Vieux motard que j'aimais

Vieux motard que j’aimais

Et si le “en même temps” n’était que le variant du “mieux vaut tard que jamais”. Depuis le début du quinquennat, l’exécutif cultive le retard à l’allumage puis le wait and see, et juste avant de perdre le contrôle de la bécane, dégaine un mea culpa, un grand débat, un Ségur et aujourd’hui de gros chèques en bois des iles.

Mais avec l’élection qui se profile et la campagne qui va se mettre au galop, le pouvoir serait bien inspiré d’anticiper une présidentielle en pleine pandémie. En profiter pour recourir aux moyens de votation modernes, faciles à mettre en œuvre: vote électronique, vote par correspondance, vote en présentiel où que l’on se trouve le jour du scrutin. Il faut le faire vite de manière à ne pas vivre une élection tronquée par la Covid et sa progéniture variée. On voit déjà se dessiner une campagne où l’on ne parlera que de jauges, de pass vaccinal et autres sujets avariés.

Chez Macron et Pécresse respect des jauges, exigence du pass vaccinal. Les bons élèves. Chez tous les autres open bar. Des assassins. Ce qu’ils oublient tous, de dire, c’est que le respect de la jauge s’imposera naturellement à eux, étant donné le peu d’enthousiasme qu’ils suscitent.
Seul Zaza le prédicateur fera recette, avec son cluster de Mulhouse surmotivé, la présence toujours possible d’un sarrazin énervé face à un service d’ordre chatouilleux. Une super production qui peut attirer le catho curieux mais aussi un max de fous furieux. Cette odeur de soufre fera sauter la jauge.

Pour Macron il n’y aura pas foule parce que le “c’est mon projet” coincé entre la luette et la glotte, on le connait. Bien sur tous les élus de la Rem seront là. Ils sont un paquet. Et s’ils doivent tous leur élection à Macron, entre erreurs de casting et incompétence, ils ne peuvent survivre en politique, que par la réélection du patron.

Pour Pécresse, entre ses promesses de redressement des Comptes Publics, avec le classique coup de rabot sur les recrutements dans l’Administration, le retour aux 39h et la retraite à 112 ans, ça ne va pas drainer des masses. Sans parler du casting à la tribune: discours de Bertrand, on enchaine avec Barnier et pour les survivants, ladies and gentlemen from la Baie des Anges, Dick Rivers! Nooon, Éric Ciotti! Et from Versailles... Il faudra s’envoyer le “pot belge” pour tenir le coup.

Bon là, Le Pen est à la peine. Affadie par un discours qui veut se la jouer “présidentiel”, recentrée par Zaza, abandonnée par les nazillons de papa, elle ne déplace plus que la France de 30 millions d’amis. Mais pas les 30 millions hein! Qui pour la plupart, Il y a encore quelques mois, ne lui aurait pas confié le poisson rouge. Non des vieux militants perclus d’arthrose qui n’ont pas physiquement les moyens de rejoindre les jobards de Zaza? Ils se sentent trop vieux pour les gamineries d’en face.

Mélenchon, son hologramme, son stand up entouré de tous les élus Insoumis sur scène, avec ce doux parfum de la Corée d’en haut. Pour tous, incitation à rire aux blagues de Méluche, invitation à applaudir les vociférations de Juan-Luca, obligation de se lever quand le leader “Maximo” hurle “résistance”. L’entourloupe a fonctionné il y a 5 ans. Pas sûr qu’aujourd’hui les blagounettes, du plus jeune sénateur de sa génération, fassent rire les ouvriers et autre laissés pour compte, à qui ces messieurs étaient censés s’adresser au départ.

La gauche, la jauge elle la pratique avec une rigueur allemande depuis plus de 5 ans. Pas une réunion, un meeting, une vente privée, un tournoi de bridge, une réunion tupperware où l’on peut se retrouver à plus de deux. Alors arrêter de les gonfler avec votre jauge à 2000 dedans et à 5000 dehors. Si certains pensent que Taubira peut sauver la brocante, qu’ils se gardent une chaise, on ne sait jamais...

Aux Etats-Unis, malgré son armée d’avocats, Trump n’a pas pu faire annuler l’élection. Apres avoir recompté un nombre incalculable de fois, la fiabilité du vote électronique a été plébiscitée par le résultat américain. La présidentielle en France risque d’être volée par le virus. Malgré une distribution pauvre en talents, il ne saurait être question d’enjamber l’obstacle avec une participation famélique. Mais vu la lourdeur parlementaire et constitutionnelle il serait bon de s’y prendre au plus tôt. Mieux vaut tard que jamais.

.Sgaiuffu