Art' è Gustu s'invite dans la Cité des Falaises

Art’è Gustu s’invite dans la Cité des Falaises !

Le célèbre festival culinaire concocté par Art’è Gustu prend ses quartiers à Bonifacio ces 30 avril et 1^er mai. Des milliers de visiteurs sont attendus pour une manifestation qui accueillera dix-sept chefs étoilés dont trois sont parrains et une centaine de participants autour du thème « poissons et citrons de Corse »…


« Le goût du partage et le partage du goût », tel est le slogan phare qui qualifie le mieux « Art’è Gustu », une manifestation qui prend, cette année, et pour la première fois depuis sa création il y a un peu plus d’une quinzaine d’années, ses quartiers sur les hauteurs de Bonifacio, en plein coeur du somptueux quartier pisan, riche de son histoire. D’histoire, il en est justement question avec le concept « Art’è Gustu ». Une petite histoire tout d’abord. Celle, il y a 16 ans, d’un projet étudiant de l’Université de Corse qui avait pour vocation de mettre en exergue le savoir-faire et les produits du terroir insulaires.


L’excellence en point d’orgue

Une histoire devenue grande deux ans plus tard. Pour prendre aujourd’hui les allures d’un festival culinaire de grande envergure mettant en exergue l’excellence des produits du terroir, attirant quelque 20000 personnes à chaque édition et, pour couronner le tout, des chefs étoilés de renommée internationale….Un véritable « art gustatif » qui prend ici toute sa signification. Cette année encore, et quand bien même la manifestation a quitté la Plaine Orientale pour prendre ses quartiers dans la Cité des Falaises-lui conférant sans doute un atout supplémentaire-le festival culinaire concocté par l’équipe de Valérie Hermé, sa présidente, mise sur l’excellence. Excellence des produits du terroir insulaire, l’une des marques de fabrique d’Art’è Gustu, excellence du savoir-faire des chefs étoilés présents, excellence des artisans et producteurs parmi lesquels des nouveautés. Et quoi de mieux, à Bonifacio et sa grande tradition de pêche, que le poisson, thème avec les citrons de Corse, de cette édition 2022, pour sublimer un public que l’on attend en nombre. Le poisson dans tous ses états. En « émincé de maigre Label Rouge, grecque de légumes printaniers » concocté par le chef Julien Duboué (Paris), le « Saint-Pierre, aiguillette étuvée à l’eau de fleur de bigaradier, asperges vertes et agrumes corses » de Stéphanie Le Quellec, l’un des trois parrains de la manifestation avec les chefs pâtissiers Yan Couvreur et Pierre Hermé...Le savoir-faire « nustrale » n’est pas en reste à travers le thon blanc « All’Amatriciana, guanciale et Peperoncino di Calabria » du pêcheur-entrepreneur bastiais Sébastien Rialland qui incarne, en effet, la quête d’excellence des producteurs corses. Le citron est également à l’honneur de cette édition, sous toutes ses formes en accompagnant, avec d’autres agrumes, les poissons mais également en pâtisserie : baba vanille, citron et thé noir de Laury Thilleman, la tarte au citron bio de Corse et miel des Agriates de Yann Couvreur, le soufflé citron et nepita de Pierre Hermé ou, encore une touche « nustrale », les cocktails au citron, de Guillaume Quenza (distillerie Mattei). À noter que chaque chef aura pour mission d’imaginer une recette à base de citrons. Une façon de mettre en valeur les produits issus de l’agriculture insulaire.


L’esprit « Art’è Gustu »

Mêler des chefs renommés et des producteurs locaux, c’est aussi l’une des caractéristiques de la manifestation. Dans une logique de partage et d’échanges, les trois parrains de cette édition, Stéphanie Le Quellec, Yan Couvreur et Pierre Hermé vont animer une « masterclass » qui va permettre aux « heureux élus » d’assister en live à la réalisation d’une recette, d’en savoir plus et d’apprendre certaines techniques utilisées par les chefs étoilés. C’est aussi ça, l’esprit « Art’è Gustu ». Toujours au niveau culinaire, Juan Arbelaez, Frédéric Bau, Sébastien Bouillet, Fabio Bragagnolo, Jeffrey Cagnes, François Daubinet, Julien Duboué, Denny Imbroisi, Johanna Le Pape, Justine Piluso, Moïse Sfez et Laury Thilleman seront invités à prendre les commandes du restaurant éphémère ou des différents ateliers. Pour le reste, le mot d’ordre reste l’innovation avec une grande majorité de nouveaux producteurs parmi la centaine qui seront présents pour une édition déclinée en plusieurs espaces : « Art’è cucina » (découverte et restauration pour tous), « Art’è mondu » (marché gourmand des meilleurs artisans et producteurs insulaires), « Art’è libri » (boutique Art’è Gustu et dédicaces en libre accès des livres des trois parrains), « Bistronome » (restaurant éphémère, places sur réservation), l’espace ateliers (animations et dégustations pour les petits et grands) ou encore les masterclass (démonstration d’art culinaire). Une centaine de bénévoles ont été nécessaires pour mettre en place la manifestation, aménager les différents espaces et concocter une édition qui mêlera histoire, patrimoine et art gustatif. Sans omettre de régaler les papilles…


Philippe Peraut


Art’è Gustu 2022
Samedi 30 avril et dimanche 1^er mai : 10.00-19.00
Entrée : 5 euros (gratuité pour les moins de 12 ans)
Stationnement facilité (parkings, navettes gratuites)

Renseignements et réservations : www.artegustu.com

                                INTERVIEW



Valérie Hermé, présidente
« Art’è Gustu est une vitrine pour tous les produits et savoir-faire corses dans la gastronomie »


Quelle est la genèse de la manifestation ?
L’idée est née d’un projet étudiant de l’Université de Corse en 2006. Ils voulaient mettre en valeur les savoir-faire et les produits du terroir en allant au-devant des territoires. Deux ans après, ils étaient à Aleria où j’étais adjointe au maire. J’ai tout de suite vu le potentiel énorme que recelait cette manifestation et l’intérêt d’en faire un véritable festival culinaire. L’Université n’ayant pas de vocation à faire de l’événementiel, elle m’a passé le relais et je suis devenue dépositaire de la marque Art’è Gustu et j’ai pu imaginer un festival culinaire tel qu’il existe aujourd’hui. Ils ont créé un concept et le nom, je l’ai récupéré et transformé en ce qu’il est aujourd’hui.


Comment le concept a-t-il évolué en 16 ans ?
On est parti sur un vrai festival culinaire avec, aujourd’hui, une centaine de producteurs, des produits que nous sélectionnons nous-mêmes dans toutes les catégories de ce qui peut se faire dans le terroir corse (charcuterie, miel, fromage, huile d’olive, produits secs, viandes…), le tout de grande qualité. Il n’y a pas de sélection sur les AOP. En revanche, elle s’effectue de manière très précise pour tous ceux qui n’ont pas de labellisation. Nous demandons des échantillons et notre de comité de sélection choisit ensuite les produits. Tout est fonction de ce qu’Art’è Gustu attend. Cela ne veut pas dire que ce sont de mauvais produits. Nous avons simplement des critères qui nous sont propres.


Le parrainage ?
Le concept, c’est d’inviter des chefs qui doivent tous utiliser des produits corses. Ils seront 17 cette année dont trois d’entre eux sont parrains de la manifestation. Il y aura, ainsi, des démonstrations culinaires très différentes qui concernent toujours le domaine de la gastronomie mais aussi divers espaces (bar à huîtres, fischtruck, lobster rolls (sandwichs au homard), bar à poke bowls, bar à spuntinu, les glaces de Pierre Geronimi, bar à gourmandises Pierre Hermé, le veau Abbatucci…). Il y en a pour tous. On peut aussi bien manger un sandwich que s’installer dans un espace de pique-nique ou déguster un produit dans le restaurant éphémère de 200 couverts. Mais nous avons toujours un fil rouge, c’est le produit. Cette année, tout s’articule autour des poissons et citrons de Corse. Aussi bien en plats qu’en desserts…


Y-a-t-il un réel potentiel gastronomique corse aujourd’hui ?
On peut dire que nous avons, aujourd’hui, en Corse, des produits avec une vraie valeur ajoutée, ils ont véritablement leur place et nous arriverons, nécessairement, à une gastronomie corse. Elle est déjà présente et se développe. Tous les chefs et parrains invités ont ajouté nos produits sur leur carte. Vous avez aujourd’hui le brocciu chez Frédéric Anton, la tête de veau de Jacques Abbatucci chez Yves Camdeborde ou pour ce qui est de l’art de la table, les couteaux de Simon Ceccaldi dans le restaurant étoilé d’Hélène Darroze à Londres…


Quel est l’objectif d’Art’è Gustu ?
Art’è Gustu est une vitrine pour tous les produits et savoir-faire corses dans la gastronomie. L’objectif consiste à lier le tout avec des chefs renommés pour nous enrichir de leur apport, les enrichir de nos produits et imaginer avec eux la gastronomie de demain en Corse. Mais le festival, c’est aussi une ambiance. Il faut le vivre comme une découverte.



L’édition 2022 ?
Je l’ai imaginée cette année comme une promenade gustative dans le quartier pisan de Bonifacio où l’on pourra acheter, découvrir, déguster en famille ou entre amis. On part un peu dans l’inconnu pour ce qui est du public. À Aleria, nous avions 20000 visiteurs sur le week-end. On attend beaucoup de monde et tout a été mis en place grâce à la centaine de bénévoles qui s’est activée. Le site est en tout cas magnifique dans ce superbe écrin.


Propos recueillis par Philippe Peraut