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Le Consortium et nous

Le consortium corse, ce conglomérat de 150 entreprises insulaires, s'est fendu le 22 juin d'un communiqué sobrement intitulé << U troppu strppia ...Avà Basta >>...
Le consortium corse, ce conglomérat de 150 entreprises insulaires, s’est fendu le 22 juin d’un communiqué sobrement intitulé « U troppu stroppia… Avà Basta » c’est-à-dire « Trop c’est trop, maintenant ça suffit ». Il dénonçait en des termes véhéments l’association qui serait volontier faite entre lui (le consortium) et la mafia. Petite déconstruction d’une réalité complexe.

Une société contente d’elle-même


« Au moment de la liquidation de la SNCM, notre volonté était de créer un système coopératif pour y accueillir l’ensemble des professionnels (commerçants, transporteurs, hôteliers, tous les acteurs économiques de l’île en lien avec le transport) », écrit CM Holding. « Nous avions tellement souffert depuis des décennies du monopole de la SNCM et de sa mauvaise gestion, qu’il nous semblait que nous avions le devoir et la responsabilité de nous unir sur un modèle économique désintéressé, copié sur celui de la Brittany ferries, dirigée depuis 40 ans par les paysans bretons. » L’exemple de la Britanny Ferries est attractif. Aujourd’hui cette société anonyme dirigée par un directoire, exploite 12 navires sur 11 lignes reliant le Royaume-Uni à la France, le Royaume-Uni à l’Espagne, la France à l’Irlande et l’Irlande à l’Espagne. Elle transporte environ 2,5 millions de passagers par an, dont 85 % sont britanniques, ainsi qu’environ 210 000 unités de fret. La compagnie a également confirmé la commande de 3 nouveaux navires avec une livraison prévue post Brexit.
De son côté, la CM Holding (corse donc même si aujourd’hui l’anglais semble de mise en Bretagne comme chez nous) se félicite de son succès « commercial, industriel et social » reconnu « des deux côtés de la Méditerranée » comme le « meilleur modèle jamais constitué pour desservir la Corse ». Et les résultats ont, selon la CM Holding, été probants : « plus un seul jour de grève, un service jamais égalé, des prestations dont tous les utilisateurs rêvaient depuis des décennies, la création de 400 emplois corses, l’achat de 3 nouveaux bateaux en moins de 5 ans, la modernisation de la flotte en termes de réception, de restauration, mais aussi en termes de protection de l’environnement avec des moteurs moins polluants et l’arrivée du premier bateau au GNL prochainement. »

Une création corse


Il est vrai qu’à première vue, les Corses devraient se féliciter de constater que l’union a été réalisée dans ce cas précis alors même que la division est un système largement dominant en Corse. Le deuxième point positif est que des Corses dirigent les destinées de leur île, nous qui nous plaignions d’un « colonialisme » qui confiait les rênes de notre économie à des intervenants extérieurs. Enfin, la CM Holding est incontestablement un succès tout au moins de façade. Parce qu’il dépend entièrement de l’attribution de la DSP. Sans elle, Corsica ferries n’existerait plus contrairement à Corsica Ferries. La holding a mauvaise grâce à opposer son modèle à celui de la SNCM. Il est strictement identique et il y a fort à parier que le très étonnant silence syndical a été le produit d’arrangements qui nous ont échappé. Mais qu’importe : si ça fonctionne, c’est une bonne chose.

Le soupçon


Alors pourquoi cette ambiance empoisonnée ? Aurait-elle pour origine la réalité de ce consortium qui se vante de réunir 150 entreprises (ce qui est exact) mais est en fait détenu par quinze ou seize chefs des plus grosses entreprises ? Je crois très sincèrement que, hélas, la majorité des Corses s’en moquent comme de l’an 40.
Serait-ce que ces entreprises seraient soupçonnées d’avoir créé un monopole de fait qui empêche le coût de la vie de baisser ? Là encore, la population insulaire, dominée par le secteur public, aurait plutôt tendance à gronder dans son coin, voire à réclamer des primes plutôt que de faire pression sur le patronat.
Le consortium serait-il accusé de pratiquer une politique de bas salaires et je pense plus particulièrement aux employées mal payées et dont l’emploi du temps ressemble à un puzzle scandaleux ? Là encore, le morcellement causé par les intérêts corporatistes, celui des territoires font que, malgré un travail souvent héroïque de quelques syndicats (je ne veux pas parler de ceux qui ont passé un accord minable avec les directions des grandes enseignes), malgré cela la situation ne s’améliore pas. Non tout est parti de l’achat d’une partie de Corse-matin et de cette lamentable affaire de Perrino faisant retirer un article incriminant un voyou du Petit Bar au nom d’une amitié scolaire. Et puis il y eut l’incident entre un envoyé de Federicci (le truand) et Rocca ? Encore que dans ce cas Rocca était la victime. Mais l’ambiance était là. Et cela a suffi pour que la Holding soit considérée comme prémafieuse.

C’est injuste. Certes. Mais à la Holding de se prémunir contre les rumeurs en étant totalement transparente. Sinon tant pis pour elle.

GXC
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