Core in fronte : le "poil à gratter" veut devenir une alternative
« Nous accepterons de travailler avec tous ceux qui voudront nous permettre de faire avancer des dossiers et des projets qui sont conformes à nos attentes. »
Core in fronte : le « poil à gratter » veut devenir une alternative
« Nous accepterons de travailler avec tous ceux qui voudront nous permettre de faire avancer des dossiers et des projets qui sont conformes à nos attentes. »
Il y a un peu plus de trois ans, souhaitant dynamiser leur démarche et ouvrir leurs rangs, les militants et sympathisants d’U Rinnovu ont appelé de leurs vœux la création d’un nouveau parti : Core In fronte.
Celui-ci a été constitué sur les bases d’une motion d’orientation générale affichant les fondamentaux d’un demi-siècle de luttes nationalistes et un choix de société rejetant le libéralisme. Depuis, ce parti dont les figures emblématiques sont Paul-Félix Benedetti et Jean-Baptiste Arena, s’est positionné en force militante de proposition ainsi qu’en « poil à gratter ».
L’été dernier, ses Scontri Populari ont attiré des centaines de personnes qui ont participé à des débats thématiques (institutions, culture, urbanisme, agriculture, tourisme, numérique). Ces derniers mois, il a préconisé un statut d’autonomie qui reconnaîtrait à la Corse un pouvoir normatif et le droit du Peuple corse d’accéder à la pleine souveraineté selon un Titre constitutionnel similaire à celui dévolu à la Nouvelle-Calédonie.
Ces derniers mois aussi, il a dénoncé le report à l'horizon 2025 de la mise en place de la compagnie régionale maritime, l’apathie de la majorité territoriale face à la spéculation immobilière ou aux visées monopolistiques du « Consortium », l’action insuffisante des différentes autorité face à la progression du trafic et de la consommation de stupéfiants…
Alors il n’est pas surprenant que dans la perspective des élections territoriales, Core in fronte ait décidé de faire cavalier seul et ambitionne de faire beaucoup mieux que figurer. Cette ambition n’a d’ailleurs rien d’irréaliste. Le parti peut en effet raisonnablement espérer tirer les dividendes de son action militante et voir fructifier son socle électoral (lors des élections territoriales de décembre 2017, la liste Core in Fronte avait obtenu 7996 voix soit 6,69% des suffrages exprimés, seulement 370 voix avaient manqué pour un maintien au second tour).
L’esquisse d’un projet de société et d’une éthique
Core in Fronte a lancé sa campagne ces jours derniers à Patrimoniu.
Paul-Félix Benedetti conduira la liste. Celle-ci réaffirmera la fidélité du parti aux fondamentaux des luttes nationalistes et affichera l’ambition de défendre non pas un programme électoral mais un projet de société et une éthique dont Jean-Baptiste Arena a esquissé les grandes lignes : « Nous avons fait le choix d’être ce jour à Patrimoniu pour montrer qu’en Corse aussi, on peut réussir en termes d’agriculture, de tourisme raisonné et maîtrisé, de culture assise sur un territoire (…)
C’est un territoire qui, pour l’heure, n’est pas bétonné (…) C’est un littoral protégé (…) Des personnes ont rejoint notre démarche politique mais il n’y a pas d’ouverture au sens large. Ce sont des militants sincères, prêts à s’engager pour la Corse et les Corses, qui se revendiquent à 100 % de l’idéologie et de la matrice politique que nous entendons incarner (…) Nous avons initié à Patrimoniu le principe de l’alternance à mi-mandat. Un principe que Core in Fronte veut étendre à l’Assemblée de Corse s’il a des élus (…)
Nous ne sommes pas là pour faire des carrières politiques. » Lors de cette entrée en lice, et ce quand il a précisé sa position par rapport à la majorité territoriale, Core in fronte a cependant refait dans le « poil à gratter ». Paul-Félix Benedetti a souligné que le vent n’était ni à la fusion de listes au deuxième tour : « Nous n’avons aucune discussion, aujourd’hui, avec les tenants de l’actuelle majorité territoriale. Nous ne demandons rien », ni au gentleman agreement quand était évoquée la mandature Simeoni : « C’est un échec (…) Il y a une continuation de la spéculation immobilière (…) La colonisation de peuplement change la matrice du peuple corse car il n’est plus en capacité d’assimiler (…) On a renforcé les monopoles. On n’a pas créé des outils publics pour contourner cette mainmise sur l’économie par une nouvelle bourgeoisie affairiste (…) La majorité nationaliste n’a pas réussi à organiser la Collectivité de Corse dans sa structure administrative et technique à l’égal de ce que l’on peut attendre d’un Etat en construction. Il y a une panne sur les grands projets. »
Le souhait de franchir un cap
Il est néanmoins apparu que Core in fronte souhaitait franchir un cap, en l’occurrence passer du positionnement de force de proposition et de « poil à gratter » à celui d’alternative. Paul-Félix Benedetti a d’ailleurs été clair : « Nous accepterons de travailler avec tous ceux qui voudront nous permettre de faire avancer des dossiers et des projets qui sont conformes à nos attentes. »
Toutefois, s’il aspire à représenter une alternative, Core in fronte ne semble pas disposé à participer au pouvoir. Paul-Félix Benedetti l’a fortement suggéré : « Nous ne voulons pas nous engager dans un reformatage du patriotisme corse avec une sauce claniste qui ne nous convient absolument pas ». Ce positionnement prend tout son sens et toute son importance si l’on considère que Femu a Corsica vient de signifier l’arrêt de mort du contrat Per a Corsica, envisage de construire une liste sans logique de partis et est disposé à porter un projet ouvert à tous ceux qui s'y identifient, y compris aux non-nationalistes.
Il se dessine en effet que si les électeurs permettent à Core in fronte de siéger parmi les 63 conseillers de Corse qui seront élus en juin prochain, Femu a Corsica, qu’il soit dans l’opposition ou la majorité, verra se dresser face à son nationalisme s’ouvrant à tous et à tous les vents, un nationalisme alternatif se réclamant, selon les termes de Paul-Félix Benedetti, du « sursaut patriotique » et « des valeurs ».
. Pierre Corsi
« Nous accepterons de travailler avec tous ceux qui voudront nous permettre de faire avancer des dossiers et des projets qui sont conformes à nos attentes. »
Il y a un peu plus de trois ans, souhaitant dynamiser leur démarche et ouvrir leurs rangs, les militants et sympathisants d’U Rinnovu ont appelé de leurs vœux la création d’un nouveau parti : Core In fronte.
Celui-ci a été constitué sur les bases d’une motion d’orientation générale affichant les fondamentaux d’un demi-siècle de luttes nationalistes et un choix de société rejetant le libéralisme. Depuis, ce parti dont les figures emblématiques sont Paul-Félix Benedetti et Jean-Baptiste Arena, s’est positionné en force militante de proposition ainsi qu’en « poil à gratter ».
L’été dernier, ses Scontri Populari ont attiré des centaines de personnes qui ont participé à des débats thématiques (institutions, culture, urbanisme, agriculture, tourisme, numérique). Ces derniers mois, il a préconisé un statut d’autonomie qui reconnaîtrait à la Corse un pouvoir normatif et le droit du Peuple corse d’accéder à la pleine souveraineté selon un Titre constitutionnel similaire à celui dévolu à la Nouvelle-Calédonie.
Ces derniers mois aussi, il a dénoncé le report à l'horizon 2025 de la mise en place de la compagnie régionale maritime, l’apathie de la majorité territoriale face à la spéculation immobilière ou aux visées monopolistiques du « Consortium », l’action insuffisante des différentes autorité face à la progression du trafic et de la consommation de stupéfiants…
Alors il n’est pas surprenant que dans la perspective des élections territoriales, Core in fronte ait décidé de faire cavalier seul et ambitionne de faire beaucoup mieux que figurer. Cette ambition n’a d’ailleurs rien d’irréaliste. Le parti peut en effet raisonnablement espérer tirer les dividendes de son action militante et voir fructifier son socle électoral (lors des élections territoriales de décembre 2017, la liste Core in Fronte avait obtenu 7996 voix soit 6,69% des suffrages exprimés, seulement 370 voix avaient manqué pour un maintien au second tour).
L’esquisse d’un projet de société et d’une éthique
Core in Fronte a lancé sa campagne ces jours derniers à Patrimoniu.
Paul-Félix Benedetti conduira la liste. Celle-ci réaffirmera la fidélité du parti aux fondamentaux des luttes nationalistes et affichera l’ambition de défendre non pas un programme électoral mais un projet de société et une éthique dont Jean-Baptiste Arena a esquissé les grandes lignes : « Nous avons fait le choix d’être ce jour à Patrimoniu pour montrer qu’en Corse aussi, on peut réussir en termes d’agriculture, de tourisme raisonné et maîtrisé, de culture assise sur un territoire (…)
C’est un territoire qui, pour l’heure, n’est pas bétonné (…) C’est un littoral protégé (…) Des personnes ont rejoint notre démarche politique mais il n’y a pas d’ouverture au sens large. Ce sont des militants sincères, prêts à s’engager pour la Corse et les Corses, qui se revendiquent à 100 % de l’idéologie et de la matrice politique que nous entendons incarner (…) Nous avons initié à Patrimoniu le principe de l’alternance à mi-mandat. Un principe que Core in Fronte veut étendre à l’Assemblée de Corse s’il a des élus (…)
Nous ne sommes pas là pour faire des carrières politiques. » Lors de cette entrée en lice, et ce quand il a précisé sa position par rapport à la majorité territoriale, Core in fronte a cependant refait dans le « poil à gratter ». Paul-Félix Benedetti a souligné que le vent n’était ni à la fusion de listes au deuxième tour : « Nous n’avons aucune discussion, aujourd’hui, avec les tenants de l’actuelle majorité territoriale. Nous ne demandons rien », ni au gentleman agreement quand était évoquée la mandature Simeoni : « C’est un échec (…) Il y a une continuation de la spéculation immobilière (…) La colonisation de peuplement change la matrice du peuple corse car il n’est plus en capacité d’assimiler (…) On a renforcé les monopoles. On n’a pas créé des outils publics pour contourner cette mainmise sur l’économie par une nouvelle bourgeoisie affairiste (…) La majorité nationaliste n’a pas réussi à organiser la Collectivité de Corse dans sa structure administrative et technique à l’égal de ce que l’on peut attendre d’un Etat en construction. Il y a une panne sur les grands projets. »
Le souhait de franchir un cap
Il est néanmoins apparu que Core in fronte souhaitait franchir un cap, en l’occurrence passer du positionnement de force de proposition et de « poil à gratter » à celui d’alternative. Paul-Félix Benedetti a d’ailleurs été clair : « Nous accepterons de travailler avec tous ceux qui voudront nous permettre de faire avancer des dossiers et des projets qui sont conformes à nos attentes. »
Toutefois, s’il aspire à représenter une alternative, Core in fronte ne semble pas disposé à participer au pouvoir. Paul-Félix Benedetti l’a fortement suggéré : « Nous ne voulons pas nous engager dans un reformatage du patriotisme corse avec une sauce claniste qui ne nous convient absolument pas ». Ce positionnement prend tout son sens et toute son importance si l’on considère que Femu a Corsica vient de signifier l’arrêt de mort du contrat Per a Corsica, envisage de construire une liste sans logique de partis et est disposé à porter un projet ouvert à tous ceux qui s'y identifient, y compris aux non-nationalistes.
Il se dessine en effet que si les électeurs permettent à Core in fronte de siéger parmi les 63 conseillers de Corse qui seront élus en juin prochain, Femu a Corsica, qu’il soit dans l’opposition ou la majorité, verra se dresser face à son nationalisme s’ouvrant à tous et à tous les vents, un nationalisme alternatif se réclamant, selon les termes de Paul-Félix Benedetti, du « sursaut patriotique » et « des valeurs ».
. Pierre Corsi
