Commémoration : << Aléria hè di tutti ! >>
Il ne reste qu'une stèle et une placette commémoratives en bord de route.
Commémoration : « Aleria hè di tutti ! »
Il ne reste qu’une stèle et une placette commémoratives en bord de route. Mais « La mémoire d'Aleria appartient à tous ».
Chaque fois que j’emprunte la route territoriale allant de Bastia à Bunifaziu et passe à hauteur du site où s’élevait la façade de la cave Depeille, je ne peux m’empêcher d’y porter le regard. Je me souviens alors de ce soir du 22 août 1975 où, ayant pris connaissance des événements dont ce site avait été le théâtre, j’ai ressenti le besoin instinctif d’être solidaire des militants qui avaient occupé les lieux et contre lesquels il avait été dépêché une armée. Je me remémore m’être dix fois répété : « Ils ont raison ! ». Je me rappelle que, durant les mois qui ont suivi, j’ai éprouvé puis assumé l’irrésistible volonté de me joindre à une démarche qui n‘avait jusqu’alors jamais été la mienne : proposer au Peuple corse des perspectives autres que l’assistanat, l’exil, la dépossession, l’acculturation, la dilution et la disparition.
Les « Evénements d’Aleria » ont suscité en moi l’envie d’être fourmi d’un combat collectif et de la renaissance d’une Nation. Aussi, en 2012, comme beaucoup d’autres, j’ai très mal vécu d’apprendre la destruction de la cave Depeille.
Aujourd’hui encore : « Ça ne passe pas ! ». La vie a certes continué. En 2015, 2017 et juin dernier, l’autonomisme a certes été porté aux commandes de la Collectivité Territoriale de Corse puis de la Collectivité de Corse. Mais il n’en reste pas moins vrai, consternant et attristant qu’un lieu de Mémoire majeur a disparu et que rien ne pourra jamais remplacer la puissance de ses représentations historique, symbolique et politique.
Nos enfants et petits-enfants n’ont plus que des récits de militants, des images d’archives, des livres et des bandes dessinées pour s’imprégner de ce qui s’est déroulé à Aleria.
Nous avons renoncé !
Ce qui pouvait être vu, visité, touché, respiré et ressenti, a été comme effacé. Il ne reste qu’une stèle et une placette commémoratives en bord de route. Un peu comme s’il avait été décrété de n’assurer qu’un service minimum du souvenir. Evoquer ce désastre me conduit à penser que la Corse qui voulait incarner « Un Populu, una Nazione, una Bandera » - c’est à dire « Nous » qui acceptions volontiers d’être appelé « Les enfants d’Aleria » - a alors été en dessous de tout.
Nous avons laissé faire ! Nous avons renoncé !
Un peu comme si nous avions accepté qu’à Ponte Novu soit détruit le pont encore imprégné de ce que vécurent les infortunés engagés sur son tablier un matin de mai 1769 … Il me semble qu’en ne nous dressant pas contre le fait de remplacer petitement un prestigieux vestige, nous avons été précurseurs d’une Corse qui, aujourd’hui, s’accommode trop souvent des reculs ou des renoncements.
La stèle et la placette représentent au fond le totem et l’esplanade de nos rêves revus à la baisse. Et je ne suis pas persuadée que la décision du parti de la majorité territoriale de faire de la commémoration des « Evénements d’Aleria » un de ses « rendez-vous » politiques soit une bonne idée…
A l’appel de Femu a Corsica qui indique que commémorer Aleria revêt « une dimension symbolique et politique particulière au regard du rapport actuel à l’Etat et au lendemain de la troisième élection territoriale consacrant de manière démocratique les demandes claires du peuple corse vis à vis de Paris », je préfère ces quelques mots prononcés par Gilles Simeoni l’an passé devant la stèle : « La mémoire d'Aleria appartient à tous ».
Alexandra Sereni
Il ne reste qu’une stèle et une placette commémoratives en bord de route. Mais « La mémoire d'Aleria appartient à tous ».
Chaque fois que j’emprunte la route territoriale allant de Bastia à Bunifaziu et passe à hauteur du site où s’élevait la façade de la cave Depeille, je ne peux m’empêcher d’y porter le regard. Je me souviens alors de ce soir du 22 août 1975 où, ayant pris connaissance des événements dont ce site avait été le théâtre, j’ai ressenti le besoin instinctif d’être solidaire des militants qui avaient occupé les lieux et contre lesquels il avait été dépêché une armée. Je me remémore m’être dix fois répété : « Ils ont raison ! ». Je me rappelle que, durant les mois qui ont suivi, j’ai éprouvé puis assumé l’irrésistible volonté de me joindre à une démarche qui n‘avait jusqu’alors jamais été la mienne : proposer au Peuple corse des perspectives autres que l’assistanat, l’exil, la dépossession, l’acculturation, la dilution et la disparition.
Les « Evénements d’Aleria » ont suscité en moi l’envie d’être fourmi d’un combat collectif et de la renaissance d’une Nation. Aussi, en 2012, comme beaucoup d’autres, j’ai très mal vécu d’apprendre la destruction de la cave Depeille.
Aujourd’hui encore : « Ça ne passe pas ! ». La vie a certes continué. En 2015, 2017 et juin dernier, l’autonomisme a certes été porté aux commandes de la Collectivité Territoriale de Corse puis de la Collectivité de Corse. Mais il n’en reste pas moins vrai, consternant et attristant qu’un lieu de Mémoire majeur a disparu et que rien ne pourra jamais remplacer la puissance de ses représentations historique, symbolique et politique.
Nos enfants et petits-enfants n’ont plus que des récits de militants, des images d’archives, des livres et des bandes dessinées pour s’imprégner de ce qui s’est déroulé à Aleria.
Nous avons renoncé !
Ce qui pouvait être vu, visité, touché, respiré et ressenti, a été comme effacé. Il ne reste qu’une stèle et une placette commémoratives en bord de route. Un peu comme s’il avait été décrété de n’assurer qu’un service minimum du souvenir. Evoquer ce désastre me conduit à penser que la Corse qui voulait incarner « Un Populu, una Nazione, una Bandera » - c’est à dire « Nous » qui acceptions volontiers d’être appelé « Les enfants d’Aleria » - a alors été en dessous de tout.
Nous avons laissé faire ! Nous avons renoncé !
Un peu comme si nous avions accepté qu’à Ponte Novu soit détruit le pont encore imprégné de ce que vécurent les infortunés engagés sur son tablier un matin de mai 1769 … Il me semble qu’en ne nous dressant pas contre le fait de remplacer petitement un prestigieux vestige, nous avons été précurseurs d’une Corse qui, aujourd’hui, s’accommode trop souvent des reculs ou des renoncements.
La stèle et la placette représentent au fond le totem et l’esplanade de nos rêves revus à la baisse. Et je ne suis pas persuadée que la décision du parti de la majorité territoriale de faire de la commémoration des « Evénements d’Aleria » un de ses « rendez-vous » politiques soit une bonne idée…
A l’appel de Femu a Corsica qui indique que commémorer Aleria revêt « une dimension symbolique et politique particulière au regard du rapport actuel à l’Etat et au lendemain de la troisième élection territoriale consacrant de manière démocratique les demandes claires du peuple corse vis à vis de Paris », je préfère ces quelques mots prononcés par Gilles Simeoni l’an passé devant la stèle : « La mémoire d'Aleria appartient à tous ».
Alexandra Sereni