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Politique de l'Etat : le patron , c'est Macron

Si Pascal prend le large, c'est à l' Elysée que seront encore élaborées les orientations et prises principales décisions.
Politique de l’Etat : le patron, c’est Macron ! Si Pascal prend le large, c’est à l’Élysée que seront encore élaborées les orientations et prises les principales décisions. Seul Emmanuel Macron détient le pouvoir de donner un tour nouveau à la politique de l’Etat en Corse.



Femu a Corsica a dernièrement tenu une conférence de presse qui a associé des cadres et des élus du parti. Le contenu des annonces a été prometteur : université d’été, congrès en fin d'année « visant à redéfinir la feuille de route du parti », appel à la mobilisation populaire, impulser un dialogue avec l'État pour « aboutir à une solution politique globale » et à « une autonomie de plein droit et de plein exercice ». Femu a Corsica a par ailleurs exprimé sa grande inquiétude. « Aucun signe tangible de changement de braquet n'est intervenu pour l'heure de la part du gouvernement.

L’attitude de l'État et le comportement de son représentant dans l'île sont des plus inquiétants » a souligné un des cadres du parti. En ce sens, les intervenants ont successivement invoqué : l’appel du parquet anti-terroriste s’opposant à la libération conditionnelle de Pierre Alessandri ; le versement en deux temps de la dotation de continuité territoriale ; la mise à l'écart de la Collectivité de Corse dans le choix desprojets appelés à relever du financement Plan de transformation et d'Investissement pour la Corse (PTIC) ; le refus opposé à des militants nationalistes gérant des paillotes de renouveler des autorisations d'occupation du domaine public qui étaient accordées sans interruption depuis plus de 30 ans et ne contrevenaient pas au Padduc ; un traitement de la crise sanitaire sans réelleconcertation avec la Collectivité de Corse ; la décision de contraindre les étudiants corses en Sciences de l’éducation de faire leur stage de Master 2 sur le Continent. « D'un côté, on laisse entendre que l'on prend en compte le résultat clair des élections ; de l'autre, au mieux faute de méthode, au pire du fait de l'agissement de faucons à Paris, on laisse des actes belliqueux et incendiaires se développer à l'encontre d'une logique d'apaisement » a résumé Jean-Félix Acquaviva.

Une demande et une boutade de trop

Il est dommage que les propositions prometteuses, l’énoncé de perspectives stratégiques et l’exposé clair d’une situation tendue aient été parasités et quasiment occultés par une demande de départ du Préfet Pascal Lelarge, elle-même assortie d’une boutade qui n’avait rien d’indispensable. « Il est temps qu'il prenne le large » a lancé Jean Biancucci, le président du groupe Fà populu inseme à l'Assemblée de Corse. Formuler cette demande et lancer cette boutade étaient maladroits et aussi de trop.

C’était à la fois négliger que l’État déteste qu’on veuille publiquement et médiatiquement lui forcer la main, que les préfets obéissent et passent, que l’Etat décide et reste. Quand la préfète Josiane Chevalier, que les nationalistes n’aimaient guère, avait quitté la Corse, nous avions d’ailleurs écrit : « Le comportement de l’Etat ne changera pas. » Nous persistons et signons. Le départ de Pascal Lelarge ne saurait être la clé permettant d’ouvrir la porte à une amélioration des rapports entre Paris et la majorité siméoniste qui administre la Collectivité de Corse. Il s’agirait d’un non-événement.

Tout préfet a certes sa propre personnalité. Il peut être avenant ou revêche, souple ou psychorigide, pédagogue ou directif, de terrain ou de dossiers, proche des élus et des habitants ou retranché dans une tour d’ivoire protocolaire et technocratique. En revanche, il est inconcevable qu’il puisse, de son propre chef et durablement, prendre des décisions clivantes ou multiplier les déclarations intempestives. Il suffit pour s’en convaincre d’avoir connaissance de ce qui suit.


Primo : tout préfet est nommé en Conseil des ministres, par décret du Président de la République, sur proposition du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur ; relève directement de l’autorité du ministre de l'Intérieur ; représente l’État ; a une obligation de loyauté à l'égard du Gouvernemen.

Deuxio : les pouvoirs monarchiques, impériaux et républicains qui ont façonné et gouverné la France depuis les Capétiens, ont instauré et pérennisé la présence, dans chaque partie du territoire, d'un représentant (sénéchal, bailli, intendant, préfet) chargé d'asseoir la souveraineté de l'Etat et de mettre en œuvre ses politiques. La fonction et l’action préfectorale s’inscrivent donc dans une tradition séculaire d’exercice centraliste du pouvoir depuis Paris.

Un changement de cap n’est actuellement pas envisageable

Pascal Lelarge ne fait qu’appliquer les consigne majeures qui lui ont a été confiées : affirmer la présence et l’autorité de l’État ; cadrer l’action de la Collectivité de Corse selon une interprétation restrictive des compétences de celle-ci. Le passage du préfet Franck Robine a d’ailleurs été révélateur. Ses bonnes relations avec Gilles Simeoni n’ont apporté aucune amélorarion durable dans les rapports État / Collectivité de Corse. Un successeur de Pascal Lelarge ne ferait ni vraiment mieux, ni vraiment pire que ce dernier. Il ne serait qu’un nouvel exécutant.


Si Pascal prend le large, c’est à l’Élysée que seront encore élaborées les orientations et prises les principales décisions. Seul Emmanuel Macron détient le pouvoir de donner un tour nouveau à la politique de l’Etat en Corse

Le patron, c’est Macron ! Que fera-t-il demain ? A ce jour, il semble que le vent soit toujours à la continuité d’une politique centraliste. Rien n’incite à espérer que Pascal Lelarge ou un autre ait bientôt pour instruction d’exercer un contrôle moins tatillon concernant les actes des collectivités insulaires administrées par des nationalistes ! Rien n’incite à espérer que Pascal Lelarge ou un autre soit soit bientôt instamment invité à préparer la moindre évolution institutionnelle ! Un changement de cap n’est actuellement pas envisageable.


A l’Assemblée Nationale, Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, a d’ailleurs signifié à Jean-Félix Acquaviva que le gouvernement « est déjà dans le dialogue et le partenariat depuis quatre ans » et « porte pour la Corse une ambition forte depuis le début du quinquennat.» En vacances chez nous, Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, a d’ailleurs récemment affirmé à Corse Matin : « L'État est au rendez-vous, la volonté de dialogue est claire (…) A mon sens, le Préfet de Corse a la bonne approche et à cœur d'essayer de mettre en place une coopération efficace. » Clair, n’est-ce pas ?





Pierre Corsi


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