Gauche : immobilisme et suicide
Les élections municipales de l'an passé et les territoriales de 2O17 et juin dernier, ont fait que le naufrage du bâteau Gauche traditionnelle ont réduit celle-ci à l'état d'épave
Gauche : immobilisme et suicide
Les élections municipales de l’an passé et territoriales de 2017 et juin dernier, ont fait que le naufrage du bateau Gauche traditionnelle ont réduit celle-ci à l’état d’épave. Ajouter le suicidaire à la ringardise a été fatal.
La gauche traditionnelle est devenue fantomatique. Durant sept ans, aucun de ses représentants ne siégera à l’Assemblée de Corse. Les derniers responsables des gauches zuccarelliste, giacobbiste, renucciste, alfonsiste ou socialiste ne donnent quasiment plus signe de vie. Seul le Parti communiste se fait encore un peu entendre et tente d’occuper le terrain.
Cependant, pour espérer redevenir un jour une force qui compte vraiment, il va devoir surmonter sa deuxième tentative infructueuse de passer la barre des 7% à l’occasion d’un scrutin territorial et surtout se réformer. En effet, si les quelques milliers de voix qu’il a recueillies en juin dernier représentent encore la conservation d’un socle électoral et militant, elles peuvent aussi signifier l’expression d’un chant du cygne. Le Parti de la faucille et du marteau ne peut plus refuser de tourner la page et d’évoluer, et plus particulièrement continuer à rejeter toute prise en compte des problématiques spécifiques de la Corse. Comment la gauche traditionnelle en est-elle arrivée là ? Aux causes politiques, sociales, sociétales et culturelles d’un affaiblissement et d’une anémie, se sont ajoutés des comportements suicidaires qui ont accéléré le cours de l’Histoire et peut-être privés certains acteurs du temps nécessaire pour mener à bien une rénovation.
2003: victoire à la Pyrrhus
Le 6 juillet 2003, l’électorat corse dit NON. Il refuse une évolution institutionelle majeure : l’intégration des conseils généraux de Haute-Corse et de Corse-du-Sud au sein de la Collectivité Territoriale de Corse. Cette évolution est rejetée par 51 % des votants. Ayant quasiment à eux seuls préconisé et porté le NON, les radicaux de gauche Émile Zucccareli, député-maire de Bastia, et Nicolas Alfonsi, sénateur de Corse-du-Sud, triomphent. Ils ont infligé un échec à Nicolas Sarkozy qui, alors ministre de l’Intérieur, avait soutenu la rédaction et le vote du projet de loi qui prévoyait l’évolution et en demandait la validation à l’électorat. Ils ont eu gain de cause contre la quasi totalité de la droite corse et aussi contre leurs amis le radical de gauche Paul Giacobbi, député et président du Conseil général de Haute-Corse, et le social-démocrate Simon Renucci, député et maire d’Aiacciu.
Ils croient avoir démontré que le processus de Matignon qui avait mis sur orbite la disparition des conseils gnéraux était en fait rejeté par les Corses. Ils se sont opposés victorieusement à une revendication majeure des nationalistes. Ce succès va toutefois s’avérer être une victoire à la Pyrrhus. En 2007, Émile Zuccarelli essuie un premier échec électoral personnel. Avec le soutien non déclaré mais bien réel des nationalistes, un candidat de droite lui ravit la députation. Le cavalier seul immobiliste a finalement été suicidaire.
2014 : double désastre
En mars 2014, à l’heure des élections municipales, personne n’envisage vraiment que Simon Renucci puisse perdre la mairie d’Aiacciu. Et personne ne se hasarde à pronostiquer résolument une défaite de Jean Zuccarelli que son père Émile a désigné comme devant être son continuateur. Pourtant… A Aiacciu, au soir du premier tour, Simon Renucci semble assuré de la victoire. Pour l’emporter, il lui suffit de conclure une alliance avec la liste nationaliste qui est en position de fusionner ou se maintenir, et dont la quasi totalité des électeurs est prête à faire barrage au candidat de la droite Laurent Marcangeli.
Simon Renucci et ses alliés communistes finissent pas rejeter l’intégration de nationalistes dans leur liste. Résultat : Simon est défait. A Bastia, à l’issue du premier tour, Jean Zuccarelli est en tête mais sa liste est talonnée par celle de Gilles Simeoni. Rien n’est cependant perdu. La victoire tend la main au fils du maire sortant si lui et son père acceptent l’offre de ralliement qui leur est faite par la droite et les socialistes moyennant un partage équitable des postes et du pouvoir, offre à laquelle ne pourrait se soustraire le dissident radical de gauche François Tatti. Émile Zuccarelli juge que la victoire est certaine sans rien céder. Résultat : son fils est battu. Double désastre. Au sud et au nord, la suffisance a été suicidaire.
2015 : le naufrage
Fin 2015, Paul Giacobbi est donné gagnant. Armada de « porteurs de voix », appuyée par un système clientélaire bien rodé et auréolée de bonnes relations avec la frange indépendantiste du nationalisme à laquelle ont été faites d’importantes concessions, la liste de celui qui est alors député de Haute-Corse, véritable « patron » du Conseil général de la Haute-Corse et président de la Collectivité Territoriale, semble imbattable. L’expression du suffrage universel va monter le contraire. L’union des nationalistes scellée entre les deux tours remporte une victoire historique. Pour la première fois, le nationalisme est placé aux commandes de la Corse.
Un véritable naufrage pour la gauche traditionnelle ! Qu’est-il advenu ? En partie, la gauche a payé les défaites municipales suicidaires de 2014. En partie, elle a souffert des dissensions en son sein qu’avaient ouvert les processus de Matignon et le scrutin de 2003, plaies qui n’ont jamais cicatrisées. Mais surtout Paul Giaccobbi n’a pas su prendre la mesure du rejet que suscitaient un système clientélaire devenu trop voyant et l’ouverture de procédures judiciaires à son encontre. Ayant eu la vision que la Corse changeait concernant les questions institutionnelle, culturelle, linguistique et foncière, il n’a pas voulu voir que son entourage le condamnait et que l’attitude envers les politiques des juges avait changé. Le déni de réalité a été suicidaire. Les élections municipales de l’an passé et territoriales de 2017 et juin dernier, ont fait que le naufrage du bateau Gauche traditionnelle a réduit celle-ci à l’état d’épave. Ajouter le suicidaire à l’immobilisme a été fatal.
Pierre Corsi
Les élections municipales de l’an passé et territoriales de 2017 et juin dernier, ont fait que le naufrage du bateau Gauche traditionnelle ont réduit celle-ci à l’état d’épave. Ajouter le suicidaire à la ringardise a été fatal.
La gauche traditionnelle est devenue fantomatique. Durant sept ans, aucun de ses représentants ne siégera à l’Assemblée de Corse. Les derniers responsables des gauches zuccarelliste, giacobbiste, renucciste, alfonsiste ou socialiste ne donnent quasiment plus signe de vie. Seul le Parti communiste se fait encore un peu entendre et tente d’occuper le terrain.
Cependant, pour espérer redevenir un jour une force qui compte vraiment, il va devoir surmonter sa deuxième tentative infructueuse de passer la barre des 7% à l’occasion d’un scrutin territorial et surtout se réformer. En effet, si les quelques milliers de voix qu’il a recueillies en juin dernier représentent encore la conservation d’un socle électoral et militant, elles peuvent aussi signifier l’expression d’un chant du cygne. Le Parti de la faucille et du marteau ne peut plus refuser de tourner la page et d’évoluer, et plus particulièrement continuer à rejeter toute prise en compte des problématiques spécifiques de la Corse. Comment la gauche traditionnelle en est-elle arrivée là ? Aux causes politiques, sociales, sociétales et culturelles d’un affaiblissement et d’une anémie, se sont ajoutés des comportements suicidaires qui ont accéléré le cours de l’Histoire et peut-être privés certains acteurs du temps nécessaire pour mener à bien une rénovation.
2003: victoire à la Pyrrhus
Le 6 juillet 2003, l’électorat corse dit NON. Il refuse une évolution institutionelle majeure : l’intégration des conseils généraux de Haute-Corse et de Corse-du-Sud au sein de la Collectivité Territoriale de Corse. Cette évolution est rejetée par 51 % des votants. Ayant quasiment à eux seuls préconisé et porté le NON, les radicaux de gauche Émile Zucccareli, député-maire de Bastia, et Nicolas Alfonsi, sénateur de Corse-du-Sud, triomphent. Ils ont infligé un échec à Nicolas Sarkozy qui, alors ministre de l’Intérieur, avait soutenu la rédaction et le vote du projet de loi qui prévoyait l’évolution et en demandait la validation à l’électorat. Ils ont eu gain de cause contre la quasi totalité de la droite corse et aussi contre leurs amis le radical de gauche Paul Giacobbi, député et président du Conseil général de Haute-Corse, et le social-démocrate Simon Renucci, député et maire d’Aiacciu.
Ils croient avoir démontré que le processus de Matignon qui avait mis sur orbite la disparition des conseils gnéraux était en fait rejeté par les Corses. Ils se sont opposés victorieusement à une revendication majeure des nationalistes. Ce succès va toutefois s’avérer être une victoire à la Pyrrhus. En 2007, Émile Zuccarelli essuie un premier échec électoral personnel. Avec le soutien non déclaré mais bien réel des nationalistes, un candidat de droite lui ravit la députation. Le cavalier seul immobiliste a finalement été suicidaire.
2014 : double désastre
En mars 2014, à l’heure des élections municipales, personne n’envisage vraiment que Simon Renucci puisse perdre la mairie d’Aiacciu. Et personne ne se hasarde à pronostiquer résolument une défaite de Jean Zuccarelli que son père Émile a désigné comme devant être son continuateur. Pourtant… A Aiacciu, au soir du premier tour, Simon Renucci semble assuré de la victoire. Pour l’emporter, il lui suffit de conclure une alliance avec la liste nationaliste qui est en position de fusionner ou se maintenir, et dont la quasi totalité des électeurs est prête à faire barrage au candidat de la droite Laurent Marcangeli.
Simon Renucci et ses alliés communistes finissent pas rejeter l’intégration de nationalistes dans leur liste. Résultat : Simon est défait. A Bastia, à l’issue du premier tour, Jean Zuccarelli est en tête mais sa liste est talonnée par celle de Gilles Simeoni. Rien n’est cependant perdu. La victoire tend la main au fils du maire sortant si lui et son père acceptent l’offre de ralliement qui leur est faite par la droite et les socialistes moyennant un partage équitable des postes et du pouvoir, offre à laquelle ne pourrait se soustraire le dissident radical de gauche François Tatti. Émile Zuccarelli juge que la victoire est certaine sans rien céder. Résultat : son fils est battu. Double désastre. Au sud et au nord, la suffisance a été suicidaire.
2015 : le naufrage
Fin 2015, Paul Giacobbi est donné gagnant. Armada de « porteurs de voix », appuyée par un système clientélaire bien rodé et auréolée de bonnes relations avec la frange indépendantiste du nationalisme à laquelle ont été faites d’importantes concessions, la liste de celui qui est alors député de Haute-Corse, véritable « patron » du Conseil général de la Haute-Corse et président de la Collectivité Territoriale, semble imbattable. L’expression du suffrage universel va monter le contraire. L’union des nationalistes scellée entre les deux tours remporte une victoire historique. Pour la première fois, le nationalisme est placé aux commandes de la Corse.
Un véritable naufrage pour la gauche traditionnelle ! Qu’est-il advenu ? En partie, la gauche a payé les défaites municipales suicidaires de 2014. En partie, elle a souffert des dissensions en son sein qu’avaient ouvert les processus de Matignon et le scrutin de 2003, plaies qui n’ont jamais cicatrisées. Mais surtout Paul Giaccobbi n’a pas su prendre la mesure du rejet que suscitaient un système clientélaire devenu trop voyant et l’ouverture de procédures judiciaires à son encontre. Ayant eu la vision que la Corse changeait concernant les questions institutionnelle, culturelle, linguistique et foncière, il n’a pas voulu voir que son entourage le condamnait et que l’attitude envers les politiques des juges avait changé. Le déni de réalité a été suicidaire. Les élections municipales de l’an passé et territoriales de 2017 et juin dernier, ont fait que le naufrage du bateau Gauche traditionnelle a réduit celle-ci à l’état d’épave. Ajouter le suicidaire à l’immobilisme a été fatal.
Pierre Corsi