Non la Corse n'est pas un enfer pour les homosexuels
L'agression scandaleuse dont a été victime cet été un couple d'homosexuels à Macinaghju a fait couler beaucoup d'encre.
Non la Corse n’est pas un enfer pour homosexuels
L’agression scandaleuse dont a été victime cet été un couple d’homosexuels à Macinaghju a fait couler beaucoup d’encre. Qu’il faille le dénoncer est une évidence. Mais, de là à parler d’un enfer corse pour les homosexuels, voilà qui frise la bêtise et fait encore une fois de notre île une exception qu’elle n’est pas.
Un paradoxe corse
J’ai connu, en Corse, des homosexuels qui ne se cachaient pas et, parfois même, occupaient des fonctions électives importantes. Ils étaient parfaitement acceptés comme tels. Nier une homophobie facile, celle du beauf moyen, serait faux mais c’est hélas tellement banal. En un demi-siècle, l’opinion publique a considérablement évolué sur la question homosexuelle en Corse comme ailleurs. Bien entendu qu’il existe des crétins qui continuent de perpétuer une agressivité à « l’ancienne ». Mais non la Corse n’est pas un enfer pour les homosexuels. Elle est beaucoup moins homophobe que bien des pays de la planète.
Une victimisation abusive
« En Corse, “il y a ceux qui seraient très heureux de ‘casser du pédé’ — et ça arrive assez régulièrement —, mais il y a aussi une homophobie plus passive”, constate Nicolas, jeune trentenaire partagé entre son île natale et Paris » témoigne une personne interrogée par Têtu. « Casser du pédé » serait donc presqu’une habitude en Corse. Et nous n’en saurions rien. Pas une plainte, pas un mot dans les médias, rien du côté de la gendarmerie ou de la justice. Voilà qui ne colle pas avec l’émoi soulevé par l’agression de Macinaghju. Et une militante féministe qui se fait appeler « Cassio sorcière » de surenchérir toujours dans Têtu : « On est en 2021, mais ils ne peuvent pas vivre leur amour librement ici. (…) La seule solution qu’ils trouvent, c’est l’exil. » Donc si on comprend bien, la Corse serait un enfer à opposer à un continent idyllique. En 2019, les forces de police et de gendarmerie ont recensé 1 870 victimes d’infractions à caractère homophobe ou transphobe, contre 1 380 en 2018, soit une « augmentation de 36 % du nombre de victimes d’actes anti-LGBT » (lesbiennes, gays, bi trans). Conclusion mathématiques : la Corse est mieux protégée que le continent.
Nous ne vivons pas sur la même île
Têtu, à l’affut du sensationnel, donne le témoignage d’un homosexuel corse d’une trentaine d’années : « Pour un jeune Corse qui se découvre homo aujourd’hui, c’est l’enfer » propos corroborés par une certaine Cassio sorcière : « À l’adolescence, vivre sa sexualité librement ici, c’est impossible ». Ils pointent l’esprit « ultraconservateur, très catholique » encore très présent. » Je suis plutôt frappé du vide des églises et de l’athéisme galopant. Quant aux mœurs sexuelles qui seraient corsetées par le conservatisme religieux, ça n’est qu’un fantasme de plus. Je constate au contraire une liberté de mœurs avec ses avantages et ses inconvénients. Ainsi la Corse est la région en tête pour les IVG. Il n’est pas rare de constater la formation de couples chez des enfants de treize ans. « La proximité des habitants joue également un rôle, puisqu’il est difficile de cacher sa sexualité : “Tout le monde se connaît, on n’a pas d’anonymat”, confie Nicolas énonçant une vérité de toutes les provinces. Mais précise une des intervenantes : “Il n’y a pas d’échappatoire possible, on ne peut pas prendre le train pour aller dans une grande ville” certes, mais il existe le bateau et l’avion à des prix très concurrentiels.
Un fait divers reste un fait divers
L’agression de Macinaghju a été le fait de jeunes crétins qui n’en étaient pas à leur premier débordement. Que les militants de la cause homosexuelle s’en soient servis pour attirer l’attention sur eux est de bonne guerre. Elles et ils ont raison de se battre. Un juste droit ne se mendie pas. Il se conquiert. Mais je crois que la première souffrance des homosexuels vient de l’attitude de leurs proches. Il est terriblement difficile de faire son coming out en Corse comme ailleurs. Néanmoins, l’acceptation de l’homosexualité a accompli des progrès immenses. Le chemin est encore long et il faudra encore cent fois sur le métier remettre l’ouvrage. Comme pour le racisme, comme pour l’égalité des sexes la seule arme efficace est la patience et la persuasion.
GXC
L’agression scandaleuse dont a été victime cet été un couple d’homosexuels à Macinaghju a fait couler beaucoup d’encre. Qu’il faille le dénoncer est une évidence. Mais, de là à parler d’un enfer corse pour les homosexuels, voilà qui frise la bêtise et fait encore une fois de notre île une exception qu’elle n’est pas.
Un paradoxe corse
J’ai connu, en Corse, des homosexuels qui ne se cachaient pas et, parfois même, occupaient des fonctions électives importantes. Ils étaient parfaitement acceptés comme tels. Nier une homophobie facile, celle du beauf moyen, serait faux mais c’est hélas tellement banal. En un demi-siècle, l’opinion publique a considérablement évolué sur la question homosexuelle en Corse comme ailleurs. Bien entendu qu’il existe des crétins qui continuent de perpétuer une agressivité à « l’ancienne ». Mais non la Corse n’est pas un enfer pour les homosexuels. Elle est beaucoup moins homophobe que bien des pays de la planète.
Une victimisation abusive
« En Corse, “il y a ceux qui seraient très heureux de ‘casser du pédé’ — et ça arrive assez régulièrement —, mais il y a aussi une homophobie plus passive”, constate Nicolas, jeune trentenaire partagé entre son île natale et Paris » témoigne une personne interrogée par Têtu. « Casser du pédé » serait donc presqu’une habitude en Corse. Et nous n’en saurions rien. Pas une plainte, pas un mot dans les médias, rien du côté de la gendarmerie ou de la justice. Voilà qui ne colle pas avec l’émoi soulevé par l’agression de Macinaghju. Et une militante féministe qui se fait appeler « Cassio sorcière » de surenchérir toujours dans Têtu : « On est en 2021, mais ils ne peuvent pas vivre leur amour librement ici. (…) La seule solution qu’ils trouvent, c’est l’exil. » Donc si on comprend bien, la Corse serait un enfer à opposer à un continent idyllique. En 2019, les forces de police et de gendarmerie ont recensé 1 870 victimes d’infractions à caractère homophobe ou transphobe, contre 1 380 en 2018, soit une « augmentation de 36 % du nombre de victimes d’actes anti-LGBT » (lesbiennes, gays, bi trans). Conclusion mathématiques : la Corse est mieux protégée que le continent.
Nous ne vivons pas sur la même île
Têtu, à l’affut du sensationnel, donne le témoignage d’un homosexuel corse d’une trentaine d’années : « Pour un jeune Corse qui se découvre homo aujourd’hui, c’est l’enfer » propos corroborés par une certaine Cassio sorcière : « À l’adolescence, vivre sa sexualité librement ici, c’est impossible ». Ils pointent l’esprit « ultraconservateur, très catholique » encore très présent. » Je suis plutôt frappé du vide des églises et de l’athéisme galopant. Quant aux mœurs sexuelles qui seraient corsetées par le conservatisme religieux, ça n’est qu’un fantasme de plus. Je constate au contraire une liberté de mœurs avec ses avantages et ses inconvénients. Ainsi la Corse est la région en tête pour les IVG. Il n’est pas rare de constater la formation de couples chez des enfants de treize ans. « La proximité des habitants joue également un rôle, puisqu’il est difficile de cacher sa sexualité : “Tout le monde se connaît, on n’a pas d’anonymat”, confie Nicolas énonçant une vérité de toutes les provinces. Mais précise une des intervenantes : “Il n’y a pas d’échappatoire possible, on ne peut pas prendre le train pour aller dans une grande ville” certes, mais il existe le bateau et l’avion à des prix très concurrentiels.
Un fait divers reste un fait divers
L’agression de Macinaghju a été le fait de jeunes crétins qui n’en étaient pas à leur premier débordement. Que les militants de la cause homosexuelle s’en soient servis pour attirer l’attention sur eux est de bonne guerre. Elles et ils ont raison de se battre. Un juste droit ne se mendie pas. Il se conquiert. Mais je crois que la première souffrance des homosexuels vient de l’attitude de leurs proches. Il est terriblement difficile de faire son coming out en Corse comme ailleurs. Néanmoins, l’acceptation de l’homosexualité a accompli des progrès immenses. Le chemin est encore long et il faudra encore cent fois sur le métier remettre l’ouvrage. Comme pour le racisme, comme pour l’égalité des sexes la seule arme efficace est la patience et la persuasion.
GXC