Ces "Ils" auxquels la Corse doit beaucoup
Tous ces "ILS" avec leurs engagements, leurs sacrifices, leurs outrances et leurs erreurs ont été l'âme et la chair de décennies de luttes.
Ces « ILS » auxquels la Corse doit beaucoup
Tous ces « ILS » avec leurs engagements, leurs sacrifices, leurs outrances et leurs erreurs ont été l’âme et la chair de décennies de luttes.
« Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont été là. » Ces quelques mots ont récemment été prononcés par Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte, dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse. Ces « ILS », ce sont des centaines de militants nationalistes qui ont été condamnés et emprisonnés, pour la plupart durant de longues années. Ces « ILS », ce sont des pères, fils, époux, compagnons qui, durant mois et des mois d’incarcération, ont été quasiment coupés de leurs familles. Ces « ILS », ce sont ceux qui souvent et parfois simultanément ont vécu la tristesse de leurs parents, la rupture de leur couple, des enfants en difficulté, des carrières ou des perspectives professionnelles détruites, des dispersions ou des pertes de patrimoines. Ces « ILS », ce sont aussi des militants de tous bords qui ont perdu la vie en faisant preuve, quelles qu’aient été les circonstances ayant conduit à leurs fins tragiques, d’une fidélité jamais démentie à la cause du peuple corse, d’un attachement sincère à des démarches politiques et d’une solidarité sans faille avec d’autres militants. Tous ces « ILS » avec leurs engagements, leurs sacrifices, leurs outrances et leurs erreurs ont été l’âme et la chair de décennies de luttes.
Oubliés ou ignorés
Or, ces dernières années, ces « ILS » n’étaient guère honorés dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse. Pire encore, ils étaient trop souvent oubliés. Seuls quelques élus nationalistes s’employaient à demander la détention en Corse ou la libération des « ILS » restant derrière les barreaux, ou à s’inquiéter des difficultés insurmontables causées par l’application de lourdes condamnations pécuniaires à des « ILS » ayant été libérés. En revanche, d’autre élus se réclamant du nationalisme semblaient vouloir ignorer les « ILS » voire les effacer de la mémoire collective. Les mots de Paul-Félix Benedetti cités plus haut et l’annonce de la décision des six conseillers de Corse Core in Fronte de reverser « au minimum un mois par an » de leurs indemnités d’élus à « une caisse de solidarité pour les prisonniers et anciens prisonniers », ont rendu les « ILS » à l’actualité médiatique et, surtout, ont officiellement ouvert la porte à une reconnaissance du bien-fondé de leur action ou du moins de sa noblesse.
125 000 euros, c’est déjà ça !
Paul-Félix Benedetti a souligné que l’initiative ne suffira pas mais représente un premier pas conséquent : « C’est une goutte d’eau mais cela fera quand même 125 000 euros à l’issue de la mandature ». Il me paraît cependant possible que cette goutte d’eau devienne très vite débit de fontaine pour peu qu’outre les élus territoriaux se réclamant du nationalisme, une contribution soit apportée par les parlementaires, maires, présidents d’intercommunalités, conseillers municipaux et conseillers communautaires ayant reçu délégations, qui eux aussi doivent leurs mandats au combat nationaliste et aux sacrifices de centaines de militants. Il me semble par ailleurs qu’il conviendrait d’aller plus loin que de chercher à uniquement régler les problèmes posés par les condamnations pécuniaires. Que le président du Conseil Exécutif Gilles Simeoni ait proposé que la question des prisonniers et anciens prisonniers soit traitée « de façon globale » et « par le biais d’une séance de travail spécifique », ouvre à mon sens cette perspective. J’attends de cette réunion que soit abordée la problématique globale d’une reconnaissance réelle des sacrifices qu’ont consentis les prisonniers politiques et aussi ceux que l’on qualifiaient de « Martiri di a Nazione » car, à ce jour, c’est loin d’être le cas. Il est très insuffisant que seule l’Università di Corsica en dénommant Ghjuvan'Battista Acquaviva Acquaviva un de ses amphithéâtres, ait pris l’initiative d’honorer ces militants.
Alexandra Sereni
Tous ces « ILS » avec leurs engagements, leurs sacrifices, leurs outrances et leurs erreurs ont été l’âme et la chair de décennies de luttes.
« Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont été là. » Ces quelques mots ont récemment été prononcés par Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte, dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse. Ces « ILS », ce sont des centaines de militants nationalistes qui ont été condamnés et emprisonnés, pour la plupart durant de longues années. Ces « ILS », ce sont des pères, fils, époux, compagnons qui, durant mois et des mois d’incarcération, ont été quasiment coupés de leurs familles. Ces « ILS », ce sont ceux qui souvent et parfois simultanément ont vécu la tristesse de leurs parents, la rupture de leur couple, des enfants en difficulté, des carrières ou des perspectives professionnelles détruites, des dispersions ou des pertes de patrimoines. Ces « ILS », ce sont aussi des militants de tous bords qui ont perdu la vie en faisant preuve, quelles qu’aient été les circonstances ayant conduit à leurs fins tragiques, d’une fidélité jamais démentie à la cause du peuple corse, d’un attachement sincère à des démarches politiques et d’une solidarité sans faille avec d’autres militants. Tous ces « ILS » avec leurs engagements, leurs sacrifices, leurs outrances et leurs erreurs ont été l’âme et la chair de décennies de luttes.
Oubliés ou ignorés
Or, ces dernières années, ces « ILS » n’étaient guère honorés dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse. Pire encore, ils étaient trop souvent oubliés. Seuls quelques élus nationalistes s’employaient à demander la détention en Corse ou la libération des « ILS » restant derrière les barreaux, ou à s’inquiéter des difficultés insurmontables causées par l’application de lourdes condamnations pécuniaires à des « ILS » ayant été libérés. En revanche, d’autre élus se réclamant du nationalisme semblaient vouloir ignorer les « ILS » voire les effacer de la mémoire collective. Les mots de Paul-Félix Benedetti cités plus haut et l’annonce de la décision des six conseillers de Corse Core in Fronte de reverser « au minimum un mois par an » de leurs indemnités d’élus à « une caisse de solidarité pour les prisonniers et anciens prisonniers », ont rendu les « ILS » à l’actualité médiatique et, surtout, ont officiellement ouvert la porte à une reconnaissance du bien-fondé de leur action ou du moins de sa noblesse.
125 000 euros, c’est déjà ça !
Paul-Félix Benedetti a souligné que l’initiative ne suffira pas mais représente un premier pas conséquent : « C’est une goutte d’eau mais cela fera quand même 125 000 euros à l’issue de la mandature ». Il me paraît cependant possible que cette goutte d’eau devienne très vite débit de fontaine pour peu qu’outre les élus territoriaux se réclamant du nationalisme, une contribution soit apportée par les parlementaires, maires, présidents d’intercommunalités, conseillers municipaux et conseillers communautaires ayant reçu délégations, qui eux aussi doivent leurs mandats au combat nationaliste et aux sacrifices de centaines de militants. Il me semble par ailleurs qu’il conviendrait d’aller plus loin que de chercher à uniquement régler les problèmes posés par les condamnations pécuniaires. Que le président du Conseil Exécutif Gilles Simeoni ait proposé que la question des prisonniers et anciens prisonniers soit traitée « de façon globale » et « par le biais d’une séance de travail spécifique », ouvre à mon sens cette perspective. J’attends de cette réunion que soit abordée la problématique globale d’une reconnaissance réelle des sacrifices qu’ont consentis les prisonniers politiques et aussi ceux que l’on qualifiaient de « Martiri di a Nazione » car, à ce jour, c’est loin d’être le cas. Il est très insuffisant que seule l’Università di Corsica en dénommant Ghjuvan'Battista Acquaviva Acquaviva un de ses amphithéâtres, ait pris l’initiative d’honorer ces militants.
Alexandra Sereni