui nous est contée…
De par son allure, son sens de la réplique ou encore sa façon d’être, Jean-Paul Costa aurait très bien pu inspirer Michel Audiard au cinéma ou René Goscinny dans son célèbre Astérix en Corse. Pour autant, il n’aurait pas été question de le « croquer » en gaulois ! Avec sa barbe de trois jours, sa casquette sur le crâne et un regard qui semble tout droit sorti d’un western spaghetti façon Sergio Leone, le célèbre coiffeur de la rue Bonaparte a de quoi, il est vrai, donner des idées à bien des scénaristes. Et pour paraphraser le célèbre corbeau de la fable, le « ramage » est encore plus fin et subtil que le « plumage ». Sauf que, dans ce registre, Jean-Paul Costa est, on l’aura compris, plutôt dans le rôle du renard…
U spiritu aiaccinu
Et oui, difficile, pour ce personnage truculent particulièrement apprécié de tous, de raccrocher ciseaux et tondeuses...Après quarante-quatre ans de bons et loyaux services. « J’ai débuté le 3 mai 1977, explique-t-il, mon premier client fut Thomas Brunelli, explique le coiffeur, je dois dire que je me suis régalé dans un métier que j’ai toujours fait avec passion et j’ai toujours eu une clientèle « identitaire ». Quarante-quatre ans, une tranche de vie.
Le coiffeur est passé d’une époque où les anciennes du quartier étaient vêtues en noir comme dans nos villages, où l’on parlait corse. Et il a vu, également, la plupart des enseignes du coin, changer, de nouvelles boutiques s’ouvrir et l’esprit « aiaccinu » s’évaporer quelque peu malgré la présence de certains. « Depuis une dizaine d’années,ajoute-t-il, la situation s’est dégradée dans l’esprit. Et avec l’état de la rue, cela devient très compliqué. On ne peut plus se garer, il n’y a que des jardinières... »
C’est après avoir débuté chez Manu, le coiffeur situé près du Palace, cours Napoléon qu’il a pris la suite de Claude Appietto (Acéiste) et François Buffa (gazier). En maintenant durant plus de quatre décennies, une certaine authenticité. Un peu du « spiritu aiaccinu ». « Plus qu’une simple coupe de cheveux, les gens venaient chercher un esprit convivial, chaleureux, on abordait tous les thèmes de l’actualité... »
Sans oublier, bien sûr, un sens particulièrement aigu de la macagna. « La première « cacciata » que j’ai entendue en arrivant ici, c’est celle d’une Ajaccienne qui répondait à la question d’un passant : « O Catalì, hè passatu u fattore ?...Innò, hè in ballottage… »
Des anecdotes, le coiffeur en a, à la pelle avec ses amis, notamment le regretté Toussaint Canazzi, souvent complice...Mais il retient surtout, « janvier 1980,durant l’affaire Bastelica-Fesch, on était 50 en treillis dans le salon. »
On en oubliera, de par le caractère du personnage, sa profession. « Coiffeur, mais la coupe à l’ancienne... » Et si la clientèle s’est voulue, par la force des choses, plutôt « nustrale », il aura également coiffé certaines personnalité (Comme Maître Dupont-Moretti) et même Tommy, le chien de Thomas Brunelli. « Quand je ne voulais pas coiffer, je donnais rendez-vous... un jour de fermeture. »
De fermeture, il en a été question en ce mercredi 30 juillet. « À soixante-douze ans, je crois que le moment est venu. Mon chiffre d’affaires ? « Acqua in bocca ! » en réplique à d’éventuels tarifs « horaires » (torna a macagna).
Le mois prochain, c’est Nicolas Serena, barbier de la rue Maréchal Ornano, qui aura la lourde tâche de lui succéder. Jean-Paul, lui, va troquer, ciseaux et tondeuse pour treillis, fusil et canne. « Pêche, chasse, tradition à Bastelica...et belote au bar du Renosu... »Tout un programme…
Philippe Peraut