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Autonomie : Gilles Simeoni veut aller vite !

Il e.st à deux reprises apparu que Gilles Simeoni considérait que l'une des priorités, obtenir l'autonomie, lui semblait être la plus prioritaire
Autonomie : Gilles Simeoni veut aller vite

Il est à deux reprises apparu que Gilles Simeoni considérait que l’une de ses priorités, obtenir l’autonomie, lui semblait être la plus prioritaire. Mais quelques dizaines de milliers de bulletins de vote et un Livre Blanc suffiront-ils à forcer la main à plus de deux siècles de centralisme ?

A l’occasion de la séance d’installation de la nouvelle Assemblée de Corse, le 1er juillet dernier, et ce après sa réélection à la présidence du Conseil exécutif, Gilles Simeoni a indiqué quelles seraient ses priorités dans ses rapports avec l’État. Elles seront au nombre de deux. La première priorité sera de remettre sur la table les dossiers PTIC (Plan de Transformation et d’Investissement pour la Corse) et CPER (Contrat de Plan État Région).

Concernant le PTIC, le Président du Conseil exécutif juge insuffisante l’enveloppe financière et en partie inopportunes la sélection et la répartition des opérations à financer. Concernant le CPER, il estime que la participation de l'Union européenne doit être revue, globalement pour parvenir à une véritable prise en compte de l’insularité, plus particulièrement pour que la politique agricole commune tienne compte des conditions d’exploitation et des besoins spécifiques de l’agriculture corse. La seconde priorité sera de remettre sur les rails la recherche d’une « solution politique» et ce plus particulièrement en obtenant un statut d’autonomie.

Le Président du Conseil exécutif a fortement souligné combien aboutir lui semblait important voire vital et en quoi l’image démocratique et moderne de la France était selon lui en jeu : « Il n’existe pas de pays démocratique dans l’Union européenne qui refuse d’engager le dialogue avec un peuple, un territoire, une institution qui, à trois reprises, pour ne parler que des élections territoriales, en 2015 avec 35% des suffrages, en 2017 avec 56% des suffrages, en 2021 avec 69% des suffrages, un peuple ou des institutions qui demandent à discuter.
Que demandons-nous ?
Demandons-nous des choses insensées, demandons-nous des choses excessives ? Nous demandons le droit. Nous demandons la justice, l’équité. Au plan institutionnel, le statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice qui n’est pas l’indépendance et tout le monde le sait, y compris à Paris, est le droit commun de l’ensemble des Îles de l’Union européenne et particulièrement des Îles de Méditerranée.»


L’autonomie dans le Livre blanc sur la décentralisation

Dans les jours qui ont suivi, il est à deux reprises apparu que Gilles Simeoni considérait que l’une de ses priorités, obtenir l’autonomie, lui semblait être la plus prioritaire.

Le 6 juillet dernier, à l'Assemblée Nationale, et ce à l’occasion de la séance des questions au gouvernement, Jean-Félix Acquaviva a commencé à enfoncer le clou. S’adressant à Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, le député de la deuxième circonscription de Haute-Corse a demandé l’ouverture « d'un dialogue » et la définition « d'une méthode partagée » visant à permettre à la Corse Corse d’aller « vers une autonomie de plein droit dans la République» ; souhaité que soit mis un terme à « une succession de rendez-vous manqués » ; appelé à «l'ouverture d'un chemin apaisé vers une solution politique globale » et à que tout soit mis en œuvre pour « faire sauter les derniers verrous d'un blocage politique».

Le 9 juillet dernier, c’est Gilles Simeoni lui-même qui a sorti le marteau pour taper sur le clou. Le président du Conseil exécutif a en effet saisi l’occasion de l’élection à la présidence de l’institution Régions de France pour faire accepter par les présidents.es des Conseils régionaux l’idée que soit négocié un processus devant permettre à la Corse de disposer à terme d’un statut d’autonomie.

En effet, étant en mesure de peser de façon décisive sur l’issue du scrutin qui a porté à la présidence des Régions de France Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie, et décidé l’instauration d’une présidence tournante entre la gauche et la droite (dans trois ans, Carole Delga cédera son siège au centriste Hervé Morin), Gilles Simeoni a obtenu que soit prise en compte la revendication d’une autonomie pour la Corse dans le Livre blanc sur la décentralisation que les présidents.es de Conseils régionaux se sont engagés à publier avant la fin de cette année.

Ne pas s’enflammer

Cette avancée n’est pas négligeable. Et ce pour au moins deux raisons. D’une part, trois présidents de Conseils régionaux, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand, sont de possibles candidats à l’élection présidentielle et ont respectivement quelques chances de l’emporter. D’autre part, ainsi que l’a précisé Carole Delga, le Livre blanc sera remis aux candidats à l’élection présidentielle et il leur sera demandé de s’engager à ce que « les Régions disposent de nouvelles missions . » Il convient toutefois de ne pas s’enflammer car, en matière de décentralisation, le Président de la République et le Parlement sont les seuls porte-clés et maîtres des horloges. Pour s’en convaincre, il suffit de se reporter à la réponse apportée par Jacqueline Gourault à l’intervention de Jean-Félix Acquaviva évoquée plus haut.
La ministre s’est bien gardée d’introduire une clé dans la serrure de la porte donnant sur l’autonomie. En effet, alors que la député lui avait lancé: « Madame la ministre, êtes-vous enfin prête à changer de braquet et à engager un processus de dialogue politique pour la Corse ? », elle a répondu que le gouvernement était « dans le dialogue et le partenariat depuis quatre ans», est restée sur le terrains de la gestion de l’existant (Plan de Transformation et d’Investissement pour la Corse, Contrats de relance et de transition écologique…) et s’est bornée a exprimer un engagement des plus vagues « Nous sommes toujours prêts à discuter plus, à avoir des calendriers de rencontre et à travailler avec toutes les forces politiques de l'île. »

La porte pouvant ouvrir vers l’autonomie restera-t-elle toujours fermée ? Rien ne permet de l’affirmer. Cependant, si l’on considère que toutes les avancées institutionnelles intervenues depuis 1981 l’ont été à partir de rapports de force que le nationalisme a initié à partir de l’action des clandestins et de mobilisations populaires sur différents terrains de lutte, on peut douter que quelques dizaines de milliers de bulletins de vote et un Livre Blanc suffisent à forcer la main à plus de deux siècles de centralisme.

Pierre Corsi







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